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4,03

sur 1208 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lequel de nous deux est à la dérive ? Mon fils Samuel qui s'accoquine avec le désespoir ambiant, témoin impassible de sa jeunesse qui s'effrite ? Ou est-ce moi, Sybille, qui depuis des années plombent mes relations à grands coups de regrets ?
Pourtant impossible de laisser Samuel sombrer sans rien tenter.
Vendre la maison de Bourgogne et partir faire un trek à cheval au Kirghizistan. Retrouver d'autre valeurs. Retrouver l'humain endormi au plus profond. Redécouvrir un sens, une relation. Aller vers les autres, pour mieux se retrouver soi-même.
Sur un rythme haletant qui contraste avec la lenteur du pays traversé, Laurent Mauvignier nous offre un dépaysement total. Et même si l'on devine rapidement l'issu de l'histoire, l'auteur nous concocte un périple avec plein de rebondissements, émaillé de révélations qui donne du sens et de la profondeur à cette histoire.
Et pendant toute la lecture, comme un leitmotiv, résonne à mes oreilles le morceau de David Bowie : Heroes.
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Décidément, deuxième livre de Laurent Mauvignier que je lis, et ma bonne impression se poursuit.
Samuel a seize ans et glisse sur la mauvaise pente.
Ses parents sont divorcés et son père parle d'un internat catholique, mais sa mère décide de partir à cheval avec lui pour quelques mois dans les montagnes de Kirghizistan.
Pari osé ! Réussira-t-elle ainsi à le réconcilier avec lui-même et avec les autres ?
Et elle ? Sortira-t-elle de sa passivité dans la vie ? Fera-t-elle taire son passé ?
Deux personnages longtemps en parallèle. Se rejoindront-ils au fil des jours ?
Deux bien belles introspections. C'est finement analysé, avec une belle écriture parfaitement maîtrisée.
Pas un instant d'ennui en lisant cette expédition qui comporte bien des risques et des périls.
La mère, comme le fils sont émouvants dans leurs détresses, dans leurs tentatives de rapprochement.
Les échecs refoulés pour l'une, la confusion et les contradictions pour l'autre. La peur pour les deux.
L'histoire démarre doucement et gagne en intensité tant psychologique que narrative au fil des pages. Les retours en arrière viennent toujours à bon escient.
En plus d'une fine étude comportementale, l'auteur nous offre un beau voyage au Kirghizistan.
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Une mère et un fils, coincés à deux dans une vie qui déraille.
Elle boit un peu, fume beaucoup ; il souffre de ce mal violent et pernicieux qu'on nomme "adolescence".
Entre eux les mots ne passent plus.

Tandis que Sybille végète en peignoir dans son petit appartement bordelais en maudissant le père de son enfant, Samuel se mure chaque jour un peu plus dans le silence et glisse lentement mais sûrement dans la délinquance.
Il faut réagir avant qu'il ne soit trop tard, alors dans un sursaut Sybille plaque tout et part à l'aventure avec son fils, direction l'Asie centrale et les montagnes du Kirghizistan. Quoi de mieux, pense-t-elle, que cette terre sauvage, ses majestueux sommets et ses peuples nomades pour briser la mauvaise spirale et reprendre pieds, renouer les liens, voir le monde d'un oeil neuf ?

Aussitôt dit aussitôt fait, voilà nos deux citadins transformés en cavaliers baroudeurs. Entre l'immensité des steppes propice à l'introspection, la pureté des grands espaces et les paysages grandioses sublimés par la prose puissante et poétique de Laurent Mauvignier, le dépaysement est total.
Bien sûr l'expédition n'a rien d'une promenade de santé, les dangers sont nombreux et la carapace de colère que s'est forgée Samuel semble au début indestructible, mais peu à peu la magie opère, les digues se fissurent et chacun apprend à redécouvrir l'autre.
Dans les premiers temps "ils se parlent peu, ils économisent leurs forces et se concentrent sur ce qu'ils ont à faire, ce qu'ils voient, ce qu'ils entendent, ce qu'ils ressentent. Les mots sont ici comme tous ces poids morts dont on se débarasse parce qu'ils ne servent qu'à alourdir les bagages".
Et puis doucement, sous la plume délicate et pudique de Laurent Mauvignier, mère et fils se délestent de leurs états d'âme, s'allègent de leurs ressentiment, bien aidés par leurs deux chevaux qui jouent un rôle de premier plan dans leur thérapie commune et sont au coeur des plus belles pages de ce récit empreint d'émotions fortes et de liberté.

"Continuer", c'est donc l'histoire d'une renaissance, d'un voyage initiatique mené au grand galop, d'une cavalcade salvatrice.
C'est aussi et enfin une aventure poignante qui porte des messages pleins d'empathie sur l'amour maternel, la tolérance, le droit à la seconde chance et les affres de l'adolescence ("cet âge où les enfants commencent à répondre eux-mêmes aux questions qu'ils posent", dixit George Bernard Shaw).
Une belle invitation à voir le monde autrement, à se remettre en selle, à ne jamais céder au renoncement.
À continuer, tout simplement.
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****

Lecture très émouvante, prenante et bien écrite.

Je me méfiais un peu des éloges dédiés à une nouveauté française, mais ces compliments sont tout à fait mérités.

Une femme, pour sauver son fils qui va de connerie en connerie, décide de l'emmener traverser le Kirghistan à cheval, car, dans le temps, cela lui plaisait l'équitation. Tous trouvent que c'est une bonne idée sauf le père, son ex-mari, qui prédit que tout se terminera mal, comme d'habitude avec elle.

Il ne faut pas spécialement aimer les chevaux ni les espaces sauvages. L'histoire se situe davantage dans l'intime et l'indicible. Pourquoi est-il parfois si dur, si malaisé de continuer d'aller de l'avant ?

PS : Puisque je ne vois plus le nombre exact d'étoiles que je décerne à un livre, j'en ai mis quatre, quatre étoiles (et pas trois) -_-

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Depuis 2011 et son excellent (petit) livre Tout ce que j'appelle oubli, j'ai beaucoup de plaisir à découvrir les nouvelles publications de Laurent Mauvignier, un auteur de chez Minuit qui construit son oeuvre dans le temps, et ce depuis la fin des années 90. Ce nouveau roman s'inscrit dans la lignée du précédent, Autour du monde. L'auteur s'applique à une écriture un peu moins exigeante qu'à ses débuts (Apprendre à finir, par exemple), plus légère donc mais toujours avec son style ; il propose aussi une littérature qui se voudrait peut-être plus cinématographique. Et là où Autour du monde proposait une série de personnages qui composaient une suite de vignettes dont la thématique centrale était celle du déplacement au vingt et unième siècle, Continuer se concentre sur quelques personnages seulement - une mère et son fils principalement -, mais garde le déplacement comme thème central, puisque ce roman qui débute en France se déroule ensuite au Kirghizistan, pour mon grand plaisir d'ailleurs, puisque j'adore que la littérature m'emmène dans des lieux dont j'ignore (presque) tout. le point fort chez Mauvignier c'est d'arriver à renouer, comme dans le premier chapitre d'Autour du monde et sa description des ravages du tsunami, avec des scènes fortes, très imagées, des situations tendues, tragiques parfois, comme un passage vraiment fort avec les chevaux (mais je n'en dirais pas plus), tensions qui rendent la lecture de ce roman bien souvent passionnante (ce livre ferait un admirable film d'auteur d'ailleurs). Par contre, le point faible, c'est quand il s'agit de toucher à des thématiques sociales - et là, je regrette alors une légère superficialité, même si ces facilités permettent en quelque sorte au roman d'avancer à un rythme constant - ce point faible est donc tout relatif. Laurent Mauvignier propose avec Continuer un bon roman d'aventure dans sa forme, incorporant pour le fond des thèmes de société, actuels, et une bande sonore qui va en replonger plus d'un dans une agréable nostalgie, puisque l'auteur cite beaucoup Heroes, du regretté David Bowie (même si moi j'y aurais ajouté Love my way des Psychedelic Furs, tiens!). Continuer est l'un des grands romans de cette rentrée littéraire 2016.
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Continuer est un livre brillant sur l'adolescence, tout y est, les haussements d'épaules, le nez dans le frigo, les écouteurs aux oreilles et les quelques grognements désordonnés dans un silence qui en dit long.

Samuel avec son corps dont il n'a pas encore pris la mesure, mal réglé, maladroit, avec " cette raideur un peu idiote, ce corps d'adulte qui veut naître, et veut s'extraire d'un corps trop étroit", comme l'exprime sa mère, page 53, Samuel est un adolescent standard prêt à basculer vers le meilleur ou vers le pire, selon les rencontres qu'il fera, les copains, avec lesquels il osera, ou pas s'affronter, affirmer sa liberté, sans la peur d'être rejeté par « le groupe ».  

Sibylle la mère de Samuel, était loin de s'imaginer, le chemin à parcourir, et les embûches sur cette destination si insolite le Kirghizistan . Une mère qui n'a pas vu venir, l'âpreté du combat qu'elle devra livrer, une mère comme toutes les mères, que les ados rejettent, sans savoir.

Et pourtant quel destin étrange et singulier que celui tracé par Laurent Mauvignier, de cette mère de son vrai nom Sibylle Ossokine, russe par ses parents, destin qu'il a eu la sagesse de nous en livrer les détails, au fil des propres découvertes de son fils. le sait-il, Samuel que son prénom il le doit à Samuel Beckett, sait-il Samuel que sa mère a vu son espoir de faire chirurgienne se briser à la suite d'un douloureux accident, sait-il que son père a dans le divorce une responsabilité difficile à avouer.


Le temps de l'adolescence est bien souvent le temps de la découverte de la vraie personnalité de ses parents, dans le cas de Samuel l'épisode de la Corse où sa mère s'est perdue dans le massif reste comme une tâche qui cache bien des qualités, que celle d'avoir été téméraire sur le GR 20.

Et quelle destination que ce voyage dans les montagnes du Kirghizistan, c'est de ce point de départ que va se nouer entre la mère et le fils une vraie relation, émouvante, insolite et souvent bouleversante.

La qualité de l'expression littéraire rend ces pages vivantes, d'une grande humanité, peuplé de découvertes qui vont changer peu à peu la façon de voir de Samuel.
Dans cet environnement difficile à ces altitudes glaciaires parmi une population souvent démunie Samuel redécouvre le vrai langage du coeur : « avec une voix qui vient de très loin, un souffle qui remonte d'on ne sait où et puis quelques mots qui viennent, où elle lui parle de confiance » page 54. Ou bien cette autre phrase, "elle est émue, il le sent, le comprend et il entend qui lui murmure, Samuel, Samuel."p54

le texte est émaillé de portraits, ceux de Samuel et de Benoît puis viendront ceux d'Arnaud et de Stéphane la prose de Laurent Mauvignier nous capte nous saisit avec une justesse et une vibrante imagination pour trouver les mots qui dressent des portraits vibrants de vérité.
L'écriture de Laurent Mauvigner avec ses mots de velour ces images au scalpel nous offre un vrai plaisir de lecture, «  la cinquantaine d'un vieil enfant qui pourrait avoir l'air doux parce qu'il a toujours au coin des lèvres, outre la stupeur et l'étonnement enfantins, qui sont sa marque, quelque chose d'autre, une sorte de contentement, de vivacité et d'intelligence.

Oui ça vaut la peine de continuer, comme le diront la mère et Samuel en dépit de Benoît, l'écriture de Sibylle sera aussi à leur rendez-vous.


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Une très belle histoire émouvante, où la psychologie des relations mère/fils est finement analysée et décrite.
Sibylle ,promise à un bel avenir: chirurgien ,voit sa vie basculer après la mort en moto de son premier et dernier amour. Elle refera sa vie en épousant Benoît, mais rien ne sera plus pareil: elle abandonnera son métier de chirurgien, la vue du sang lui étant insupportable .Elle ne sera plus que spectatrice de sa vie et se laissera " porter" par Benoît jusqu'à la naissance de son fils Samuel. Elle qui pensait avoir tout raté se raccroche à son fils jusqu'à son divorce où à nouveau elle sombre ,ne voit rien venir; un matin son fils ,n'est pas rentré, elle reçoit un appel du commissariat.Effondrée, elle tentera l'impossible pour renouer ce lien si fragile entre son fils et elle ,par un défi fou: partir plusieurs mois à cheval avec lui dans les montagnes du Kirghizistan. Réussira-t-elle? À vous de le découvrir.
Une très belle histoire servie par un style d'écriture de qualité, si vous voulez oublier vos petits tracas quotidiens,je ne peux que vous recommander chaleureusement la lecture de ce roman de Laurent Mauvignier.⭐⭐⭐⭐
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Comment continuer quand on fait le constat lucide que tout se délite en soi et autour de soi? Continuer à sombrer ou continuer à se battre?
C'est la deuxième option que choisit avec courage l'héroïne, pour tenter de sortir de l'ornière à la fois sa propre vie qui s'éloigne dangereusement de ses rêves de jeunesse et celle de son adolescent en risque de mal tourner. Elle décide de l'emmener dans une chevauchée à deux dans les montagnes kirguizes, chevauchée qui tournera à l'aventure dans le sens le plus plein du terme, symbolique, épique et dramatique.

Bien qu'un peu rebutée par le style hyper-réaliste de la partie bordelaise du roman, j'ai été très touchée par cette histoire qui tient debout tout en étant improbable (il parait qu'elle est basée sur un fait divers), par la puissance de l'amour maternel qui s'en dégage. Et surtout par ce message essentiel qui traverse et propulse le récit, ce mantra qui nous répète qu'il faut continuer, rebondir, rejaillir, car une voie reste ouverte quelle que soit l'adversité.
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Roman inspiré de l'histoire vraie d'une mère qui emmène son fils tombé dans la délinquance voyager plusieurs mois à cheval au Kirghistan, je crois que j'aurais préféré lire directement le témoignage des intéressés.

Car si le mal-être de l'adolescent ainsi que celui de sa mère sont assez justement retranscrits, j'ai trouvé que leur "rédemption" l'était moins : certains clichés maladroits parsèment leur aventure et il m'a manqué quelque chose pour être embarquée dans ce récit. Dommage, car j'aime beaucoup la plume de cet auteur, mais je ne manquerai pas de retenter ma chance avec d'autres de ses ouvrages.
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CONTINUER est l'occasion pour moi de retrouver l'écriture si puissante de LAURENT MAUVIGNIER après avoir lu notamment l'extraordinaire huit clos d'HISTOIRE DE LA NUIT du même auteur.
Effectivement je ne suis pas déçu sur ce plan-là avec quelques pépites dont les pages 89 à 91 qu'il n'est pas possible de mettre en citation tellement la phrase est longue…
C'est la même attirance que provoque en moi les oeuvres de certains peintres. Un tableau me touche et par contagion, tous les autres me font le même effet ( je pense à EDOUARD HOPPER ou dans un autre registre FABIENNE VERDIER dont le périple en chine est à lire absolument : PASSAGERE DU SILENCE)
Je CONTINUERai donc à lire du LAURENT MAUVIGNIER même si dans CONTINUER une question m'a taraudé au fur et à mesure de la lecture : comment les personnages que sont SIBYLLE la maman et SAMUEL son fils, qui portent tant de souffrances intériorisées, conscientisées, et exprimées si intensément par l'auteur, ont-ils tant de mal à s'en alléger ? tant de mal à se parler ? C'est pour moi la limite de ce roman dont l'aventure en Kirghizistan me parait être un trop grand décor, certes magnifique, mais sans rapport avec ce qui joue de l'intimité entre les personnages.
Ça reste malgré tout du MAUVIGNIER ! Incontournable !
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