AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,92

sur 174 notes
5
12 avis
4
12 avis
3
7 avis
2
2 avis
1
0 avis
Le poids du silence !

Comment dire le silence en littérature ?

Comment exprimer cette impossibilité à parler qui tue plus sûrement qu'une arme ?

Longs, très très longs monologues intérieurs des parents Marthe et Jean.

Incompréhension entre les parents et les enfants, et ces silences qui étouffent et ces émotions enfermées à double tour.

Chez ces gens là ! On ne parle pas Monsieur, on ne parle pas ! On croise ses silences !

Leur fils Luc s'enfonce inexorablement dans la mélancolie.

(p.126) Ce solitaire noyé de silence s'est fait à lui-même le seul cadeau qu'il pouvait recevoir : il s'est donné la mort.

Petit livre, heureusement.

Ecriture dense, il faut reprendre son souffle régulièrement.

Sombre, déprimant.

A ne pas lire quand le moral est en berne
Commenter  J’apprécie          3712
J'apprends après lecture que c'est le premier roman de Laurent Mauvignier : joli coup !

Loin d'eux, c'est le souhait de Luc, pensant à ses parents, plus qu'à son milieu insupportable de banalité. Il part ; lui et ses parents réalisent combien il y a d'amour entre eux. Mais pas plus après qu'avant il ne leur sera possible de communiquer : des silences et des paroles conventionnelles remplaceront toujours ce qu'il faudrait qu'ils s'avouent. Dans la première partie, cinq narrateurs nous livrent leur monologue intérieur, cinq vies qui sont très proches, fils, père, mère, oncle et tante, qui passent du temps ensemble, parlent, mais ne trouvent pas les bons mots ou les retiennent au dernier moment. le sujet est l'impossibilité de communiquer.
Dans la deuxième partie, le deuil et la douleur compliquent le jeu, mais il est toujours impossible de se comprendre : ou si chacun comprend la douleur de l'autre c'est pour rejeter sa spécificité.
Enfin une projection sur un passé parfois heureux apparaît, mais c'est pour mieux accuser une communication indirecte, cause supposée du malheur présent.

Peu de matière, dans cette grosse centaine de pages, mais une narration impressionnante : c'est un peu Stephen Dedalus vu par le quintette d'Alexandrie : cinq points de vue qui tricotent une histoire banale et douloureuse en interrogeant leurs pensées, en interprétant celles des autres. Rien n'est simple, mais tout m'a paru clair : d'une clarté sombrement triste. Les mots sont simples, les sentiments complexes à force de ressassement et d'analyse chez des gens qui paraissaient simples au début. Et vers la fin, les phrases longues de ces sentiments complexes font des entrelacs pas simples.
Commenter  J’apprécie          313
Je suis restée loin de ce roman. Je reconnais à l'auteur une écriture singulière, originale, personnelle, intéressante, mais les phrases interminables, les changements de prises de parole brusques, les tentatives on le comprend très vite à mettre en mot l'incommunicabilité, faire parler les silences tout en les respectant, dire l'impossible, m'ont littéralement étouffée. J'ai cherché en vain à respirer entre les mots, et m'y suis épuisée. Je ne me suis pas ennuyée, ne me suis pas énervée, mise en colère, j'ai juste rendu les armes dans ce combat avec une oeuvre irrespirable, désertée d'un air qui m'est nécessaire pour ne pas mourir.
Commenter  J’apprécie          260
Luc est parti.
Il est d'abord parti à Paris, puis il est parti définitivement.
Il laisse Marthe, sa mère, à sa tristesse et Jean, son père, à sa colère.
Le débit est rapide.
Il roule, roule, de plus en plus vite sur une piste descendante.
Des phrases sans souffle où l'on peine à reprendre haleine.
Comme si l'auteur racontait dans l'urgence.
Une phrase entraîne l'autre sans que rien ne semble pouvoir les arrêter.
Des phrases où s'entremêlent les voix des uns et des autres.
Une histoire qui raconte les silences, les mots qu'on n'a pas dits, qu'on aurait pu dire, qu'on aurait du dire.
Les mots qui auraient pu tout changer.
Dans ce premier roman, Laurent Mauvignier propose un style original, style que l'on retrouve dans ses autres romans .
Personnellement, j'aime beaucoup.
Commenter  J’apprécie          250
Faire parler les silences, écouter les taiseux.
C'est un livre très court.
Il ne m'a pas plu.

Parce que je l'ai trouvé compliqué à lire. Ce sont les pensées des gens, elles tournent en rond. Ces gens ressassent. Tous.
Il y a plusieurs voix, six au moins. Voilà ce qui m'a gêné : j'ai trouvé que le style était le même pour tous les personnages. Et depuis, une question me turlupine : est-ce qu'on pense tous de la même façon ? Et je pense que la réponse est non. On ne s'exprime pas pareil, on ne réagit pas pareil, pourquoi penserait-on de la même façon ?

C'est dommage, le propos était intéressant.
Une histoire de pudeur pour ses sentiments, pour ceux des autres. Une histoire de respect, réel ou superficiel, dans l'absence de jugement porté ou seulement révélé.

Avec de très beaux passages tout de même :

« Et je sais aujourd'hui que j'aurais dû parler quand même, oser dire : non, je ne comprends pas mais je veux comprendre, j'ai besoin de comprendre, dire peut-être que ne pas comprendre ça n'empêchait rien, pas de vouloir être là avec lui, et qu'ensemble on cherche comment se dire tout ce dont on avait besoin, faut que ça sorte à un moment ou à un autre, c'est tout, voilà par quoi tout cru on aurait dû commencer, plutôt que comme un idiot rester à trembler sur ce qui bloquait. J'aurais dû dire autre chose, quoi, je ne sais pas vraiment. En tout cas, ne pas rester comme j'étais, et rompre les silences invisibles qui tuent. »

Dommage.

Lien : https://chargedame.wordpress..
Commenter  J’apprécie          157
Un suicide – ce n'est pas un spoiler, on comprend vite ce qui est arrivé. le mot n'est jamais prononcé mais c'est ce que racontent, chacun leur tour, les membres de la famille de Luc, et Luc lui-même : leur cheminement à eux, et son cheminement à lui, les relations familiales, ce qui aurait pu être mieux, se passer autrement, entrainer des conséquences différentes, ou peut-être que non, ce qu'on pouvait voir venir dans son comportement, ce qu'ils ont refusé de voir ou ne pouvait pas comprendre. Des tas de choses auraient pu être pires ou meilleures, mais ce qui est arrivé serait peut-être arrivé de toute façon. Il est difficile de comprendre un suicide ; on en a pas subitement marre pour une raison spécifique ; c'est un travail de sape qui prend toute une vie (jeu de mots involontaire). L'alternance des narrateurs crée une sorte de récit épistolaire oral, où chacun raconte de manière réaliste son point de vue, sans vrai destinataire, plutôt comme on se confierait à un journal intime.

Le style, voilà ce qui marque dès les premières pages ; une nouvelle manière de recréer par la littérature l'oralité du langage : pas juste par le vocabulaire mais par la structure des phrases, les répétitions, les redondances, les mots d'apparence inutile qui, plus qu'à meubler, servent à ponctuer le parler, dans lequel les points n'existent pas, pas plus qu'on ne peut savoir avec certitude si une phrase est finie ou si elle va reprendre ; les phrases littéraires (Majuscule-point.) peuvent contenir plusieurs phrases orales, ou au contraire, une orale peut enjamber plusieurs littéraires (certaines sans sujet ou sans verbe), la ponctuation marquant alors les pauses plutôt que la fin de l'information transmise.

Je n'ai pas à hésiter pour louer la subtilité de l'auteur, et toutes les nuances des relations familiales et des ressentis personnels qu'il est parvenu à saisir pour créer un roman sociologique crédible et tristement réaliste dans tous ses détails. le seul reproche qu'on peut lui faire serait d'être parfois surécrit, de chercher à styliser toutes ses phrases sans exception, alors qu'il aurait pu en laisser glisser certaines dans la simplicité sans endommager le traitement du sujet (déjà grave et intéressant par lui-même), voire l'améliorant en le rendant, par une écriture moins insistante, d'autant plus capable de toucher le lecteur sur un registre émotionnel, ce qui en l'état actuel des choses tarde à venir.
Commenter  J’apprécie          132
Sa voix qui palpite dans la mienne quand c'est elle qui s'étouffe, la mienne, au fond de ma gorge, qui tombe dans un trou près du coeur (là, et je leur montrais où c'était sous la poitrine. J'ai posé ma main pour leur montrer, et que Jean voie ça, qu'il comprenne, là j'ai dit, en appuyant fort sous ma poitrine), dans une sorte de grand trou, j'ai voulu leur expliquer, c'est un grand trou parce que quand je le ressens, c'est toujours l'impression d'y tomber infiniment, jamais de ne sentir un fond contre lequel je pourrais me fracasser, ou me libérer, alors je me dis, ce n'est pas vraiment un trou, parce qu'il faudrait quelque chose qui le finisse, mais il n'y a rien, alors je pense, juste une chute qui s'ouvre et s'ouvre encore dans laquelle ma voix tombe , j'ai dit.
Commenter  J’apprécie          112
J'ai trouvé ces voix très peu "justes" et indifférenciées, forcées, ce qui est gênant pour un roman qui se fonde tout entier sur la polyphonie ; c'est en fait l'auteur qu'on entend, constamment, et le mélange des voix, qui constitue pourtant tout à la fois le "prétexte" du roman, sa structure, son moteur, ne paraît alors n'être qu'un artifice. Long, un peu ennuyeux, bref, décevant.
(et très, très loin par exemple du chef d'oeuvre polyphonique qu'est "Tandis que j'agonise" de Faulkner, qui traite aussi du deuil, du poids du milieu, des relations familiales, des non-dits... (Re) Lisez Faulkner plutôt !! )
Commenter  J’apprécie          110
J'ai vu que ce roman avait été mis en scène au théâtre et cela ne me surprend pas du tout. J'ai lu ce livre comme une pièce de théâtre où se succèdent les voix des personnages sous forme de monologue intérieur.
Le style Mauvignier mêle habilement la syntaxe dégradée et relâchée de l'oralité avec quelques apports de richesse lexicale tout à fait littéraire. Et cela donne une oeuvre poignante.
Je retiens notamment de ce roman la peinture sociale, celle d'un milieu modeste où la pudeur face à l'expression des sentiments et la relation au langage enferment les individus dans des prisons de verre dont la sortie ne peut se faire qu'avec fracas. A cet égard, je fais le rapprochement avec le roman d'Annie Ernaux, La Place.
Commenter  J’apprécie          100
Tout est petit, serré et vous blesse le coeur dans ces paroles difficiles, retenues et où perce pourtant une telle énergie à vouloir dire, à exprimer d'abord parce que c'est inexprimable, mais aussi parce qu'on n'a jamais rien dit et qu'on ne sait pas quoi dire quand tout à coup il faut tout dire. Pour un peu on se mettrait à croire que Luc est mort parce que la vie ne se disait pas, et que, tue, elle mourrait d'elle-même, sans avoir jamais été vraiment. La dernière phrase exprime ce fantasme de l'existence : parler par des regards, ne rien avoir à dire et pourtant, s'affranchir du langage, de son effort, tout comprendre et tout exprimer, vivre par les images et les regards, qui sont sensibles et oublier la difficulté des mots et des pensées qui s'échappent sans arrêt ou même qui ne naissent pas. Un roman difficile parce qu'il rappelle que la vie est aussi faite de mots et que se méfier des mots, c'est vivre petit, c'est mourir un peu, c'est être déjà mort. Alors si Luc est mort, peut-être l'a-t-il toujours été. Laissons-le partir et apprenons à vivre, c'est-à-dire à parler.
Commenter  J’apprécie          72




Lecteurs (413) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1429 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..