Carole accompagne son mari en Inde où celui-ci voyage pour affaires. Elle va en profiter pour découvrir ce pays qu'elle ne connait pas.
Dès le début de cette novella, on sent bien que quelque chose est cassé dans le couple : Carole remarque chaque tic de son mari, elle abhorre tel geste qu'elle trouve paternaliste, mesquin, brutal. Elle se sent prisonnière d'un mari trop sûr de lui, qui la prend de haut, qui la veut à sa botte. Il ne se montre pas ouvertement autoritaire, non, mais il attend d'elle qu'elle fasse ce qu'il a prévu, qu'elle se comporte comme une digne épouse, apte à bien se tenir en soirée, à mener une conversation, à valoriser son époux. Bref, à servir de potiche pour reprendre le titre d'un film de
François Ozon (avec
Catherine Deneuve, entre autres).
Mais ce voyage, dépaysant (malgré l'enfermement dans un hôtel de luxe, avec d'autres Français ou des Indiens qui se comportent à l'occidentale), va agrandir les brèches du couple. Surtout quand intervient Grégoire.
Le style
Laurent Mauvignier est précis, riche. Il laisse les phrases, longues, se coller aux pensées de sa personnage principale, Carole. Elle ne dit pas "je", mais on est dans son esprit la plupart du temps (malgré quelques passages dans les pensées d'autres protagonistes). On suit le cheminement de ses idées, de son éclosion. Ou plutôt, de son réveil. Car Carole semble, comme de nombreuses épouses, s'être mise entre parenthèses depuis son mariage. Elle est au service de son époux, ses propres désirs passant après. Cela ne tient pas toute une vie. Et ce court récit en est une démonstration vivante.
Voyage à New Delhi m'a entraîné de suite, m'a plongé dans cet esprit, dans ce pays. Et cette novella m'a persuadé de découvrir l'oeuvre de
Laurent Mauvignier, déjà repérée dans une librairie, mais jamais abordée.