Se faire passer pour une sorcière ne fut pas un tour de passe-passe aisé.
Portia ne pouvait évidemment pas s’habiller comme à l’ordinaire. Il ne fallait pas que cet Anglais hargneux devine à qui il avait affaire. Elle devait également le convaincre qu’elle était sorcière. Mais à quoi était censée ressembler une sorcière ?
Elle aurait pu s’habiller de haillons comme le faisait Lizzy la Zinzin, mais elle choisit de ne pas se faire passer pour ce genre de créature. Par ailleurs, elle savait qu’il lui faudrait dissimuler son visage.
Les femmes venaient spontanément à lui en masse. Il en avait toujours été ainsi.
Ce n’était pas de l’orgueil chez lui que de reconnaître qu’elles le trouvaient beau, mais du réalisme. Dieu lui avait fait grâce d’un visage et d’un corps qui plaisaient à ces dames. Et il avait su en tirer profit, jusqu’à ce qu’il se lance dans sa présente quête.
Elle voyait des choses que nous autres, simples mortels, ne pouvons pas voir. Sa mère était une sorcière, une sorcière avec un immense pouvoir, à ce qu’on raconte. Elle fit incinérer la magnifique dépouille de sa fille sur la berge d’un loch et assista à la crémation debout sur un rocher qui surplombait le bûcher funéraire.
« Et nous ? Qu’advient-il du serment que nous avons échangé ? » avait-elle demandé.
Charles n’avait pas répondu. Mais il lui avait fait l’amour, et naïve qu’elle était, elle avait pris cela pour une réponse. Elle était sa compagne, l’élue de son cœur.
Il arrivait parfois dans l’existence que l’avenir parût sombre. Comme lorsque la noire réalité l’emportait sur les espoirs et les rêves. L’amour avait trahi Rose, l’avait humiliée.