AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,59

sur 361 notes
Je viens de tourner la dernière page de ce roman et je me demande une nouvelle fois pourquoi ce très bon auteur qu'est Peter May ne connait pas une notoriété encore plus grande .J'ai lu un certain nombre de ses ouvrages et je dois dire que je n'ai jamais été déçu .
Cet homme est écossais et,bien que vivant en France,le monsieur fait de ses terres natales, le fabuleux décor de bon nombre de ses romans.Ici,c'est l'Ecosse dans toute sa splendeur qui va servir d'écrin à ce qui ne devait être au départ qu'une pénible histoire d'adultère virant au drame .Les descriptions de l'océan ,des éléments déchaînés, les modifications subtiles et brutales de la lumière du ciel,seront,à mon avis,l'élément essentiel d'un scénario bien ficelé .
On passera du présent au passé ,on suivra la jeunesse,les émois,les douleurs,les jalousies, les ambitions,les réussites ,les drames vécus par tous les personnages ,aujourd'hui comme hier.Et comme nous sommes en Ecosse,il y aura comme un air de" revenants" dans cette fiction.....L'atmosphère est lourde,pesante,les situations étonnantes ,inattendues .L'action est permanente et je peux vous affirmer que l'ennui n'est pas de mise.

Certains diront ,à juste titre,que la fin pourrait paraître un peu "surprenante",mais n'oublions pas que nous sommes sur des terres de mystère. ...Brrrr...

Je quitte à regret Niamh,Ruairidh,Sylvie Braque,George Gunn,Lee,Jacob,Seonag...je vous les confie,vous allez passer un bon moment en leur compagnie.Prenez des vêtements de pluie,chauds,mais inutile de vous munir d'un parapluie,il ne résisterait pas au vent écossais ....
Commenter  J’apprécie          927
Niamh et Ruairidh est un jeune couple à la tête de la très renommée entreprise Ranish tweed, un tissu qui, aujourd'hui, a la côte auprès d'un très large public, notamment les grands couturiers. Originaire des Hébrides extérieures, il est à Paris pour la plus grande foire internationale de tissu d'habillement. Un soir, de retour à leur hôtel, Ruairidh prévient son épouse qu'il doit ressortir pour parapher des contrats. Refusant qu'elle l'accompagne, Niamh se doute de quelque chose et, suite à un mail anonyme dénonciateur, lui demande de but en blanc s'il ne va pas retrouver sa maîtresse, Irini Vetrov. Bien qu'il ait tout à fait nié, c'est pourtant cette dernière qui retrouve son mari devant l'hôtel. Emplie de détresse et de désespoir, la jeune épouse décide de les suivre mais, malheureusement, les voit monter dans la voiture d'Irina. Une voiture qui explosera quelques instants après sous les yeux effarés de Niamh. le lieutenant Sophie Braque, aussitôt sur place, sera chargée de l'enquête qui la conduira de Paris à l'île de Lewis...

Peter May n'a pas son pareil pour décrire avec passion, parfois violence, son pays d'origine. Car, outre cette enquête policière qui mènera le lieutenant Braque sur l'île de Lewis, l'auteur dépeint avec force les paysages grandioses tourmentés par des vents fougueux et des averses pénétrantes. Après le meurtre incompréhensible de son mari, Niamh n'a d'autre choix que de rentrer chez elle. Mais comment continuer à vivre, travailler sans lui ? Comment surmonter l'impensable ? Comment se résoudre à cette soi-disant liaison qu'il aurait entretenu avec Irina ? Dans ce roman noir, tumultueux, l'auteur dépeint aussi bien le présent (le meurtre, le retour au pays, la vie chaotique de Sylvie Braque..) que des éléments du passé, s'attardant sur l'histoire d'amour entre Niamh et Ruairidh, l'enfance de la jeune femme, de Balanish à Édimbourg, son amitié avec Seonag et les drames qui ont jalonné sa vie. Avec ce roman, fouillé et dense, à l'écriture très descriptive, Peter May tisse là un thriller sombre et captivant.
Commenter  J’apprécie          782
Publié par la maison d' édition Rouergue noir , ce roman vous séduira plus par son décor grandiose , par le dépaysement somptueux que vous y trouverez , que par son intrigue .

Niamh Macfarlane et son mari sont en déplacement professionnel à Paris, au salon Première Vision , un salon qui met en relation les créateurs de mode et les fabricants de tissus. Ensembles, ils ont fondé Ranish Tweed, sur leur petite île écossaise , une maison qui met le petit monde de la mode à ses pieds, tant la qualité et l'originalité de leur production est grande.
Peu de temps après avoir reçu un mail l'informant que son mari la trompe , elle assiste impuissante à l'explosion de la voiture emportant son mari et sa "peut-être" maitresse.
Plongée dans un immense chagrin , hébétée, , entre Paris et l'archipel écossais des Hébrides, elle se plongera dans ses souvenirs d'enfance et d'adolescence et par là même, les débuts de son histoire avec celui qui allait devenir son mari et qu'elle a toujours connu.

Au delà de cette douloureuse et romantique histoire d'amour, Peter May nous transporte dans le temps et dans les paysages de ces îles écossaises battues par les vents, la pluie mais toujours belles, le quotidien de ses habitants .
Froid, tourbe, mer scintillante, sable argenté, le vent qui rase tout, l'absence d'arbres, le ciel changeant et puis les arcs en ciel… Peter May devrait être l'ambassadeur officiel de l' Ecosse tellement il la "vend" bien… Parsemé d'anecdotes qu'il a glané de ci de là , ce roman atteint presque la qualité de la trilogie" L' Ile des chasseurs d'oiseaux … Presque…
Mais moi, à ce stade et juste après avoir refermé ce roman, j'ai envie de prendre un vol pour les Hébrides ! Oui ! Même avec le froid glaçant , la pluie, tout ça , tout ça …


Challenge Mauvais Genres
Commenter  J’apprécie          667
Je te survivrai … Je te survivraaai…. Ce n'est pas sa faute à Peter May si, du fait de la traduction en français de son dernier roman policier « I'll keep your safe » par « Je te protègerai », j'avais tous les matins pendant ma semaine de lecture un refrain en tête ; refrain d'une chanson qui, comment dire, est très loin de mes chansons favorites… (Et même à des années-lumière, préciserais-je pour me dédouaner un peu). Ce n'est pas sa faute, mais quand même, ce n'était pas un refrain très agréable à avoir à l'esprit… Et j'avoue ne pas avoir été mécontente de refermer ce roman et d'oublier JP…
J'avais aimé la trilogie écossaise (avec notamment « l'île des chasseurs d'oiseaux »). J'avais trouvé le portrait des protagonistes plutôt bien modelé ; les histoires prenantes. Et le paysage écossais ajoutait beaucoup à ce plaisir de lecture. Alors, c'est plutôt confiante que j'ai commencé son dernier roman.
Niamh Macfarlane et son mari Ruairidh ont créé une entreprise de textile sur L'île Lewis (qu'on retrouve avec plaisir). le récit débute à Paris où ils séjournent quelques jours pour un rendez-vous professionnel. Niamh a des doutes sur la fidélité de son mari. Elle pense qu'il la trompe avec Irina, une créatrice de mode… Mais, Niamh n'aura pas le temps de le questionner plus avant sur ce sujet qui la mine puisque, alors que son mari part en voiture avec Irina, justement, la voiture explose, toute minée qu'elle est. Voilà pour le résumé « Amour, gloire et beauté » qui manque un peu d'enthousiasme, je confesse.
De prime d'abord, j'ai trouvé la façon de raconter l'histoire plutôt intéressante. On passe de chapitres situés au présent, au coeur de l'intrigue (écrits à la troisième personne) et on glisse vers des chapitres avec les flashbacks de Niamh (écrits à la première personne). Dans ces parties, celle-ci se remémore les moments importants de sa vie, de sa rencontre avec son mari, ajoutant ainsi des morceaux aux puzzles ou nous embarquant sur d'autres pistes (il fallait sûrement ça pour coller avec les multiples restes du mari éparpillés place de la République). Plutôt que la vision de Paris de l'oeil d'un étranger (Peter May a été naturalisé français en 2016 et vit dans le Lot), j'ai surtout apprécié l'ambiance venteuse et rude de l'île , avec sa nature sauvage, les vagues déferlantes de la mer tout autour (« dans la couleur de l'eau / dans l'hiver et le vent / dans le froid des maisons… »). C'est vrai qu'il ne fait pas chaud sur l'île et, au fur et à mesure, je me suis comme qui dirait refroidie.
En plus de ce xxx refrain un brin persistant, à mi-parcours, j'ai commencé à trouver que cela manquait de densité. Les personnages étaient un peu trop caricaturaux à mon goût : Seonag (« la bonne copine qui ne veut pas tenir la chandelle et qui se tire en râlant »), le styliste homo Lee, la belle-mère désagréable... Il m'aurait fallu des traits un peu plus fins, des coutures un peu plus travaillées pour réussir à m'attacher à un des personnages de ce roman (comme si l'écrivain lui-même n'avait pas eu autant d'affection pour eux, comparativement à ceux de ses précédents romans, et les avait alors un peu trop survolés). Et même l'histoire d'amour entre Niamh et Ruairidh commençait à m'ennuyer. Idem avec les pistes qui partaient dans tous les sens et qui donnaient un je-ne-sais-quoi d'incrédibilité à l'histoire, sans parler de tous les drames que Niamh et son mari avaient vécus au fil des ans. J'en venais à me dire que May usait trop des grosses ficelles (écossaises ou non) des polars faciles. Alors, le final sans réelle surprise n'a pas été à la hauteur, selon moi… (« Dans les sables mouvants / Où j'écrirai ton nom / Dans la fièvre et le sang… »*). Sûr que le refrain chantonné tous les matins y était pour quelque chose. Mais quelle idée de donner un tel titre pour un polar d'un auteur un peu haut dessus de la mêlée commerciale !?
J'ai donc été plus que déçue puisque je n'ai pas retrouvé l'atmosphère de la trilogie ni celles des bons polars. Et j'aurais préféré pouvoir écrire un billet d'une autre verve. Ce n'est pas pour autant que je ne retenterai pas d'autres romans de May. May be… (Je sais… facile, mais j'ai le droit pour cette critique, je me laisse aller…). Donc may be sûrement for me car Peter May mérite mieux que ce billet. Je connais sa plume celtique de qualité, capable de nous secouer et nous scotcher (normal pour l'écossais), telles les tempêtes de l'île de Lewis.

(*je n'avais en tête que le refrain, il ne faut pas exagérer. Les extraits des dits ‘'couplets'' ont été retrouvé sur internet… Quelle fabuleuse mémoire, cet internet…)
Commenter  J’apprécie          478
Oh, quelle lecture !
Après avoir passé toutes mes vacances à dévorer une quinzaine d'enquêtes de l'ex-inspecteur Higgins, le héros d'une série très légère et reposante de Christian Jacq, j'ai terminé en beauté avec ce roman grandiose qui nous emmène sur les îles des Hébrides, en Ecosse.
En compagnie de Niamh et de son mari Ruairidh, j'ai découvert les secrets de fabrication d'un tissu mythique, j'ai arpenté la lande sous le vent, la pluie et parfois le soleil, j'ai appris à connaître les habitants d'un petit village isolé, j'ai assisté à la naissance d'un amour, j'ai pénétré le monde de la mode et j'ai connu la souffrance de la perte d'un être cher.
Ce roman est à la fois un polar, même si l'enquête est loin d'être palpitante et une intrigue sentimentale qui ressemble parfois à une bluette sentimentale d'adolescents.
Et malgré ces imperfections, j'ai adoré cette lecture, l'écriture de Peter May est envoutante, tout comme les paysages écossais.
Commenter  J’apprécie          430
Si vous aimez l'Écosse, ses ciels tourmentés et ses couleurs changeantes sur la lande, il n'est pas de meilleur guide que Peter May pour en faire apprécier le dépaysement, découvrir un mode de vie et comprendre l'identité des habitants des Nouvelles Hébrides.
Sa trilogie écossaise est sans conteste le meilleur dans la bibliographie de ce romancier amoureux de son pays et fidèle à ses racines.

Ce nouveau roman s'inscrit dans la continuité géographique, dans l'immersion de la société des îliens, leurs traditions, et leur artisanat.

Niamh et Ruairidh possèdent une société de tissage qui a réussi à se faire une place dans le milieu de la mode de luxe, en parallèle du fameux Harris Tweed. Un voyage professionnel à Paris les confronte au terrorisme, laissant Niamh veuve désemparée et inconsolable.

L'auteur s'engage donc dans un thriller efficace mais un peu improbable, les rebondissements et personnages secondaires légèrement caricaturaux ne constituant pas le meilleur en crédibilité dans cette enquête menée par un duo policier franco écossais.
Parallèlement à l'intrigue se racontent les souvenirs de deux enfants du pays, dans leurs drames personnels familiaux, dans la naissance de leur couple et de leur réussite professionnelle.
L'immersion dans les paysages sauvages et la société rugueuse de l'île de Lewis est parfaitement décrite ainsi que la sensibilité à mettre en mots la douleur de la perte et du deuil.

Un bon livre pour l'atmosphère toujours parfaite et le contexte bien documenté.
Pour le reste, un petit regret...
Commenter  J’apprécie          351
Ceci est encore un très beau livre de Monsieur Peter May. Dans lequel, comme c'est toujours le cas quand il écrit un livre qui se déroule sur l'île de Lewis, cet espace insulaire joue un rôle actif. L'île est un personnage à lui seul. La description de ce lieu, sous le soleil ou dans la tempête, sauvage et brutal, beau et coloré, sombre et inquiétant, est toujours un moment fort.

S'ajoute à ce décor grandiose toutes les mesquineries et la superficialité du monde de la haute couture. Lee Blunt, le créateur qui les a fait émerger sur la scène mondiale, et avec qui ils se sont fâchés, a-t-il quelquechose à voir dans cette histoire ? Ou bien faut-il plutôt chercher du côté du mari d'Irina Vetrov, un russe, ancien militaire, qui a disparu ? Ou faut-il remonter encore plus loin, dans les histoires de l'enfance, dans les inimitiés entre les familles de Lewis, sur les vieilles colères enfouies, mais qui ne demandent parfois qu'à resurgir ?

C'est tout cet embrouillaminis, ce lacis, plus complexe à démêler que les fils dont son faites les pièces de tweed, qu'il va falloir trier et remettre à plat. Alors, pour Sylvie Braque, est-ce que ce sera le lieu et l'occasion de la rédemption, ou, au contraire, l'aboutissement de la perdition ?

Une belle intrigue, un décor cinématographique – la description de la maison à l'écart de tous de Niamh et Ruairihd m'a fait penser, allez savoir pourquoi, à celle du film The ghost writer… -, et, comme dans d'autres romans de Peter May, toutes les problématiques de l'enfance jamais réglées qui remontent à la surface… Bref, à dévorer sans attendre pour tous les fans de Peter May, et, pour ceux qui n'auraient pas encore découvert cet auteur, un bon galop d'essai s'ils hésitent à se lancer directement dans la Trilogie…
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
Commenter  J’apprécie          290
Peter May sait magnifier son pays , ces îles Hébrides en Ecosse : les descriptions des changements de luminosité avec l'apparition du soleil perçant les sombres nuages sont belles , heureusement car les paysages sont austères et le temps exécrable pour qui n'y habite pas ...

Pour ce nouveau roman, nous plongeons dans le monde des tisserands, celui du tweed . Ses héros, Niamh et Ruairidh, originaires de l'ile Lewis créent un Tweed , concurrent du Harris Tweed et grimpent rapidement en notoriété dans le monde de la couture de luxe , un conte de fée pour eux mais qui s'interrompt brutalement lors de l'explosion à Paris de la voiture de Ruairidh .

Si la douleur de la perte de son mari pour Niamh , le retour sur leurs souvenirs d'enfance passée à Lewis sont des pages émouvantes et bien faites , l'enquête sur le commanditaire de l'attentat qui part dans tous les sens, sans doute pour mieux égarer le lecteur ainsi que la description caricaturale du milieu de la haute couture m'ont laissée perplexe sans parler du dénouement plus qu'improbable , voire vraiment tiré par les cheveux laissant de vastes zones d'ombre ...
Commenter  J’apprécie          280
Ecosse, dans les Hébrides.
Niamh et Ruairidh Macfarlane sont mariés et gèrent ensemble une entreprise de textile, le Ranish Tweed. Ils vendent leur tissu à travers le monde et n'hésitent pas à voyager pour faire découvrir leurs créations. C'est ainsi qu'ils se rendent à Paris pour assister à la plus grande foire internationale du tissu et de l'habillement. Les créateurs de mode et les fabricants y effectuent leurs achats pour les futures collections, celles qui apparaîtront dans les défilés de mode. C'est le rendez-vous à ne pas manquer, surtout lorsque l'on débute dans le métier.
Un soir, à l'hôtel, une dispute éclate au sein du couple. Niamh soupçonne son mari de la tromper avec une styliste russe. Quelques heures plus tard, le taxi dans lequel se trouve Ruairidh et sa maîtresse, explose. Ils sont tués sur le coup. La police mène des investigations sur place, puis l'enquête se poursuit en Ecosse dans le village de Stornoway, sur l'île de Lewis.

Une intrigue policière qui s'installe lentement, les indices viennent au compte-goutte d'une manière réfléchie et structurée. On prend le temps de faire connaissance avec les divers personnages et les liens qui existent entre eux.
Au coeur de l'histoire, une grande place est laissée à la présentation de l'Ecosse et de ses îles, à son mode de vie, ses paysages et ses coutumes. A travers l'histoire de Niamh et de Ruairidh, Peter May s'attache à parsemer le récit d'éléments sur son pays. L'auteur l'aborde avec beaucoup d'amour et cela se ressent lors de la lecture. Il y a du suspens, le fin est superbe même si je l'ai senti arriver. J'ai beaucoup aimé l'ambiance posée grâce aux magnifiques descriptions.

Une littérature dans laquelle on est embarqué à mille lieux de chez nous. Au milieu d'une enquête policière, le lecteur découvre les traditions et l'histoire du peuple écossais.
J'adore vraiment cette manière d'écrire qui présente de grandes similitudes avec la littérature nordique que j'affectionne particulièrement.

Une lecture coup de coeur.
Lien : http://labibliothequedemarjo..
Commenter  J’apprécie          211
Bon, allez, en ce début d'été, je vous emmène dans l'archipel des Hébrides et plus précisément sur l'île de Lewis et Harris (nord-ouest de l'Écosse) : un vol Paris - Stornoway via Manchester et Inverness - pas de direct, vous croyez quoi, vous ? Et n'allez pas oublier la polaire, l'épais coupe-vent et les bonnes chaussures de marche, voire les bottes. Prêt ? C'est parti ! (J'ai évidemment réservé au Crown Hotel de Stornoway - pour l'arrivée, car après : camping !)
Même si le roman commence à Paris - et vous découvrirez tout seul pourquoi - c'est essentiellement sur cette île du bout du monde que nous promène Peter May. Et quelle balade ! Cet auteur a vraiment le don de nous immerger (à prendre au pied de la lettre!) dans un lieu, une atmosphère, des traditions et, il faut bien le dire, c'est ce que j'ai préféré dans ce roman ! En effet, ce Peter May a toute une palette de mots pour décrire les mille nuances de la mer tourmentée, les vents formidables qui décoiffent landes, bruyères et tourbières, les pluies insensées et les tempêtes extraordinaires, les multiples reflets du soleil sur les nuages : tout est lumière, couleur, souffle, tout est changement, transfiguration, métamorphose. le grand soleil peut disparaître en un clin d'oeil et laisser place à des vents violents, des vagues rageuses et une terre boueuse sur laquelle il devient impossible d'avancer.
La sensation de vivre semble être multipliée à l'infini sur ces îles, tellement la nature est là dans toute sa puissance et sa force et l'on se sent petit, très petit même, face à une telle fureur !
Et Peter May place tous nos sens en alerte : on sent l'odeur de la mer et du vent ! Je me suis régalée de ces éléments en furie d'autant que je n'avais pas à les vivre, vautrée que j'étais dans mon lit ou ma chaise longue. Voilà à quoi sert la littérature : nous transporter et c'est certain, je l'ai été avec ce texte !
Après les paysages, les traditions et les coutumes qui font l'identité d'un pays : vous allez être plongé dans l'univers du tissage et de la fabrication des textiles, le Harris Tweed ou le Ranish Tweed, les anciennes fabriques de Shawbost et de Carloway, les vieux métiers à tisser comme le Hattersley remplacé par le Griffith double largeur, sans parler des tisserands et de leurs gestes ancestraux. Écoutez donc : « Le tissu était doux, somptueux, presque sensuel sous mes doigts. Mais c'étaient ses couleurs qui me fascinaient le plus. - C'est magnifique. Ça me fait penser à la découpe de la tourbe sur Pentland Road par un jour ensoleillé. Toutes ces teintes différentes. Les premières nouvelles pousses au milieu des herbes de l'hiver. Vert et rouge. le brun des racines de bruyère, le bleu du ciel qui se reflète dans tous ces petits trous d'eau. » Pure poésie, non ? L'auteur précise d'ailleurs, en exergue, que « Le Harris Tweed est le seul tissu au monde à être décrit par une loi du Parlement. Cette loi de 1933 le définit ainsi : « Tissé localement à la main par les habitants des Hébrides extérieures, fini sur le sol des Hébrides extérieures, fait de pure laine vierge teinte sur le sol des Hébrides extérieures. » C'est clair, non ? Une espèce de super Label Rouge quoi !
Plus anecdotique par rapport au sujet principal de l'histoire mais néanmoins très amusante , j'ai beaucoup aimé l'évocation de la tradition du vol de portail le soir d'Halloween! Un truc comme ça, ça ne s'invente pas !
Et puis, il y a la langue : d'abord, dès le début, une page sur « la prononciation des mots gaéliques » : exemple « Amhuinnsuidhe » se prononce « av-anne-soué ». Répétez après moi ! Facile, non ? Allez, pas de frayeur, je suis tellement douée pour les langues que j'ai très vite abandonné et me suis fait un petit gaélique perso et tout s'est très très bien passé ! Ah, cette langue, elle fait vraiment partie du dépaysement : la mamaidh, les midges (beurk), le bothag, le machair, les balanisrachs, la tairsgear et n'oublions pas les noms propres : les Macfarlane, Ruairidh (personnage principal) qu'il faut prononcer Rou-are-i.
Découvrir cet univers m'a ravie, really ! Un vrai voyage dans l'espace et le temps que l'on retrouve immanquablement dans les romans de Peter May...
Maintenant, l'intrigue : bien sûr, il s'agit d'un roman policier dans la mesure où il y a une enquête mais on sent qu'au fond là n'est peut-être pas l'essentiel. Bon, deux mots, pas plus : Ruairidh et sa compagne Niamh, fondateurs de l'entreprise de tissu Ranish Tweed, sont venus à Paris pour participer au salon Première Vision. Mais Niamh soupçonne son mari d'avoir une liaison avec la créatrice russe, Irina Vetrov. C'est d'ailleurs une information qu'elle vient de recevoir via un mail anonyme. Alors, lorsque son mari lui annonce qu'il se rend à une réunion chez Yves Saint Laurent, elle a des doutes, le suit et tente de le rattraper… sans savoir que, dans quelques minutes, son destin va prendre un chemin imprévu et totalement basculer. STOP, pas plus - j'aurais peur que vous m'étrangliez! Comme je vous le disais, si je n'ai pas lâché mon bouquin avant de savoir le nom de l'assassin, preuve que le suspense est là et que ça marche, au fond, l'intrigue me semble être le prétexte à la découverte des hommes qui habitent cette terre, des paysages qui sont les leurs, des coutumes qu'ils respectent encore : c'est toute une époque, finalement, qui nous est racontée à travers l'histoire de Niamh et de Ruairidh, personnages dont on découvre petit à petit le passé et la vie sur cette île où chacun garde ses secrets et ses rancoeurs.
C'est certain, je n'oublierai jamais la maison de Ruairidh et et Niamh et les vues imprenables qu'elle offre sur l'océan les soirs de tempête, je la garderai longtemps au fond de moi comme un petit refuge du bout du monde…
Si vous êtes prêt pour l'embarquement, c'est parti ! Vous allez voir, ça va décoiffer !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          212




Lecteurs (756) Voir plus



Quiz Voir plus

Quel est le bon titre des livres de Peter May ?

L’... du serment ?

Archipel
Ile
Oasis

5 questions
25 lecteurs ont répondu
Thème : Peter MayCréer un quiz sur ce livre

{* *}