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EAN : 9782081399938
240 pages
Flammarion (08/03/2017)
4.07/5   14 notes
Résumé :
La mostarghia. C'est ainsi que Maya Ombasic a baptisé le mal qui a tué son père. La mostarghia, c'est la nostalgie dévorante dont cet homme a souffert depuis qu'il a dû quitter sa ville, Mostar. A ce peintre écorché à l'âme slave qui ne s'est jamais remis d'être arraché à sa terre, sa fille Maya rend ici un hommage entre tragique et burlesque, à son image.
Maya a douze ans quand la guerre éclate en Yougoslavie. Pour survivre, elle et sa famille doivent fuir.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
L'odeur des arbres sucrés irriguée par l'impétueuse rivière Neretva, l'echo des bavardages qui résonnent dans les ruelles moyenâgeuses, la ville de Mostar vit heureuse blottie dans ses collines.
"On n'oublie jamais sa lumière aveuglante qui trouble les âmes sensibles ".

Pourtant ce jour d'avril 1991, les cerises noires cueillies par une enfant espiègle auront le goût amer de la fin de l'enfance, de la joie et de l'insouciance et pour son père le début d'une lente agonie.
La violente guerre des Balkans a commencé.
Un douloureux exil pour Maya et sa famille.

Maya Ombasic rend hommage à son père défunt en lui écrivant une longue lettre, où transparaît la sérénité et la promesse d'un avenir meilleur.
Des mots comme des pierres pour construire un nouveau pont, relier les liens père-fille pour clamer avec force leur attachement viscéral à ce qui était pour eux leur berceau. Leur pays.

Son père était un bohème, un poète de la lumière et un peintre des couleurs, un homme extrêmement sensible à tout ce qui l'entourait.
Sa liberté était de ne pas se définir par rapport à une religion, une ethnie ou une langue. Il ressemblait à sa terre des origines, une terre multiple, tolérante et généreuse. Une ville bâtie et des jardins semés par des peuples venant d'horizons différents mais soudés par l'amour qu'ils portent à leur territoire, à leurs monuments, au goût de la fraternité et de l'entre aide, à l'invitation de toutes les portes ouvertes des maisons de Mostar avant la guerre.
Devenu apatride, privé de ses racines et loin des rives tourmentées de l'Adriatique, le père de la narratrice veille désormais sur un autre bleu.

J'ai été touchée par la sincérité et la profondeur des sentiments filiaux qui sont admirablement écrits par l'auteure. Son insoumission aussi à ce qui peut entraver sa liberté d'être, une femme qui revendique sa religion et ses idées, parce qu'elle les partage et non parce que c'est dans l'ordre des choses ou qu'on les lui impose. Tout n'est pas déterminé, la liberté est une parcelle à conquérir chaque jour et à conserver.

Ce texte est un très beau message d'amour à une figure paternelle disparue et à un pays perdu, l'un et l'autre indissociablement liés.

J'ai aimé particulièrement le passage où Maya Ombasic emprunte les mots d'Orhan Pamuk quand il se tient sur le pont du Bosphore : « Lorsque je suis monté sur ce pont et que j'ai regardé le paysage, j'ai compris que c'était encore mieux, encore plus beau de voir les deux rives en même temps. J'ai saisi que le mieux était d'être un pont entre deux rives. S'adresser aux deux rives sans appartenir totalement à l'une ni à l'autre dévoilait le plus beau des paysages ».
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C'est avec beaucoup d'émotion que je rédige cette critique. Maya Ombasic nous livre avec son roman : Mostarghia, tant de bonheurs de lecture, tant de tristesse.
Maya va connaître l'exil avec toute sa famille consécutive à la guerre en Yougoslavie qui débute en 1992. Son père ne pourra jamais tourner la page, ni se reconstruire, plutôt se laisser mourrir, une lente agonie, de cette ville de Mostar qu'il aimait tant. Cette ville multiethnique avant la guerre où tous pouvaient vivre ensemble.
Maya Ombasic rend un vibrant hommage à ce père idyllique, presque surnaturel dans ses colères.
Que de pages filiales émouvantes parcourt-on lorsqu'elle l'accompagnera jusqu'à la mort, victime d'un cancer.
" C'est dans mon corps que le manque de toi, de ton rire, de ton odeur, de tes rides et de tes mains se manifeste"
Maya Ombasic s'est construit grâce à la résilience que son père a toujours refusé , est devenue femme dans une terre étrangère. Elle retourne dans sa ville, pour enterrer son père, découvre que le Mostar de celui-ci n'existera plus.
Elle dira cette phrase terrible : " le pays ressemble à Babel au lendemain du châtiment divin."
J'ai beaucoup aimé ce livre, on a envie d'écouter et parler avec Maya de longues heures, d'être son amie.
Un livre qui nous apprend aussi à se réconcilier avec le monde.
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"Mostarghia" ou la nostalgie de la ville de Mostar ... l'histoire d'un gros coup de coeur !!

Maya Ombasic et sa famille fuient la guerre Yougoslave de 1992, fuyant par la même occasion leur ville de Mostar qui tombe sous les bombes et à laquelle ils sont pourtant si attachés. À partir de ce moment là, s'ensuivent l'exil, la peur, les camps de concentration, le combat pour survivre et trouver sa "place". Entre différences ethniques, religieuses et méfiance, ils vont devoir s'adapter à leur milieu, apprendre la langue de leur terre d'accueil et faire face au ravage de la nostalgie. 

L'auteure s'adresse à son père, qu'elle aime tant et qui est lui même profondément atteint de Mostarghia. On ressent avec subtilité l'âme et les racines philosophiques de l'auteure, qui rend un bel hommage à son père que nous découvrons être un communiste pour qui capitalisme et religion ne font pas bon ménage, un artiste, un homme fidel à ses racines et à ses convictions, un écorché vif.

L'auteur commence par nous décrire sa ville, son pays la Bosnie Herzegovine puis nous amène vers les combats entre serbes, croates et bosniaques, là où des rancoeurs historiques qui éclatent des années après. Viennent ensuite l'exil en suisse, le retour désillusionné à Mostar, la traverse de Paris, l'arrivée au Canada où tout va changer, et le passage à Cuba, pays communiste de Fidel, que son père voit comme un deuxième Mostar. Enfin, le changement de vie et la découverte du Mostar après-guerre ... 

J'ai été très sensible à la plume de l'auteure. Les mots qu'elle emploie et sa façon de s'adresser à son père m'ont profondément touchée.

Les descriptions des différents lieux où elle a séjourné sont dépeints d'une telle façon que j'avais sincèrement l'impression d'avoir un tableau de maître sous mes yeux. Est-ce la passion de son père pour la peinture qui fait ressortir cela ? Probablement. Je n'ai jamais visité Cuba et pourtant toute son âme transparait dans la description qu'en fait Maya Ombasic. Je me suis sentie ailleurs, j'ai voyagé, j'ai croqué dans les fruits de la Vallée des arbres sucrés, partagé son incompréhension d'enfant et sa maturité d'adulte. J'ai découvert des auteurs slaves, un pays, une philosophie, bref j'ai découvert tout simplement une auteure talentueuse. 

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Mostaghia, dans le récit de Maya Ombasic, c'est la mal d'un pays perdu, c'est aussi la mort d'un père dans la douleur de l'exil.
Après les camps de concentration, les bombes, à Mostar en 1992 Maya et sa famille fuient vers la Suisse. Là, comme souvent avec les réfugiés, on les prend pour des êtres inférieurs qui ne connaissent pas la vraie civilisation. Et surtout, eux qui sont communistes et athées, on leur impose quasiment une religion qu'ils n'ont jamais pratiquée. Car dans l'ex-Yougoslavie, les gens sont désormais catalogués catholiques ou musulmans et plus Serbes, Croates ou Bosniaques. Puis la famille part au Canada. Là le père se meurt de cette nostalgie pour un pays abandonné, sombre dans une dépression qui le détruit à petit feu, jusqu'à la maladie qui l'emportera.
Le récit de Maya Ombasic est très émouvant, évoquant cette guerre qu'on a presque déjà oubliée mais qui pourrait resurgir à tout moment, tant l'équilibre dans cette partie de l'Europe semble précaire.
Mostarghia, c'est un hymne à ce père qui lui a tant appris, qui a tant souffert de l'exil qu'il en meurt. Si l'auteur a souhaité écrire dans une langue qui n'est pas la sienne pour s'imposer une distance émotionnelle, on sent les sentiments, les interrogations sur l'avenir de ce pays, la douleur de la perte, la force de la famille. C'est un récit sincère qui se lit comme un roman, pose des questions et parle d'amour, celui d'un père, celui d'une fille, celui d'un pays. de tous temps, les réfugiés ont dû partir sur les routes, l'exil n'est jamais un choix évident.
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Une jeune femme écrit à son père, décédé; ce dernier n'a jamais accepté ses exils successifs; malgré la guerre des Balkans, les camps, la misère, il veut retourner à Mostar. Idéaliste, il reste attaché aux valeurs socialistes; communiste et athée, il a un moment l'impression que Cuba est un modèle réussi.
Tito avait su maintenir une entente relative entre serbes, bosniaques, croates; une fois le dictateur disparu, tout ressort, tout attise la haine: origine paysanne ou urbaine, langue, religion etc
Exils en Suisse, à Cuba et au Canada.
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critiques presse (1)
LeMonde
07 avril 2017
La force du livre tient en grande partie à sa façon de montrer les conséquences concrètes, au quotidien, d’une guerre que la famille subit sans y participer directement.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le Stari Most, le vieux pont de Mostar, amalgamait dans sa pierre cinq fois centenaire les petites et les grandes différences des habitants au nom de quelque chose de plus vaste, semblant défier les lois de la physique. L'inclinaison parfaite de cette merveille du XVI ième siècle destinée par l'architecte de Soliman le Magnifique
permettait aux idées de flâner dans les airs et de rêver à l'éternel.
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Mais le Split que nous avons connu n'existe plus: un nationalisme féroce, comme la toile d'une araignée venimeuse, s'est emparé de la ville, l'isolant dans un soliloque où tout accent autre que croate est le signe d'une menace " turque" ou " serbe". Un nuage obscur à couvert le ciel de ton pays et les deuils, petits et grands, sont devenus un état permanent pour les nostalgiques comme toi.
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On croit vivre l'enfer avec les gens qu'on aime, mais c'est quand ils menacent de nous quitter qu'on entrevoit le véritable enfer. Tu as encore des rêves à partager, des lois à contourner et des frontières à passer clandestinement. Il te faudrait encore des centaines de nuits blanches pour me parler de ton enfance titiste, quand tu étais " le plus heureux du monde".
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Nous débarquons à Baracoa et la première chose qui te saute au yeux, c'est le sourire des douaniers quand tu sors ton passeport bosniaque. Ici pour la première fois depuis que tu as quitté ton pays, tu es accueilli a bras ouverts, parce que tu es communiste ! Tu te régales en épiant l'interminable interrogatoire que subissent deux touristes anglais, malgré leur passeport qui partout ailleurs commanderait le respect.
Pour la première fois, nous sommes les bienvenus quelque part.
La beauté que tu reconnais au Nouveau Monde, c'est qu'il n'a pas encore été contaminé par la fièvre des identités. Les Cubains ne savent pas grand-chose de nos absurdes guerres ethniques.
Pour eux nous sommes encore les camarades yougoslaves.
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Soudain, je comprends que la nostalgie qui te ronge les entrailles et ton désir de faire entendre les voix du passé pour sauver le présent te condamnent à marcher sur la ligne fine qui sépare chacun de la folie.
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Videos de Maya Ombasic (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maya Ombasic
24 avr. 2022 Dans le cadre de la semaine interculturelle 2021, la bibliothèque Octagone a invité l'écrivain Maya Ombasic et lui a demandé de raconter son lien à l'écriture et à l'exil.
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