Edelweiss

Été 1947, Sèvres. C'est lors d'une guingette qu'Edmond, habituellement surnommé Monmon, rencontre Olympe. Lassé des blagues lourdes du cousin Honoré, le jeune couple s'isole près du lac. C'est en la raccompagnant chez elle que Monmon l'embrasse. Et les deux jeunes gens tombent très vite amoureux...
Automne 1949, Paris. Olympe reçoit la visite de sa soeur. Alors que celle-ci lui reproche son histoire d'amour avec son mécanicien, certaine qu'elle aurait pu trouver mieux, Olympe lui parle de son projet qu'elle garde au fond d-elle-même : faire l'ascension du Mont-Blanc. Dans une vieille malle qu'elle a retrouvée, elle y a déniché non pas seulement de vieux vêtements mais aussi les carnets de Tatie Henriette lors de son ascension du Mont-Blanc. La jeune femme compte bien suivre ses pas...


En toile de fond, l'après-guerre, l'émancipation de la femme, la lutte des classes. Sur le devant de la scène, cette histoire d'amour intense entre Edmond, petit ouvrier chez Renault, et Olympe, couturière. Un rêve, bientôt partagé, celui de grimper le Mont-Blanc. Sur presque 20 ans, Cédric Mayen parcourt des vies jalonnées de rires, de joies mais aussi de drames, chaque tourment, chaque épreuve, confortant ce rêve. Inspiré de faits réels et de personnages historiques*, cet album nous fait à la fois vibrer, sourire ou espérer. L'auteur nous dresse le portrait d'un couple uni, volontaire et courageux vraiment touchant et rend hommage à cette nature à la fois grandiose et cruelle. Graphiquement, Lucy Mazel nous gratifie d'un travail remarquable. le trait est élégant, les visages expressifs et ses couleurs d'après-guerre parfaites. Les paysages de montagne sont grandioses, les pages de titres de véritables tableaux.

*Marguerite et Roland Gosmat

L'edelweiss est une des plantes de montagne les plus connues, en partie en raison de sa rareté. C'est une espèce protégée. Quelle est donc cette fleur à la fois rayonnante et rebelle ? Olympe ressemble à cette fleur. Nous voyons son histoire amoureuse émerger, fleurir au bord d'un lac, un soir d'été, dans l'ambiance d'une guinguette… Tout commence un certain été 1947, un soir de bal où elle rencontre Edmond qui la raccompagne chez elle, l'embrasse. Commence alors une histoire d'amour. Quelques temps plus tard, ils se marieront. Voilà, c'est une histoire simple, nous pourrions nous arrêter là, sauf que ces deux personnages en ont décidé autrement.
Olympe est issue d'une famille aisée, alors qu'Edmond est ouvrier chez Renault. Cette différence sociale est essentielle et fondatrice dans l'histoire qui va suivre. Olympe et Edmond vont surmonter et vaincre cet obstacle. C'en sera le premier, d'autres viendront encore. Mais sur cette route, nous voyons surgir une femme pleine de volonté et dont le rêve est de gravir les sommets, à l'instar d'Henriette d'Angeville son aïeule, celui de conquérir le Mont Blanc. Mais son existence sera faite d'autres sommets à franchir, à commencer par son émancipation de sa famille. Elle donne aussi un signe à son mari qui ne l'est pas encore, un geste, elle l'incite à ne pas se résigner dans sa condition sociale sous prétexte qu'ils ne sont pas du même milieu. Elle l'invite ainsi à franchir cette barrière pour qu'il lui demande en mariage.
Donc, c'est une histoire qui conjugue l'amour, l'émancipation et la montagne. Une belle manière pour prétendre l'altitude… Olympe va se détacher de ce premier lien, celui de la famille en travaillant dans le domaine de la couture. Sa première révolte est contre son père. Nous sommes dans les années 50 et la condition féminine commence à toucher du doigt cette idée d'émancipation. Olympe est une femme combattante, ne cède rien. Une scène nous offre le hasard d'une rencontre entre Olympe et Simone de Beauvoir, à l'occasion d'une dédicace d'un livre au Café de Flore, sans doute le Deuxième Sexe. « On ne naît pas femme, on le devient » écrit Simone de Beauvoir. Olympe va devenir une femme et ce n'est pas facile dans les années 50, Simone de Beauvoir l'a bien prévenue.
Edmond sera prêt à tout pour permettre le rêve d'Olympe, celui de tendre les bras vers les cimes, toucher le ciel. Il y a quelque chose de mythique dans cette ascension, ce voyage à deux où l'autre est là. Et nous grimpons ensemble jusqu'à l'ultime sommet. Nos bras tremblent, lâchent presque dans le geste vers la fin. Il nous vient des larmes. C'est sans doute l'effort. Olympe est belle et émouvante dans ce parcours de femme, ces bras tendus, agrippés aux interstices des falaises, se lève, se relève encore lorsque le corps se casse, ne répond plus. Sur presque 20 ans, nous voyons ce parcours de femme jalonnés de joies et de douleurs.
Edelweiss est un merveilleux roman graphique où jonglent les mots de Cédric Mayen, illustré par Lucy Mazel. Les dessins sont magnifiques, Paris, ses environs, mais aussi forcément la montagne dans tous ses états.
Que reste-t-il après cela, une fois la dernière page de cette BD refermée ? Que reste-t-il de cette fleur si rare, perdue sur un flanc de montagne… ? Surtout ne la cueillons pas, « il ne le faut pas », comme le disait Olympe à Edmond, contrariée qu'un jour au hasard d'une randonnée ce dernier ait cueilli cette fleur pour la lui offrir, croyant bien faire. Je redescends la montagne, les jambes un peu lourdes et fragiles, l'edelweiss est encore ici ; je pense à toutes ces femmes qui se sont libérées depuis ces années-là et tout ce qui reste à faire encore, ici ou ailleurs. Par-delà les cimes, une petite fleur tremble et frémit encore.

Une jolie bande dessinée qui nous parle de nos rêves, ceux qu'on a , ceux qu'on abandonne et ceux qu'on poursuit envers et contre tout.
Celui d'Olympe est de gravir le Mont-Blanc, mais la vie ne sera pas simple et bien des combats seront à mener avant de pouvoir tenter cette ascension mythique.
Une bande dessinée optimiste et qui nous fait découvrir le monde singulier de l'alpinisme.

Une histoire d'amour qui soulève des montagnes
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En me promenant entre les rayons de ma médiathèque, je suis tombée nez à nez avec cette BD. Qui a été mise en avant par la bibliothécaire. Une couverture bleu turquoise, une jeune fille debout sur sa chaise roulante, face à une montagne enneigée.
Cela parle d'alpinisme, d'héroine et d'amour. Et hop, BD embarquée.
Aussitôt lue.
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Dans les années post-guerre, deux jeunes gens se rencontrent dans une guinguette. Lui ouvrier, elle jeune fille d'un milieu bourgeois.
Olympe, émancipée et couturière, a un rêve qu'elle souhaiterait réaliser : grimper le Mont-Blanc en hiver. Comme sa mère (qui y a laissé sa vie) et sa grande-tante.
Edmond, jeune dandy un peu carriériste et fou amoureux d'Olympe.
Les voilà à la croisée de leur vie. Emprunteront-ils le même destin?
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Un bel ouvrage qui m'a emporté dans la montagne. Un dessin aux couleurs douces, un trait élégant et fin. le texte est sublimé par les images.
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Des émotions toujours à fleur de peau.
Des épreuves qui jalonnent la vie de ce couple, des rêves d'enfant et de maternité. Un brin de féminisme ébauché par la rencontre d'une célèbre Mme de Beauvoir. Un possible succès entraperçu par un personnage célèbre de la haute-couture. L'évocation d'un club d'alpinisme français.
Voilà tout ce que vous rencontrerez dans cet intéressant ouvrage.
Et la montagne. Qu'elle est belle, majestueuse mais aussi très dangereuse....

C'est une collègue de mon ancien travail qui m'avait parlé de cette bande dessinée l'année dernière car elle connaissait la dessinatrice. Si à l'époque, je n'avais pas pu me rendre à la dédicace dans une des librairies de Grenoble, je suis tombée sur l'ouvrage par hasard le mois dernier, dans une des bibliothèques que je fréquente et je l'ai emprunté.

A l'été 1947, Edmond rencontre la pétillante Olympe à un bal de Sèvres et tombe immédiatement sous le charme. Mais, le début de la relation n'est pas simple car le jeune homme, ouvrier à l'usine Renault, souhaite une meilleure carrière s'estimant indigne de sa fiancée, issue d'une classe sociale favorisée. Quant à Olympe, si elle est couturière, elle rêve de suivre les pas de sa grand-mère alpiniste franco-suisse Henriette d'Angeville, la seconde femme à avoir gravi le Mont Blanc. Trois ans plus tard, Edmond est convoqué pour son service militaire : s'il évite d'être envoyé en Indochine, il part pour Chamonix afin d'intégrer les Chasseurs Alpins. Olympe voit là l'occasion de concrétiser son rêve et rejoint son fiancé pendant sa permanence…

A défaut d'avoir la neige et le froid des deux côtés des Alpes (France et Italie où je passe les fêtes de Noël), je vais les chercher dans la lecture! Et je dois dire que je n'ai pas été déçue, loin de là! Si Edelweiss n'est pas une bande dessinée purement historique, elle intègre néanmoins des personnages soit ayant réellement existés comme le couturier Yves Saint-Laurent ou l'écrivaine et intellectuelle féministe Simone de Beauvoir, soit inspirés de personnages réels. En effet, Olympe et Edmond sont des personnages fictifs mais apparaissent dès lors comme un hommage émouvant aux véritables grands-parents de l'auteur des textes, Cédric Mayen. Ainsi, Roland et Marguerite Gosmat étaient bien respectivement ouvrier chez Renault et couturière et se sont réellement rencontrés à un bal.
Quant au cousin d'Olympe, Jean mort lors d'une expédition au Mont Blanc, à l'hiver 1956, il s'inspire d'un autre fait réel : l'affaire Vincendon et Henry. En effet, ces derniers étaient étudiants et alpinistes amateurs venus faire l'ascension du Mont-Blanc lors de ce même hiver 1956. Malheureusement, leur expédition a tourné court et a connu une issue tragique à cause de conditions météorologiques difficiles. Cette affaire a eu un grand retentissement à l'époque car si les deux étudiants avaient bien été localisés, les tentatives de sauvetage ont toutes échoué les unes après les autres.

De plus, j'ai également beaucoup apprécié le couple d'Edmond et Olympe. En effet, le jeune homme n'apparaît pas sous son meilleur jour au début de la bande dessinée : par exemple, il dispute sa première petite amie parce qu'elle a eu un accident avec sa voiture, lui enfonçant une aile. Ou au début de sa relation avec Olympe, s'il a promis à sa fiancée de l'aider à concrétiser son rêve, il préfère miser sur sa carrière professionnelle. En effet, il veut prouver à sa belle-famille qu'il est digne de leur fille, ce qui engendre quelques tensions au sein du couple. Toutefois, il est le personnage qui évolue le plus rapidement : de taciturne et orgueilleux, il devient au contraire beaucoup plus à l'écoute d'Olympe, voire dévoué ce qui le rend beaucoup plus attachant après les terribles épreuves que le couple traverse dans la troisième partie.
Quant à sa fiancée, j'ai beaucoup aimé son côté féministe : son nom est une référence directe à Olympe de Gouge, célèbre intellectuelle durant la Révolution française qui s'est battue pour le droit de vote des femmes et a fini sous l'échafaud. Mais, elle trouve également son inspiration auprès de sa grand-mère Henriette d'Angeville (ayant réellement existé mais dont l'ascendance est évidemment fictive) ou de Simone de Beauvoir, citée plus haut et dont la rencontre est encore une fois inventée. Olympe n'hésite pas à exprimer clairement ses désirs au grand dam de sa famille même si elle apparaît en avance sur son temps (concrétisé par le fameux défilé qui crée scandale à cause du port de pantalon pour les femmes…).

Enfin, Edelweiss possède de magnifiques dessins signés Lucy Mazel et je dois bien avouer que je suis complètement tombée sous le charme. Les décors sont ainsi très réussis que ce soit dans la recherche du contexte historique, des vêtements ou des paysages de montagnes. On voit également les deux personnages vieillir au fil des pages ce qui leur confère un petit côté émouvant et ce qui m'a permis aussi de beaucoup m'attacher à eux.

En conclusion, la bande dessinée Edelweiss a été un ravissement autant pour les très beaux dessins signés Lucy Mazel que pour le couple attachant d'Olympe et Edmond. Si ces derniers sont fictifs, il n'empêche que les références à des personnages ayant réellement existés sont nombreuses que ce soit des personnages connus comme Simone de Beauvoir ou plus anonymes comme les grands-parents de Cédric Mayen. Mais, les anecdotes réelles insufflées dans le récit confèrent beaucoup d'émotion à l'emsemble.
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