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4,04

sur 453 notes
N'ayant pas assez de temps pour lire tous les ouvrages récents qui m'intéressent, je ne me tourne que très rarement vers des publications plus anciennes. Cependant, certains auteurs que je découvre sur le tard me séduisent tellement, que la tentation d'aller découvrir leurs oeuvres précédentes devient presque irrésistible. C'est le cas de Maud Mayeras, dont j'ai adoré « Reflex » et surtout « Les Monstres » et dont j'avais donc envie de découvrir ce premier roman intitulé « Hématome ».

Le roman s'ouvre en compagnie d'Emma, allongée sur un lit d'hôpital. À ses côtés, un homme avec un bec de lièvre…qui s'avère être son compagnon. Excepté quelques flashs très courts, Emma ne se souvient en effet de rien. Pourtant, les douleurs qu'elle ressent dans le corps, ne laissent que peu de doute : elle a visiblement subi un traumatisme particulièrement violent… reste à découvrir quoi !

Utilisant une narration à la première personne, Maud Mayeras nous plonge immédiatement dans le cerveau embrumé d'Emma, nous invitant à tenter de combler les vides en sa compagnie. Comblant progressivement les trous de mémoire de cette héroïne amnésique, l'autrice nous livre un thriller psychologique au rythme soutenu, à l'aide de chapitres courts qui font habilement monter la pression.

Malgré quelques invraisemblances et certains détails qui ne manqueront pas d'en choquer certains, Maud Mayeras livre donc un excellent premier roman, pourvu d'une fin remarquable, tout en laissant déjà entrevoir cette noirceur presque naturelle qui accompagne ses autres romans.
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J'avais envie d'un petit thriller psychologique et c'est vers ce roman que je me suis tournée.

Le thème de l'amnésie étant assez récurrent dans ce type de livres, j'étais tout de même curieuse de découvrir comment cette auteure pouvait le traiter.
On retrouve ici un fil conducteur habituel avec une femme fragilisée par un traumatisme. Se réveillant à l'hôpital sans aucun souvenir, elle va devoir tenter de retrouver la mémoire auprès de son compagnon.
Mais on se doute que son passé cache bien des mystères.
Pourquoi l'agression d'Emma s'est-elle déroulée alors qu'elle était en compagnie de Karter, son petit ami ? Était-ce le fruit du hasard ?

La lecture se fait très rapidement et sans difficulté. Ce récit à la première personne nous permet de plonger au coeur des pensées d'Emma. Avec des bribes de souvenirs, on reconstitue peu à peu les événements qui ont marqué son existence. C'est assez prenant.
Certains faits sont durs et déroutants.
L'auteure se laisse parfois aller à des détails très sanglants.
Par contre, j'ai trouvé dommage que le récit soit complètement focalisé sur la restitution des souvenirs d'Emma et que celle-ci ne s'interroge pas plus sur l'identité de son agresseur.
Certains aspects de l'histoire sont prévisibles et d'autres complètement inattendus.

Malgré tout, Maud Mayeras a réussi à me surprendre à la dernière page.

Un bon moment passé avec ce roman. Je renouvellerai l'expérience avec Reflex, qui est apparemment très apprécié des lecteurs.
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Elle se réveille, endolorie, des douleurs dans le corps, une lumière aveuglante et des murmures qui lui parviennent. Que fait-elle ici ? Et où est-elle ? Un homme avec un bec de lièvre se penche vers elle et tente de la rassurer autant qu'il puisse le faire dans pareille situation. Elle s'appelle Emma, c'est ainsi qu'il s'est adressée à elle. Et il lui annonce de but en blanc qu'elle s'est faite violer puis tabasser dans la rue. Alors que lui venait d'être assommé, il n'a rien pu faire pour lui venir en aide. Un policier est venu prendre leurs dépositions mais aucun souvenir probant n'aurait pu l'aider à retrouver le malfaiteur. Au cours de l'interrogatoire, elle apprend de la bouche de son petit ami, Tuker, que son petit frère est mort, que sa mère s'est suicidée et qu'elle ne parle plus à son père depuis des années. Quel choc pour elle ? Qui a-t-elle dans la vie à part cet homme au bec de lièvre qui semble fou amoureux d'elle ? Bien vite, elle se rendra compte qu'elle a également perdu l'enfant qu'elle portait. Mais, bientôt, le retour à la maison et avec lui son lot de surprises. Un endroit qu'elle ne reconnaît pas, des objets étrangers et qui pourtant lui appartiennent. Quand des sons lui reviennent par bribes, des images soudaines telles des flashs la ramènent à son passé, Emma n'a qu'une idée en tête : savoir qui elle est, qui est cet homme auprès d'elle et pourquoi on s'en est pris à elle...

Maud Mayeras a pris le parti d'employer une narration à la première personne du singulier. Dangereux quand la maîtrise n'est pas là mais palpitant quand c'est réussi. le choc n'en est que plus violent. L'on se laisse entrainer par Emma et avec elle, l'on suit pas à pas le cheminement qui la conduit vers les siens mais surtout vers son passé. Ce roman habilement construit, avec des chapitres très courts qui apportent un rythme certain, où la pression monte au fil des pages, montre que Maud Mayeras a un certain don pour nous faire frissonner. La neige drue et le froid glacial créent une atmosphère sombre et oppressante. le style est particulièrement nerveux, les passages aux descriptions plutôt glauques auraient de quoi en faire pâlir plus d'un et l'on suit avidement les plongées d'Emma dans sa mémoire. Maud Mayeras signait là son tout premier roman. Remarquable !

Hématome... Hema-eue !...
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Emma est une jeune femme au passé tumultueux et totalement flou, surtout après ce qui vient de lui arriver. Violentée jusqu'au bout de l'horreur, elle sort du coma quatre jours plus tard, le cerveau en bouillie, amnésique. Son corps est en miette, elle qui était enceinte, tout est vide et noir.
C'est auprès de son compagnon Kay qu'elle tente de rassembler les puzzles de sa vie. Qui est-elle ? La lumière clignote au hasard des flashs qui lui reviennent, éclairant un tableau des plus ténébreux de son passé. Pour Emma, retrouver la mémoire n'est pas une aubaine, les souvenirs ont parfois des allures diaboliques.

Ma maigre expérience en terme de polars noirs explique peut-être mon ressenti mitigé. J'ai été perdue dans ce roman, certaines invraisemblances m'ont dérangée, l'héroïne dans sa quête aux souvenirs se désintéresse royalement de son agresseur, elle semble également peu souffrante. Après un tel drame, un peu de cris et de larmes de colère auraient trouvé une juste place selon moi.
À côté, il y a tout de même une thématique liée à la femme et aux traumas de l'enfance bien agencée. La fin est surprenante avec un habile jeu de mots. Emma-tome...
Un roman noir, glauque à souhait, des chapitres courts et addictifs, une trame un peu décousue, mais qui se lit avec avidité.
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Une fois n'est pas coutume, je vais vous parler de moi.

Durant la lecture de Reflex, le second roman de Maud Mayeras, j'ai su rapidement que je tenais un authentique chef d'oeuvre entre mes mains. Au final, ce n'est rien de moins que LE thriller de ce début du XXI° siècle, pour moi.

Pour me plonger dans le premier roman de l'auteure, sept ans en arrière, j'ai donc décidé de faire table rase du passé (ou plutôt du futur, c'est compliqué cette affaire). Opération amnésie et regard neuf sur ce récit, donc, comme si je ne connaissais pas ce qui allait suivre.

Ça tombe plutôt bien, l'amnésie est au coeur de l'histoire que nous compte Maud Mayeras dans Hématome. Un thème connu, mais n'oublions pas que le roman date de 2006, avant la sortie de certains succès qui ont surfé sur la même thématique.

Hématome : partie visible d'un traumatisme à la suite d'un choc. Je dois avoir une drôle de tête actuellement, la dernière page tournée, après avoir reçu un tel choc en pleine face…

Car ce récit est un thriller psychologique de haut vol, mais surtout (oui surtout !), une lecture qui se transforme rapidement en vraie expérimentation. J'ai eu l'impression de vivre une expérience de sortie du corps et de me retrouver tel un fantôme, assis à coté d'Emma, l'héroïne.

Je n'ai pas juste lu ce sombre roman, j'ai vécu avec Emma et j'ai été bouleversé avec elle (et par elle), comme par un transfert d'émotions directement des pages à mon cerveau. Des pages qui ont littéralement pris vie entre mes mains, souffrance et émotions entremêlées.

C'est bien ça qu'on appelle l'empathie, non ? Et bien, petit fantôme d'un jour, j'ai vécu en empathie totale avec ce personnage (féminin !), à travers ses (més)aventures. Ses ressentis ont fait totalement écho au plus profond de ma chair et ses émotions m'ont à ce point explosé les synapses que je me présente devant vous pantelant.

Dans le cadre d'un premier roman, une telle capacité d'évocation est proprement stupéfiante. Si j'osais, je parlerais même d'invocation, tant l'émanation d'Emma flottait au dessus des pages, son esprit (frappeur) matérialisé devant mes yeux écarquillés. Est-ce de la littérature ou une quelconque sorcellerie ?

Comme meilleur ingrédient à cette magie (noire), il y a le style de la jeune Mayeras, direct et particulièrement vivant. Une plume qui colle excellemment bien au contexte et à cette histoire qui a l'art de toujours surprendre autant que de remuer les boyaux. Les mots sonnent si juste, le ton est si bien trouvé, qu'un tel récit ne demandait pas davantage de fioritures.

Hématome, les premier pas d'une très grande auteure, ou comment se faire du bien en se faisant violemment mal.
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Les personnages:

Emma, c'est le parfait exemple des personnages auxquels on s'attache, ceux avec lequel on vibre, ceux avec lequel on souffre. L'empathie que l'on ressent pour cette jeune femme est immense, on prend sa douleur, ses doutes, ses failles dans notre chair et notre esprit. Victime, certes, mais tellement forte. Avec nos ailes tatouées, nous avons volé le temps d'une lecture au dessus de cette réalité terrible, partager plus qu'une écorchure…

Ce que j'ai ressenti:…Un uppercut littéraire!

Un coup de poing dans l'abdomen n'aurait pas fait plus mal…La Douleur Noire de l'écriture de Maud m'a encore fracassée, submergée, assaillie durant ma courte de nuit. Son talent est indéniable, je suis fan incontestablement…Jouant avec nos pires démons, nos douces angoisses, meurtrissant nos pauvres espoirs, elle capable de donner corps et vie, aux pires de nos cauchemars.

Si la dernière lecture (Reflex) aura fragilisé la notion même de Mère, ici c'est le schéma « idéal » de la famille qui s'en retrouve démonté: exit le fameux « Papa Maman Garçon Fille dans le meilleur des mondes », Exit le « Choix du Roi ». le jeu des synapses reconnectées devient source de traumatismes, affrontements violents. Cette course aux souvenirs ne se fera pas dans la douceur, c'est le moins qu'on puisse dire…La Mémoire au centre de ce thriller, comme un bastion ébranlé, une terre d'échouage, un dernier espoir non salvateur…

« Pourquoi me souvenir de pareilles idioties? Les lois du cortex sont impénétrables. »

Si j'admire un point précis de sa plume, c'est l'émotion qu'elle y met, derrière chaque mot, chaque sensation. Elle donne une voix aux victimes, et ce n'est pas anodin. Elle ne nous balance pas seulement un thriller parfait, mais une écriture féminine, sensible, torturée, brûlante, urgente. Elle y met ses tripes, son esprit écorché. Quand vous ouvrez un de ses livres, vous le sentez à l'avance qu'il va vous faire mal… L'instinct, sans aucun doute…Elle laisse deviner dans certaines phrases, bien cachées, bien enfouies au milieu du récit, qui vous parle lentement dans l'inconscient…Elle vous a tout dit pourtant, mais chaque fois, son final vous bouleverse, vous détruit un peu plus, car elle en connaît un rayon sur les pires travers humains…Si la souffrance psychologique autant que la physique, fait partie intégrante de son style, elle garde toujours cette petite lumière d'espoir, cette touche vibrante qui arrive à nous adoucir le torrent qu'elle se plaît à nous faire subir dans ses pages.

L'Hématome de ce roman va rester un bon bout de temps dans mon esprit. La chanson de ce mot va tourner longtemps dans mon imaginaire. Les couleurs arc-en-ciel de la douleur vont me hanter pendant mes nuits. Si mes coup de coeur ont été pour des auteurs masculins jusqu'ici, il semblerait que j'ai trouvé la plus belle plume émotionnelle dans cette jeune auteure au talent fou!

Coup de coeur sensationnel…

« Je t'ai trouvé, ma belle. »
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Emma se réveille dans un lit d'hôpital, tout est blanc comme les rues en cette fin de décembre, Noël approche. Assis à ses côtés un homme, son compagnon. Il échange discrètement avec les médecins. Elle s'inquiète d'autant plus qu'elle ne se souvient de rien. Elle ne perçoit que des flashs très courts, sans logique apparente. Rien ne vient l'aider sauf son ami qui s'occupe à longueur de temps d'elle et commence à lui dire le peu qu'elle pourra supporter. Ils ont été agressés un soir par un individu que la police recherche. Toutefois, c'est elle la plus amochée et par bribe il lui raconte ce qu'elle a subi...
Un bon roman noir, raconté par le personnage principal. Nous entendons ses pensées et surtout ses angoisses, telles qu'elles se manifestent, et parfois avec une certaine ironie. Peu de personnages, une histoire pas incroyable pour le lecteur car les appels du pieds sont faits au bon moment, on est un peu préparé par l'auteur, et l'articulation des scènes est bonne, le tout laissant un bon souvenir de cette lecture.
En fait j'ai été le plus étonnée, questionnée, intriguée par le dernier remerciement de l'auteur, tant d'interprétations possibles, j'ai cependant ressenti une pointe de tristesse.
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Te souviens-tu Emma?
*
Maud Mayeras est une jeune auteure française qui fait parler d'elle un peu dans tous les salons du polar/thriller ces dernières années.
C'est son 1er roman (paru en 2006) dont le sujet principal est la dénonciation de la violence faite aux femmes. Un sujet choc !
*
Alors , au risque de vous décevoir, et ce justement parce que ce roman a été très bien accueilli, je n'ai pas adhéré à ce thriller psychologique. Peut-être parce qu'on a vu ce sujet maintes fois, peut-être que j'en ai trop lu justement ou alors que l'histoire ne m'a pas convaincue.
*
La narratrice est Emma, qui se réveille dans un lit d'hôpital, avec des douleurs au bas-ventre et des hématomes sur le visage. Un grand blanc dans sa mémoire. A son chevet, Kay, un jeune homme qui lui dit être son compagnon. Elle hésite, elle doute de ce visage.
On lui dit qu'elle a été agressée dans sa rue, violée et inévitablement a perdu son bébé in-utero.
Un chapitre d'introduction « coup de poing » assez violent.
*
Au fur et à mesure du récit, Emma découvre des pans de sa mémoire. Et ce n'est pas joli-joli, vous vous en doutez bien. Elle s'enfonce de plus en plus dans des questionnements qui ne trouvent pas forcément des réponses. Son compagnon lui cache des choses.
Un meurtre est commis. L'atmosphère s'épaissit, devient de plus en plus sale et glauque et finit en une apothéose d'horreur.
*
Tout au long de la lecture, je me suis doutée qu'il allait se passer un retournement de situation. Et c'est bien là le problème car finalement je ne me suis pas assez immergée dans le récit. J'ai trouvé beaucoup d'invraisemblances , les situations sont parfois tarabiscotées. J'ai deviné assez facilement, pratiquement dès le début le mauvais personnage de l'histoire.
Mais j'ai quand même tenu à savoir la fin qui m'a déroutée dans le sens où il n'y a pas eu beaucoup d'explications ni de confrontation directe APRES la vérité. Dommage.
*
Les chapitres sont courts, la plume est fluide et bien descriptive. Je pense notamment à la scène du viol. Et le jeu de mot à la fin est surprenant et bien amené.
*
Pour résumer, c'est noir, cru, bien écrit mais sans surprise.
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《La lumière de la mémoire hésite devant les plaies.》
[Louis Aragon]

Un roman très remarqué lors de sa sortie - il y a 10 ans (déjà!) :
* Finaliste du Prix Polar SNCF 2006
* Prix des Limbes pourpres 2006
* Prix Griffe noire du meilleur thriller de poche 2008.
(Suivi par "Reflex" en 2013 et "Lux" en 2016 - Si le moins que l'on puisse dire de Maud Mayeras est qu'elle distille ses écrits avec parcimonie, elle n'a cependant absolument rien à envier aux grands noms du genre...)


Pourquoi ce livre ?

C'est en voulant partager une dernière lecture commune (dernière en 2016, je précise ^^) avec Siabelle - dont je vous enjoins d'ailleurs à lire l'avis également - que nous sommes tombées d'accord sur ce titre, le premier de l'auteure.
Et grand bien nous a pris !

« L'acier pénètre ma chair avec une force presque animale. Je ne peux hurler, l'obscurité recouvre chacun de mes souffles d'un voile noir et épais.
Je suis aveugle et sourde.
Aveugle et sourde... »


Alors qu'en est-il ?

Hématome : une sale histoire, perverse et ambigüe, intense et marquante.
Un monstrueux chef-d'oeuvre d'atrocités !

Quand l'horreur obscène fait saigner l'âme, que le coeur n'en sort pas indemne, c'est aux tripes que ça prend et ça fait mal, très mal...

« Laissez-moi encore un peu de temps pour que je puisse m'en sortir toute seule.
Mais pas ici.
Ça pue ici.
Ça sent la mort. »

L'atmosphère nébuleuse, et déjà malsaine dès les toutes premières pages, dans laquelle surnage notre personnage principal, Emma, suite à une violente agression qui la rend amnésique ; sa façon d'exprimer, tels quels, ses sentiments ; ses pensées les plus profondes aussi, confuses ou pertinentes ; et enfin l'ignominie indéfinissable de ce qui lui est arrivé ; les stigmates qui en résultent et les flash-back percutants d'une mémoire abîmée (qu'elle subit souvent malgré elle), nous forcent à une réelle ampathie envers cette femme en souffrance, devenue l'ombre ravagée d'elle-même et dont le corps et l'esprit ne sont plus que douleurs et... hématomes.

Si l'emploi du 'point de vue interne' - narration à la 1ère personne - par la victime elle-même qui plus est, pousse volontairement (ou pas) le lecteur à d'avantage de compassion, il est ici, à mon avis, d'effet négligeable en comparaison du talent inouï dont fait preuve l'écrivaine.
« Les lois du cortex sont impénétrables.»
Pour ma part, la suite s'est fondue en un terrible "page-turner" ; j'avais énormément de mal à me sortir de l'emprise du récit, tant l'envie de connaître le fin mot de cette histoire me taraudait, tant le besoin de véracité qu'éprouvait Emma déteignait sur moi, tant la plume acérée de Mayeras me subjuguait, littéralement, et tant les affres d'un bien détestable dessein se faisaient peu à peu sentir, de plus en plus insidieusement, au fil de révelations impensables...
Prise à la gorge, purement et simplement, et à l'instar de l'héroïne ; j'ai douté, j'ai souffert, j'ai paniqué.

« Je t'ai trouvée, ma belle.»

Le twist final est, quant à lui, une véritable perle de machiavélisme...

« Tu n'auras plus jamais peur du noir.
Plus jamais peur.
Plus jamais.»

Chapeau bas, Melle Mayeras ! Vous m'avez complétement bluffée.

L'auteure n'y va pas de main morte effectivement, comme le veut l'expression, et c'est l'estomac en berne que je suis arrivée à terminer cette lecture pour le moins traumatisante...
Si je ne peux nier avoir été parfois carrément choquée (et pourtant, il m'en faut beaucoup), je mentirai en disant ne pas avoir apprécié chaque passage à sa juste valeur en m'imprégnant de toute l'abomination latente, ce, malgré la perversité de certaines scènes.

« Chaque élément autour me fait mal, chaque souvenir me tue à petit feu. J'ai l'impression que chaque fois que ma mémoire se réveille, c'est pour me déchirer de l'intérieur. »

Avec Hématome, Maud Mayeras mise donc tout son jeu sur une intrigue vicieuse et pernicieuse, à tel point qu'elle en deviendrait presque dérangeante pour des âmes peut-être trop "sensibles", à qui je conseillerai probablement d'éviter ce livre. Quelques-unes des images soufflées par une imagination cruelle et perfide sont proprement suffoquantes, voire insoutenables...
En revanche, je pense pouvoir affirmer que tous les adeptes de trhillers psycho-dramatiques noirs et hyper violents vont adorer - si ce n'est pas déjà le cas, pour moi ça l'est ! :)

« Envole-toi. »

...Est-ce nécessaire de préciser ma note :
5 étoiles évidemment, plus qu'amplement méritées selon moi.
Tout aussi inutile ; spécifier que ses deux autres romans sont d'ores et déjà prévus dans mes lectures à venir... et qu'il me tarde de les lire !

« Vole vole vole.
Envole-toi. »



Comment ? Vous êtes toujours là ?!
Mais qu'est-ce que vous attendez ?
Courez vite acheter, louer, troquer, LIRE cette pépite, immédiatement ! =)
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Il y a quelques mois, je vous avais parlé de Reflex dont la fin (un véritable coup de massue) justifiait à elle-seule le manque d'enthousiasme de ma lecture. Mais j'avais flairé le talent malgré tout, une sorte d'intuition. Je sentais en Maud Mayeras un écrivain suffisamment torturé (du moins ses personnages) pour m'intriguer. Je me suis donc penchée assez naturellement sur son 1e roman, Hematome, paru en 2006 et qui a enthousiasmé la blogosphère et les critiques. Alors là, autant vous dire qu'on entre de plain pied dans l'intrigue, difficile de faire autrement et je n'ai lâché ce roman que le temps de remplir mes missions professionnelles quotidiennes. Failli même louper ma station de métro, bougre de roman !

Nous sommes ferrés, nous sommes harponnés tel le saumon dans un cours d'eau envahi par une horde de pécheurs du dimanche (vous appréciez la métaphore j'espère ;)). Elle sait y faire la limougeaud, sacrément même ! Et elle ne nous ménage surtout pas. Tenez-le vous pour dit, votre coeur va faire quelques embardés, j'ai presque tourné de l'oeil tellement certains passages donnaient la nausée. Ce roman est noir, profondément, glauque, sans espoir, c'est une violence à l'état pur, on ne s'en remet pas, surtout son héroïne, Emma. Voyez-vous, notre jeune femme a pas vraiment eu la vie rose. C'est un doux euphémisme quand on se réveille dans une chambre d'hôpital avec quelqu'un qui se prétend votre compagnon à votre chevet mais aucun souvenir de rien, de lui. Que vous apprenez que vous vous êtes fait agresser, qu'on vous a violée et avez perdu l'enfant que vous portiez tant la violence, la fureur de votre agresseur a fait de vous une charpie sanguinolente, un être vidé, meurtri. Il faut se reconstruire, survivre en dépit du drame, réapprendre qui on est, grâce à l'amour et au soutien de celui qui partage votre vie, dévoué, désemparé. Emma est une survivante, une battante ; les souvenirs resurgissent petit à petit. Ah oui mais est-ce si simple ?

Clap de fin de ma chronique. Non n'insistez pas ! Si je vous spoile, vous me tuerez (en tout cas c'est ce que j'aurais fait). Ce serait une honte que de vous en dévoiler un chouia plus. Laissez-vous embarquer dans l'univers torturé et tortueux de Maud Mayeras où les secrets les plus sombres vous fouettent en pleine face, bande d'innocents et crédules lecteurs.


Lien : http://www.livreetcompagnie...
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