Une femme, une écrivaine, une mère, une fille, une rencontre dévastatrice. Une autobiographie.
Joyce Maynard s'est pliée à un exercice difficile. Mettre des mots, de l'enfance à l'âge adulte, sur les proches, les rencontres, les blessures, la relation à l'existence, à soi, aux autres. Il en ressort un livre d'une belle maturité et d'une grande honnêteté. C'est justement le manquement à cette dernière, tant dans sa vie que dans son écriture, que l'auteure éviscère et analyse.
Il en faut du courage pour admettre les mensonges inconscients, le déni de plusieurs réalités. L'alcoolisme ravageur d'un père, l'influence possessive d'une mère, l'anorexie honteuse, et enfin, l'exploitation de son premier amour,
J.D. Salinger, d'une fille de trente-cinq ans sa cadette.
Joyce Maynard s'est attirée les foudres de nombreux détracteurs en parlant, pour la première fois, de sa relation avec l'auteur de L'attrape-coeur. En tournant les pages de
Et devant moi, le monde, je ne peux que constater la légitimité de sa démarche. Si l'écrivaine est, pour nous, méconnue, elle n'a jamais cessé d'écrire aux États-Unis.
Joyce Maynard est, en effet, l'auteure de nombreux articles phares ainsi que d'une chronique célèbre, Domestic Affairs, qui a tenu en haleine, et ce durant plusieurs années, un public toujours plus vaste.
De nombreux lecteurs ont donc grandi, vieilli, avec « sa voix ». Alors que tout a commencé avec un article dans le Times qu'elle a publié à l'âge de dix-huit ans, l'auteure, avec ce livre, boucle un chapitre important de sa vie.
J'y ai noté quelques longueurs, difficile de résumer son histoire en moins de cinq cents pages, mais j'ai surtout corné de nombreux passages. La vérité qu'elle a su dévoiler, non pas celle qui concerne Salinger mais bel et bien la sienne, propre, celle que l'on se doit à soi-même, m'a époustouflée. J'ai ressenti un profond respect pour l'immensité de ce travail, essentiel, d'introspection.
Une histoire triste, pleine de ravages et d'espoir. de
Joyce Maynard, je veux tout lire.
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