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EAN : 9781021405784
144 pages
Auzou Editions (28/09/2017)
4.08/5   26 notes
Résumé :
"Une roucoulade à présent. Elle s'éternise, puis s'arrête, reprend. Un rossignol philomèle ? Un merle noir ? Cet oiseau, je le sais, chante pour moi. Comme tous les oiseaux du jardin. Youyous, cacatoès, perruches... Tous savent que j'aimerais être dehors avec eux. Ils déplorent mon emprisonnement. Ils m'appellent. Emmy ! Viens avec nous, petite Emmy !"
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un très beau roman abordant des thèmes aussi riches que la résilience, la reconstruction, l'égalité humaine.

Emmy est encore une enfant lorsqu'avec ses parents et son frère aîné Valère, elle rejoint l'Afrique, le Sénégal puis la Côte d'Ivoire parmi d'autres colons de l'époque. Elle grandit en faisant face à une mère austère, dénuée d'empathie et d'amour maternel. le seul réconfort qu'elle parvient à trouver est auprès des domestiques, des boys dont le très jeune Balt. Se tisse entre eux un lien très fort. Emmy est jeune et se débat déjà intérieurement contre l'attitude raciste et dégradante de sa mère pour Balt qu'elle ne traite pas mieux qu'une bête sauvage. Pour Emmy, il n'y a nulle différence de couleur de peau. Elle ne voit que l'âme. Balt la prend sous son aile, il lui accorde son temps, son amitié et ses yeux. Ensemble, ils s'émerveillent du coucher du soleil aux milles jaunes, ils approchent les oiseaux multicolores qui eux, savent. Jusqu'au jour du drame...

On voyage ici dans les terres noires et éblouissantes de l'Afrique pour s'immerger par la suite dans la vie adulte d'Emmy, à Paris. Se dessine un portrait de femme construit sur les blessures de son enfance. Comment une enfance dans toute sa complexité peut engendrer l'adulte d'aujourd'hui.

C'est une très belle histoire à hauteur humaine. Une histoire généreuse pleine de valeurs et d'espoir. Une très belle lecture ensoleillée et colorée. Pour une auteure que je vais m'empresser de suivre d'un peu plus près.
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Bon, c'est pas très fun comme histoire. Mais c'est bien écrit. Et ça se lit vite.

L'histoire que nous raconte Claire Mazard, c'est celle d'Emmy. Elle est blanche et blonde. C'est la quatrième d'une famille de cinq enfants. Les ainés, ce sont des garçons. Son enfance, elle l'a passée en Afrique dans les années 40-50, son père travaillant au sein de l'armée. Puis elle est revenue en France pour son adolescence et son début de vie d'adulte. Emmy, on suit aussi sa vie de femme âgée en 2014. Dans les rues de Paris. Une femme seule et solitaire. Perçue comme folle et bizarre par ses voisins. le récit alterne entre son passé et son présent, avec cette question que le lecteur se pose tout au long du récit : qu'est-il arrivé pour que cette femme finisse en mode solo, sans lien familial, sans attache, sans vie sociale ?
Au début du récit, il est très souvent question du rapport qu'Emmy entretenait avec sa mère. Une femme autoritaire, sans affection, imbue d'elle-même et de son rang social. Elle la détestait. Mais cette relation avec sa mère, c'est la face émergée de l'iceberg. Seule la fin du récit nous laisse entrevoir ce drame vécu par Emmy, drame qui lui aura gâché son existence. Incomprise et non reconnue comme une victime, elle se sera mise en retrait dans sa vie. C'est là une idée forte du récit, montrer comment un drame vécu enfant (même adulte d'ailleurs) peut provoquer des séquelles psychiques et psychologiques qui peuvent perdurer et conditionner la suite quand les conséquences du drame n'ont pas été prises en compte ni traitées comme il se doit.
Le choix narratif est surprenant. Lorsqu'Emmy raconte son passé, elle s'adresse à la première personne, en "je". Lorsqu'il est question de sa vie actuelle, l'auteure a fait le choix d'utiliser la troisième personne. Peut-être est-ce une façon de montrer ce renoncement de vie de la narratrice ? En tout cas, j'ai trouvé que ce mode narratif accentuait cet abandon.

A un moment donné de l'histoire, il est question d'une écrivaine, voisine sympathique d'Emmy, à qui Emmy s'est confié, sur TOUT. Je ne peux m'empêcher de penser que cette écrivaine représente Claire Mazard et qu'une partie de la vie d'Emmy soit inspirée d'un récit de vie réel.... Après tout, l'auteure a déjà écrit sur des faits vécus.

L'écriture est sobre, elle va à l'essentiel, elle est teintée de ce style grave et tragique dont l'auteure sait user.

Je m'étonne néanmoins que ce livre soit classé en littérature jeunesse. En tout cas, personnellement, je ne le proposerais pas avant 14 ans. Parce que le "drame" dont il est question, c'est quand même quelque chose de lourd, qui peut retourner un ado concerné ou non préparé à lire cela. Mais cet avis n'engage que moi.
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Emmy vit avec sa famille en Afrique, une existence de colons, au fil des mutations de son père, intendant de l'armée. Sous le joug de sa mère, elle tâche d'échapper au maximum au poids de cette dernière.

La naissance d'une petite soeur puis le départ en Côte d'Ivoire lui permet de trouver un certain équilibre. Elle développe une forte amitié avec le jeune garçon chargé de l'amener à l'école.

Mais un jour c'est le drame...

Dès années après, nous retrouvons Emmy devenue une vieille dame qui habite Paris et cherche à venir en aide à tous ceux qui croisent son chemin, des plus misérables aux plus riches.

Par des retours en arrière, Emmy va mettre en lumière les événements passés et le poids difficile à porter d'une famille toxique.

Le lecteur appréciera l'Afrique qui est peinte ainsi que la personnalité riche et fracturée de l'héroïne, de son regard d'enfant à celui de personne âgée.

Un livre au final lumineux, à découvrir !
Lien : http://www.nouveautes-jeunes..
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J'ai découvert Claire Mazard il y a une dizaine d'années en lisant "l'Absente", histoire croisée d'une mère qui a abandonné son enfant, et d'une fille, né sous X.

La relation mère-fille dans ce dernier roman est elle aussi complexe et douloureuse. Emmy vit avec ses parents au Sénégal. Son père, intendant de l'armée souvent absent, la laisse à la maison auprès de sa mère qui ne lui accorde que peu d'attention, en dehors de scènes bien douloureuses de pose de bigoudis (qui ne sont pas sans rappeler "Vipère au poing" d'Hervé Bazin). Ses frères sont scolarisés alors que le jeune fille reste à la maison, silencieuse et presque "transparente" aux yeux de sa mère.
Seule l'Afrique, au travers des oiseaux et des domestiques attentifs, lui tient compagnie et la fait vibrer.
Un départ en Côte d'ivoire va lui permettre de s'ouvrir vers l'extérieur, d'aller à l'école du village, de devenir une jeune fille et l'amie de Balt, le nouveau domestique, avec qui elle partage l'amour des oiseaux et de l'Afrique. Malheureusement s'ouvrent aussi des pages sombres de son histoire familiale, un secret lourd à porter qui s'écrit en creux dans les pointillés du livre. Une déchirure.
En trois parties, ce roman nous transporte en Afrique, à Avignon et à Paris, où Emmy devient Clémentine, au gré des vents qui la poussent loin de sa famille, dans une vie construite autour et contre ce noir secret.

"Tous les oiseaux savent" est un roman troublant, qui laisse un goût amer et sucré à la fois quand se tourne la dernière page. On y découvre la permanence du souvenir et la force de la résilience. Les couleurs que les oiseaux exotiques peuvent donner à la solitude et le voile sombre que pose le secret sur une vie.
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J'ai lu ce texte rapidement, avec un certain intérêt.
Il s'agit d'un livre classé jeunesse, et si ce titre traite d'un sujet qu'il est important effectivement d'aborder auprès de tous et donc notamment auprès de la jeunesse ; je n'ai, pour ma part, pas vraiment trouvé que ce récit s'adressait à ce public. L'écriture et surtout le ton se prêtant plutôt, m'a t-il semblait, à une lecture adulte. J'ai particulièrement eu ce sentiment à la lecture de la première partie du texte. L'auteur y fait parler une fillette, là où j'ai entendu une femme chargée de son histoire. Mais peut-être cela est-il volontaire ?
Enfin, j'ai été frustrée par la rapidité avec laquelle a été traitée cette histoire. j'ai en effet eu la sensation de lire un texte résumé, tronqué. le temps n'a pas été pris de s'appesantir sur les personnages et leurs vécus promettant pourtant d'être riches.
ce texte reste un joli récit, pudique et poétique facile à lire et méritant de traiter d'un sujet important.
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critiques presse (1)
Ricochet
30 septembre 2018
Un roman d'une sensibilité exigeante.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Je t’ai aimée, Emmy, plus que les autres enfants. Bien qu’un jour, au début… Je ne t’en ai pas tenu rigueur, les enfants copient leurs parents…
–Quoi ? Qu’est-ce que j’ai fait au début ?
–Oh, ce n’était pas vraiment méchant. Je t’ai refusé quelque chose que tu réclamais, je ne sais même plus quoi. Tu m’as montré tes mains et tu as dit : « J’ai les mains blanches, c’est moi qui commande. »
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Je découvre, émerveillée, le coucher du soleil sur la lagune. Un embrasement. Dans tous les tons de jaunes. Bien plus extraordinaire qu’un feu d’artifice.
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Balt, quand il n'a rien à faire, accepte - cela me change de mes frères - de jouer avec moi. Il est plus alerte que le pauvre Togo, forcément. Le chemin de l'école se révèle plus agréable. Balt m'accompagne le matin, vient m'attendre le soir.
- C'est qui ? demandent mes camarades de classe.
- Un ami.
Je n'ose pas répondre : " Un domestique."
"Un ami", ça me plaît.
Elles ne sont pas dupes.
- Il est beau, me souffle Marie-Rose.
Oui, il est beau. Mais ce n'est pas cela qui importe. Dans son regard, je sens l'estime et la volonté de me protéger. Pour la première fois, je suis bien avec quelqu'un. Mais je me garde de le dire. A table, je fais croire qu'il m'agace. Si je dis trop de bien de lui, ma mère me le supprimera.
Je déclare :
- Il sait peut-être lire, mais il n'est pas très intelligent.
Et je pense : "Il lit très bien et il est très intelligent."
Il a compris mon astuce.
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Si j'écrivais mon histoire, il y aurait des lignes de points.
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L'horreur indicible ne peut pas s'écrire. Je suis anéantie. Détruite.
Par la mort de Balt bien sûr, mais aussi, mais surtout, par...
J'enfonce rageusement la pointe de mon stylo dans le papier !
Tel le poignard dans tout mon être.
Des pages de points en pointillé.
Des pages et des pages de coups de poignard.
Ma ligne de vie.
En pointillés.
A l'infini.
Mon envie de vivre, poignardée.
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Dans son appartement, elle traîna un peu. Lasse soudain. Elle se vit dans la glace. Accusait-elle ses soixante-douze ans ? Accuser son âge. L'expression était curieuse, mais juste : on accuse toujours le temps qui passe.
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