Citations sur Rien ne nous survivra. Le pire est avenir (10)
Nous refusons les solutions classiques. Le travail ne nous intègre pas, nous sommes fatigués des stages, épuisés d’être enterrés vivants. Nous réfutons le mythe démocratique. Il faudra nous suivre ou nous combattre. Mais jamais plus nous ignorer.
Le savoir se périme, les humains aussi. On achève bien les logiciels. Le manque d'adaptation des vieux nécessitait qu'on les termine. De plus, les vieux innocents n'existent pas. Ils ont tous au moins tué un jeune : celui qui vivait en eux.
Ceux-là sont les pires, le ventre mou et sympathique de l’ennemi. Je leur reproche, individuellement, de n’avoir même pas été conscients du mal infligé. Les excuses séculaires se recoupent toujours : ils ne savaient pas que les Noirs avaient une âme, ils ne savaient pas que les femmes avaient des droits... la souffrance par habitude et par ignorance, dénuée de sens général mais pas de sens pratique. Le pognon anthropophage cherche toujours de nouvelles proies mais, qui sait ? peut-être que ces trois vieux votaient communiste.
Face à l’ennemi de bonne foi, le doute s’installe.
Rappel:la vieillesse est une certitude chronologique, le reste n’est que rhétorique. Par réalisme, le seuil de la vieillesse sera établi à vint-cinq ans-et pas une seconde de plus.
Devoir de mémoire ? Quelle connerie. Si même les vieux ne savent pas que le temps passe, qui d’autre ? Et jusqu’où ? Va-t-on fêter toutes les guerres, se souvenir de chaque général sanguinaire ?
Mieux vaut profaner, c’est plus gai. Que le marbre vole en éclats. Que les crics détruisent ces monuments aux morts, qu’on insulte la mémoire. On a tellement parlé de satanisme, à l’époque. Ils ne pouvaient pas soupçonner qu’on puisse haïr les morts, tout simplement.
Mémoire sacralisée, mémoire sous formol, mémoire stérile.
Les jeunes s'en sont pris aux immeubles, aux abribus, aux voies de chemin de fer, aux poubelles, aux vieux, et même aux platanes. Mais jamais aux lampadaires. Bizarre. En même temps, je comprends : un lampadaire sans électricité, on ressent de l'empathie, ça calme la rage, et toute une enfilade de lampadaires éteints, c'est comme un jardin zen.
Son intégrité nous transforme en bêtes sauvages. Face à tant de mépris pour les affaires humaines nous devenons des parasites, nous paraissons grotesques. Quand une personne comme Silence nait, le monde se déséquilibre. Il faut une authentique pourriture pour compenser la grâce.
Évidemment ce sera moi.
Tu me dois une histoire d'amour
Les tentes gris et vert, volées a des sociétés d'évènementiel, s'étendent à perte de vue. On dirait un mariage où tout le monde meurt.
Il est beaucoup trop tôt pour tirer. Les vieux de l'autre côté de la barrière dorment encore, la tête lourde, le sommeil placide des vaches. Je pressens la journée pourrie.