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Citations sur Écoute-moi (18)

Et déjà tu es là, entre nous, Angela. M’aurais tu choisis comme père si tu avais su dans quel état d’esprit je t’accueillais ? Je ne crois pas. Je ne crois pas t’avoir méritée. Tu étais déjà là, une mouche glissée dans le ventre de ta mère et je ne t’ai même pas gratifiée d’une pensée tendre, ne crois pas que je l’ai oubliée. Tu es apparue dans cette maison le soir ou j’avais décidé de la quitter et tu n’as fait qu’une bouchée de mon destin. Pour toi, petite mouche innocente, pas même une pensée. Pour toi, égarée dans la poudrière de ces cœurs adultes qui ne sont surs de rien, qui ne savent pas qui ils sont ni ce qu’ils veulent, qui ne savent pas où ils iront.
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Elle était devant moi, mais elle avait déjà disparu dans sa propre vie. Distraite, anonyme, comme une de ces mains humides qui rendent la monnaie au marché.
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Nous nous assîmes. Le soleil commençait à être plus clément. Elsa allongea les jambes, étira la pointe des pieds jusqu’à l’eau et resta à regarder ses ongles qui apparaissaient et disparaissaient sous le sable humide. Nous étions habitués à demeurer assis, l’un à côté de l’autre, en silence. Cela ne nous déplaisait pas. Mais, après quelques jours d’éloignement, il fallait faire violence à nos intimités corrompues par la solitude. Je trouvai la main de ta mère et la caressai. Elle avait trente-sept ans. Peut-être qu’elle aussi regrettait la fille au manteau de casentino orange qui titubait complètement saoule et riait, pliée en deux sur le môle que le vent éclaboussait de mer. Peut-être la cherchait-elle sur le bout de ses pieds, là où une écume claire allait et venait. Mais non, c’était moi, le desaparecido. Moi, avec mon travail sans horaires. Moi qui donnais avec parcimonie, prenais avec hâte. Mais nous n’allions certainement pas nous mettre à creuser le sable à la recherche de nos manquements respectifs. Le courage n’avait plus sa place parmi nous. Le courage, Angela appartient aux amours nouvelles. Les amours anciennes sont toujours un peu viles. Non, je n’étais plus son mec, j’étais l’homme qui l’attendait dans la voiture quand elle entrait dans un magasin. La main d’Elsa glissait, plus douce, dans la mienne, comme le museau d’un cheval qui reconnaît son avoine.
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J'étais heureux,on ne réalise jamais qu'on l'est, Angela,et le me demandai pourquoi le fait de prendre conscience d'un sentiment si bienveillant nous trouve toujours mal préparés ,peu attentifs,si bien que nous ne connaissons que la nostalgie du bonheur, ou son éternelle attente.
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Je me rappelle avoir pensé que rien ne peut nous préserver de nous-mêmes et que l'indulgence est un fruit qui tombe à terre déjà gâté.
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D'une certaine façon, c'est vous qui m'avez protégé de moi-même. Moi je ne me suis jamais senti "naturel". Je me suis efforcé de l'être, tentatives grinçantes tant s'efforcer d'être naturel constitue déjà une défaite. Ainsi ai-je accepté la silhouette que vous avez découpée pour moi dans le papier de soie de vos attentes.
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Le figlie stanno con le madri, le guardano mentre si truccano, s'infilano le loro scarpe. E io, senza dare nell'occhio, avrei potuto defilarmi, restare in casa come una figura di sfondo, felpato, come un cameriere indiano.
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Un couloir, deux portes et le coma nous séparent
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J'ai gardé le souvenir d'un genou que je te caressais d'une main. Tu es passée et je ne m'en suis pas aperçu. C'est bien comme ça, ne t'en fais pas. La vie est un stock de boites vides, ignorées. Nous sommes ce qui reste, ce que nous avons raflé.

page 269
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Je pourrais te dire, Angela, que les ombres des réverbères semblaient me tomber dessus comme des oiseaux morts et que, dans cette chute sur le pare-brise, je voyais s'abattre tout ce que je n'avais pas. Je pourrais te dire que, tandis que je roulais trop vite et que les ombres plongeaient de plus en plus vite, montait en moi le désir de combler ce manque par un quelconque bouche-trou. Je pourrais te dire beaucoup de choses qui, maintenant, sonneraient juste, mais qui alors ne l'étaient peut-être pas. La vérité, je ne la connais pas, je ne m'en souviens pas. Je sais seulement que je roulais vers elle sans aucune pensée précise. Italia n'était rien. Elle était la petite mèche d'une lampe à pétrole. Le feu était au-delà d'elle, dans cette lumière huileuse qui baignait mes besoins et tout ce qui me manquait.
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