Cela faisait bien une éternité que je n'avais pas eu autant d'enthousiasme à la lecture d'un roman africain ! C'est simple, dès l'instant où je l'ai ouvert -histoire d'avoir un aperçu de l'histoire- il m'a happé et ne m'a libéré que quelques heures plus tard lorsque j'ai tourné la 222ème et dernière page. Dire que je l'ai dévoré est un doux euphémisme voir de l'ironie vue que c'est plutôt lui qui m'a dévoré, choqué, heurté, dégouté... vous l'aurez compris, cette oeuvre a suscité en moi une myriade de sentiments peu agréables et vous savez quoi ? J'ai adoré et j'en redemande ! Rires.
Mes respects à l'auteur !
Ceci étant annoncé, que puis-je vous dire pour vous en parlez sans dévoiler l'intrigue ?
La couverture nous donne déjà beaucoup d'informations: Un homme en costume cravate aux mains ensanglantées et complètement abattu sur un trône doré, derrière lui deux hommes en toges rouges, une femme claire assise à même le sol et triste, elle aussi. En arrière-plan une arche qui rappelle l'entrée d'un sanctuaire. le ton est donné, l'affaire est sérieuse, en tournant cette page, vous pénétrez dans l'antre du Mal. Vous retrouverez toutes les pratiques immorales qui font la réputation des « grands types » de notre chère république.
Manipulation, trahison, rivalités, jeu d'influences, abus de confiance… tout y est, sans répit.
La quête de richesse, mieux encore de pouvoir et ses dérives dans une société où règnent en maître l'obscurantisme, le clientélisme, le népotisme et autre mots en -isme désignant les plaies béantes et suintantes qui rongent le vieux continent.
Comment une personne « normale », n'ayant jamais manqué de rien et aspirant a une vie simple peut basculer du jour au lendemain dans l'horreur et l'inhumain ? Comment un être doté d'un amour incommensurable pour ses proches devient insensible et indifférent au point de n'avoir plus aucun scrupule à franchir les barrières morales qui régissent la société ? Comment perdre son humanité, vendre son âme à un point tel que même le diable s'assoirait pour prendre des cours ?
Telles sont quelques questions auxquelles Muetse-Destinée tente d'apporter des éléments de réponse dans ce thriller.
L'exercice est plutôt savamment bien mené bien que… (Quoi ? vous avez vraiment cru que je ne trouverais rien à redire ? Sourire narquois ).
L' ombre au tableau vient du fait que l'aspect ésotérique de ce milieu occulte n'a pas du tout été abordé. On reste dans du superficiel et dans la conception "populaire" des pratiques sectaires. On n'entre pas dans le dur, on n'évoque pas les enseignements, les règles ni la philosophie de ce qui ce veut être des écoles de pensée. Je ne parle même pas de la « tropicalisation » des rites enfin, on n'aborde pas le sujet en profondeur et c'est là le petit regret que je peux avoir, sans que cela ne ternisse la qualité de l'oeuvre dans sa globalité.
Ma note : 4/5. Je la recommande aux amateurs de roman noir.
critiqué par
Owali Antsia (5 janvier, 23:50) sur Facebook.