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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce que j'ai ressenti:

« Peut-être est-ce de folie que nous avions besoin? »

Car quand nous sommes démunis, désespérés, impuissants, est-ce que la folie de rêver un monde meilleur, ne serait-il pas une idée lumineuse…C'est ainsi que j'ai ressenti cette lecture. Déjà le pronom Nous, prend toute sa majesté. Nous, c'est nous êtres humains, concernés par les crises climatiques, économiques, politiques. Nous, êtres humains, faisant partie de ce monde, avec ce que nous pouvons accomplir de beau, ensemble, avec nos différences. Nous, êtres humains, conscients des injustices, de l'Histoire, de la réalité. Nous, êtres de chairs et de sang. Je suis l'une d'entre nous. Il m'est donc douloureux de constater, que certains d'entre nous sur terre, puissent subir, autant de violences, d'indifférences, de silenciations.

C'est dans un tout petit village, Kosawa, que se déroule un drame révoltant: la mort d'une communauté, d'une terre, d'un Esprit. L'avarice du capitalisme arrache à ses habitants, leurs descendances, leurs puissances, leurs croyances. L'extraction du pétrole décime tout, en ce lieu. Ne reste plus que quelques sursauts d'espoirs et d'actes désespérés, un peu de rugissements, pour que vienne jusqu'à Nous, leurs histoires…Puissions-nous vivre longtemps, pour que ce combat ne tombe pas dans l'oubli…

« Elle était une colombe façonnée par le feu, une colombe qui se consumait et s'élançait pourtant vers le ciel. »

Thula sera le visage de cette jeunesse endeuillée, révoltée et déterminée à mener le combat pour libérer son peuple. Elle, une fillette, elle, une flamme, elle, une espérance, elle, une vie consacrée à une lutte totalement inégale contre les puissants. Une promesse, pour les siens, et pour l'Histoire. Elle qui va combattre les préjugés, la domination, la corruption grâce à l'éducation. Et c'est parce qu'elle est cet espoir, qu'elle est entièrement dévouée à cette cause, qu'elle devient la porte-parole de tous ces opprimés. Elle fait des sacrifices énormes pour défendre Kosawa, transmettre la bienveillance et la paix par le pouvoir des mots, agir avec intelligence. C'est une magnifique et puissante héroïne. Quel courage! Elle est éblouissante. Tout le long de ces 500 pages, on la voit petit à petit, s'épanouir et devenir, cette Colombe…Thula est une inspiration, elle est, l'une d'entre nous…

« Nous aurions dû savoir que la fin était proche. Comment se fait-il que nous ne l'ayons pas su? »

Imbolo Mbue nous offre un roman polyphonique bouleversant et sublime. J'ai été transportée par cet élan d'amour, de désir, de résistance. Malgré les deuils, malgré les horreurs, malgré la pollution, malgré le désespoir, elle nous donne à lire une émotion forte, grâce à une plume sensible et poétique. Nous ressentons l'urgence de prendre conscience de l'inéluctable, de l'injustice, de la mort. Nous ressentons la tragédie de voir s'effacer les richesses matérielles et spirituelles. Nous ressentons la peine, la colère, la désillusion de ces peuples bafoués. Les outrages sont divers, et c'est en entendant leurs voix, en écoutant le sang du léopard qui coule dans leurs veines, en prêtant oreille à leurs souvenirs évoqués, que peut-être justice leur sera rendue…En attendant, les souffrances s'accumulent…La splendeur, c'est cette histoire qui parvient jusqu'à nous. Et si vous sentez la vibration qui nous relie, alors vous sentirez aussi, mon coup de coeur…
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Dans un premier temps j'ai adoré regarder la couverture sobre et colorée de ce livre qui m'attendait alors que j'avais plusieurs lectures en cours. le rabat présente un portrait de l'autrice tout à fait saisissant par la puissance et la détermination dégagées. Une Imbolo Mbue lumineuse nous propose un roman sincère et convainquant.

Imbolo Mbue est née en 1982 à proximité de Douala, dans la petite partie anglophone du Cameroun, au sud-ouest du pays. A 16 ans elle part pour faire ses études aux États-Unis. Elle dit sa sensation d'être entre deux cultures après avoir lu « les grands auteurs africains » Chinua Achebe, Ngugi wa Thiong'o notamment puis découvert Toni Morrison et Gabriel Garcia Marquez, des références susceptibles d'attiser ma curiosité. Elle a aujourd'hui 38 ans et vit à Manhattan. Son premier roman Voici venir les rêveurs sorti en 2014, immense succès traduit dans de nombreux pays, racontait l'histoire d'une famille camerounaise émigrée à New York. Ce second roman remonte le temps, reviens sur la vie des ancêtres au pays, la vie d'avant les promesses de prospérité venue d'Occident.

Puissions-nous vivre longtemps est l'histoire des habitants d'un petit village d'Afrique, Kozawa, de la période coloniale jusqu'à nos jours. L'autrice est une habile conteuse qui parvient à tresser ensemble tous les fils liés aux divers personnages, aux générations successives, sans que je me sois senti perdu à une seule page et sans que l'intérêt pour la suite ne retombe.

J'aime beaucoup le titre d'origine, en anglais : How Beautiful We Were... La vie heureuse bascule le jour où une multinationale américaine, nommée Pexton, s'installe à proximité du village, polluant l'eau, l'air, les terres de culture et provoquant la mort des enfants... Une lutte opiniâtre va s'organiser. Celle-ci va prendre différentes formes : pacifiques en usant de la diplomatie, utilisant l'appui de journalistes étrangers, d'associations... violentes également en ayant recours à l'enlèvement, la séquestration, la lutte armée et même les tentatives de renversement du régime. Les forces en présences sont inégales et les déboires nombreux, mais au final l'espoir est toujours présent, le titre est là pour nous en convaincre. « Puissions-nous vivre longtemps » appelle une suite que le lecteur doit imaginer en refermant le livre. Je pense à « ... pour connaître la justice, nous libérer de l'emprise des multinationales, pour vivre libres et heureux. »

C'est bien un message d'espoir qui est délivré dans ce récit en partie autobiographique. Imbolo Mbue s'engage à sa façon avec ses écrits comme le fait Thula. Elle règle des comptes avec son pays d'origine et n'est pas tendre avec son président qu'il me semble reconnaître à travers « Son Excellence », même si les despotes cupides, manipulés par des puissances étrangères sont nombreux en Afrique. L'autrice réussit, à travers des lieux fictifs, à en faire des situations emblématiques.

J'ai aimé la façon dont l'autrice nomme les étrangers : Face de lune, le Chétif, le Gentil, le Charmant... En quelques mots les portraits sont établis. J'ai aimé la facilité avec laquelle on passe d'un narrateur à un autre, donnant une idée des différents points de vue possibles.

Thula, cette jeune femme originaire du village, va être remarquée pour son goût pour la lecture. Elle obtient une bourse et part étudier aux États-Unis. Elle devient une des meilleures dans sa discipline tout en côtoyant des milieux politisés lui permettant d'acquérir les connaissances qui lui seront utiles à son retour à Kosawa. La grande force de ce roman est la multitude de chemins empruntés. L'intelligence de Thulla lui fait explorer inlassablement de nouvelles pistes pour trouver une voie de sortie pour son peuple, s'inspirant tout en s'en méfiant des mouvements ayant existé en Amérique et en Europe. Entre utopie et désillusion les questions abondent, rien n'est simple :

Mais aucune naïveté ici. Entre le but à atteindre et la réalité, bien des obstacles se dressent, notamment le manque de fondations du pays.

Le personnage de Thula m'a beaucoup intéressé. Il est charismatique. Cette jeune femme dévouée à la cause des villageois opprimés m'a fait penser à Louise Michel ou à Dolores Ibárruri, aussi surnommée La Pasionaria lors de la guerre d'Espagne. Plus sérieusement j'ai pensé aussi aux mères de la Place de Mai en Argentine dont les enfants ont disparu sous la dictature. Mais la figure principale à laquelle renvoie l'héroïne du livre est sans contestation possible Angela Davis, alliance d'engagement direct et de puissance littéraire. La belle chevelure de l'autrice évoque Angela, très loin des fastes du pouvoir renvoyés par la femme de "Son Excellence", passage très drôle qui cible à n'en pas douter la première dame actuelle du Cameroun, Chantal Biya, et son incroyable chevelure rappelant les monarques d'antan. Voir photos sur internet...

J'avoue qu'aucun nom d'héroïnes africaines ne m'est venu... J'ai pourtant découvert que de nombreuses femmes ont lutté contre le colonialisme : Aline Sitoé Diatta au Sénégal, Kimpa Vita/Dona Beatriz au Congo, M'Balia Camara en Guinée...

Ces quelques notes sont très réductrices d'un récit foisonnant, qu'il est nécessaire de lire dans sa totalité pour en capter la richesse. Je ne suis pas bien sûr d'avoir réussi à le résumer en si peu de place. Ce n'est pas un livre politique dans le sens où il ne théorise pas, chacun conserve sa vérité, c'est un livre de l'humain et du sensible d'où émergent des figures marquantes. Je le conseille sans hésiter, espérant que comme moi, vous l'aimerez !
*****
Chronique complète avec illustration sur Bibliofeel, lien ci-dessous.

Lien : https://clesbibliofeel.blog
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Alerte coup de coeur ! Chamboulement ! Concentré d'émotions !

Ce roman est un beau pavé de presque 500 pages. Ce n'est pas un roman, ce n'est pas un témoignage, c'est une véritable fresque. Celle d'un village d'Afrique, Kosawa. Là-bas, les familles vivent toutes ensemble dans des cases à leur convenance, mais ça, ça ne dure que jusqu'à l'arrivée de Pexton. Au nom de l'or, jaune ou noir, c'est la même histoire, ce sont des vies qui basculent, c'est un village qui périclite, ce sont des familles qui sont décimées.

Ce texte est d'une beauté à couper le souffle, c'est ainsi que j'ai vécu ma lecture. Il est à la fois tout en pudeur et tout en émotions. Nous passons dans chaque chapitre d'une voix à l'autre et ce qui aurait pu être lourd et difficile à suivre, devient, sous la plume d'Imbolo Mbue, porteur d'un sens profond. A travers les voix entremêlées de Thula, l'héroïne, du roman, mais surtout du village, celle qui portera dans son coeur le deuil, la colère, les rêves de révolution et de changements nimbés d'amour ; des enfants, ceux qui voient sans comprendre, qui comprennent mais qui n'acceptent pas, qui suivent sans réfléchir et qui se trompent quand ils réfléchissent ; de Sahel, la maman de Thula, celle qui subit sa vie, ses deuils successifs, son désir inassouvi, son dévouement pour sa famille ; de Juba, le petit frère en admiration devant sa grande soeur pleine de savoir et d'enthousiasme, mais qui finit par devenir ce qui lui semble le plus opportun pour lui et pour la femme qu'il aime ; de Yaya, la grand-mère, qui se souvient, murée dans le silence de la douleur, des séquelles de l'esclavage, de l'hévéa, des drames familiaux et de la malédiction du pétrole depuis ses origines, c'est un chant choral qui met sous les yeux des lecteurs, nous, les Occidentaux, une tragédie humaine qui se joue en mineur encore aujourd'hui.

Le drame ici est que nous sommes certains, dès le départ, que ces peuples sont dans leur droit, que c'est inhumain de laisser le pétrole se déverser dans leurs rivières, dans leur sol, au point que leurs enfants meurent très tôt de maladies inconnues. Nous savons qu'ils sont justes quand ils demandent qu'on dépollue leurs terres, mais nous savons aussi que ça ne se fera pas. Malgré tout, je me suis surprise à espérer.

Que peut un village, composé d'une dizaine de familles, contre une multinationale qui couvre les besoins en pétrole de millions d'automobilistes outre-Atlantique ? Cette destinée, c'est celle de l'infiniment petit contre le démesurément grand, celle de l'humain contre l'économie, et elle a un goût amer. Imbolo Mbue nous montre les rouages d'une mécanique bien huilée, au profit des grandes firmes, des ignobles dictateurs et au mépris des gens. On sent le désespoir de ces personnes, poussées dans leurs pires retranchements, et qui paient pour le moindre crime, alors que les vrais coupables ne paieront jamais. L'Occident ne propose que de l'argent à ceux qui ne demandent que la vie. Et pourtant, force est de constater que c'est l'argent qui gagne, pas parce que les peuples deviennent cupides, non, mais parce que c'est le seul moyen de survivre. Ils doivent choisir entre l'abdication, la renonciation ou bien la mort, par le pétrole ou les armes à feu des soldats de Son Excellence.

Et pourtant, aucun manichéisme dans ce texte. Il y a des habitants de Kosawa dépourvus de sens moral, il y a des Américains profondément bons, même dans la société pétrolière. Ce roman, c'est surtout l'histoire de rêves avortés, quel que soit leur pays d'origine. C'est l'échec de l'optimisme.

Je me suis sentie révoltée, profondément. Parce que je sais que c'est vrai. Comme vous tous. Je me suis sentie touchée dans mon coeur d'être humain, devant cet espoir perpétuel, cette croyance en l'amour, en la bonté de l'Autre, je me suis surprise bien plus en colère que Thula. Ce roman a eu l'effet d'une bombe en moi et pourtant, il n'appelle pas à la révolte, il raconte…la destinée d'êtres humains aux prises avec la modernité. Et c'est profondément choquant !
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Que feriez-vous si vos enfants mouraient d'une terre trop polluée, d'une eau impropre à la consommation ?

Vous êtes sur la terre de vos ancêtres, un Eden gorgé de souvenirs, où les cases se sont agrandies en même temps que les familles. Où l'on vit au rythme de la chasse et des cultures à taille humaine. Où le fou du village aura toujours une assiette pleine quand bien même il aurait envoyé valser les deux dernières pour une raison qui lui appartient. Vous êtes à Kosawa, petit village d'Afrique de l'Ouest, où quelles que soient les particularités de chacun, on prend soin les uns des autres.

Mais les enfants meurent.

Pexton tue.

Pexton est cette entreprise d'exploitation pétrolière à laquelle Son Altesse a permis de massacrer le sol qui vous nourrit depuis la nuit des temps. Un géant Américain. Un colosse qui n'a certainement pas des pieds d'argile.

Vous expliquez, vous parlez de vos morts, vous faites confiance à ce coeur qui bat en chacun de nous et qui jamais ne devrait être indifférent aux larmes d'autrui.

Mais vous êtes Kosawa. Ils sont Pexton.

"Puissions-nous vivre longtemps" est un livre de combat, un roman qui questionne, qui bouillonne, qui remue. Quand une situation est désespérée que reste-t-il ? La fuite géographique, le compromis, les lois, la lutte, la révolution ?

Le choeur des enfants d'une génération qui était vouée à disparaître nous offre son histoire. Ce "nous" fédérateur qui entre dans nos entrailles n'attendait que le courage de la merveilleuse Thula pour révéler toute sa détermination à vivre debout. D'autres encore prendrons la parole, car c'est Kosawa qui s'exprime, et Kosawa est multiple.

Ce roman épouse la cause des peuples asphyxiés par une mondialisation et un capitalisme meurtriers. Ils en paient directement le prix, mais n'en goûtent pas le fruit. Pendant qu'à l'autre bout de la chaîne, dans un pays lointain, on peut vendre du pétrole en regardant ses petites têtes blondes atteindre l'âge adulte dans le plus grand des luxes.

Vous n'êtes plus à Kosawa.

Pour autant, que ferez-vous quand vos enfants mourront d'une terre trop polluée, d'une eau impropre à la consommation ?
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La folie du capitalisme racontée en un peu de 500 pages...

Ou comment la population d'un petit village camerounais doit mourir, pour que le pétrole puisse être extrait !

Une polyphonie de plusieurs personnages du même village, la lutte du pot de terre contre le pot de fer, mais aussi la magie du peuple africain, la richesse de sa culture, et le féminisme sont présents tout au long de livre prenant.

Alors évidemment c'est totalement déprimant sur le fond, comment la folie des hommes détruit la nature pour le confort "moderne", comment l'Afrique se fait piller ses richesses par les puissants, américains ou autres.

Mais il y a de l'humanisme aussi, si tous les hommes de bonne volonté voulaient se donner la main...
Vous l'aurez compris, c'est pas pour tout de suite !

Lecture passionnante en ces temps de lutte écologiste.
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Un roman nécessaire et puissant, comme l'écrit la revue le transfuge: un roman tragique et urgent!
L'Afrique, seul continent qui ne s'est jamais gouverné lui-même, envahi, colonisé, spolié et détruit par les puissances européennes et américaines puis chinoises et russes, bref, tous ce qui comptent comme personne assez puissantes pour corrompre les dirigeants et s'accaparer ensuite les richesses de ce magnifique endroit, au détriment du peuple africain.
Ici, pays imaginé, mais Son Excellence dépeint comme un réel dictateur et avec les compagnies pétrolières qui forent sans scrupules et sans précaution un sol qui appartient aux ancêtres et aux villageois de Kosawa depuis la nuit des temps. Les enfants meurent , empoisonnés par l'eau où sont rejetés les déchets du forage, la terre est infertile et appauvrie.
Et dans le village, des hommes se lèvent mais meurent de cette révolte... Malabo, le père de Thula, Bongo, son oncle et c'est pourquoi Thula va apprendre, apprendre et encore apprendre, pour que ses connaissances empêchent les puissants d'abuser des gens de son village.
C'est vraiment fort comme roman car on sent la puissance de l'ancrage en elle de son village, ce qu'il représente et ce pourquoi elle veut se battre, la liberté et le droit de disposer de son sol, de sa terre.
Des personnages magnifiques, un lyrisme formidable, une histoire déchirante et un morceau d'Afrique à lire absolument!!
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La parution à la rentrée littéraire de 2016 de Voici venir les rêveurs, premier roman de Imbolo Mbue s'était accompagné d'une certaine fébrilité tant le roman s'était arraché à la foire de Francfort de 2014 ! J'avais eu le plaisir de lire ce magnifique roman d'une jeune autrice camerounaise tout juste naturalisée américaine, arrivée aux États-Unis l'année où la France célèbre en liesse la victoire de ses Bleus.

C'est cette fois dans un pays qui ne sera pas nommé, dans l'ouest de l'Afrique que les bonheurs et les drames se déroulent. À Kosawa, la population souffre depuis qu'une entreprise américaine, Pexton, s'est installée dans la vallée afin de forer le pétrole qu'elle achemine ensuite jusqu'au littoral, avant de partir alimenter l'Amérique.

Depuis son arrivée, avec la complicité intéressée de Son Excellence qui dirige sans partage le pays depuis toujours, les drames se succèdent. Déjà, il y a le bruit et l'odeur, les torchères, les fuites, la pollution du fleuve voisin, la pollution des sols qui ne permettent plus les cultures. Et puis surtout, cette pollution de l'eau du puit qui rend les enfants malades avant que Kosawa ne les enterre en versant des larmes amères.

Pour les habitants du village, rien ne semble être efficace, ni les guérisseurs, ni les demandes appuyées au gouvernement, ni les tentatives de dialogue avec Pexton. Alors quand tout semble perdu, il reste l'irrationnel, l'inattendu, l'action violente bien que le sang appelle le sang. Et puis peut-être Thula, cette jeune fille discrète qui apprend si vite et qui, en partant étudier aux États-Unis, saura peut-être les défendre.

J'ai eu l'impression de vivre mille vies dans ce roman incroyable, j'ai traversé révolte et hébetude, empoigné l'envie de changer le monde et laissé les larmes couler face au cynisme du capital et à la violence du pouvoir sur la vie des Hommes. Un roman qui bouleverse, qui questionne, qui nous donne l'espoir et puis nous en prive au chapitre suivant. Quelle autrice, quel talent !

Chronique partagée depuis le compte Instagram de L'Homme Qui Lit. Service de presse adressé par l'éditeur.
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Un petit village en Afrique, des enfants qui meurent trop tôt et trop mal. Les villageois qui comprennent que la compagnie pétrolière qui fore sur leurs terres ancestrales pollue l'eau qu'ils boivent, la terre qu'ils cultivent.
Durant des décennies, ils vont se battre, on voit disparaître des hommes qui sont partis à la ville pour négocier, on voit des fausses négociations, de fausses promesses, des paroles non-tenues ... tout cela pour alimenter la machine capitaliste qui place le profit de quelques uns au dessus des peuples. Un colonialisme économique qui écrase la culture, la nature au nom de l'argent... des journalistes passent, des articles dénoncent, des associations s'agitent mais le pétrole continue de couler à flot, les torchères à brûler l'air pur de l'Afrique. Au milieu de tout cela, la vie de quelques uns éclaire le récit. L'amour, les regrets, la lutte... ne jamais rien lâcher pour vivre debout.
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C'est le deuxième roman qu'Imbolo Mbue nous offre, mais le premier que je lis. Je n'ai pas eu la chance de lire Voici venir les rêveurs, mais il ne saurait tarder puisque je l'ai ajouté à ma wishlist. Je ressors fortement ébranlée par la puissance et la profondeur de ce roman. La plume de cette auteure est exceptionnelle!

J'ai pris mon temps pour lire ce roman. Quelques pages à tous les jours. Je voulais rester le plus longtemps possible auprès des personnages. L'auteure nous présente ce roman sous divers points de vue. Celui des enfants du village, ainsi que Bongo, Yaya, mais surtout Thula, cette jeune femme qui quittera son village pour aller s'enrichir de connaissances en Amérique et revenir par la suite au sein de son pays natal. Elle désire sauver son peuple, rien de moins!

Ce qui m'a principalement bouleversée, c'est la vision de ces grandes puissances de notre planète envers les plus démunis. de générations en générations, ils sont exploités. Tout cela pourquoi? Pour s'enrichir! Ce n'est pas nouveau me direz-vous… mais cela me révolte tellement! Il n'est pas aisé de lire ce roman car parfois devant l'inacceptable, les gens ne savent plus quoi faire sinon utiliser la violence. Et le sang coulera à Kosawa!

L'auteure nous fait découvrir les us et coutumes de ce petit village d'Afrique. Leurs visions, leurs croyances, mais aussi leur sagesse. Je pouvais aisément imaginer toutes ces cases et ces gens qui dansent au son du tambour. Leur résilience m'a également touchée, tandis que l'abus de pouvoir de leur gouvernement m'a profondément choquée. Je n'étais plus la lectrice située en Amérique du Nord, tout à coup je me sentais comme partie prenante de ce village.

Vous l'aurez deviné, je ressors de cette lecture avec un petit coup de coeur. Un roman intense et puissant qui m'a permis de voyager au Cameroun et qui m'aura fait découvrir une nouvelle facette peu reluisante du pétrole et de la colonisation.
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Merci à Netgalley et aux editions Belfond pour cette lecture. Imbolo Mbue frappe encore dans ce deuxième roman qui l'a fait entrer définitivement dans la galerie des auteurs contemporains à découvrir !

On fait la connaissance de Thula, jeune villageoise de Kosawa. Depuis sa plus tendre enfance, elle partage avec les autres villageois un vie rythmée par la sociète américaine Pexton. Afin d'exploiter les réserves de pétrole, cette compagnie est prête à tout, peu importe le coût : que des enfants meurent avant l'âge de 6 ans sans raison, ou que des habitants perdent leurs terres cultivables ...rien ne les arrête.

Mais Thula ne va pas restée les bras croisés, envoyée aux Etats-Unis pour poursuivre ses études, elle va déclencher un mouvement qui va dépasser ses espérances, et son contrôle... Mais cette femme hors du commun, va tout tenter pour défendre son village.

L'autrice reprend dans son roman la bataille du pot de fer contre le pot de terre, mais le porte à un niveau proche de l'excellence. Avec sa plume toujours pleine d'humanité et conteuse de traditions, elle s'attaque à la problématique du comportement de certaines multinationales, face à des populations en quête de meilleures conditions de vie , s'attribuant même le droit de vie ou de mort, quoiqu'il en coûte ....

Ce roman est très intense, et très sombre, mais cache dans les coins ce ses chapitres l'espoir et la découverte. Espoir de lendemains meilleurs et du réveil des consciences, découverte de traditions et de cultures qui donnent envie.

Et pour ne rien gâcher, cette lutte est portée par un personnage féminin au caractère très fort, et qui se fait l'écho de toute une génération.

Un roman étourdissant qui je ne peux que vous encourager à foncer acheter.
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