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Critique de karmax211


Réquisitoire (et plaidoyer) contre l'absurdité juteuse et sanglante du Second Amendement qui fait des États-Unis une litanie de tueries de masse, l'une succédant à l'autre sans trêve, entraînant dans leur sillage de violence, de mort et de sang la répétition incessante des mêmes réactions, des mêmes indignations, des mêmes protestations stériles, le tout sous le "patronage" d'une NRA qui récupère cette violence pour démontrer et justifier la nécessité vitale pour chaque citoyen de s'armer, aidée dans son funeste marketing par le voyeurisme charognard des médias, le conditionnement mortifère des réseaux sociaux et des jeux vidéo et la complaisance arachnéenne des politiciens dont les fils de l'immense toile qui enserre le pays ont été tissés par la machiavélique entreprise.
Cette dénonciation est au littéraire ce que sont celles d'un Michael Moore au cinéma : lucide et sans appel !
La structure narrative nous fait habilement et froidement passer du jeune tueur avant son effroyable passage à l'acte, à la vie pré et post tuerie d'une enseignante, absente au moment du massacre pour cause de licenciement, qui va être soupçonnée dans un premier temps, avant d'assister post-traumatisée, mois après mois, au délire macabre d'une société désertée par tous ses repères, orpheline de sa raison et en proie à une folie collective.
Pour ce faire, l'auteur donne la parole à Anna Crawford, névrosée, alcoolique -qui ne le serait pas dans un tel contexte ! ?-, en quête d'un salut qui ne peut passer que par la...
Un extrait :
- Au bout de quelques semaines, l'enquête sur le tireur a été officiellement close. le manifeste qu'il avait écrit fournissait toutes les informations voulues, en particulier qui il haïssait et pourquoi.C'était une liste d'une déprimante banalité, celle d'un adolescent convaincu d'avoir découvert une vérité fondamentale, à savoir que les gens sont faux, que la religion organisée corrompt les hommes, que le monde est surtout fait de souffrance. Comme si on ne cherchait pas des moyens d'affronter cela autrement que par le meurtre. Dans son manifeste, il parlait de la solitude comme si ce problème avait été inventé pour le tourmenter lui et lui seul. Il se croyait plus intelligent que les autres. Il voulait ouvrir les yeux des gens sur toutes les choses horribles qu'il avait découvertes sur le Web. Passer trop de temps sur Internet sans prendre un peu de recul, c'est comme sortir au soleil de midi avec les pupilles dilatées. Il y a trop de choses à intégrer, il est impossible de tout digérer, tout ce qu'on sait, c'est que ça fait mal et qu'il faut y échapper. On est censé s'exposer graduellement aux horreurs du monde, afin de pouvoir acquérir au fil du temps une certaine immunité. On découvre peu à peu l'échec, la perte, la cruauté, le rejet, l'infériorité ; si on balance tout ça sur un gamin d'un seul coup, comment voulez-vous qu'il survive ?
Un livre sans concessions, sans complaisance, à l'humour corrosif, à la limite du pamphlétaire hard. Un livre à ne surtout pas manquer !
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