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Jean-Daniel Brèque (Traducteur)
EAN : 9782352944362
504 pages
Bragelonne (22/10/2010)
3.29/5   19 notes
Résumé :
« Un roman complexe et à couches multiples, débordant de personnages extraordinaires, de scènes stupéfiantes et d’idées fascinantes. » SFX

«Tout le monde était persuadé de I’ imminence d'une nouvelle guerre contre les Extros, partis il y a plus d’un siècle pour fonder leurs colonies sur les lunes de Jupiter et de Saturne. II fallait mater les Extros avant qu’ils lancent une autre comète sur la Terre ou développent quelque manip posthumaine qui les ren... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un BON moment de hard science

La guerre tranquille ( The Quited War ) est un excellent roman , écrit par un auteur compètent au niveau littéraire et scientifique .
La première partie de ce roman seulement est disponible en français .
Le sujet du roman : La guerre comme moyen de la politique .

L'auteur peut être problématique pour certains , pour moi c'est clairement un des quelques auteurs de SF , qui peut tenir la dragée haute aux plus prestigieux auteurs de littérature générale ( j'entends ici Main Stream ) …
Le problème est ailleurs mon avis : En fait ce " garnement " saute du coq à l'âne au mépris de la fidélisation de son lectorat ( le vilain ! ).
Au final impossible de savoir si on aimera le prochain McAuley même si on sait que ce texte serra un bon texte du point de vue littéraire .
Avec La guerre tranquille l'auteur revient au space opera , genre qui lui avait déjà valu un prix Philip k Dick et à qui nous devons l'un des deux seuls space opera Cyberpunk .

Voici un excellent roman de guerre et sur la guerre , avec un succulent nappage de hard science .

Un texte qui soigne excellemment le contexte géopolitique de notre système solaire .
L'auteur nous en colle plein les yeux .
Personnellement J'adore voir du pays et là j'ai été gâté car les descriptions des environnements et des quelques engagements militaires ( ou leur simple évocation ) sont extraordinaires ..
C'est somptueux , une réelle ballade dans le système solaire . Une ballade jusque les parages de Saturne et de Jupiter .
Au-delà du ciel bleu de la terre , l'auteur rend palpable la réalité des établissements et habitats humains du système solaire ( dans un élan de pure et délicieuse hard science ) .

Les amateurs de hard SF apprécieront et puis qu'est-ce que la science-fiction ? sinon en partie au moins , la mise en fiction de la science ... ?
D'ailleurs à ce propos n'exagérons rien .. ce n'est pas un galimatias .
Les données scientifiques sont amenés avec sobriété ..
Les protagonistes sont bien campés et ils sont représentatifs de réalités qui les dépassent .
Ils sont pour le lecteur la clef de cet univers complexe , un univers où des personnages compétents tirent les ficelles et le récit vers le haut .
Ce faisant nous somment embarqué vers une certaine difficulté avouons-le ....
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Sur le fond le roman traite pertinence de la guerre et de la paix .
Il y a le camps de la guerre et le camp de la paix et ces deux camps intriguent et se battent avec tous les moyens possibles et imaginables ( ces 2 camps transcendent les blocs politiques ) ..
C'est un roman de SF militaire au sens où la guerre est perçue comme un instrument ( un moyen ) de la politique ...
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C'est un délice d'intrigue , de solidité et d'ironie lucide et froide ...

C'est l'éternelle histoire des conflits armés qui est convoquée dans ce récit de qualité et excellemment documenté .
Nous avons ici des raisons de penser que l'auteur s'est inspiré de la guerre d'Irak ( seconde guerre du golfe ) , mais aussi de la seconde guerre mondiale , de la guerre du Vietnam et sans doute aussi et de façon très subtilement ironique : de la guerre froide et le sous-titre du livre aurait pu être " de la guerre et de la paix ..

La géopolitique de cet univers : une terre qui se sent ( avec quelques raisons ) existentiellement menacée ..
Elle est d'ailleurs en réhabilitation écologique à cause d'un conflit antérieur ..
La bonne vieille terre est divisée en blocs quasi continentaux et parmi eux le grand Brésil est un état oligarchique à fort contrôle social ( endoctrinement .. manipulation des masses ... transgressions éthiques .. arbitraire .. compromissions .. ) et les autres états de la terre ne valent pas mieux ..
Pour ce pays la fin justifie les moyens ...
Le camp de l'espace ( de la démocratie ) lui c'est titan .. Io .. Callisto .. et les restes de mars ( ravagé par un conflit antérieur )..

Un auteur qui reçoit trop souvent un accueil mitigé de la critique officielle SF en France , mais il publie sans discontinuer depuis des lustres en France et son lectorat va bien au-delà de la SF ..
La guerre tranquille est un récit posé ..
Bon c'est complexe mais l'auteur tend des perches au lecteur ..
Cela dit ... c'est vrai il faut avoir un certain goût pour la complexité et la subtilité pour s'y sentir bien à l'aise ( parfaitement à l'aise ) .

De plus peu de gens relèvent que pour l'instant et pour les francophones : C'est un roman amputé de moitié
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On pourrait résumer l'oeuvre par une phrase prononcée par l'un des personnages : "Si la guerre éclatait... Quand la guerre éclaterait.".

Niveau littéraire, rien à redire, le livre est très bien écrit, l'univers scientifique est très cohérent, les personnages sont bien décrits.
La société des extros, sorte de démocratie totale ou tout est décidé par votation, mais avec ses rebelles, ses marginaux est originale est bien développée dans le roman...

MAIS : le quatrième de couv et le premier chapitre qui présentent Dave n°8, agent crée en laboratoire et Cash Baker, pilote de chasse nouvelle génération, pouvait laisser penser qu'on allait assister à un roman de sf militaire avec l'action et le vocabulaire adapté, il n'en est rien.
La première partie (160 pages) est centrée sur l'histoire de Macy ingénieur écologue envoyée sur Callisto pour un projet écolo-biologique et tourne donc avec du vocabulaire hard science "biologie-écologie-génétique" un tantinet rasoir.
La seconde partie (jusqu'à la page 400, même si l'auteur découpe cette partie en plusieurs parties) présente un peu plus d'action mais noyée dans la politique et les manoeuvres des deux camps, avec une lente (très lente) montée de la pression.
Ce qui fait que quand on arrive à la dernière partie du roman (intitulée une petite guerre tranquille), le lecteur que je suis avait quasiment décroché et le peu d'action militaire qui s'y trouve n'a pas suffit à rattraper le reste du roman.

L'histoire de Dave 8 et Clash Baker est anecdotique sur l'ensemble du roman au regard de l'histoire de Macy Minnot et de Sri Hong-Oen (alors que c'est leur histoire que j'aurais voulu lire).

Au final, un space opera bien écrit et pas inintéressant dans l'univers qu'il développe, mais le trop peu d'action par rapport à ce qui est annoncé (ou suggéré) en fait une déception. (En même temps, vu le titre, : la guerre tranquille, j'aurais du me douter).
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Lorsque survient la mort malencontreuse de Maximilien Peixoto, le doute n'est plus permis. La guerre contre les Extros aura bien lieu. Ce n'est qu'une question de temps. Car Maximilien Peixoto n'était pas seulement le commandant en chef des forces aériennes de Grand Brésil ni le mari de la présidente de cette même nation, la plus puissante de la Terre, ni même encore le membre d'une famille les plus influentes de la planète. Il était aussi l'un des farouches défenseur de la réconciliation et de la paix avec les Extros, ces humains partis en toute autonomie coloniser les lunes des principales planètes du système solaire il y a plus d'un siècle, départ suscité par les dérèglements climatiques ayant conduit à la Renverse, catastrophe écologique sans précédent dont la particularité avait été d'éradiquer une bonne partie de la population mondiale.

Pour autant, même si la guerre est imminente, si Terriens et Extros en sont tout à fait conscients, les différents accords et autres coopérations en cours sont toutefois maintenus. A l'image de la construction d'un biome sur l'une des lunes de Jupiter, censée jusqu'alors représenter de manière plus que symbolique le rapprochement des Nations, divergentes dans leur manière d'appréhender l'écologie ainsi que leurs percées technologiques et scientifiques. Des disparités que les instances terriennes voudraient étouffer dans l'oeuf, avant qu'il ne soit trop tard, avant que les Extros ne soient réellement en mesure de se défendre, voire même de s'en prendre à la planète mère. D'où la nécessité d'une guerre. A titre préventif. le tout consistant à y aller en douceur, créer les incidents nécessaires à une escalade sans pour autant perdre la face.

« Un roman complexe et à couches multiples débordant de personnages extraordinaires, de scènes stupéfiantes et d'idées fascinantes. » SFX

C'est ça. C'est exactement ça. Cependant, La Guerre tranquille malgré ses indéniables qualités, n'est pas aussi parfait que cette citation le laisse entendre. Quoique à bien y regarder, elle n'est pas que laudative. Ce « complexe », ces « couches multiples » et ce « débordant » pourraient aussi sonner comme un air d'avertissement. Attention les gars, c'est pas simple, va falloir s'accrocher. Certains risquent d'être perdus en cours de route. En quelque sorte, ceux qui tiendront seront récompensés de leur pugnacité. Alors bien sûr, cette interprétation ne tient qu'à moi. Peut-être m'est-elle venue aussi parce que j'ai bien failli abandonner cette Guerre tranquille à deux ou trois reprises et que je ne regrette en aucune façon d'avoir persévéré. Ce livre est une véritable montagne russe à lui tout seul. Les montées: des passages lents, bavards, pas toujours nécessaires mais qui permettent au moins d'apprécier le paysage à mesure que l'on monte. Entendre par là que ces descriptions ou ces scènes de présentation vont d'une façon ou d'une autre contribuer à la cohésion de l'ensemble, même si le livre aurait gagné à être un peu plus court. Ensuite, les descentes : de l'exaltation, de l'émerveillement, du suspense, générés par des scènes saisissantes variant aussi en fonction des quatre personnages principaux que Paul J. McAuley nous invite à suivre ; des images qu'on imaginerait sans mal s'épanouir sur grand écran, bien que dans la tête ce soit déjà grandiose. L'écriture, et sans doute aussi la traduction, contribuent en tout cas à l'amortissement à très brève échéance de votre Home Imagirama garanti sans son pour ce qui est des scènes extérieures dans l'espace – contemplation et splendeur assurées !

« le retour triomphal de Paul McAuley au space opera de grande envergure. » Locus.

Pour ce qui est du retour triomphal j'aurais bien du mal à me prononcer, découvrant l'auteur avec cette histoire. En revanche, concernant le "space opera de grande envergure", je ne peux qu'être d'accord. Paul J. McAuley bâtit son histoire petit à petit, prend le soin de la cohérence, notamment en dressant le portrait de personnages parfois ambivalents et toujours complexes. Mais par dessus tout, il pose les bases d'une réflexion autour de l'acte de guerre lui-même, sur ses mécanismes et sa complexité. Une complexité qu'il aura tôt fait de répercuter sur l'Homme lui-même et sa condition de vivant qui, sous couvert de survie et de préservation de ses acquis, sous couvert de méfiance et d'incompréhension aussi, a tendance à reproduire d'anciens schémas où l'usage de la force est toujours dans la balance. le titre de ce roman ainsi que son traitement ne laissent en tout cas la place à aucun doute. Ils portent en eux l'écho et l'aversion des mensonges et des manipulations qui ont conduit à une certaine guerre en Irak, dont l'onde de choc n'a pas fini de se faire sentir.

Lien : http://bibliomanu.blogspot.com
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Sur la terre dévastée règnent des états totalitaires menant de grands travaux pour restaurer l'écologie alors que sur les lunes de Jupiter et Saturne s'est développée une riche société libertaire à la pointe des technologies avancées, ce qui n'est pas au goût de certaines factions du Grand Brésil. Dans ce pays ce sont les grandes familles qui font la loi, certaines plutôt pacifistes, d'autres n'hésiteraient pas à mener la guerre pour s'approprier les richesses des extros et étouffer le vent de liberté qui pourrait devenir contagieux. À l'intérieur d'une même famille les courants s'affrontent et certains n'hésitent pas à avoir recours aux meurtres pour imposer leurs opinions …


L'univers décrit est cohérent et les personnages profonds, la biologie est à l'honneur et par moment le livre tourne à la hard science, mais sans que cela soit lourd ou abscon, l'action est bien menée et les développements intéressants.
Nous visitons les lunes et découvrons leurs particularités, la mystérieuse "sorcière génétique" reste à l'arrière plan, je suppose qu'elle deviendra plus présente dans le second tome, l'ingénieur écologue Macy Minnot quant à elle prend des risques en se mettant en travers des intrigues en cours. Pendant ce temps ceux qui préparent la guerre fourbissent leurs armes, les pilotes s'entraînent, les super-doués inventent secrètement … avant d'être éliminés après une tentative d'évasion, et des soldats/espions sont développés en cuve pour infiltrer "l'ennemi" qui ne se doute de rien …


Les intrigues politiques et la biologie sont à l'honneur, mais l'action n'est pas laissée de côté - le résultat m'a plutôt plu, ce qui m'a incité à chercher la suite de ce livre d'une grande richesse, mais il semble que les trois tomes suivants et le recueil de nouvelles dans le même univers n'ont pas été traduits, je vais donc encore devoir me tourner vers la V.O pour la suite …
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La Terre se remet doucement d'une catastrophe écologique, la Renverse, qui a change une partie de la face de la Terre. le Grand-Brésil, état quasi dictatorial règne maintenant sur une grande partie de la Terre. de l'autre coté, les Extros sont les Terriens qui ont fui avant la Renverse pour s'établir dans des petites cites états au delà de l'orbite de Jupiter. Pour survivre, ils sont devenus maitre en ingénierie génétique pour coloniser les milieux hostiles où ils vivent. Entre les 2 règne une sorte de guerre froide.
On est dans du space-opéra classique avec de multiple fils : Cash Baker, le pilote de chasse, Macy Minnot, l'ingénieur écologue qui participe à une mission pacifique de création de biome, Sri Hong-Owen, généticienne proche des puissants du Grand-Brésil et un ou 2 autres que je ne dévoilerai pas.
Le sujet est intéressant et les prouesses génétiques des Extros pour amener la vie dans les milieux hostiles où ils vivent sont bien décrites et avec une bonne crédibilité.
Malgré l'état de guerre froide, certains oeuvrent encore pour la paix, mais la mort du général Peixoto, le mari de la présidente du Grand-Brésil va faire basculer les choses. Ce n'est pas une guerre franche, mais une Guerre Tranquille que décrit l'auteur Paul McAuley. En effet, le Grand-Brésil va chercher peu à peu à gagner certaines des cites états à sa cause, à effrayer les autres, et pour celles qui résistent, manipulation et sabotage seront de bons préliminaires.
Ce climat de Guerre Tranquille, voulu par l'auteur, fait que certains fils suivent leurs cours pendant la majeure partie du roman sans que l'on comprenne immédiatement quel va être leur rôle. Cela donne un peu d'essoufflement à l'action, qui est encore accentué par les descriptions assez longues nécessaires souvent pour nous expliquer les nouveautés technologiques suggérées par l'auteur.
Un très bon travail de l'auteur avec un univers très crédible et très bien construit, scientifiquement comme politiquement. Une histoire complexe comme tout space-opéra, dont le seul défaut est une certaine mollesse de l'action.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Après le petit déjeuner , les garçons se mettaient au garde-à -vous devant le grand écran , flanqués de leurs lecteurs et des avatars de leurs instructeurs . Un drapeau emplissait l'écran sur toute sa largeur et toute sa hauteur , un vrai drapeau filmé quelque part sur terre , ondoyant doucement sous la brise . Son éclat innondait leurs visages et faisait crépiter leurs yeux tandis qu'ils se tenaient bien droits , en deux rangées de sept , la main droite plaquée sur le coeur , et récitaient le serment d'allégeance .
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Par ailleurs, le génocide constituait une option inacceptable sur le plan politique, et ne manquerait pas de détruire des actifs de haute valeur qui pour bon nombre de gens constituaient la seule justification pour mener cette guerre. Cela faisait plus d’un siècle que les Extros se consacraient à toutes sortes de travaux scientifiques, tant théoriques que pratiques : on réaliserait des profits faramineux en pillant leurs bases de données et leurs bibliothèques génomiques, en s’emparant de leurs scientifiques et de leurs sorciers génétiques. Et la valeur intrinsèque des cités et des colonies n’était pas non plus à négliger. Par conséquent, la plupart des spécialistes des jeux de guerre s’intéressaient à des stratégies dites asymétriques, parfois baptisées du nom de « guerre tranquille », qui mêlaient la propagande, l’espionnage, le sabotage et la coercition politique, avec des tactiques militaires conventionnelles adaptées au terrain unique du Système extérieur.
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— Le père Solomon a cru que je voulais faire tuer le meilleur d’entre vous pour donner une leçon aux autres, dit le général. Il ne m’a donc pas désigné le meilleur, comme je le lui demandais, mais celui qu’il aimait le moins. Il m’a désobéi. Tue-le.
Si Dave n° 8 comprit l’ordre du général, il ne comprit pas pourquoi il le donnait ; il avait certes été entraîné à obéir sans discuter, mais la loyauté que lui inspiraient les lecteurs était si forte, si profonde, qu’elle était comparable à de l’amour filial. Peut-être serait-il resté paralysé si le père Solomon n’avait pas tenté de prendre la fuite, sautant de l’estrade dans un tourbillon de bure et courant devant les garçons. Les réflexes de Dave n° 8 prirent le dessus et il se mit à courir, rattrapant le fugitif en trois enjambées et l’envoyant à terre d’un coup d’épaule. L’homme tenta de dégainer sa matraque, hurla quand Dave n° 8 lui taillada le poignet et tenta de s’éloigner en rampant sur le béton et de lui décocher des coups de pied. Dave n° 8 tomba sur lui comme une masse, lui bloquant les épaules avec ses genoux, le frappa à la pointe du menton de sa main libre, lui trancha la gorge d’un coup de couteau et se releva d’un bond.
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Le sol était bien plus difficile à fabriquer que la vase. Il ne s’agissait pas d’un simple mélange de matière minérale, organique et vivante ; le sol était structuré à tous les niveaux, presque de façon fractale. Stratifié, texturé, dynamique, il servait de support à une myriade de réactions chimiques, dont certaines demeuraient encore mal comprises, facilitées par l’eau et l’air présents dans l’espace poreux occupant cinquante pour cent du volume utile. Cette eau transportait également la matière par des processus tels que la percolation, l’éluviation, l’illuviation et l’action par capillarité, et abritait une biocénose riche et variée – plusieurs centaines de bactéries, naturellement, ainsi que des cyanobactéries, des algues microphytes, des champignons et des protistes, mais aussi des nématodes et des asticots, des insectes et des arthropodes – qui recyclait les macronutriments comme les micronutriments, décomposait la matière organique, et mélangeait, transportait et aérait les composants minéraux et organiques. Sur Terre, dans des conditions naturelles, il fallait environ quatre cents ans pour produire un centimètre de sol ; mille ans pour produire une couche propice au développement de l’agriculture. Pour une bonne partie, les missions des Unités de reconstruction et de réhabilitation consistaient à remplacer un sol épuisé par l’agriculture intensive ou pollué par l’industrie durant les xxe et xxie siècles, ou encore emporté par les inondations et les hypertempêtes de la Renverse. Macy ne pouvait manquer d’être fascinée par les réacteurs, les cuves, les réservoirs et les pédons, ces unités mobiles où l’on manufacturait un sol similaire au tchernoziom noir des zones tempérées et herbeuses de la Terre. Des IA surveillaient et microgéraient chaque étape du processus, mais celui-ci tenait de l’alchimie plutôt que de la chimie et représentait une dépense colossale d’énergie et d’effort.
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— Si je vous entends bien, vous ne pourrez faire autrement que de merder encore, c’est ça ? lança Arvam d’un ton enjoué.
— Nous sommes humains, répliqua Ernest Genlicht-Ho. Et eux, ils sont plus qu’humains.
Arvam se tourna vers Sri.
— Dites-moi ce que je dois faire.
Sri était prête à lui répondre. Elle s’était préparée à cette question depuis qu’on lui avait annoncé un code dix.
— Détruisez-les.
— Tout de suite ?
— Ils ne peuvent pas fonctionner en isolation. Seul le travail en gestalt leur garantit le succès, mais cette gestalt est impossible à confiner. Conclusion : l’expérience doit s’achever là.
— C’est aussi ce que je pense.
Arvam dégaina son pistolet et logea deux balles dans la poitrine d’Ernest Genlicht-Ho. Le chef de la sécurité eut le temps de se redresser et de fermer les yeux avant de subir le même sort, mais le chef de l’unité de recherche fonça vers la porte et l’une des gardes du corps d’Arvam lui sauta dessus, vive comme une chatte, et lui brisa la nuque. Sri s’efforça de maintenir une immobilité absolue, sentant Yamil Cho se tendre à ses côtés, prêt à passer à l’action.
— Bon, fit Arvam en rengainant son arme. C’est fini.
— Pas tout à fait, dit Sri. Je dois encore m’occuper des superdoués survivants.
— Bien sûr. Et mes gars s’occuperont des animaliers une fois que nous aurons identifié le complice des superdoués et déterminé son mobile. Et les chimpanzés ? demanda Arvam en se tournant vers la baie vitrée.
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