Ed McBain? Jamais lu? Ma mission aujourd'hui sera de vous convaincre de découvrir la crème de la crème, l'incontournable, le roman policier qui plaira aux récalcitrants (et j'ai des noms). En mourant en 2005, l'homme laissait derrière lui des fans attristés et aussi heureusement une multitude de romans, dont les fameux présentant le 87ème district, de 1956 à 2005. Plus de cinquante romans, de quoi calmer une addiction parfaitement légale.
L'idée géniale était de raconter le quotidien d'une brigade d'inspecteurs sur leur lieu de travail, au coeur d'un quartier d'Isola, ville imaginaire ressemblant fort à New York. La figure principale est celle de Carella, entouré de Kling, Meyer Meyer, Hawes, Brown et leur chef Byrnes. Ce petit groupe attachant vit sous les yeux du lecteur, avec l'intervention occasionnelle de leurs familles, en particulier Teddy, l'épouse de Carella.
Avec
McBain, pas de détails sanglants, pas de longueurs : droit au but! Un sens du découpage et du suspense, des dialogues tirés au cordeau, de l'humour, de l'émotion, on est dans le très haut de gamme.
Bien évidemment chaque roman de l'ensemble peut se lire indépendamment, mais au bout d'un certain temps on tombe dans la marmite* et on fait comme moi : on attaque la lecture au début, histoire de bien sentir l'évolution des personnages et de la ville. Omnibus propose 9 tomes pour l'intégrale, en gros 900 pages pour 7 enquêtes chaque fois, que du bonheur. (oui, ça va faire dans les 8000 pages, mais chaque enquête n'en fait qu'une bonne centaine, ça se lit tout seul) J'avais déjà proposé les trois premières ici, voici cette fois les quatre dernières du tome 1.
Faites moi confiance : "La loi trouve la poursuite du dollar tout à fait légitime. Mais elle trouve parfois à redire aux méthodes que l'on emploie." Deux escrocs sévissent en ville , mais aussi un assassin.
Victime au choix : "La mauvaise plaisanterie, c'était la rouquine gisant sur le plancher de la boutique. (..) Carella aimait la vie. Son métier lui faisait côtoyer la mort à chaque instant, mais il n'avait jamais pu s'y habituer tout à fait."
Crédit illimité : "On aurait pu être un soir de juin, avec la fine pluie qui lavait les trottoirs, l'asphalte lisse et moiré où se reflétaient les néons rouges et noirs. Malgré la bruine, on aurait senti dans l'air le doux parfum de l'été qui approchait, l'arôme délicat de la nature qui renaît. Et ce senteurs se seraient mêlées au parfum des passantes, à l'odeur des sons et des voitures, à l'omniprésente odeur de ville au crépuscule."
Une intrigue dont la solution est particulièrement originale...
Souffler n'est pas tuer : "L'expérience lui avait appris que des commentaires sur la température changeaient rarement le temps qu'il faisait."
Bref, la chaleur plombe la ville. Arrive un message anonyme "Je tuerai La Dame ce soir à 8 heures. Qu'est-ce que vous pouvez faire?"
Et c'est le début d'une course poursuite avec un probable futur assassin, et un compte à rebours bien mené.
Vous pouvez vous priver de Ed
McBain, mais franchement, ce serait dommage.
Lien :
http://enlisantenvoyageant.b..