Ce roman policier retrace les aventures de Mma Ramotswe et Mma Makutsi, détectives de l'agence n°1 de détective du Botswana. C'est le 15ème tome de la série et un tome qui semble être pour des fans car il ne se passe pas grand chose à part des évolutions de personnages et des échanges dévoilant l'humanité des protagonistes. C'est pour ma part le deuxième tome que je lis et j'ai du coup était un peu déçue par le manque d'intrigue même si j'ai bien apprécié l'ambiance tranquille et provinciale à Gaborone. J'ai trouvé que le ton était d'ailleurs par moment un peu condescendant sur ce qui agite le Botswana.
Les intrigues démarrent poussivement (les enquêtes démarrent vraiment au milieu du roman) et les enquêtes sont résolues sans vraiment d'action de la part des deux enquêtrices (que ce soit celle de Fanwell, celle de Mma Potokwane ou celle de la maison de Phuti et Mma Makutsi). Les résolutions, sans violence, sont assez irréalistes mais assez drôles (surtout pour celle de Fanwell) et la placidité des héroïnes est à la fois agréable car elle concourt à l'ambiance “afternoon tea” du livre et parfois énervante car on aimerait les secouer un peu. Les échanges sont cependant savoureux avec une sagesse ancestrale agrémenté de dictons adéquats.
L'intérêt de l'ouvrage consiste dans cette ambiance provinciale, où les gens se connaissent et prennent le temps de vivre et où on partage un bon thé avec ses amis, ainsi que dans leur vision de la vie, emprunte de sagesse populaire. A consommer avec modération de mon côté. La couverture en revanche est superbe.
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Mon enthousiasme pour cette série ne faiblit pas, et je me plonge avec délectation dans chaque nouveau tome. Au fil du temps, les intrigues policières deviennent vraiment anecdotiques, et les romans deviennent presque des livres de sagesse grâce auxquels ont peut se ressourcer. Cette fois, ce sont les proches de Mma Ramotswe qui vont avoir besoin d'elle. Mma Potokwane, la truculente directrice de la ferme des orphelins est sur le point d'être licenciée. Et l'un des apprentis du garage de son époux M.JLB Matekoni est arrêté par la police. Dans les deux cas, Mma Ramotswe ne ménagera pas ses efforts pour leur venir en aide, et l'on verra qu'au Botswana, mieux vaut ne pas avoir besoin d'un avocat... Heureusement, le bon sens, la sagesse et la grande humanité de Mma Ramotswe auront raison de ceux qui veulent nuire à ceux qu'elle aime. Et puis, elle pourra compter sur l'aide d'un illustre visiteur plus qu'inattendu...
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C'est la série lénifiante, dont je guette sans hâte chaque tome. Sans hâte pour garder le rythme même de ces récits, qui sous couvert d'enquêtes au Bostwana déroulent des paysages et des façons d'être exotiques par leur bienfaits et leurs vision douce du monde, ce qui ne signifie pas naïve.
Chaque épisode vaut cent tranquillisants, et dix tablettes de chocolat ! Rejoignez Mma Ramotswe très vite, si ce n'est pas fait !
Spoiler : dans ce dernier en date, le fameux Clovis Andersen est là, en chair et en os, et on sait à quel point on peut être en chair au Bostwana de McCall Smith !
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La véranda de l'Hôtel Président est un endroit où il ne se passe pas grand chose. Il ne s'agit pas là d'une critique : il est important qu'il existe des lieux de ce genre, qui nous rappellent que la vie n'est pas exclusivement faite d'événements significatifs ou enthousiasmants. Chaque existence a besoin de phases de calme, de périodes ou presque rien n'arrive, où l'on peut rester assis plusieurs heures à la même place, à observer des choses statiques comme une plante grasse du désert, peut être, ou un carré d'herbes sèches, ou encore des vaches regroupées à l'ombre d'un arbre, avec les mouvements lents de leur queue pour seule preuve que ce sont bien des êtres vivants, et non des pierres ; ou aussi un ciel sans nuages, ou seulement traversé de quelques volutes blanches.
Je ne supporte pas les gens qui se permettent d'observer ce qui se passe chez les autres, dit Mma Makutsi....
Il était certes vrai qu'elle n'aimait pas qu'on l'observe de l'extérieur, mais elle se garda de mentionner le fait qu'elle même succombait souvent à la tentation de jeter un coup d'oeil par une fenêtre si l'occasion s'en présentait. Cependant, elle était détective privé, et de telles indiscrétions n'étaient pas dictées par la simple curiosité ou un besoin malsain. Non, c'était une nécessité professionnelle, une façon de se faire une idée des choses, comparable, peut être au furtif regard clinique qu'un médecin ne pourrait s'empêcher de lancer à une personne manifestement mal portante qu'il croiserait dans la rue.
Il doit se sentir minuscule et insignifiant. C'est pour cela qu'il éprouve le besoin de rabaisser les dames. [IV]
Et plus on se rapprochait du commun des mortels, des individus qui vivaient au jour le jour les répercussions de ce qui se tramait dans la sphère publique, au-dessus d'eux, mieux on comprenait les choses. [XVIII]
La grosse erreur, c'est de fermer les yeux. Tant de gens ont les yeux fermés. Quand on les regarde, bien sûr, on a l'impression qu'ils les ouvrent, mais en les observant de plus près, on s'aperçoit que, même si leurs yeux sont ouverts, ils ne voient rien.
- C'est parce qu'ils ne regardent pas, expliqua Clovis Andersen. Quand on ne regarde pas, on ne voit pas (...)
- Et puis, il y a ceux qui ont les yeux ouverts et qui regardent, mais qui ne voient rien, parce qu'ils cherchent des choses qui ne sont pas là. (...)
- Cela ne signifie pas qu'il n'y a rien là où ils regardent (...) Il peut y avoir quelque chose, mais comme ce n'est pas ce qu'on cherche, on ne le voit pas. Nous devrions toujours nous demander : est-ce que je cherche la bonne chose ?
En effet, songea Mr J.L.B.Matekoni. Trois semaines à être triste, c'était très long, à tous points de vue, mais cela devait sembler encore plus long quand on était loin de chez soi, dans un pays inconnu où chacun avait ses amis et sa famille et était très occupé par son existence quotidienne. Dans de telles circonstances, on pouvait facilement oublier qui l' on était et comment on avait été heureux un jour. Il faillit exprimer ces pensées à haute voix, mais il ne le fit pas, arrêté, peut être, par le sentiment qu'il n'était qu'un garagiste, et non un poète ou un philosophe, et que, dans la bouche d'un garagiste, de telles paroles pouvaient sonner faux ou paraître factices, en tout cas pas aussi authentiques que ce qu'il pourrait dire sur le sujet des boîtes de vitesse, des mécanismes de carburation ou de toute autre notion relative au terrain sur lequel il se savait solide.
Alexandre MacCall Smith au Botswana par Journeyman Pictures