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4,16

sur 889 notes
*** Rentrée littéraire 2020 #21 ***

Quelques kilomètres à peine séparent les deux personnages qui sont au coeur de ce récit kaléidoscopique. Cela pourrait bien en être 1000. Rami est israélien. Bassam palestinien. Deux frères de chagrin, unis par le destin. Pères en deuil, ils ont perdu leurs filles, l'une abattue par un soldat israélien de 18 ans, l'autre tuée lors d'un attentat-suicide commis par trois jeunes kamikazes palestiniens. Rami Elhanan et Bassam Aramin existent, ce ne sont pas des personnages de fiction. Deux amis inattendus, militants au sein des Combattants pour la paix qui oeuvre pour une coexistence pacifique israélo-palestinienne, envers et contre tout, parcourant ensemble le monde entier pour porter leur message, envers et contre tous.

Ceux qui ont lu les romans précédents romans connaissent le don de narration de Colum McCann. Apeirogon n'offre pas la satisfaction habituelle d'un roman arborant une trame classique ample et linéaire. C'est un livre étrange, hybride qui surprend d'emblée. L'auteur y explore le conflit sans fin entre Israël et la Palestine en échappant à toute catégorisation.

Le récit est explosé en 1001 sections narratives qui se baladent librement dans le temps et l'espace, numérotées de 1 à 500 puis de 500 à 1 avec un pont, la double section 500. On y découvre le parcours de Rami et Bassam , mais aussi bien d'autres choses sur la vie au Proche-Orient, sur la vie tout court avec des digressions disparates ( les oiseaux migrateurs, le dernier repas de François Mitterrand, des explications balistiques, les performances musicales à Theresienstadt, des apartés sur Borgès … ).

La connecxion entre ces fragments est parfois très hermétique, très intellectualisé ou demandant un gros effort intellectuel. On est clairement dans l'exercice de style et parfois, j'ai lu vite certains de ces à-côté pour me recentrer sur l'histoire de Bassam et Rami, mais lorsque je suis arrivée à la double section centrale 500, j'ai compris. Comme un uppercut, comme une grenade émotionnelle, les récits à la première personne de Rami et Bassam. L'écrivain Colum McCann disparaît avec ses extraits d'interviews donnés par les deux hommes.

Cette section centrale est d'une force inouïe, elle légitime la démarche de l'auteur en faisant écho à tout ce qui a précédé et tout ce qui va suivre. Sa constellation de mots patiemment construite est un formidable moteur d'empathie. On referme le livre en ayant habité l'intériorité d'êtres humains qui ne sont pas nous. Au-delà de la compréhension de la douleur de Rami et Bassam, on ressent ce qu'ils ont ressenti, de la colère au pardon, de la volonté d'anéantir l'Autre au besoin de tenir sa main, jusqu'à devenir son ami. Certains passages sont inoubliables : les portraits des filles assassinées faits de mille détails du quotidien, le récit des 7 années de Bassam dans les geôles israéliennes, sa transformation lorsqu'il découvre la réalité de la Shoah puis l'étudie.

Un apeirogon est un polygone au nombre infini de côtés. Il ne pouvait y avoir meilleur titre pour ce roman ambitieux, nuancé et sensible qui dit la réalité complexe multi-facettes du conflit israélo-palestinien avec une puissance de frappe remarquable. Marquant et impressionnant.

Lu dans le cadre des Explorateurs de la rentrée Lecteurs.com
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L'Apeirogon est une figure géométrique abstraite au nombre infini de côtés, que l'auteur irlandais utilise comme métaphore afin de mettre le doigt sur les multiples facettes du conflit israélo-palestinien. S'inspirant d'une amitié réelle entre un père palestinien et un père israélien qui ont tous deux perdu leur fille à dix ans d'intervalle, Colum McCann partage leurs espoirs de paix tout en restituant toute la complexité de cette cohabitation impossible, constamment nourrie par la haine et la violence.

Rami Elhanan est juif israélien. Bassam Aramin musulman palestinien. Smadar avait treize ans lorsqu'elle a été tuée par un kamikaze palestinien qui s'est fait exploser dans son dos. Abir avait seulement dix ans lorsqu'elle est morte touchée à la tête par une balle en caoutchouc tirée par un soldat israélien de 18 ans. Au-delà de la colère et de la vengeance, les deux pères vont s'unir dans le deuil et militer au sein des Combattants pour la Paix dans l'espoir d'une coexistence pacifique entre ces deux peuples qui entretiennent un quotidien fait de peur et de souffrance.

En partageant l'histoire d'amitié et la lutte pacifiste de ces deux pères endeuillés et partisans de la paix, Colum McCann montre l'unique voie qui permettra de sortir de cet engrenage sanglant, tout en restituant ces petits détails du quotidien qui entretiennent continuellement ce climat de peur et de haine. Des Israéliens qui vivent dans le peur de l'attentat, espérant que le destin épargnera leurs proches à chaque nouvelle explosion, aux Palestiniens qui doivent accepter les restrictions de leur liberté tout en gardant leur calme lors des fouilles corporelles arbitraires et des interminables files aux nombreux check-points, l'auteur pointe du doigt un quotidien oppressant et particulièrement explosif.

Au-delà du récit de ces deux pères, Colum McCann livre un roman hybride, kaléidoscopique et fragmenté, parsemé de digressions et de sauts temporels, collant parfaitement au titre de l'ouvrage et à la complexité du conflit qu'il tente d'éclairer. du dernier repas de François Mitterrand à la migration des nombreux volatiles qui survolent Jérusalem chaque année, en passant par des digressions historiques, philosophiques, musicales, poétiques, géographiques, politiques ou religieuses, l'auteur multiplie les angles d'approche et parsème son ouvrage d'anecdotes et de micro-récits qui font toute la richesse de ce roman.

Divisé en 1001 chapitres, clin d'oeil aux célèbres contes des mille et une nuits, numérotés de 1 à 500 puis de 500 à 1, avec une double section à 500 qui constitue le coeur du récit, « Apeirogon » est un roman exigeant, singulier, instructif et nécessaire, d'une richesse et d'une justesse incroyable.
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Apeirogon, une forme géométrique au nombre dénombrablement infini de côtés, une sorte de partition d'un cercle qui perd son identité. Et comme l'apeirogon, le récit est fait d'une multitude de notes, de confidences, de références historiques ou issues de textes sacrés, ou de de notions d'ornithologie.


C'est ainsi que Column McCann envisage l'état des lieux de cette poudrière aux dimensions réduites mais dont la configuration est une provocation à la haine et à la violence. La Palestine sous contrôle, enclavée au sein d'un territoire vécu comme une offense, et Israël défendant sa légitimité sur ces terres convoitées.

Toute la force de ce roman est de se placer du point de vue de deux familles, lourdement atteintes par le décès, à dix ans d'intervalle, de deux enfants. L'une était palestinienne, l'autre juive, et ont toutes les deux été victimes d'attentats aveugles. Et la force de ces pères, endeuillés et inconsolables, est d'être des partisans de la paix, de militer pour que cesse la loi du Talion, et les humiliations quotidiennes subies par les contrôles incessants, véritables armes à retardement. En insistant sur le fait queles coupables sont aussi des victimes d'un système inique et qui ne peut conduire qu'à des passages à l'acte qui n'atteignent pas la bonne cible, quand "leurs prêcheurs sont à l'abri de la bataille ».

La construction est particulière avec mille et une entrées, comme autant d'histoires destinées à éloigner la mort. Ce n'est pas une lecture facile, mais on oublie vite l'artifice de la structure, pris par l'intensité de ce que livrent les deux pères profondément touchés dans ce qu'ils avaient d plus précieux, la vie de leurs filles. Et leur démarche de paix en est d'autant plus bouleversante. L‘amour pour balayer la haine.

Récit qui compte parmi ceux qui laisse des traces indélébiles dans une mémoire de lecteur.
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Rami Elhanan est juif israélien, Bassam Aramin palestinien. Tous deux ont perdu leur fille : alors âgée de quatorze ans, Smadar a été tuée en 1997 dans un attentat-suicide perpétré par des Palestiniens. Abir, dix ans, est morte en 2007, abattue par un garde-frontière israélien alors qu'elle était sortie acheter des bonbons. Ils sont aujourd'hui membres de l'organisation Parents Circle-Families Forum, qui réunit des familles palestiniennes et israéliennes endeuillées à cause du conflit israélo-arabe, et qui milite pour la réconciliation et la paix.


Les personnages et les faits sont réels. le récit nous les fait découvrir en même temps qu'un raisonnement qui, peu à peu, s'impose comme un leitmotiv : pour sortir de l'engrenage sans issue de la violence, Israël n'aurait d'autre choix que de reconsidérer sa politique d'occupation et de tenter de mettre en place une cohabitation égalitaire dans des territoires reconnus communs. L'auteur se fait le relais de ces voix israéliennes, vilipendées comme traîtres par leur opinion publique nationale, qui s'élèvent çà et là, accusant leur gouvernement d'induire la violence au travers d'actions et de comportements profondément injustes pour les Palestiniens. Courageusement, elles se regroupent dans des associations où Israéliens et Palestiniens prônent ensemble le dialogue, pour une meilleure compréhension mutuelle, préalable à toute possibilité de réconciliation.


D'une manière originale, le texte tisse autour de la trame du récit un tissu d'anecdotes et de considérations variées qui, souvent étonnantes mais toujours édifiantes, viennent renforcer le propos. La succession de chapitres, parfois très brefs et d‘apparence hétéroclite, dessine ainsi peu à peu le motif général d'une mosaïque, où se détachent notamment l'effarante ingéniosité humaine dans l'art de la guerre, mais aussi la miraculeuse et fragile variété de la vie qui devrait nous inciter à la protéger. Tout en se montrant parfaitement réaliste et lucide, l'ensemble laisse fleurir l'espoir que l'humanité puisse finir par prévaloir sur les instincts belliqueux. Même si, comme Freud l'écrivait à Einstein dans les années trente, ces derniers ne sont pas prêts de s'éteindre, il existe une chance de les combattre en cultivant les liens émotionnels et en favorisant le sentiment de communauté. "Regardez l'Afrique du Sud, l'Irlande du Nord, l'Allemagne, la France, le Japon, et même l'Égypte. Qui aurait cru que ce serait possible ?"


Un apeirogon est un polygone au nombre infini de côtés, comme le si complexe conflit israélo-palestinien, mais aussi comme cet ouvrage aux mille facettes, aussi étonnant que bouleversant, qui ouvre avec brio une réflexion pacifiste dont on espère qu'elle essaimera le plus largement possible.

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Colum McCann est parti d'un drame réel, celui de deux pères, un palestinien et un israélien, unis dans la douleur. Tous deux ont perdu leur fille à dix ans d'intervalle. Tous deux font partie de l'organisation des Combattants pour la Paix et tous deux n'auront de cesse, ensemble, amis improbables, et dans le monde entier, de raconter leur histoire.

L'écrivain aurait pu en faire une romance touchante, voire larmoyante, sur la force de la paix, sur la résilience, le pardon et la rédemption, sur l'amitié israélo-palestinienne, il aurait pu écrire une histoire linéaire, chronologique. Et cela aurait été bien écrit, on n'en doute pas venant de cet écrivain dont je me remémore Les saisons de la nuit avec émotion. le drame de la mort de ces deux filles aurait été au centre du livre. Avant, l'auteur aurait relaté le parcours des pères, ensuite leur façon de se reconstruire et de s'approcher, de se comprendre. Oui, j'imagine bien ce livre de facture classique. Mais Colum McCann a eu l'intelligence et la force de narrer ce drame tout autrement. A la façon d'un apeirogon. C'est brillant et bluffant. Ce livre me fait l'effet d'une pierre précieuse noire aux facettes infinies. Chaque facette étant une variation sur un même thème. Un bijou.

Nous avons là en effet un récit fragmenté en une multitude de notes, de références historiques, de références théologiques, de leçons d'ornithologie, de confidences, de drames, d'explications techniques, de virées en moto, ce livre est construit à l'image de l'apeirogon, forme géométrique au nombre infini de côtés. Comme un cercle qui perdrait son identité. Ou une superposition d'ondes concentriques, c'est en tout cas comme ça que je le ressens. Des ondes qui tout d'abord se resserrent, comme un poumon qui se rétracte, image souvent évoquée dans le livre (tel Jésus qui est mort asphyxié sur la croix, ses poumons se rétractant). Et parfois nous suffoquons en effet. Comme autant de cercles en écho, libres dans le temps, tournoyant à Jérusalem pour l'essentiel. Numérotés de 1 à 500 puis de 500 à 1, avec une double section à 500, ces fragments sont percutants, vifs, tranchants, lumineux, à l'image des déflagrations ayant fauché la vie de deux filles, Abir et Smarda, les filles respectives de Bassam le palestinien et Rami l'israélien. Les deux chapitres 500 sont le coeur du livre, la source, l'explication. Oui c'est brillant. Comme si nous avions en face de nous une boule explosée, dont les fragments, divers, partent dans tous les sens, mais dont le coeur, pur, s'offrait à nous sous ces fragments. Cette image de l'apeirogon est également à l'image de la ville de Jérusalem, dont la beauté et la blancheur varie au gré des réfractions de la lumière, une ville si disparate aux constructions hétéroclites alliant les camps de réfugiés, les barbelés aux checkpoints jusqu'aux anciennes villas palestiniennes magnifiques laissées à l'abandon, ville dont le centre est sacré et pur. Les virées en moto sur des routes extrêmement sinueuses que nous faisons avec Rami nous offre ce spectacle de la ville. J'imagine que l'apeirogon, c'est aussi l'image de notre fonctionnement mental, composé de pensées souvent éparses et diverses, avec un centre, l'essence de notre identité, de nos raisons, de nos motivations. Oui, quelle incroyable façon de narrer cette histoire, sur la base de l'apeirogon ! Quel talent !

La jeune Smarda a été tuée dans attentat suicide en 1997, trois kamikazes s'étant fait sauter au centre de Jérusalem, alors que la jeune fille de 13 ans allait acheter avec ses copines des livres scolaires. La petite Abir, dix ans, en 2007, a reçu une balle en caoutchouc au centre en acier, à l'arrière du crâne alors qu'elle achetait des bonbons avant d'aller à l'école faire un devoir de mathématiques. Un devoir sur les tables de multiplication. La balle a été tirée par un garde-frontière israélien de 18 ans. Les deux filles furent au mauvais endroit au mauvais moment. Cet attentat et cette balle font des ricochets et sont le point de départ à de multiples réflexions sur les cercles et les tirs, allant de la bombe sur Nagasaki, en passant par le vol circulaire des oiseaux, la trajectoire des cailloux tirés par les frondeurs, les manifestations en Irlande…réflexion sur la trajectoire hasardeuse des ronds…armes rondes, vols ronds…sur leur dilatation et leur rétractation…comme un poumon…nous avons par moment vraiment du mal à respirer à l'image des parents dans ses interminables bouchons liés aux chekpoints qui ne savent pas si les attentats ont touché ou pas leurs enfants. du mal à respirer lorsque nous sommes témoins des sévices de Bassam en prison. L'air devient aussi épais que de l'eau. Presque sur le point d'exploser. Alors ces deux pères parlent, racontent, pour retrouver leur souffle, pour faire changer les mentalités et retrouver une cohérence, une ligne directrice. Comme écrit en hébreu sur la moto de Rami « Ça ne s'arrêtera pas tant que nous ne discuterons pas ».

Oui, une pierre précieuse noire mais en même temps très lumineuse. La lumière de la rédemption et du pardon de la part de ces victimes pousse au respect et à l'espoir.
L'ensemble donne un livre extrêmement ambitieux, brillant, pédagogique (j'ai appris beaucoup de choses), un livre exigeant sur un sujet complexe et subtil.
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Apeirogon est une prouesse littéraire à mes yeux par le contenu qui retient l'attention du lecteur d'un bout à l'autre du roman. Colum McCann est un auteur surprenant .

Un roman fragmenté, un pays morcelé, des vies brisées en mille éclats.

Une histoire qui se reconstitue au fur et à mesure. Deux petites filles mortes Abir- Smadar, deux pères effondrés Rami-Bassam qui ne laissent pas la fatalité s'installer, racontent et demandent la paix à travers leur mouvement et leurs témoignages.

Un pays survolé par quatre cent espèces d'oiseaux libres se partageant le ciel alors qu'en bas ce pays est divisé en de nombreuses zones et ses habitants : israéliens et palestiniens n'arrivent pas à s'entendre…

Un livre passionnant qui montre les multiples facettes d'un pays avec son histoire, un livre qui ne juge pas mais qui donne à réfléchir. Un livre bouleversant .

Merci aux éditions 10/18 de leur confiance.

#Apeirogon#NetGalleyFrance
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On fait la connaissance de deux amis, que l'on va suivre tout au long du roman. L'un, Bassam, est Palestinien, l'autre, Rami, est Israélien, tous les deux sont des pères en deuil, chacun ayant une fille tuée dans ce conflit qui n'en finit pas, à coup de pierres d'un côté et de balles en caoutchouc dont le coeur est en fait constitué de métal.

Bassam a passé plusieurs années en prison après avoir lancé des grenades sur des jeeps israéliennes, et il y a subi un traitement particulièrement dur. Une fois libéré, il s'est marié, a eu des enfants, s'est construit une nouvelle vie. Il est musulman pratiquant. Sa fille Abir, a été assassinée à l'âge de 10 ans par une balle perdue alors qu'elle allait acheter des bonbons, un bracelet de bonbons pour être tout à fait précise, bracelet que son père conservera longtemps.

« La balle était faite de métal en son coeur, mais revêtue à son extrémité d'un caoutchouc vulcanisé spécial. Lorsqu'elle heurta le crâne d'Abir, le caoutchouc se déforma légèrement, puis retrouva sa forme originelle, sans causer le moindre dégât notable à la balle elle-même. »

Rami est Israélien, un « Jérulasémite de la septième génération » comme il aime à le dire ; sa fille Smadar a été victime d'un commando palestinien qui s'est fait exploser dans une boutique où elle allait acheter de livres pour l'école.

Tous les deux auraient pu sombrer dans la haine, le désir de vengeance, mais malgré l'immensité de leur chagrin, ils décident de s'engager pour la paix, dans un groupe de discussion, « le Cercle des parents » composé de personnes ayant perdu un enfant, un proche pendant cette guerre. Ils se réunissent dans un hôtel au milieu des pins : « l'hôtel Everest de Beit Jala, dans la zone B sur une colline faisant face à la station de baguage des oiseaux. »

J'ai adoré ce roman, car il est différent de tout ce que j'ai pu lire jusqu'à présent, la variation des thèmes abordés le processus de narration, les personnages… Tout, absolument tout. Il a 1001 portes d'entrée, autant de manières de l'interpréter car il est rempli de symboles.

La couverture est à l'image du récit, très belle : sur fond noir des milliers d'oiseaux dorés qui volent de concert, et perdus aux deux extrémités deux colombes blanches, Bassam et Rami, Palestine et Israël en paix…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui m'ont permis de découvrir ce roman et la plume de l'auteur que j'ai très envie de retrouver avec par exemple « Et que le vaste monde poursuive sa course folle »

#Apeirogon #NetGalleyFrance
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Ai mis beaucoup de temps à produire une critique pour ce livre lu l'an passé, sur recommandations diverses. Je profite de la publication du rapporteur spécial de l'ONU, Michael Lynk, sur la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés qui affirme qu'« Israël impose en Palestine une réalité d'apartheid dans un monde post-apartheid » pour le faire, puisque c'est en gros la substantifique moelle de ce livre.
Livre vraiment bizarre dont la structure est complètement originale. Mélange de témoignages et de digressions diverses, dont le but est d'éviter un récit trop linéaire et de nous permettre des souffles de réflexion.
Car le fond...
C'est le conflit israélo palestinien.
Dont il devenu très difficile de parler en France (ailleurs je ne sais pas). le moindre faux pas discursif sera analysé, interprété, condamné ou loué selon le cas. Il ne semble pas y avoir de « neutralité » possible en l'espèce.
L'auteur parvient néanmoins à proposer un récit fort : celui des victimes civiles. Des parents de deux enfants forcément innocents tués dans cet endroit du monde qui a souvent attiré le regard et exacerbé les haines.
Ces parents, l'un palestinien l'autre israélien ont choisi l'impossible après les meurtres : la non-violence, l'apaisement, la compréhension des sentiments de l'autre, préliminaire indispensable à la résolution pacifique des conflits.
Ce n'est certes pas la mode en ces temps où la loi du plus fort semble prendre le pas sur la diplomatie et l'acceptation de l'autre, et ceci à toutes les échelles, nationales ou internationales.
De ce point de vue, ce livre peut participer à un remède au fatalisme ambiant. C'est un antidote individuel. Inutile donc d'un point de vue politique qui privilégie, malgré la volonté des peuples en majorité, là-bas comme ici et comme ailleurs demain le dialogue mélien.
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Il faut être sacrément ambitieux pour se lancer dans l'écriture d'un livre traitant du conflit Israélo-Palestinien. Un conflit aux mille facettes, un imbroglio complexe mêlant histoire, politique, religion, et surtout une tragédie humaine. Pourtant ce livre relève le défi de manière surprenante l'auteur m'a surprise par son érudition et sa réflexion. Dit comme ça on s'attend à un livre soporifique et bien absolument pas.

J'ai tout d'abord était perplexe devant la quantité d'informations qui semblent complètement éparses au début du récit, avant de me rendre compte que tout finissait par s'articuler comme une horlogerie de précision. L'auteur fait des digressions, nous abreuve d'une cascade d'informations, fait des sauts dans le temps, … de quoi perdre n'importe quel lecteur. Pourtant tout fini par avoir du sens, même les choses qui semblent les plus inattendues ou les plus insignifiantes. Ce récit fait prendre tout son sens à la notion « d'effet papillon ». L'important c'est l'angle sous lequel on regarde les choses et Colum Mc CANN multiplie les angles de vision. Et puis il y a ces petites phrases qui reviennent tout au long du récit et qui ne cessent de gagner en consistance et de prendre du sens.

Mais pour moi la vraie force de ce livre est d'avoir ramené ce conflit à dimension humaine en nous parlant d'une histoire vraie : celle de Rami et de Bassam. Rami est Israélien, il a perdu sa fille Abir. Bassam est Palestinien, lui aussi a perdu sa fille, Smadar. Sans ce conflit qui s'enlise toutes les 2 seraient encore en vie. Ce drame est le fil rouge d'Apeirogon, et fait planer sur le récit une tristesse omniprésente. Elle en devient presque palpable. Les histoires de ces deux hommes distillées par petites touches font peser sur le lecteur ce deuil perpétuel. L'auteur choisi de ne pas nous jeter la vérité au visage dans des scènes de guerre violentes, il fait pire que cela. Il nous inocule cette peine à petite dose lentement, comme un venin qui se répand jusqu'à ressentir l'accablement et de Bassam et Rami. le lecteur en apprend chaque fois un peu plus. Abir et Smadar deviennent de plus en plus réelles, de plus en plus vivantes grâce à tous ces petits détails du quotidien et en parallèle leur mort prend une autre dimension.

En nous racontant le quotidien de ces hommes Colum Mc CANN nous fait comprendre à quel point le tout est difficile. Ce conflit tue, rend la vie impossible aux 2 camps. Alors Rami et Bassam se battent pour y mettre fin, en racontant Abir en racontant Smadar. Deux combattants pour la paix, deux amis, deux frères. Ils mènent peut être un combat utopique mais que peuvent-ils faire d'autre ? C'est peut être une goutte d'eau dans l'océan mais si vous lisez Apeirogon monsieur Mc CANN saura vous montrer que les petits riens sont bien moins insignifiants qu'on ne le pense.
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Exceptionnel....
Le livre s'articule autour de deux amis : l'un est Israëlien et juif, l'autre Palestinien et musulman. Tous deux sont "combattants pour la Paix" et sont membres des "parents endeuillés" ayant tous deux perdu leur fille.... Ils sont amis et ils veulent trouver une autre solution pour ce conflit désormais de plus de 70 ans....
Ce livre entrecroise leur récit (mais pas un sens linéaire, au contraire le texte s'éparpille avec bonheur) avec d'autres faits, d'autres courtes histoires.
Il est passionnant. Bien écrit, difficile à lâcher....

Je suis allée en Israël, j'ai franchi le mur (avec un passeport français c'est plus facile de le passer dans un sens et dans l'autre). Ce qu'on peut voir à la télé est en-dessous de la réalité. C'est d'une violence inouïe....
Mais plus que cela, c'est l'école de l'ONU de Béthléem qui m'a marquée. Une école en face du mur et d'un mirador.... et de fusils qui dépassent.... Une école de l'ONU avec des fenêtres qui ne sont pas faites de vitres mais de plaques de métal.... La porte de l'école avec des impacts de balle à hauteur d'enfant.... J'étais glacée....
Ayant vu cela je finis ce livre avec une pointe de désespoir.... Je pense aux deux personnages. Quel mérite ! Mais si leur combat est indispensable, il me semble tristement si vain....

Un livre à lire et faire lire....
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