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Critique de jullius


Comme dans Les saisons de la nuit, et comme dans Danseur, que j'ai lus avant le Chant du coyote, McCann nous offre d'abord un livre d'une belle et parfois troublante intensité psychologique grâce à un style d'une maîtrise que je trouve personnellement époustouflante.
Ce roman, en fait premier chronologiquement, m'a d'abord paru moins fort que les deux autres, presque moins bon, moins addictif... car je ne comprenais pas où j'allais. Et pourtant je dois bien reconnaître que je l'ai lu rapidement, y revenant dés que j'avais un temps mort, ayant fait mien, presque, l'agenda de Connor et de son père, quelques jours à peine devant soi... pour quoi d'ailleurs ? Pourquoi aussi ? Chacun sent que l'absence entre ces deux-là, l'amour autant que la femme par qui il est né, résonne comme un malaise, sonne d'un ton lourd, sent le renfermé, le rance, demande par trop à être élucidé pour qu'on ne finisse par le mettre à jour pour l'éclaircir à la lumière vraie, naturelle, loin des mises en scène développées en chambre noire.
Que crève cet abcès qui déjà saigne, faute de quoi la nature fera son oeuvre, destructrice, « putréfactrice », et nourrira les pires regrets.
Peut-être pas élucider le mystère de la disparition mais partager la souffrance, la dire, savoir qu'on la partage au coeur. Se retrouver, déjà, autour du même malheur, et renouer par là le lien qui un jour rompit.
Si le père maîtrise l'art de savoir jeter sa ligne pour que ça morde, pour attraper ce poisson là, il ne pourra être seul. Cette pêche aux raisons qui ont défait le bonheur, cette quête des moments fatidique d'une vie dont ne reste que des clichés est forcément une lutte contre soi, contre l'oubli volontaire. C'est une traque qui demande, comme celle qui lance la ligne dans le fond de la rivière, mais ici celle des sentiments, des souvenirs, de ceux qu'on a enfouis par honte ou par peur, patience et dont on doit savoir qu'elle peut ne pas toujours faire mouche... Mais qui mieux qu'un fils à ses côtés pour lutter contre les courants du passé, les affronter ensemble, déjouer les pièges, ne pas glisser. Car il n'y a pas forcément une prise à rapporter : s'y adonner sincèrement, pleinement, à deux, dans la confiance, c'est déjà gagner.
C'est le beau et touchant roman de Colum McCann que, personnellement, j'ai lu.
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