“La seule aide vient de soi-même. Une seule chose compte en définitive : le mot qu'on jette sur la page, puis le suivant, et encore le suivant”. C'est sur ce premier constat que
Colum McCann ouvre son essai, mémento à l'usage des écrivains en devenir ou aspirant à l'être, dans la continuité des “
Lettres à un jeune poète” de
Rilke auxquelles il se réfère explicitement.
Nul ne peut enseigner réellement à quiconque l'art d'écrire, répète
Colum McCann, comme
Rilke avant lui, mais ceux qui portent déjà en eux cette nécessité intérieure, il est possible de “les guider vers le feu en souhaitant qu'ils repèrent les endroits où, de toute évidence, ils se brûleront. Je leur expose le principe en souhaitant qu'ils parviennent à maîtriser l'incendie et à le transmettre”... Et nous voilà partis pour 150 pages de pur plaisir !
L'importance de la première (et de la dernière) phrase, la page blanche, les personnages, l'intrigue, le style, les dialogues, la structure, la recherche documentaire, l'échec et le découragement, l'art de se faire éditer… chacune de ces thématiques (et quelques autres) est tour à tour examinée dans ces “
Lettres à un jeune auteur” - comme dans n'importe quel vade-mecum d'écriture pour les nuls à l'usage des débutants.
Sauf qu'il ne s'agit pas ici de n'importe quel mode d'emploi, rédigé par un quelconque plumitif autoproclamé coach en écriture sans avoir jamais lui-même fait oeuvre de littérature, mais d'un essai de Colum McCann, l'auteur - notamment - du merveilleux “
Et que le vaste monde poursuive sa course folle” ou de “
Transatlantic”. Et ce qu'il transmet ici à ses élèves et aux futurs auteurs a le poids de son expérience, la force de ses convictions, l'enthousiasme de son talent et de sa vocation.
J'ai adoré cet essai qui rappelle quelques évidences (ce qui est parfois bien utile), propose des outils, met en lumière les difficultés, les pièges et les astuces pour y faire face, prodigue des conseils et des encouragements… le tout sur un ton très plaisant, dans une fort belle écriture (ce qui tombe plutôt bien !) et avec une grande humilité : “Mes conseils ne sont pas à la hauteur de ceux que j'aimerais recevoir. Je les fournis avec une modeste révérence et je m'efface aussitôt”.
Un livre de chevet pour qui s'adonne à l'écriture et, pour les simples lecteurs, un éclairage passionnant sur les processus de la création littéraire et de la construction romanesque.
Pour vos précieux conseils, comme pour le reste, merci Monsieur McCann !