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3,29

sur 330 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Acte 1, scène 1.
1919.
Le ciel, les nuages et la mer. La grande traversée, la première en son genre. Défier le vent, défier l'horizon et les lois de l'apesanteur. Frôler les cieux ou les cormorans. Atterrir dans la tourbe irlandaise après avoir franchi dans les airs l'immensité atlantique. A jamais les premiers. L'aventure grandiose, l'exploit incommensurable et la passion de deux hommes relayée par tout un peuple, les mêmes gens d'un bout à l'autre de l'Atlantique.

Acte 1, scène 2.
1845-1946.
L'Irlande, pauvre et rurale. La misère et la faim mais aussi la liberté. Un noir, esclave en fuite. Il découvre ce pays, le corps libre mais marqué par les chaînes, l'esprit pas encore tout à fait libre. Il milite, il raconte, il rencontre. Un peuple qui ne le regarde pas comme une bête curieuse. Presque d'égal à égal. du moins, il ne montre ni peur, ni mépris. Juste de l'intérêt et de l'envie. La cause est entendue, l'esclavagisme devra s'abolir.

Acte1, scène 3.
1998.
L'Irlande contemporaine. L'Irlande meurtrie. Des bombes, des tirs de carabines. Des hommes meurent, des enfants meurent. Des femmes restent, des mères pleurent. Souvenirs d'une folie meurtrière et aveugle. Chaque irlandaise a au moins une âme à pleurer. Un processus de paix en marche qu'une simple étincelle peut de nouveau embraser le pays entier. Une lutte de tous les jours. Pour le bien, pour les morts, trop nombreux, pour la soif. Un verre de whisky s'impose. Peu importe, ni protestant, ni catholique, je ne m'arrête pas à cette étiquette. Mais, moi je ne suis pas né dans cette terre si meurtrie depuis tant d'année.

Acte 2.
Tout se mélange.
Une irlandaise qui découvre l'Amérique et ses folies meurtrières de la guerre de sécession. Encore une guerre. Toujours. le monde est entouré de blessures, de sang et de mort. En Amérique, en Irlande. Les époques varient, les morts restent. Et les âmes demeurent au-dessus des nuages que des aviateurs peuvent réunir d'un côté à l'autre de l'océan. Vertigineux. Déjà ce premier vol en compagnie de ces deux aviateurs. Éblouissant, j'avais l'impression de partager leur cockpit, leur peur et leur passion. Une avancée pour le rapprochement de ces peuples et pour le courrier, pour une lettre cachetée qui traversera la mer sans être compostée, ni distribuée, avant de finir comme une relique du passé. Des femmes qui avancent et font changer le monde, des hommes qui font réfléchir et risquent leur vie pour la paix.

« Transatlantic », le goût tourbé d'un whiskey.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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« L'histoire n'est jamais muette. On a beau se l'approprier, la briser, la couvrir de mensonges, l'histoire de l'homme refuse de se taire. Malgré la surdité et l'ignorance, le temps jadis continue de s'écouler dans le présent. » Eduardo GALEANO

Oyez oyez braves gens, embarquement immédiat, je répète, embarquement immédiat pour un Transatlantique mémorable et vertigineux. Votre première traversée sans escale sera palpitante, renversante, saisissante. Vous quitterez le Canada pour rallier l'ouest de Galway, à bord de Vickers Vimy, poussé par deux Rolls-Royce. Aux commandes : John Alcock et Arthur Whitten Brown. Deux précurseurs, qu'un célèbre Charles Lindbergh a quelque peu poussé aux oubliettes.
Alors attachez vos ceintures, ne vous laissez par distraire, enivrez-vous de quelques vapeurs de Jameson, et appréciez ce voyage historique en terres irlandaises, cette étonnante aventure qui ouvre les yeux sur l'histoire de l'Irlande marquée au coin de la tragédie, ses ambiguïtés « ... qui était irlandais, qui était britannique ? Protestant, catholique ? À qui appartient la terre, les maisons incendiées, ces gosses qui crevaient de faim, avec leurs yeux chassieux ? En simplifiant, on comptait deux catégories : les Anglais étaient protestants, et les Irlandais catholiques. Les premiers dominaient, les autres subissaient.», ses immigrés, ses émigrés. Une terre baignée du sang, de la sueur, des pleurs et des joies d'un peuple façonné par les contingences de l'histoire et si résistant à l'adversité.
Une étonnante aventure dans laquelle s'entrelacent lieux, époques et personnages.
En plus de vos deux premiers pilotes, vous ferez la rencontre de Frederick Douglass, esclave noir américain en fuite qui vient convaincre les anglais et irlandais de tout mettre en oeuvre pour abolir l'esclavage, pacifiquement, par la force des idées.
Georges Mitchell, sénateur américain, vous tiendra également compagnie ; il s'est de nombreuses fois rendu en Irlande pour soutenir les accords de paix entre les deux Irlande.

« La paix ne peut se concevoir sans impératifs moraux. Nulle coexistence sans la reconnaissance de toutes les parties. Les exclus du milieu. le dépassement du moi. Pas de supériorité culturelle. Conscience individuelle, responsabilité collective. Et toujours, toujours répéter ce qui devrait être compris depuis longtemps. »

Dans l'Histoire se mêlent les histoires. Ces dernières vous permettront de faire la connaissance de Lily, Emily, Lottie et Hannah, liées par une lettre qu'elles se transmettent de génération en génération. Laissez vous conter ces petites histoires imbriquées, qui seront pour vous autant d'allers et retours entre l'Amérique et l'Irlande, parcourant plus d'un siècle d'Histoire.

Un livre riche. Sur les saccages de l'humanité. Sur ses espoirs aussi.
Conçu à la McCann : magnifiquement. C'est passionnant.
« Brindilles, feuilles et rameaux ramassés çà et là, de petits bouts de catholique, de Britannique, de protestant, d'Irlandais, d'athée, d'Américain ou de quaker qui se croisent et s'entrecroisent à plusieurs années d'intervalle, pendant que les nuages se dispersent dans le ciel derrière lui. »
Et l'envie folle me prend de fouler à nouveau l'île d'Émeraude, d'aller boire une pinte au Dublin's Bridge Bar et de côtoyer ce peuple à la fois si neuf et si ancien, à l'identité forte, au sens inné de l'hospitalité, de la fête et de la musique. le temps d'une année, j'ai flâné et rêvé sur les routes irlandaises, de Dublin à Galway, des comtés de Cork à la région du Donegal, du Sligo de W.B. Yeats au désert du Connemara, du Kerry à Belfast ... de pubs en pubs, beaucoup. Transatlantic a ravivé quelques beaux souvenirs.

« L'Irlande, Monsieur, que ce soit pour le bien ou pour le mal, ne ressemble à aucun autre lieu sous le ciel. Nul homme ne peut touché son herbe ou respirer son air sans devenir meilleur ou pire... »
George Bernard SHAW, « La Seconde Île de John Bull », 1945, Aubier-Montaigne
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Whaou ! mais quelle claque !!! magique ce voyage. Je le lis un peu tard mais quelle bonne idée j'ai eu de le sortir de ma PAL. L'Irlande est magnifiée et ce livre donne envie de sauter dans un avion et de s'y rendre. J'ai aimé la volonté de l'auteur de nous montrer l'ascension des femmes et de leurs influences. Les personnages féminins sont des personnages forts et attachants. Les descriptions de certaines scènes sont d'une précisions incroyable, les ambiances sont si bien décrites qu'on s'y croirait presque et, ce qui ne gâche rien des rappels historiques qui viennent rappeler le contexte dans lequel évoluent les personnages.

La plume de Colum McCann est précise, poétique, son style est inimitable. Transatlantic est un véritable hymne à L'Irlande et une promenade dans 150 ans d'histoire.

Une fresque remarquable et encore une fois l'auteur nous éblouï par son talent. Vivement le prochain

VERDICT

Magnifique, c'est un coup de coeur. Il faut le lire, il ravira les amateurs de grandes fresques historiques.
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1919 Etats-Unis, Alcock et Brown anciens prisonniers de guerre, décident de traverser l'Atlantique pour la première fois jusqu'en Irlande à bord d'un avion.
Emily Ehrlich journaliste assiste aux essais et un jour remet aux aviateurs une lettre pour l'Irlande.
1845, Douglass ancien esclave reçu comme un prince à Dublin pour convaincre les habitants de l'Angleterre et d'Irlande de tout mettre en oeuvre pour abolir l'esclavage , découvre une Irlande qu'il ne soupçonnait pas.

Avec les histoires de ces personnages, on va , on vient à travers trois siècles entre les Etats-Unis et l'Irlande.
Et toujours cette belle écriture de Colum McCann qui m'a déjà séduite dans Les saisons de la nuit, le chant du coyote et Zoli.
J'ai passé un excellent moment de lecture avec le sentiment d'avoir appris un peu plus sur l'Histoire de ces deux pays.
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Magnifique fresque féminine entre l'Irlande et l'Amérique. Il suffit d'une seule gamine qui refuse un destin de misère tout tracé pour que naissent des générations de femmes fortes et il suffit aussi d'un grand malheur pour que s'arrête l'histoire d'une immigration faite de petites et grandes joies. Comment savoir ce qui pousse sa descendance à enterrer l'histoire là où elle avait commencé ?
Le hasard, les rencontres, l'amour et le goût de la terre que l'on n'oublie jamais.
Magnifique épopée remarquablement maîtrisée.
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Une saga entre Europe et Amérique du Nord, entre ,Irlande et Mississippi .
Des destins croisés,frôlés qui nourrissent une aventure familiale, sociale , politique.
Mais il y a tellement plus dans ce beau roman dont la construction peut tenter de vous égarer entre les continents et les décennies !
Au départ deux aviateurs un peu fous,une lettre sauvée,un orateur noir célèbre anti-esclavagiste et l'histoire de cette famille d'origine Irlandaise portée par une femme forte, Lily qui est un pont entre les continents et un témoin tragique de son histoire à travers L Histoire.
Lily croise Douglass, l'orateur noir qu'elle admire, celui ci lui souhaite un bon voyage et Lily part rencontrer son destin.On la retrouve dans le Mississippi en pleine guerre de Sécession et voilà une dynastie de femmes forte qui se construit:Lily, Emily, Lottie, Hanna .
On les perd on les retrouve, on se perd et se retrouve...mais quelles pages magnifiques ,surtout dans les derniers chapitres du roman où le lecteur est immergé dans un décor où la nostalgie accompagne tous les gestes du quotidien, où l'on accompagne une quête magnifique et désespérée,l'assoupissement d'une destinée....
Puissant et jouissif!
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COLUM MCCANN fait partit de mes écrivains favoris , et j'attends toujours chacun de ses livres avec impatience car ils me bouleversent et m'emportent
à chaque lecture.
Quelle déception , malgré son style irréprochable , quelques passages captivants sur les grands évènements irlandais; je suis restée sur le côté de cette histoire , les personnages ne m'ont pas passionnés , je les ai trouvé fades et je ne suis pas parvenue à suivre la construction du puzzle si chère à l'auteur.
Peut-être parce que le réel personnage de ce roman est l'irlande et non sa toile de fond;
j' attends avec impatience son prochain roman car je reste une amoureuse de son écriture , son style , son univers et cette façon de rattraper le passé en nous bouleversant.
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Dans ses livres, Colum McCann tisse les destinées pour réécrire l'histoire. Ses personnages, fictionnels ou réels (réinventés), nous parlent de l'Irlande et des Etats-Unis, entre le XIXème siècle et aujourd'hui, entre famine et processus de paix. Ses personnages sont soit des Américains en visite en Irlande, soit des Irlandais qui émigrent ou qui rentrent après plusieurs générations. Les récits s'entrecroisent, chaque personnage est attachant à sa manière, c'est bien écrit (et bien traduit), tout ce que j'aime.
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Traduit par Jean-Luc Piningre

Le livre s'ouvre en 2012, sur l'acrobatie de mouettes formées en escadrille près d'un cottage au bord d'un lough. Puis nous basculons au siècle dernier, en 1919 : deux aviateurs rescapés de la Grande Guerre se lancent le défi d'entreprendre le premier vol transatlantique de l'Histoire, sans escale, entre Terre-Neuve et Cork en Irlande. Avant leur départ, ils rencontrent par hasard une journaliste enthousiaste, Emily, qui écrit des papiers pour l'Evening Telegram, accompagnée de sa fille Lottie. Elle les charge de remettre une lettre à sa famille à Cork.
Le chapitre suivant nous transporte une nouvelle fois dans le temps, entre 1845-1846 (époque de la Grande Famine en Irlande) où Frederick Douglass, un esclave américain affranchi, vient présenter ses Mémoires en Irlande, à la demande de son éditeur. Et découvre avec stupeur et gêne un pays où la discrimination est le lot commun des Irlandais sous le joug britannique. Il rencontre une jeune bonne irlandaise: Lily.
Nous faisons de nouveau un bond dans le temps : nous voici en 1998 avec le sénateur Mitchell, observateur pendant le processus de paix en Irlande du Nord. Pour tromper son ennui, il passe la plupart de son temps entre deux avions et se remémore sa rencontre avec une très vieille femme : Lottie.

Je ne vais pas raconter toutes les histoires qui peuplent ce roman très dense, et savamment orchestré, qu'il faut absolument lire jusqu'à la dernière page ! Au début, j'ai cru qu'il s'agissait d'un recueil de novella, genre cher aux Irlandais. Mais non. C'est bien plus subtil que ca.

Colum McCann s'amuse avec délice à promener son lecteur à travers les airs, d'une époque à l'autre (pas forcément de manière chronologique), d'un continent à l'autre, quitte à lui mettre un peu les neurones en capilotade et la tête à l'envers. C'est une lecture exigeante qui vous attend, un roman très détaillé sur chaque époque évoquée, où l'écrivain mêle personnages réels et fictifs, et les lient par des fils ténus à travers l'espace et le temps. Vous allez faire un voyage d'histoires et d'Histoire. Vous comprendrez au fur et à mesure (mais pas forcément immédiatement) l'histoire des personnages, leurs liens familiaux. Tout en pouvant lire presque séparément chaque histoire - je n'ai pas essayé mais je suis presque sûre que ça fonctionne. Ce roman m'a un peu fait penser à Génération, de Paula McGrath, qui vient d'être publié et dont j'ai fait la chronique. le procédé de construction est le même, en plus dense ici.

J'ai particulièrement aimé l'histoire des aviateurs (personnages réels) Alcock et Brown, mais aussi celle Frederick Douglass (qui n'a rien de fictif non plus). Les femmes occupent aussi une place de choix, incarnées par des figures féminines fortes. Elles insufflent une bonne dose d'émotion au roman. Un formidable couple mère-fille, avec les journalistes reporters Emily et Lottie. Un gros coup de coeur pour Lily aussi.

Je connaissais Colum McCann virtuose écrivain de nouvelles (dont le magistral Treize Façons de voir, qui reste dans mon best of). Je découvre Colum McCann romancier, avec ce livre publié en 2013, qui n'est pas mon préféré dans tous les livres que j'ai lus de l'auteur parce que je me suis parfois perdue en route. Mais j'ai quand même beaucoup aimé !
Une plume et une construction virtuoses qui à elles seules méritent le détour. En tout cas, Colum McCann sait vous fait voltiger !
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Comme toujours les petites gens sont à l'honneur. de la poésie, un roman extrêmement bien construit. Agréablement surpris d'y trouver un soupçon de Jonathan Coe. Sans être objectif compte tenu de mon affection pour McCann, je vous le recommande chaudement. J'ai déjà commencé les saisons de la nuit.
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