« L'histoire n'est jamais muette. On a beau se l'approprier, la briser, la couvrir de mensonges, l'histoire de l'homme refuse de se taire. Malgré la surdité et l'ignorance, le temps jadis continue de s'écouler dans le présent. »
Eduardo GALEANO
Oyez oyez braves gens, embarquement immédiat, je répète, embarquement immédiat pour un Transatlantique mémorable et vertigineux. Votre première traversée sans escale sera palpitante, renversante, saisissante. Vous quitterez le Canada pour rallier l'ouest de Galway, à bord de Vickers Vimy, poussé par deux Rolls-Royce. Aux commandes : John Alcock et Arthur Whitten Brown. Deux précurseurs, qu'un célèbre
Charles Lindbergh a quelque peu poussé aux oubliettes.
Alors attachez vos ceintures, ne vous laissez par distraire, enivrez-vous de quelques vapeurs de Jameson, et appréciez ce voyage historique en terres irlandaises, cette étonnante aventure qui ouvre les yeux sur l'histoire de l'Irlande marquée au coin de la tragédie, ses ambiguïtés « ... qui était irlandais, qui était britannique ? Protestant, catholique ? À qui appartient la terre, les maisons incendiées, ces gosses qui crevaient de faim, avec leurs yeux chassieux ? En simplifiant, on comptait deux catégories : les Anglais étaient protestants, et les Irlandais catholiques. Les premiers dominaient, les autres subissaient.», ses immigrés, ses émigrés. Une terre baignée du sang, de la sueur, des pleurs et des joies d'un peuple façonné par les contingences de l'histoire et si résistant à l'adversité.
Une étonnante aventure dans laquelle s'entrelacent lieux, époques et personnages.
En plus de vos deux premiers pilotes, vous ferez la rencontre de Frederick Douglass, esclave noir américain en fuite qui vient convaincre les anglais et irlandais de tout mettre en oeuvre pour abolir l'esclavage, pacifiquement, par la force des idées.
Georges Mitchell, sénateur américain, vous tiendra également compagnie ; il s'est de nombreuses fois rendu en Irlande pour soutenir les accords de paix entre les deux Irlande.
« La paix ne peut se concevoir sans impératifs moraux. Nulle coexistence sans la reconnaissance de toutes les parties. Les exclus du milieu. le dépassement du moi. Pas de supériorité culturelle. Conscience individuelle, responsabilité collective. Et toujours, toujours répéter ce qui devrait être compris depuis longtemps. »
Dans l'Histoire se mêlent les histoires. Ces dernières vous permettront de faire la connaissance de Lily, Emily, Lottie et Hannah, liées par une lettre qu'elles se transmettent de génération en génération. Laissez vous conter ces petites histoires imbriquées, qui seront pour vous autant d'allers et retours entre l'Amérique et l'Irlande, parcourant plus d'un siècle d'Histoire.
Un livre riche. Sur les saccages de l'humanité. Sur ses espoirs aussi.
Conçu à la McCann : magnifiquement. C'est passionnant.
« Brindilles, feuilles et rameaux ramassés çà et là, de petits bouts de catholique, de Britannique, de protestant, d'Irlandais, d'athée, d'Américain ou de quaker qui se croisent et s'entrecroisent à plusieurs années d'intervalle, pendant que les nuages se dispersent dans le ciel derrière lui. »
Et l'envie folle me prend de fouler à nouveau l'île d'Émeraude, d'aller boire une pinte au Dublin's Bridge Bar et de côtoyer ce peuple à la fois si neuf et si ancien, à l'identité forte, au sens inné de l'hospitalité, de la fête et de la musique. le temps d'une année, j'ai flâné et rêvé sur les routes irlandaises, de Dublin à Galway, des comtés de Cork à la région du Donegal, du Sligo de
W.B. Yeats au désert du Connemara, du Kerry à Belfast ... de pubs en pubs, beaucoup.
Transatlantic a ravivé quelques beaux souvenirs.
« L'Irlande, Monsieur, que ce soit pour le bien ou pour le mal, ne ressemble à aucun autre lieu sous le ciel. Nul homme ne peut touché son herbe ou respirer son air sans devenir meilleur ou pire... »
George Bernard SHAW, « La Seconde Île de John Bull », 1945,
Aubier-Montaigne
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