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EAN : 9782823619676
544 pages
Editions de l'Olivier (03/03/2023)
3.96/5   37 notes
Résumé :
Le corps d’une jeune fille abandonné dans la neige, l’épave d’un avion échoué au fond des eaux, un homme en fuite. Autant d’images qui illuminent le nouveau roman de Cormac McCarthy. Des rues de La Nouvelle-Orléans aux plages d’Ibiza, son héros, Bobby Western, conjugue sa mélancolie à tous les temps.
Cet homme d’action est aussi un mathématicien et un physicien, deux disciplines qu’il a abandonnées après la mort de sa sœur Alicia, disparue mystérieusement dix... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Il n'y a encore aucune critique de ce roman, et j'avoue avoir les chocottes de me lancer.
Je laisserai aux lecteur.rices ayant le bagage littéraire et analytique adaptés parler des qualités/défauts de ce nouveau roman de Cormac McCarthy.
Moi je vais tout simplement vous dire ce que cette lecture a été pour moi.

16 années ont passé depuis la publication du dernier roman de Cormac McCarthy. Même si vous ne connaissez pas beaucoup l'auteur, vous avez dû en entendre parler : La Route. Un roman qui a valu à l'écrivain le prestigieux Prix Pulitzer, et qui a eu droit à une chouette (bien que plus légère) adaptation portée à l'écran par John Hillcoat avec le génial Viggo Mortensen. Avant cela, il y avait également eu No Country For Old Man, avec un Javier Bardem fou-furieux. Et avant... Avant il y a eu bien d'autres livres. le Gardien du verger, son tout premier roman, démontrait déjà cette appétence pour une langue syncopée et sauvage, pouvant paraître indomptable, mais à la force évocatrice rare et au ton rugueux mais juste. D'autres romans donc, d'autres oeuvres majeures, parmi lesquels la Trilogie des Confins, une histoire américaine incommensurable et éternelle, ou encore le furieux Méridien de sang, dont les cicatrices sont encore visibles. Ce rapide aperçu pour vous dire que Cormac McCarthy a eu une belle carrière d'écrivain : malgré un démarrage en France raté pour cause de traductions bâclées, il a eu par la suite quelques succès commerciaux ainsi qu'une reconnaissance des libraires, de la presse et des lecteur.rices. Homme discret évitant de parler de son travail, préférant laisser ses romans parler d'eux-mêmes aux lecteur.rices, il est resté fidèle à lui-même, à sa vision de l'Amérique, de son Sud qu'il chérit si tendrement, et à une écriture d'une singularité à la fois déconcertante et inimitable.

Et pourtant, malgré cette carrière bien remplie (qu'on pouvait légitimement penser terminée), les fidèles éditions de L'Olivier publieront demain le premier tome du diptyque des Western (appelons-le comme ça), à savoir le Passager - en mai suivra Stella Maris. Pas loin de 800 pages au total, par un des plus grands auteurs contemporains actuels. Mais après 16 ans d'absence, de discrétion, et surtout, alors que l'auteur vient de fêter ses 90 ans, il est légitime d'être tendu à l'annonce de ce double roman. Et je ne dis pas cela par scepticisme, car je suis un grand admirateur de l'oeuvre de Cormac McCarthy. J'éprouve simplement une petite crainte, celle qu'on éprouve à voir un artiste sortir l'album, le film, ou ici le livre "de trop". Celui qui fait tâche. Celui que l'on craint. Celui qui abime un héritage possible.

Oui, mais.
On parle de Cormac McCarthy.

Deux jours.
J'ai tout suspendu. Même le temps, il me semble, s'est montré enclin à m'accorder cette suspension totale du monde extérieur en voyant que quelque chose de vraiment spécial était en train de se créer entre ce livre et moi.
Deux jours d'une lecture d'abord déconcertante, (tout juste quelques pages...) et rapidement hypnotique, magnétique, effrénée... Transcendante. Et alors que j'ai refermé le livre il y a 5 jours, je n'arrive pas à aller de l'avant. Moi qui d'habitude lis presque livre sur livre, là, je bloque. Je n'arrive pas à enchaîner. Tout me paraît... fade. J'ai seulement envie de reprendre le Passager, admirer encore ce crépuscule sur la couverture, me demander à quoi peut bien penser ce type au t-shirt blanc adossé à ce chêne des sables, et de refaire un tour. Là le titre du livre prend un tout autre sens, personnel, étrangement. Je veux être un passager à bord de cette histoire. L'être encore, encore...

L'histoire, d'ailleurs, pour vous en dire quelques mots, est assez simple. Les grands livres savent faire l'économie d'une trame compliquée ou tarabiscotée. Ici, il est question de Bobby Western, un jeune gars comme vous, comme moi, la trentaine bien tassée, confronté à un deuil impossible. Et puis un jour, alors qu'il fait son boulot, les fédéraux commencent à lui tourner autour. Vous n'avez pas besoin d'en savoir plus. Ensuite, ce n'est que magie et envoutement.

Ce qui me rend dingue à la lecture de ce roman, c'est l'écriture... Mais comment est-ce seulement possible d'écrire comme ça... A CET ÂGE?! Cormac McCarthy a aujourd'hui 90 ans. Quatre-vingt-dix ans (merci à la langue française qui fait vraiment peser chaque année de cet âge). le type a 90 ans et pourtant il écrit avec la fougue d'un jeune homme de 20 ans! Il y a un élan, une tornade qui vous prend d'entrée de jeu et ne vous lâche plus. Ensuite vous êtes emporté.e dans le tourbillon McCarthy, et les heures défilent, et vous êtes là, émerveillé.e, plongé.e dans cette histoire si belle et si intense et si terrible! Et que dire des dialogues? Pas grand chose. Ils sont d'une vraisemblance sidérante, et donne à ce roman ce ton si frais, énergique et dépaysant. Et que dire de la culture personnelle de McCarthy? Dès qu'il aborde un sujet, il le fait comme s'il était calé en tout. Et j'ai l'impression que c'est effectivement le cas. Ça arrive, qu'on sente qu'un auteur a fait des recherches, s'est documenté auprès de spécialistes pour étoffer des réflexions sur un thème particulier, mais ici, tant de maitrise, tant de fluidité, tout paraît sortir de sa tête comme s'il nous racontait les choses les plus élémentaires et simples qui soient. Qu'il parle plongée sous-marine ou physique quantique, qu'il nous dépeigne l'Amérique des Kennedy ou l'apocalypse d'Hiroshima, McCarthy parle en connaissance de cause, avec un ton fascinant et un vocabulaire riche et évocateur, précis, juste. le gars sait de quoi il parle, point barre. Et nous, on ne peut que rester bouche bée et captivé.e par ses histoires.

Je pourrais continuer encore et encore, mais ça n'apporterait rien.
Je veux juste dire que ce roman m'a profondément marqué, et a fait bouger des choses en moi. Des plaques tectoniques se sont mises en mouvement en moi. Je vous parlais de transcendance, j'ai ressenti cela en lisant le Passager. Cormac McCarthy a toujours côtoyé les aspects métaphysiques qui parfois effleurent dans une vie, ici l'histoire de Bobby Western - qui est aussi celle d'Alicia Western, de Long John, de Debby, de Mamy Ellen, de Oiler et du Kid - en est la quintessence, l'aboutissement d'une vie d'écrivain, de fin observateur. Cormac McCarthy est allé au plus profond de l'âme humaine, et en a restitué sa vision, intime, universelle, profondément touchante et déroutante. Et a transformé ça en un joyau.

Le terme est galvaudé, et puis finalement chacun.e a ses propres classiques, et il ne sert à rien de vouloir s'attarder sur la valeur des arguments que chacun.e pourrait avancer pour justifier un choix qui au fond, n'en est pas un. le Passager est pour moi un chef-d'oeuvre car il s'est tout simplement imposé à moi et m'a transformé. Encore une fois, mais ici d'une façon plus forte et importante qu'avec ses textes précédents, Cormac McCarthy me prouve que la littérature est une affaire sérieuse, capable de changer une personne, capable de déplacer des montagnes et des systèmes solaires. Tomber sur des textes ayant cette puissance géologique est rare, et je suis heureux d'en avoir trouvé un nouveau à ajouter à ma collection secrète, je souhaitais seulement vous faire part de mon infini respect pour cet écrivain si singulier, et pour son dernier roman. Je vous souhaite d'être aussi touché que je l'ai été.

Voici le Passager, que l'on doit aux éditions de L'Olivier, dans un traduction impeccable de Serge Chauvin. Ça sort demain, et c'est bouleversant.

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Plusieurs romans se mêlent dans ce livre, métaux en fusion qui se fondent l'un dans l'autre. Des dialogues courent sur des pages entières, conversations de celluloïd dénuées de verbes de parole, bientôt remplacées par des descriptions lyriques rythmées d'énoncés laconiques aux "et" caractéristiques de l'auteur. Il évoque la solitude de l'homme moderne, l'amour qui ronge, la mort qui efface ou souligne la présence absente (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/03/06/le-passager-cormac-mccarthy/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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CORMAC

J'ai été pris d'un vertige avant d'entamer ma lecture. Et si je n'aimais pas ? Si je dézinguais le dernier McCarthy ? le passager ? C'est chiant. Ivresse du buzz à clic.

Mais bon... J'essaie d'avoir mon propre avis. Sans influence. Enfin avec la plus petite part d'influence possible, la plus infime. Je n'ai pas d'esprit de contradiction. C'est con l'esprit de contradiction car c'est la majorité qui dicte ton choix, pour la contrer systématiquement. le systématisme c'est comme une chanson d'Indochine, j'évite.

J'ai taquiné l'idée de pourrir le passager pour conclure que tout le post était du flan et que ce livre était magistral. Mais déjà qu'on m'a souligné que mes post étaient top longs, que cela me coûte en audience, on pourrait rester sur cette première fausse impression.

Ce ne sera pas moi qui portera un coin dans l'unanimisme louangeur qui entoure le dernier livre de Cormac. J'ai aimé. Foutrecouille que j'ai aimé, ‘videmment, mais cela va même au-delà. Ils sont rares finalement les livres, une fois reposés, qui te font dire que tu viens de lire un jalon, l'une de pièces les plus ouvragées de l'échiquier.

Dans une oeuvre qui n'en manque pas, une bibliographie parmi les plus denses et les plus impressionnantes du siècle passé et en-cours. À tel point que La route est peut-être le livre de McCarthy le plus accessible alors que sa dureté et sa noirceur sont abyssales.

Que dire donc ? Déjà abandonner toute idée de cohérence dans ce post et balancer en vrac que le passager est tout à la fois énigmatique et clairvoyant, exigeant et fluide, d'une écriture à l'os et travaillée, soutenue et inventive. Et de rappeler que Cormac a 90 ans et que son livre est d'une affolante modernité et le sera toujours.

Au-delà de l'intrigue, cette maestria narrative de 537 pages est un grand livre sur la folie et le deuil. Bobby Western, héros noir et tragique, amoureux gothique qui ne déparerait pas dans les pages de Poe, portant le deuil de sa soeur aimée (au -delà des bornes communément admises de l'amour fraternel) et sa soeur Alicia morte suicidée dès les premières pages du roman, schizophrène et génie des mathématiques sont les deux faces d'une même pièce qui tournoie sans fin faute de pouvoir s'arrêter sur la tranche.

Cormac est également un dialoguiste hors pair. Dans un tout autre registre, Erri de Luca a le sens inné du dialogue mais là, on touche au sublime. Les répliques fusant entre Alicia et ses hallucinations schizoïdes qui avaient tout pour être d'une profonde et implacable chiantitude relèvent d'une commedia dell'arte alerte et malaisante.

C'est bien cette vista miraculeuse (d'un nonagénaire qui en remontre à nos quinquas flétris, compassés et confits dans une autofiction qui donne ses plus belles lettres à la chiantitude pour le coup) qui fait couler comme un torrent vif et frais les passages sur la mécanique quantiques auxquels je n'ai rien bité ou si peu. Et l'éventail des thèmes abordés par Cormac est étendu : l'assassinat de Kennedy, la plongée en eaux profondes, la nature célébrée sans être mythifiée... Sans tourner à l'effeuillage, au syndrome du catalogue, le « faut que je te bourre tout ça, j'ai fait des recherches merde ! »

Voilà...

Je l'ai fini.

Malgré l'aura imposante, écrasante presque de ce chef-d'oeuvre, on termine ce livre presque apaisé, d'une mélancolie sereine.

J'ai aimé Cormac.

J'aimerais peut-être plus d'autres livres mais il y en aura peu qui me hanteront comme celui-là.

Cormac et ses spectres. Un nécromancien le mec...

Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Je trouve qu'il y a toujours un temps prédéfini pour lire Cormac.

Je m'étais envoyé la trilogie des Confins à un moment où sortir était proscrit, et grâce auquel j'ai vraiment pu m'évader, comme une réponse à l'ambiance si confinée.

Étrangement, c'est en me lançant dans un revival des plus grandes figures du cinéma muet que j'ai décidé de lire le passager, sans même y voir de lien au préalable.

Alice et Robert sont soeurfrère, c'est assez vite compris que la nature de leur relation tape pas dans le plus normal des comportements, ce qui crée déjà en soi une sensation de malaise.

Et il faudra un certain temps, voire une centaine de pages, à rentrer dans cette densité de l'écriture, ce sol en béton fait de plaques épaisses de paragraphes où s'entremêlent narration cynique, sans espoir, aux dialogues non ponctués certifiant punchlines sur pulsations cardiaques intensifiées.

Au panthéon des écrivains encore vivants, McCarthy est un dieu de l'ombre, magicien inventant de lui-même une couleur qui lui est propre, noire lumineuse où, passé la complexité du style on aime autant à s'y complaire sans pour autant étancher cette soif de.

Alternance de chapitres entre cours de physique cantique contemporaine à Oppenheimer, jusqu'aux entretiens intellectuels glauques d'Alice et du Kid - son terrier mental foisonnant d'amis imaginaires compris, rendent ainsi grâce à l'auteur.

C'est par son nihilisme assumé que McCarthy magnifie l'Humanité. jusque dans ses thématiques borderlines avec lequel il aime tant jouer (parce que oui j'estime que Cormac est un gosse de 90 balais, surdoué et lucide comme pas deux).

Ce genre de romans qui donnent l'impression de toucher le Ciel, redécoré pour l'occasion par un néophyte des Profondeurs de l'Enfer.

Wah.
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On ne va pas raconter l'histoire (Marie Darieusseq le fait très bien dans le Monde du 1/3/23).

Un mot sur le style stupéfiant de ce roman. (J'ai souvent eu envie de consulter le texte anglais pour savoir comment le traducteur était parvenu à restituer en français une langue aussi ésotérique). On dirait, passé au blender, un mélange de Shakespeare, Milton, Céline et San Antonio, sans oublier Faulkner et Joyce, pourquoi pas. Dit comme ça, ça reste très vague, bien sûr, mais que cela ne vous empêche pas de vous lancer : on ne s'arrête pas. La magie opère, même si c'est parfois un peu fatigant de suivre certaines élucubrations visionnaires de personnages hallucinés par d'autres personnages, qui passent d'une sphère mentale à une autre. Les situations émergent presque exclusivement des dialogues. Ceux-ci sont souvent brutaux, argotiques, imprégnés de gnôle, laquelle pousse au délire verbal. Mais la profondeur des pensées affleure toujours du fatras d'images. Deux passions irréductibles sauvent l'âme de ce damné qu'est Western, le héros très viril du roman : son amour démesuré pour une soeur morte très jeune et pour la physique des particules. C'est ce qui le met en fuite vers nulle part et en fait un passager, lui qui se croit poursuivi par le passager manquant d'un avion échoué en mer dont il a eu pour mission d'explorer l'épave. Bon, à part ça il y a des trésors, des poursuites, des menaces, des morts, des paysages, un peu d'histoire américaine et de la solitude, une grande solitude. Quand le narrateur décrit, ça donne ce genre de vision : "... il s'aventurait dans l'eau noire caressante et plongeait et nageait par-delà la crête des vagues lentes et il se retournait et se laissait flotter sur la houle et contemplait les étoiles dont quelques-unes s'arrachaient à leurs amarres et parcouraient la grande salle du minuit dans leur chute d'une ténèbre à l'autre." (p.533).
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critiques presse (8)
LaLibreBelgique
08 mars 2023
Cormac McCarthy déploie alors des dialogues aussi percutants que savoureux, où il ne craint pas de multiplier les sujets ni de se/nous confronter à l’essentiel. Solitaire mais non misanthrope, Bobby est capable d’empathie, et on peut compter sur lui pour regarder la réalité en face.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesEchos
07 mars 2023
Après seize années de silence, l'immense auteur de « La Route » est de retour avec « Le Passager », premier volet d'un diptyque consacré aux Western, un frère et une soeur tourmentés par leur filiation avec un père qui fabriqua la bombe. Une narration éclatée, énigmatique et souvent fulgurante.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Marianne_
07 mars 2023
Son précédent roman crépusculaire, « La Route », avait connu un succès planétaire – et une adaptation au cinéma. À 89 ans, le romancier américain revient avec le mystérieux et sinueux « Le Passager ».
Lire la critique sur le site : Marianne_
LesInrocks
06 mars 2023
Avec “Le Passager”, l’écrivain américain le plus secret livre le premier volet, décevant, d’un diptyque autour d’un frère et une sœur.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LeFigaro
02 mars 2023
Seize ans après La Route, l’écrivain américain revient avec Le Passager, premier volet d’un diptyque crépusculaire.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
02 mars 2023
L’écrivain américain signe son premier roman depuis « La Route », en 2008. Il y déploie un récit à haute énergie, sombre et mystérieux.
Lire la critique sur le site : LeMonde
SudOuestPresse
27 février 2023
Quinze ans après « La Route », Cormac McCarthy entraîne un héros solitaire et désabusé dans un périple improbable avec son chat et sa vieille Maserati.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Bibliobs
27 février 2023
Le retour de Cormac McCarthy, le plus grand dialoguiste du roman américain.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
C’est pas joli à voir. Y a tellement de vaisselle dans l’évier qu’il faut sortir pour aller pisser. (p.315)
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Ce fut peut-être un chien qui la réveilla. Un son sur la route dans la nuit. Puis le silence. Une ombre. Quand elle se retourna il y avait une créature à sa fenêtre. Accroupie sur le rebord avec des mains crispées comme des serres sur ses genoux, ricanant, la tête pivotant lentement. Des oreilles d’elfe et des yeux froids comme des calots de pierre dans la lumière au mercure du réverbère si crue sur la vitre. La chose bougea et se retourna. Une queue de cuir glissa sur ses pieds de lézard. Les yeux aveugles la traquèrent. La tête dodelinant sur son cou maigrelet enserré dans un collier de métal noir. Elle suivi ce regard sans paupières. Une présence dans les ténèbres par-delà la lucarne. Le souffle du néant. Une noirceur sans nom ni mesure. Elle enfouit le visage dans ses mains et murmura le nom de son frère.
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Oppenheimer était un fumeur compulsif à la toux chronique et aux dents gâtées. Il avait des yeux d’un bleu frappant. Et un curieux accent. Presque irlandais. Il était bien habillé mais ses vêtements tombaient mal. Il ne pesait rien. Si Groves l’avait embauché, c’est parce qu’il ne se laissait pas intimider. Rien de plus. Beaucoup de gens très brillants pensaient voir en lui l’homme le plus brillant jamais crée par Dieu. Drôle de type, ce Dieu.
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Dans les années à venir il parcourrait la plage presque chaque jour. Parfois la nuit il s'allongerait sur le sable sec en bordure de la laisse et tels les capitaines d'antan il scruterait les étoiles. Peut-être dans l'espoir de tracer sa route. Ou de déchiffrer quel projet aurait la faveur des astres dans leur lente reptation à travers l'immensité noire et éternelle. Il gagna le point d'où on apercevait les lumières de Figueretas disséminées sur le rivage d'en face. Le clapotement de la mer noire. Il retroussa son pantalon jusqu'aux genoux et s'aventura dans l'eau. La côte de Caroline par une nuit semblable. Les lumières de l'auberge et le long de l'allée. Son souffle sur sa joue quand elle l'embrassa pour lui souhaiter bonne nuit. La terreur qui lui saisit le cœur.
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Il descendit la rue et franchit la voie ferrée. La rougeur du soir dans le verre des immeubles. Très haut dans le ciel un minuscule et tremblant vol d'oies sauvages. Qui traversaient à gué l'ultime vestige du jour dans l'air raréfié. En suivant le tracé du fleuve en contrebas. Il s'attarda au-dessus de l'enrochement. Pierraille et pavés brisés. La lente spire de l'eau qui passe. Dans la nuit à venir il songea que des hommes s'assembleraient dans les collines. Alimentant leurs maigres feux des actes et des pactes et des poèmes de leurs pères. Autant de documents qu'ils ne sauraient plus lire dans ce froid à en dépouiller les hommes de leur âme.
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Videos de Cormac McCarthy (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cormac McCarthy
« Toute lecture digne de ce nom se doit d'être absorbante et voluptueuse. Nous devons dévorer le livre que nous faisons, être captivés par lui, arrachés à nous-mêmes, et puis sortir de là l'esprit en feu, incapable de dormir ou de rassembler ses idées, emporté dans un tourbillon d'images animées, comme brassées dans un kaléidoscope. » Cette citation de Robert Louis Stevenson, l'auteur de L'Île au Trésor, est le début d'un texte qui célèbre l'art du roman épique, et que l'on peut retrouver dans une série d'Essais sur l'art de la fiction, passionnante somme de réflexions sur la littérature d'aventures. Un genre dans lequel excelle notre invité du jour, Pierre Lemaitre, que nous avons eu la chance de recevoir à Dialogues à l'occasion de la parution de son roman le Grand Monde. Au fil de notre échange, il nous fait entrer dans son atelier d'écrivain, évoque la façon dont se construisent ses romans, et nous livre même quelques conseils de lectures ! Et pour terminer cet épisode, nous partons à la rencontre de nos libraires, qui nous parlent de quelques romans d'aventures inoubliables à avoir absolument dans sa bibliothèque.
Bibliographie :
- le Grand Monde, de Pierre Lemaitre (éd. Calmann-Lévy) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20145088-le-grand-monde-pierre-lemaitre-calmann-levy
- Les Rougon-Macquart, d'Émile Zola (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/247912-les-rougon-macquart-1-le-ventre-de-paris-his--emile-zola-gallimard
- Les Buddenbrook, de Thomas Mann (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/288802-les-buddenbrook-le-declin-d-une-famille-le-d--thomas-mann-le-livre-de-poche
- U.S.A., de John Dos Passos (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/15821178-1-usa-42e-parallele-trilogie-u-s-a-i-john-dos-passos-folio
- Blackwater, de Michael Mc Dowell (éd. Monsieur Toussaint Louverture) https://www.librairiedialogues.fr/serie/blackwater/84979/
- Les Misérables, de Victor Hugo (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/11354695-les-miserables-victor-hugo-folio
- Les Trois Mousquetaires, d'Alexandre Dumas (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/60125-les-trois-mousquetaires-alexandre-dumas-gallimard
- Vingt ans après, d'Alexandre Dumas (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/133400-vingt-ans-apres-alexandre-dumas-folio
- le Vicomte de Bragelonne, d'Alexandre Dumas (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/502953-1-le-vicomte-de-bragelonne-alexandre-dumas-folio
- Ce qu'il advint du sauvage blanc, de François Garde (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/4134896-ce-qu-il-advint-du-sauvage-blanc-francois-garde-folio
- Les Cormorans, d'Édouard Jousselin (éd. Rivages) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16461698-les-cormorans-edouard-jousselin-rivages
- Méridien de sang, de Cormac McCarthy (éd. de l'Olivier) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18431135-meridien-de-sang-ou-le-rougeoiement-du-soir-dan--cormac-mccarthy-editions-de-l-olivier
- Michel Strogoff, de Jules Verne (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/476214-michel-strogoff-jules-verne-le-livre-de-poche
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