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EAN : 9788950001636
Livraphone (09/01/2009)
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3.86/5   623 notes
Résumé :
Un matin, à la frontière du Texas et du Mexique, un homme tombe par hasard sur les traces d’un carnage : des cadavres, un agonisant, des armes, de l’héroïne, et plus de deux millions de dollars en liquide.
L’auteur de cette macabre découverte se nomme Llewelyn Moss. En empochant l’argent, il sait qu’il se met en danger. Mais il ignore la nature exacte des puissances qu’il a reveillées. Elles prennent la forme d’une horde sauvage composée d’hommes de sac et de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (73) Voir plus Ajouter une critique
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sur 623 notes
Parti chasser près de la frontière mexicaine dans le sud-ouest du Texas, le trentenaire Llewelyn Moss tombe sur un drôle de tableau : plusieurs cadavres criblés de balles autour de véhicules tout-terrain, l'un encore bourré de briques d'héroïne. Des traces de sang le conduisent un peu plus loin, auprès d'un dernier corps. L'homme n'a pas survécu à ses blessures et gît auprès d'une sacoche emplie de liasses de billets. Ebloui par cette soudaine chance d'offrir une nouvelle vie à sa jeune compagne Carla Jean, Moss s'empare de cette petite fortune, près de deux millions et demi de dollars. Il ne se doute pas encore du guêpier dans lequel il vient de se fourrer. Sa tête mise à prix par les trafiquants, il doit prendre la fuite, divers poursuivants aux trousses.


L'homme engagé par la mafia pour récupérer l'argent est un ancien lieutenant colonel de la guerre du Viêt Nam, reconverti tueur à gages. Un enfant de coeur comparé au second chasseur de primes qui s'est mis sur les rangs : le psychopathe Anton Chiguhr. Totalement incontrôlable dans son approche sacerdotale des missions mortelles qu'il entreprend, cet électron libre, si déterminé, froid et implacable dans sa violence sans affect qu'on le dirait programmé au meurtre comme une machine impossible à arrêter, ne tarde pas à apparaître comme une véritable incarnation du mal. Au point de faire douter le vieux shérif Ed Tom Bell, ancien combattant de la seconde guerre mondiale qui pensait avoir exorcisé ses lancinants souvenirs en endossant l'étoile du redresseur de torts, protecteur de la veuve et de l'orphelin, mais qui se sent de plus en plus dépassé par la violence des nouvelles formes de criminalité.


Tandis que Bell, réduit au rôle de figurant impuissant à empêcher un drame annoncé, suit chaque nouvelle étape de cette course poursuite sans merci, ses commentaires désespérés sur la glissade du monde vers un avenir de plus en plus noir, apocalyptique à considérer cet espèce d'antéchrist ou d'ange exterminateur que lui semble le monstrueux Chiguhr, viennent souligner de leur vision crépusculaire ce roman d'action hyperviolent, semés de cadavres troués comme des passoires par des armes ultra-puissantes, symboles obsessionnels d'une Amérique moderne en perdition.


Adapté au cinéma par les frères Cohen, ce polar noir et violent est aussi un western contemporain à rebours du rêve américain. Ode au parler texan aussi difficile à traduire en français que son titre, tiré d'un vers de Yeats et tellement plus percutant en anglais, sans doute séduira-t-il davantage les amateurs d'action et de dialogues taillés pour l'écran, que les amoureux du raffinement de la pensée et de la beauté stylistique. N'empêche, ses pages sont de celles qui tournent d'elles-mêmes, habitées par un vieil homme désemparé de voir tous ses principes balayés par la violence de l'Amérique d'aujourd'hui.

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Tout commence par un silence. Moteur éteint, il regarde dans le viseur de son arme. Un truc qui a attiré son attention. Un vautour vole au-dessus en faisant des ronds dans le ciel. Un silence de morts. Au pluriel, les morts, quatre pick-up en plein désert, et encore plus de cadavres. Sous un soleil de plomb et une terre de poussière, ce pays a toujours soif de sang.

Une histoire de drogue qui a mal tourné, regarde autour, tu trouveras le magot. Suivre l'odeur de l'argent. Et hop une mallette remplie de billets. Que faire, dans ce désert, dans ce silence, avec tous ces morts autour de soi. Embarque la mallette et rentre chez toi…Invite ta femme au diner, double steaks and bacon et bières à flot.

Mais voilà, je vais faire une connerie, j'en suis sûr, alors j'y retourne le lendemain sur les lieux de ce carnage. Je le sais, une évidence, pourtant j'y suis attiré par ce silence, comme je le serais par une brune sur un comptoir. Et c'est donc là que les emmerdes sérieuses commencent. Une chasse à l'homme d'une incroyable violence, les corps continuent de s'effondrer dans cette poussière. Fait original, un trou entre les deux yeux mais aucune trace de balle… Intéressant… Sauf pour le shérif de ce bled… un type trop vieux pour ces conneries, un type fatigué qui pense que ce pays n'est plus fait pour lui..

Le roman de Cormac McCarthy, comme l'excellent film des frères Coen, possède un côté je-ne-sais-quoi de mystique, dans la violence presque incompréhensible d'un tel pays. Une violence gratuite que rien ni personne ne saurait arrêter, c'est ça le monde dans lequel nous vivons, un monde de sang et de poussière, une terre qui a soif de sang, pendant que moi j'ai tout simplement soif. Deux bières…
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Oh que non, ce pays n'est pas pour le vieil homme, même pas pour ce vieux shérif qui en a vu pourtant mais finira par s'avouer vaincu face au déferlement de violence sans fin, sans morale et sans signification dans laquelle il voit son pays basculer.

Thème récurrent de l'oeuvre de McCarthy, la violence intrinsèque de l‘Amérique n'a jamais été aussi bien exprimée que par lui, à travers ses histoires d'une implacable brutalité (ici le trafic de drogues, ou encore la sanglante conquête de l'Ouest dans « Méridien de sang », sans compter le monde apocalyptique de « la route ») et grâce à son style inimitable, ses phrases tranchantes, ses dialogues non ponctués qui laissent l'impression étrange d'être prononcés en silence.

Encore une fois j'ai été envoutée par l'univers qu'il met en place, un univers dérangeant fait de grands espaces et de motels improbables dans lequel c'est le sang versé en abondance qui sert de liant entre des humains secs de toute humanité.
« No country for old men » est un road movie fascinant qui révèle sans concession le visage le plus noir des Etats-Unis.
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Celui-là a attendu son tour un bon moment dans ma Pile à Lire. J'étais vaguement agacé par cette couverture qui se croit obligée de renvoyer au film et à ses oscars (au demeurant mérités) pour pouvoir vendre le livre. Honnêtement, j'appréhendais aussi le moment de me replonger dans l'écriture de McCarthy : j'avais beaucoup aimé de si jolis chevaux, et pris une vraie claque avec La Route, mais en revanche Méridien de sang ne m'avait pas convaincu. Et puis ces dialogues déroutants, sans ponctuation ni locuteur... Bref, j'ai fini par m'y mettre. Et il m'a été impossible de le lâcher.
C'est un polar violent, incontestablement, et aussi un western très sombre. Mais McCarthy interroge surtout l'identité américaine à travers son récit. Tous les personnages sont des vaincus, sauf peut-être ce tueur étrange et insaisissable, qui se présente comme le bras armé du destin et exécute ses victimes au pistolet d'abattoir (tout un symbole...). Même le vieux shérif est du côté des perdants. Il est le seul dont on entende la voix, dans de brefs chapitres à la première personne, qui sont aussi les seuls du livre à être numérotés. Comme si ces chapitres-là relataient la tentative d'un homme pour re-construire son histoire individuelle et lui donner un sens, quand tout le reste du livre déconstruit dans le sang l'histoire du rêve américain.
Ce personnage du shérif Bell, confronté à un univers de violence froide et implacable qu'il ne comprend plus, m'évoque furieusement le John Wayne vieillissant qu'on peut trouver parmi les derniers films de John Ford, probablement les plus beaux, comme La Prisonnière du désert. Chez McCarthy aussi, les héros sont amers, désemparés devant ce que le monde est devenu. Et il est temps pour eux de passer la main, parce qu'en face se dresse un monstre contre lequel ils ne peuvent plus rien.
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Beaucoup de cadavres et de blessures dans ce polar dur, dans un Texas aux prises avec le trafic de drogues et les règlements de compte, sans compter un tueur psychopathe qui a assassiné un policier.

Pour le vieux shérif, le pays n'est plus ce qu'il était, avec les trafiquants de drogues… mais il dit aussi qu'il y a pire, pour la drogue, il y a des clients, des hommes bien habillés, un grave symptôme de la transformation de la société.

J'avais beaucoup aimé « La route » de McCarthy, j'avais donc beaucoup d'attentes, même si le sujet était très différent. Au final, un peu de déception, des personnages qui ne m'ont pas beaucoup touchée.

Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme, mais il n'est pas pour moi non plus !
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critiques presse (1)
LePoint
16 juin 2023
Dans ce roman noir, d'autant plus célèbre qu'il a été porté à l'écran par les frères Coen avec une virtuosité à couper le souffle, McCarthy raconte l'histoire d'une vente de drogue qui tourne mal et d'un pauvre hère qui croit pouvoir voler impunément des narcotrafiquants.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
Je crois que si on était Satan et qu’on commençait à réfléchir pour essayer de trouver quelque chose pour en finir avec l’espèce humaine ce serait probablement la drogue qu’on choisirait. C’est peut-être ce qu’il a fait. J’ai dit ça à quelqu’un l’autre matin au petit-déjeuner et on m’a demandé si je croyais en Satan. J’ai dit c’est pas de ça qu’il s’agit. Et on m’a répondu je le sais mais t’y crois ? Il a fallu que je réfléchisse. Sans doute que j’y croyais quand j’étais jeune. Arrivé à la quarantaine j’étais un peu moins ferme dans mes convictions. À présent, je recommence à pencher de l’autre côté. Il explique pas mal de choses qui n’ont pas d’autre explication. Qui n’en ont pas pour moi.
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On dit que les yeux c'est les fenêtres de l'âme. Je me demande de quoi ces yeux-là étaient les fenêtres et je crois que j'aime mieux ne pas le savoir. Mais il y a un peu partout une autre vision du monde et d'autres yeux pour le voir et on y va tout droit. Ça m'a amené à un moment de ma vie auquel j'aurais jamais pensé que j'arriverais un jour. Y a quelque part un prophète de la destruction bien réel et vivant et je ne veux pas avoir à l'affronter. Je sais qu'il existe. J'ai vu son œuvre. Je me suis trouvé une fois en face de ces yeux-là. Et je ne recommencerai pas. Et je ne vais pas pousser tous mes jetons sur le tapis et me lever pour le défier. Ce n'est pas seulement à cause de mon âge. je voudrais bien que ce soit ça la raison. Je ne peux même pas dire qu'il s'agit de savoir à quoi on est prêt. Parce que j'ai toujours su qu'il faut être prêt à mourir rien que pour faire ce métier. Ça a toujours été vrai. Ce n'est pas pour me vanter ni rien mais c'est comme ça. Si t'es pas prêt ils le sauront. Ils le verront. En un clin d'œil. je crois plutôt qu'il s'agit de savoir ce qu'on accepte de devenir. Et je crois qu'il faudrait jouer son âme. Et ça je ne le ferai pas. Je pense à présent que je ne le ferai sans doute jamais.
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Le portier de nuit s'est fait tuer. Le pire coup de poisse qu'on peut avoir, je dirais. Il a reçu une balle perdue.
Où l'a-t-il reçue ?
Juste entre les deux yeux.
Ils entrent dans le hall et s'arrêtent. On a jeté des serviettes par-dessus le sang sur le tapis derrière le bureau mais le sang a traversé les serviettes. Il n'a pas été tué par balle, dit Bell.
Qui n'a pas été tué par balle.
Le portier de nuit.
Pas été tué par balle ?
Non shérif.
Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
Vous recevrez le rapport du labo et vous verrez.
Qu'est-ce que vous êtes en train de me dire Ed Tom ?
Qu'ils lui ont percé la cervelle avec une Black & Decker ?
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J'ai envoyé un homme à chambre à gaz à Huntsville. Un seul et rien qu’un. C’est moi qui l'ai arrêté et il a été condamné sur mon témoignage. Je suis allé là-bas et je lui ai rendu visite deux ou trois fois. Trois fois. La dernière c'était le jour de son exécution. Je n'étais pas obligé mais j'y suis allé. Sûr que ça ne me disait rien. Il avait tué une gamine de quatorze ans et je peux dire et il n'y a aucun doute là-dessus que je n'avais pas tellement envie d'aller le voir et encore moins d'assister à son exécution mais je l'ai fait. Les journaux parlaient de crime passionnel et lui voilà qu'il me dit que ça n'a rien à voir avec la passion. Il sortait avec cette gosse. Une jeunesse. Lui il avait dix-neuf ans. Et il m'a dit qu'il avait prévu de tuer quelqu’un depuis plus longtemps qu'il pouvait s'en souvenir. II disait que si on le relâchait il recommencerait. Il disait qu'il le savait qu'il irait droit en enfer. C'est ce qu'il m'a dit je l'ai entendu de sa propre bouche. Je ne sais pas comment il faut comprendre ça. Bien sûr que je n’en savais rien. J’ai pensé que je n'avais jamais vu quelqu’un de pareil et je me suis dit que c'était peut-être une nouvelle espèce. J'ai regardé quand ils l'ont attaché sur le siège et qu'ils ont refermé la porte. Il avait peut-être l'air un peu nerveux mais c’était à peu près tout. Je crois vraiment qu'il savait qu’il allait se retrouver un quart d'heure après en enfer. J’en suis persuadé. J'ai beaucoup réfléchi là-dessus. C'était facile de lui parler. Il m'appelait Shérif. Mais je ne savais pas quoi lui dire. Quoi dire à un type qui de son propre aveu n’a pas d'âme? À quoi bon lui parler? J’ai pas mal réfléchi à tout ça. Mais lui c'était rien comparé à ce qui allait nous tomber dessus.
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Et les plus gros problèmes signalés c’étaient des trucs comme parler en classe et courir dans les couloirs. Mâcher du chewing-gum. Copier en classe. Des trucs du même tabac. Alors les enseignants en question ont pris un formulaire vierge et en ont imprimé un paquet et ont envoyé les formulaires aux mêmes établissements. Quarante ans plus tard. Voici quelques-unes des réponses. Les viols, les incendies volontaires, les meurtres. La drogue. Les suicides. Alors ça m’a fait réfléchir. Parce que la plupart du temps chaque fois que je dis que le monde part à vau-l’eau on me regarde avec un sourire en coin et on me dit que je vieillis. Mais ce que je pense à ce sujet c’est que quelqu’un qui ne peut voir la différence entre violer et assassiner des gens et mâcher du chewing-gum a un problème autrement plus grave que le problème que j’ai moi.
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Il y a des petits feux partout
Il est inondé
Il est recouvert de cendres
Tous les sols sont craquelés

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