«
Betty » est une histoire familiale, racontée du point de vue d'une des enfants : c'est ce que met en avant la quatrième de couverture, qui parle d'un récit des mystères de l'enfance et de la perte de l'innocence. C'est exact, mais c'est beaucoup plus que cela.
Dès le début du premier chapitre, la narratrice cadre le récit : « Devenir femme, c'est affronter le couteau. C'est
apprendre à supporter le tranchant de la lame et les blessures.
Apprendre à saigner. Et malgré les cicatrices, faire en sorte de rester belle et d'avoir les genoux assez solides pour passer la serpillière dans la cuisine tous les samedis. » Et quelques lignes plus loin : « Je me souviens de l'amour incandescent et de la dévotion autant que de la violence. »
Dans la même veine, vers la fin du roman, Flossie, une des soeurs de
Betty, lui dit : « La vérité, c'est qu'on a été
maudites à l'instant où on est nées filles. Maudites par notre sexe lui-même et par le sexe en général. » La question de la violence à l'égard des femmes traverse tout le roman et concerne toutes les femmes qui y apparaissent.
Une autre dimension est celle du racisme, à travers le vécu de
Betty (et un peu de son père). Il y a encore le constat que lorsqu'on vit dans une famille pauvre, la formation scolaire est difficile et on n'a d'autre perspective que des boulots peu valorisants.
C'est un roman fort où l'autrice réussit à décrire la richesse des relations entre les enfants, y compris quand elles sont dures, et des relations avec la nature, souvent dans un langage poétique. Elle fait aussi très bien sentir la fragilité des personnages, la proximité de la folie parfois. Face à cela, le merveilleux, les
histoires de Landon en particulier sont un peu des bouées.
Betty dit à un moment : « Non seulement papa avait besoin que l'on croie à ses histoires, mais nous avions tout autant besoin d'y croire aussi. »
On ajoutera que l'autrice met aussi en avant le rôle de l'écriture et d'autres expressions comme le dessin que pratique son frère Trustin. Elle parle sans doute autant d'elle-même que de son personnage quand elle écrit : « Si la douleur était mon sujet, l'amour ne l'était pas moins. » C'est bien de cela qu'il s'agit dans «
Betty ».
Lien :
https://clubdelecture.tubize..