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4,01

sur 1234 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
°°° Rentrée littéraire 2022 # 14 °°°

Tout intrigue dans ce roman de l'auteure du formidable Betty ( gros coup de coeur de la rentrée littéraire 2020 ). A commencer par sa mise en action initiale. En 1984, le père du narrateur, ( procureur hanté par des affaires qui ébranlent sa foi en la justice ) lance une surprenante invitation parue dans un journal local : il invite le Diable dans sa petite ville de l'Ohio. Et c'est Sal, jeune noir de 13 ans aux yeux d'un vert détonnant qui débarque dans sa salopette crasseuse et se présente comme étant le Diable.

A partir de là, Tiffany McDaniel déroule un drôle de conte très sombre qui détraque complètement la communauté de Breathed. L'arrivée de Sal coïncide avec l'irruption brutale d'une canicule qui semble circonscrite à la ville, accompagnée d'une multiplication d'incidents et accidents suspects, faisant fondre le bon sens de chacun. La narration est confiée au fils du procureur, Fielding, vieil homme qui avait 13 ans lors de l'été fatidique; il s'était lié d'amitié avec Sal que sa famille avait accueilli comme enfant perdu. Et on sent très vite à son ton à la fois triste et empreint de culpabilité que le récit va se précipiter en tragédie … qui plus avec des chapitres qui démarrent systématiquement avec une citation du Paradis perdu de John Milton.

Sal est peut-être le Diable avec sa capacité troublante à déceler le malheur chez les autres. Ou est-il juste un enfant pourvu d'une éloquence hors norme qui le fait s'exprimer à coups de paraboles poétiques et sages. La réponse importe finalement assez peu, même si on se la pose tout le long. En fait, il incarne avant tout la figure de l'étranger ( un peu comme dans Théorème de Pasolini ) qui agit comme révélateur des colères et frustrations de chacun.

L'auteure utilise le cadre de la petite ville pour évoquer de grands maux de la société occidentale : racisme, homophobie, maltraitance des enfants, obscurantisme, fanatisme religieux, hystérie collective. de nombreux et vastes thèmes sont ainsi embrassés. Sans doute trop, le récit ramant par moment à supporter leur poids. Mais à chaque fois, Tiffany McDaniel parvient à surprendre le lecteur, happé par les nombreux rebondissements ou directions que prend le roman de façon très inattendue. On oublie ainsi quelques fragilités scénaristiques, comme par exemple la gestion de l'ancrage temporel : les événements sont censés se dérouler en 1984 mais on a plutôt l'impression d'être dans un roman d'Harper Lee dans les années. de plus, le narrateur est censé raconter depuis les années 2050 … mais c'est comme si on était toujours dans les années 1950.

Ce qui est sûr, c'est que les personnages, principaux ou secondaires, sont exceptionnels, vivants et originaux avec leurs excentricités particulières. J'ai adoré celui de la mère, Stella, sans doute celui qui a la plus belle caractérisation psychologique et qui connait une superbe évolution, elle la séduisante mère au foyer qui se confine chez elle de peur de la pluie. Tous incarnent des archétypes sociétaux qui vont exploser à mesure que le drame se fait jour.

Et puis il y a ce talent d'écriture qui éclate à chaque page, cette narration lyrique et poétique qui laisse un impact émotionnel fort. Tiffany McDaniel structure incroyablement ses phrases, tissant ensemble des pensées complexes avec un décalage juste, utilisant des métaphores dont l'imprévisibilité vous cueille :

« Tu sais, Fielding, le problème, quand on casse une chose à laquelle personne ne pense vraiment, c'est que cela multiplie les ombres. Quand le bol était intact, c'était une ombre. Une ombre unique. Maintenant, chaque morceau va avoir son ombre à lui. Mon Dieu, ça fait tant d'ombres. de petits éclats d'obscurité qui paraissent soudain plus grands que le bol l'a jamais été. C'est le problème des choses qui se brisent. La lumière meurt de nombreuses petites façons, et les ombres … eh bien, c'est toujours elles qui gagnent gros à la fin. »

Betty était un immense coup de coeur. L'été où tout a fondu est sans doute moins abouti mais tout aussi intense, conte agité de passions sombres, puissant roman initiatique sur la perte de l'innocence d'un adolescent qui a vu son paradis familial voler en éclat en un été, et qui ne s'en ai jamais remis.
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Voilà un livre que je me promettais de lire depuis que j'ai découvert l'auteure avec "Betty", il y a tout juste un an. "L'été où tout a fondu" a écrit avant "Betty", contrairement à ce que je croyais, ce qui explique peut-être certains aspects un peu moins aboutis. Mais ne boudons pas notre plaisir, les personnages de ce roman sont tout aussi touchants ou détestables, et l'atmosphère est indéniablement prenante. D'ailleurs, j'ai eu très chaud pendant ma lecture, quelle idée aussi de lire un bouquin avec un titre pareil alors qu'il fait plus de 30° dehors ! Heureusement, contrairement aux habitants de Breathed, j'avais de la crème glacée à disposition dans mon congélateur.

Car oui, cette histoire se déroule dans le même bled paumé de l'Ohio que "Betty". Et ce n'est pas la seule similitude que j'ai relevée entre les deux romans. Ici aussi, le personnage principal est un adolescent en proie au racisme et aux préjugés, la mère est légèrement névrosée (mais bien plus sympa quand même !), et le papa raconte des histoires pour faire passer des messages de tolérance et d'humanité. Et l'écriture est également pleine de poésie, mais aussi de passages très noirs où la cruauté (et la bêtise) de certains humains est exposée sans fard.

L'histoire en deux mots, au cas où vous n'auriez pas encore lu les 170 critiques publiées ici : en 1984, Autopsy Bliss, procureur de son métier et père de deux garçons, lance une invitation au diable à se présenter chez lui. Surprise, c'est un gamin noir en salopette débraillée et pourvu de magnifiques yeux verts qui débarque. Personnellement je l'ai trouvé absolument craquant, et la famille Bliss n'a pas tardé à lui faire une place au sein du foyer, d'autant plus qu'il a le même âge que Fielding, leur plus jeune fils, le narrateur. Mais l'arrivée de Sal va entraîner des réactions en chaîne dans la population, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ne vont pas tous lui réserver un accueil aussi enthousiaste que les Bliss... Et la canicule qui va coïncider avec cette apparition va évidemment échauffer les corps et les esprits.

L'histoire est racontée par Fieding âgé de plus de 80 ans, qui se remémore cet été de sa jeunesse, entrecoupant le récit d'incursions dans le reste de sa vie jusqu'en 2050. Mais la plus grande partie de l'histoire se déroule sur quelques semaines. D'ailleurs très honnêtement, je n'ai pas trop vu de différences en terme de vie quotidienne entre 1984 et 2050, il n'y a pas grand-chose qui aurait changé. Peut-être l'auteure n'a-t-elle pas voulu développer l'aspect "futur" ? Mais après tout, j'y ai à peine prêté attention pendant ma lecture, j'étais plutôt focalisée sur les personnages lors de ce fameux été. Par contre j'ai trouvé quTiffany McDaniel a parfaitement su faire monter la tension dans cette petite ville écrasée de chaleur, où les tempéraments de chacun vont s'exacerber, faisant parfois ressortir ce qu'il y a de pire dans l'être humain. Et Sal ne va pas être le seul à pâtir de la vindicte populaire. Comment l'influence d'un seul homme blessé par la vie et animé d'un esprit de revanche va parvenir à retourner le cerveau de presque toute une population, le mécanisme est vraiment bien démonté, c'est tout-à-fait plausible.

Mais Sal est-il vraiment le diable, ou juste un gamin ...tombé du ciel ? Je vous laisse le découvrir...
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1984, petite ville de Breathed, perdue dans le sud de l'Ohio. le procureur Autopsy Bliss, depuis quelque temps ébranlé dans ses certitudes sur le Bien et le Mal, publie une annonce dans le journal local, invitant le Diable en personne à venir lui rendre visite. le lendemain, Sal, un jeune garçon de 13 ans, Noir aux yeux verts, se présente devant le tribunal. Ce gamin maigrichon, le Diable, vraiment ? Les gens croient d'abord à une blague de mauvais goût, à un enfant en fugue et/ou à la recherche d'un endroit où il serait bien accueilli. Mais les recherches du shérif pour retrouver ses parents ne donnent rien, et des événements étranges commencent à se produire dans la région. En particulier cette chaleur suffocante (infernale, sans doute), qui provoque sécheresse et perte des récoltes, et qui surtout échauffe dangereusement les esprits. Et puis Sal, recueilli par le procureur, sa femme et leurs deux fils, fait preuve de bien trop de sagesse et d'omniscience pour son âge, sans compter les choses terribles qu'il semble avoir vécues.
Il ne faudra pas longtemps pour qu'il soit désigné comme la cause de tous les malheurs (et Dieu sait – façon de parler – s'ils furent nombreux) survenus à Breathed cet été-là. Et point besoin d'être grand devin pour comprendre que l'histoire se terminera en tragédie.
« L'été où tout a fondu », ou une saison en enfer, est raconté par Fielding, le plus jeune fils du procureur, également âgé de 13 ans à l'époque des faits, et devenu le meilleur ami de Sal. Mais par une étrangeté supplémentaire, il nous parle alors qu'il est âgé de près de 80 ans, ce qui le situe donc aux environs de 2050. Sans doute l'auteure voulait-elle pouvoir revenir sur la longue vie erratique de Fielding après les événements de 1984. Soit.
Toujours est-il que celui-ci nous relate une histoire déchirante d'innocence perdue. Il y est aussi question de racisme, de Bien et de Mal, de Bien qui devient Mal à force de fanatisme religieux et de croyances absurdes, de Mal qui se transformerait en Bien si seulement il y avait plus de bienveillance et de tolérance en ce bas-monde, de fraternité et d'amitié. Et comme si le tableau n'était pas assez sombre, l'auteure y ajoute le VIH, l'homophobie et les thèmes de la culpabilité, du pardon qui arrive trop tard et de la quête d'une impossible rédemption.
L'écriture est poétique mais trop lyrique pour moi, parfois belle, parfois abusant de métaphores maladroites. L'histoire embrasse trop de thèmes, les personnages sont parfois excessifs ou manichéens. Certaines scènes sont touchantes ou éprouvantes (la scène finale est dantesque), d'autres versent dans un pathos inutile. La temporalité utilisée n'est pas des plus convaincantes : pendant toute la lecture j'ai eu l'impression qu'on était à l'époque du KKK plutôt qu'en 1984 (il n'y avait que le sida pour me rappeler qu'on était dans les années 80).
L'idée de départ était bonne, mais il y a trop de longueurs et de malheurs pour moi. Un premier roman prometteur et ambitieux, mais perfectible.

En partenariat avec les Editions Gallmeister via lecteurs.com
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Reclus dans son mobil home cradingue où sa vie d'ermite acariâtre n'est troublée que par les visites de son jeune voisin, Fielding Bliss se souvient. Ou plutôt, tente de chasser ces souvenirs qui le hantent et le dévorent depuis près de 60 ans. Depuis cet été 1984…

« Et c'est ainsi que je ne suis qu'une immense douleur, dans mon esprit comme dans mon corps. Je suis l'interminable agitation, l'interminable chute, l'interminable histoire de ce qui arrive à un homme qui ne parvient pas à lâcher prise. »

De cet été, on se souviendra qu'il y fit chaud, incroyablement chaud dans la petite ville de Breathed, dans l'Ohio. On se souviendra que Autopsy Bliss, père du jeune Fielding et procureur du comté, y invita dans une crise aussi mystique que rationnelle et par le biais d'un encart publicitaire dans le journal local, le diable à venir en sa maison.

Et on se souviendra enfin, que le diable vint.

Et le diable, ce fut Sal, jeune garçon du même âge que Fielding, qui intégra peu à peu la famille Bliss, aux côtés de Grand, le grand frère, et couvé par Stella, la mère qui ne sort jamais par peur de la pluie.

Petite cause, grands effets : l'arrivée de Sal va bouleverser la vie des Bliss et, au-delà, du village tout entier, ajoutant à cet été 1984, le drame à la chaleur.

L'été où tout a fondu de Tiffany McDaniel – traduite par François Happe – passe au révélateur du diable (où de ce qu'elle l'on croit qu'il est), les failles de cette petite société américaine conservatrice (racisme, homosexualité, apparence physique, violences familiales…) ne laissant au final que les flaques de ces travers, qui trouvent bien souvent leurs origines dans la faiblesse et les peurs humaines.

Roman d'apprentissage à l'envers, qui au lieu de faire progresser le jeune Fielding le plonge dans un gouffre sans fond où il apprendra que l'espoir n'est « rien d'autre qu'un mythe de la deuxième chance », ce deuxième/premier roman de McDaniel en surprendra plus d'un.

Écrit après Betty mais publié avant (y compris en France plus confidentiellement en 2019 par Joelle Loesfeld) il confirme le talent et le style délicat de l'auteure, sans avoir été pour moi aussi marquant que son précédent. Et dans un registre similaire sur les travers mystiques de l'Amérique, je me délecte davantage du cynisme de Hinkson.

Enfin, pour celles et ceux qui attendraient un Betty bis, le dépaysement sera grand, tant le contexte et le registre sont ici différents. Une preuve de talent assurément !
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Fielding Bliss, 84 ans, résidant dans une vieille caravane dans un parc de mobil-homes perdu dans un coin aride de l'Arizona, raconte par bribes l'été de ses 13 ans. Celui où tout a fondu, donc, en 1984, après que le diable est apparu dans la petite ville de l'Ohio où il vivait avec ses parents et son grand frère. Mais le diable avait 13 ans lui aussi, la peau noire et les yeux d'un vert végétal, et il s'exprimait avec la sagesse et la douceur d'un ange. C'est à ce moment-là qu'il a commencé à faire très chaud dans ce patelin, que les incidents se sont succédé, et que la population a décidé de se débarrasser du diable.

Quel formidable roman ! Pendant toute ma lecture, j'avais l'impression de me délecter d'un livre pour enfants et ados, mais quand même écrit pour les adultes. J'ai retrouvé des sensations lointaines, une fraîcheur, une fièvre, des palpitations, une hâte à tourner les pages, vite connaître la suite, me réjouir et pleurer comme à 13 ans. Magie de la littérature, qui réanime un vieux fond de jeunesse enfoui au fond de notre âme, et nous rassure sur notre capacité à nous émouvoir et nous indigner...
Mais outre cet effet "madeleine de Proust", ce livre est avant tout un Southern Gothic qui vient du Nord, avec son lot de chaleur, de racisme, de religion, de personnages fantasques et d'éclopés, et sa légère touche de surnaturel. Pour autant, l'histoire s'inscrit bien dans le contexte des années 80, entre l'apparition du SIDA, les coupes "mulet", Chuck Norris, et "Forever young" (on y revient) d'Alphaville. Tiffany McDaniel a réussi un beau mélange des genres, en dépit de quelques maladresses narratives, et j'ai adoré cette histoire à la fois tendre, naïve et violente, qui crève le coeur. J'étais prête à accepter tout ce que je lisais, tellement j'étais emportée.

Alors si ce livre vous tombe entre les mains, n'hésitez pas à l'ouvrir et à le laisser vous emmener dans son monde décalé et bizarrement poétique -d'autant que le titre est d'actualité, et vous serez au top de la branchitude sur la plage !
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Âmes sensibles, s'abstenir. L'été où tout a fondu contient des scènes éprouvantes qui en font un livre puissant, mais cruel.

L'histoire se déroule dans le sud de l'Ohio, en 1984.

L'autrice insiste lourdement sur les évènements de cette année-là, les jeunes hommes portent des coupes mulet, ils possèdent une console Atari (mais on ne les voit jamais jouer).

C'est aussi l'année où une maladie inconnue, qui touche surtout les homosexuels, fait parler d'elle. Une année où l'homophobie fait rage.

Le raciste existe toujours en 2022, à fortiori en 1984, mais l'histoire racontée évoque plutôt les années 1930.

Le procureur Autopsy Bliss invite le diable à Breathed, ce dernier se présente sous les traits d'un jeune garçon noir, treize ans, le même âge que Fielding, le fils d'Autopsy. C'est d'ailleurs Fielding qui est le premier à lui parler.

Autopsy est un homme bon, mais franchement, passer une annonce pour inviter le diable ? Sérieux ? Il explique à la fin du livre ce qui l'a poussé à le faire, je n'ai pas trouvé la justification très convaincante.

Après ces débuts tonitruants, je m'attendais à quelque chose lié, de près ou de loin, au diable. En fait, pas tout à fait.

Dans sa deuxième partie, L'été où tout a fondu concentre tous les malheurs du monde. le livre est réaliste, des évènements similaires se sont passés, avec de vraies personnes et ailleurs qu'à Breathed.

J'aurais davantage apprécié cette histoire si elle avait été plus sobre, l'appel au diable et autres anecdotes sont inutiles.

Si vous êtes sensible, ce livre risque de vous heurter ou de vous faire faire des cauchemars.

Lien : https://dequoilire.com/lete-..
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Je me joins au concert de louanges sur ce roman désespérément noir mais tragiquement beau, et que j'ai préféré à Betty en raison de la densité et la poésie plus marquée de son écriture.
C'est un premier roman écrit à trente ans, et cela me sidère que si jeune on porte en soi des histoires d'une telle noirceur. Les traits de lumière qui le traversent à travers le personnage angélique du petit "diable" sont impitoyablement et systématiquement écrasés sous les ténèbres. Cela me laisse comme dans Betty une désagréable sensation de surenchère pesante, même si la beauté de la plume l'emporte.
J'aimerais beaucoup que dans un prochain roman cette auteure surdouée mette son talent au service de la lumière et de la joie: cela pourrait être prodigieux.
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Après l'immense succès rencontré par “Betty” en 2020, il était judicieux de la part des éditions Gallmeister de remettre le premier roman de Tiffany McDaniel, initialement paru aux éditions Joëlle Losfeld en 2019, sous le feu des projecteurs, tout en proposant une nouvelle traduction en plus d'une couverture flamboyante!

Tant de belles chroniques, dans lesquelles je me retrouve totalement, ont déjà été publiées sur Babelio et parlent avec justesse et pertinence de l'histoire ainsi que des multiples thèmes abordés dans “L'été où tout a fondu”. du coup, je ne vois pas l'utilité d'une énième redite (probablement en moins bien qui plus est!) mais, afin de garder une trace de mes impressions de lecture, je me permets de partager aussi mon humble avis, sans pour autant m'attarder sur l'histoire en elle-même.

A mes yeux, “L'été où tout a fondu” ne détrônera pas l'immense “Betty” qui m'avait fait l'effet d'une lecture coup de poing, profondément marquante à bien des niveaux, allant jusqu'à m'émouvoir aux larmes. J'avais été littéralement subjuguée par le talent de conteuse de Tiffany McDaniel, ainsi que par sa capacité à créer et à incarner des personnages terriblement beaux, forts, attachants ou détestables. Par ailleurs, la relation père/fille dans “Betty” est probablement l'une des plus belles qu'il m'ait été donné de lire jusque là. Ténèbres et lumière étaient étroitement liés tout au long du roman et le recours constant à la métaphore apportait une vraie grâce à l'écriture.

Le charme opère à nouveau avec “L'été où tout a fondu” et l'on retrouve ces mêmes qualités narratives et de nombreux thèmes communs mais traités ici avec peut-être un peu plus de maladresses ou de longueurs. Il m'est parfois arrivé de décrocher de ma lecture pour m'évader dans une rêverie inconsciente, ce qui ne s'était pas produit avec “Betty”, tant j'avais été happée par l'histoire et ses protagonistes. Pourtant, le roman déborde lui aussi de personnages complexes et sublimes (un gros coup de coeur pour Sal, ce “diable” impromptu qui, du haut de ses 13 ans, fait preuve d'une sagesse et d'une bienveillance qui forcent l'admiration).

L'histoire aussi est passionnante avec ses multiples intrigues, ses réflexions profondes et angoissantes sur les travers de notre société, sa narration aux allures de conte cruel qui révèle un scénario fouillé et complexe… On retrouve avec le même plaisir ce style inimitable qui fait la part belle à la poésie et aux métaphores, donnant sa force et son pouvoir suggestif au texte. Beaucoup de qualités donc, qui en font un très bon roman, même s'il m'a manqué le petit côté “magique” que m'avait laissé la lecture de “Betty”.
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Quel roman !

Breathed en Ohio, années 80, cette ville connaît la plus grosse vague de chaleur connue jusque là.
La température est montée le jour où est arrivé en ville un pré-ado qui a répondu à l'invitation publiée dans un journal local par le procureur. Cet article invitait le diable en personne à venir en ville et c'est ce mignon jeune homme qui y a répondu.
Toutefois, de nombreux événements se produiront cet été là, est-ce des coïncidences ou bien ce jeune homme est-il vraiment sorti des enfers pour semer le désordre dans cette petite ville ?

Un roman très bien écrit et très bien ficelé. Des personnages attachants, émouvants et un déroulement poignant.
Il se lit très vite et très bien, à consommer ou « consumer » vu la chaleur, sans modération !
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Qui est Sal, ce jeune garçon de 13 ans, noir avec des yeux verts ... qui arrive à Breathed, Ohio, lors de l'été 1984 , répondant à l'annonce du procureur Autopsy Bliss qui invitait le diable ?

En même temps que le garçon fait son apparition , une vague de chaleur inhabituelle survient puis des accidents se succèdent avec une répétition étonnante .
Avec cette canicule et les événements tragiques , il n'en faut pas plus pour considérer cet adolescent noir, surgi de nulle part malgré les recherches d'Autopsy et du shériff pour en faire le bouc émissaire . Ne s'est-il pas présenté lui-même comme Satan ?

Fielding, même age, et fils cadet des Bliss est le premier à rencontrer Sal et le ramène à la maison familiale où il va être accueilli comme un fils

Les années 80 racontées par Tiffany McDaniel , nous rappellent le choc de l'apparition du Sida, essentiellement dans la population homosexuelle qui restait encore une minorité rejetée , particulièrement dans les petites villes comme Breathed, une honte dont il fallait se protéger en écartant ces individus déviants ...

Pour Fielding cette année 1984 sera la dure transition entre l'enfance et l'age adulte avec ses drames, ses secrets et l'apprentissage à travers son effacement et son silence du pouvoir maléfique du non dit. La découverte aussi de la puissance de certains hommes se croyant investis d'une mission sur la crédulité des autres et de leur perte de sens critique allant jusqu'à la mise à mort .

Tiffany McDaniel , dont c'est le premier roman, avant Betty, n'épargne pas son lecteur , le roman est sombre , traversé par des éclairs lumineux , des actes d'amour .
Qui est vraiment Sal, on se pose la question pendant toute la lecture, mais cela a t'il finalement beaucoup d'importance ?

J'ai eu un peu de réticence au début du roman avec la narration non linéaire mais mon plaisir a été croissant quand j'ai laissé derrière moi les barrières mentales acceptant la part d'imaginaire subtilement distillée par l'auteur .
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