Où il est une fois de plus établi qu’en matière de polar, je suis décidément trop exigeante…
Il paraît que nous avons ici affaire au 3ème épisode des enquêtes de Carol Jordan et Tony Hill. J’ignorais ce fait, mais sachez que cela ne nuit pas à la compréhension. On devine assez vite que ces deux-là ont des « antécédents » en commun, et que leurs sentiments l’un pour l’autre jouent au chat et à la souris depuis un certain temps.
Mais reprenons depuis le début. Nous sommes en Grande-Bretagne, mais plus pour longtemps. Nous avons deux enquêteurs : Carol, agent de liaison Europol, et Tony, docteur en psychologie et profileur (non, pas pour le FBI, vous confondez). Les deux ont travaillé ensemble par le passé sur des crimes de tueurs en série. Leur dernière affaire ayant été passablement traumatisante (enfin, pour savoir de quoi il retourne, il faudra lire les deux premiers tomes), Tony est retourné à sa petite vie étriquée de prof d’unif, et n’a plus vu Carol depuis deux ans.
Nous voilà donc avec deux héros, et, diantre, cela tombe fichtrement bien, puisqu’on a aussi deux enquêtes ! Eh oui (y en a un peu plus, je vous le mets quand même ?), petite variation, ils ne vont pas cette fois bosser ensemble sur la même affaire. Mais comment donc auront lieu les retrouvailles ? Accrochez-vous : Carol est envoyée à Berlin sous couverture, pour faire tomber un intouchable truand s’illustrant dans divers trafics de drogue et de clandestins. Elle est aidée par Petra, son agent de liaison de la police locale. Petra qui, par ailleurs, a rencontré Marijke sur un forum de discussion réservé aux officiers de police homosexuels (ben oui, ça existe), et qui, au détour d’une conversation avec sa dulcinée, comprend qu’elles pourchassent toutes deux le même tueur en série qui sévit en Allemagne et aux Pays-Bas. Carol (qui bien qu’en pleine mission à haut risque, trouve le temps de papoter avec Petra) suggère à celle-ci, qui lui a bien sûr tout raconté, de mettre son ami Tony sur le coup.
Et voilà donc la ficelle (oh, toute simple !) qui amènera Carol et Tony à se croiser à Berlin. Si on ajoute que Tony pourra être logé dans le même immeuble que Carol (aah l’efficacité germanique !) et en profitera pour la coacher sur son identité d’emprunt et surtout pour « lui faire garder le contact avec la vie réelle », on conclura qu’on a déjà lu des choses plus vraisemblables.
En effet, deux enquêtes d’une telle envergure au même moment, au même endroit et presque avec les mêmes personnes, franchement… Et cette mission sous couverture, confiée à une débutante dans ce domaine, et qui s’en tire comme une vraie pro et puis qui court à sa perte sur une grossière erreur de…débutante, j’ai eu du mal à y croire.
De plus, les personnages ne sont pas très attachants, les trois femmes sont sur le même moule : super-flics brillantes, ambitieuses et fonceuses, avec la palme de la naïveté décernée à une Carol vraiment pas crédible. Le truand et son bras droit sont des caricatures, l’un cynique top classe grand luxe raffiné sans ostentation (mais avec un petit cœur sensible par-dessous), et l’autre, brute épaisse maître des basses besognes.
Ajoutez des dialogues d’une platitude affolante, des conversations banales et prévisibles, quand elles ne tombent pas dans la mièvrerie sentimentale, un style bavard et trop pédagogique, et vous aurez envie de dire à l’auteur « bien essayé mais ça ne prend pas »…
Cela dit, si on passe au-dessus de tout ça, l’intrigue est bien ficelée, bien maîtrisée, ça se traine un peu pendant 480 pages, mais les 120 dernières sont presque haletantes. Le profil du tueur est bien construit, et l’ambiance est glauque à souhait sans être dans l’hémoglobine ni la violence gratuite.
Je ne vous raconterai bien sûr pas la fin mais, sachant qu’il existe un 4ème volume dans la série, vous pouvez imaginer que les Gentils ont gagné…
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