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Critique de LadyDoubleH


Au coeur de ce beau roman, il y a une famille d'immigrés irlandais, trois générations, un appartement à Brooklyn.

Début des années soixante, « Deux fois par semaine en été, […] leur mère fermait la porte d'entrée » de leur petite maison de Long Island, pour partir en visite à Brooklyn, dans l'appartement où elle a grandi et où vivent encore ses trois soeurs célibataires, May, Agnès et Veronica, avec leur tante qu'elles appellent Momma, qui les a élevées toutes les quatre à la mort de leur mère. La douce May, l'impérieuse Agnes, la malchanceuse Veronica, et puis Momma, qui règne sur cet appartement hanté par les absents. Ce roman nous est conté au prisme des souvenirs des trois enfants de Lucy, la quatrième soeur. A mesure de l'histoire, on saura leurs prénoms : Maryanne, Bobby, Margaret, mais souvent, ils seront juste « Les enfants ». A mesure de l'histoire, on découvrira les drames et les chagrins, les histoires de chacun.

La visite à Brooklyn est un roman lent, à la construction vraiment très habile. Alice McDermott déroule une année, l'été et les visites à Brooklyn, les deux semaines fin juillet et début août où leur père loue un cottage de l'autre côté de Long Island – « certaines années, il appréciait l'opulence et l'élégance de la côte sud, d'autres années, l'intimité de la côte nord ». Puis la rentrée en septembre, l'automne à Brooklyn, l'hiver, Noël, jusqu'à un autre été. Mais cette année racontée n'est pas linéaire. Un seul après-midi chez Momma devient une métaphore de tous les après-midi passés là-bas ; quelques jours dans le cottage deviennent toutes les vacances vécues, et ainsi de suite. Tout, sauf le mariage de May, et ce qui arrivera quelques jours plus tard ; des événements à part, qui marquent un avant et un après, dans la vie des enfants.

La prose d'Alice McDermott est riche et pleine de souplesse, l'étude des personnages très fine, et la perception des enfants apporte une grande proximité visuelle à l'ensemble. Cette histoire est imprégnée de chagrin et de déceptions, et pourtant elle raconte avec une certaine fraicheur toute une époque révolue. J'ai vraiment beaucoup aimé. Ah ! Et l'objet livre est d'une élégance et d'une qualité à saluer. Quel plaisir de lecture, ces Petit Quai Voltaire ! Merci aux Éditions La Table Ronde.

« Des êtres dotés d'une durée de vie d'une ou deux secondes, pas plus, le temps qu'ils passent en voiture, c'était tout. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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