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Critique de Foxfire


« le temps fut » est loin d'être un roman parfait. Il est bourré de petits défauts et ne brille pas par son originalité. Il n'y a rien de vraiment surprenant dans ce roman, ni les péripéties, ni le dénouement que beaucoup trouveront attendu. Et pourtant, tout a totalement fonctionné sur moi. C'est tellement bien fait, le rythme est si bien maîtrisé, les personnages si finement brossés et si attachants que je me suis laissée embarquer par le talent de conteur de Ian McDonald. S'il est pétri d'imperfections, « le temps fut » vise le coeur et vise si juste qu'on lui pardonne toutes ses petites faiblesses pour ne retenir que ses qualités.

Une des premières qualités du roman est, comme je l'ai déjà dit, le sens du rythme de l'auteur. le récit est maîtrisé de bout en bout. L'auteur sait toujours où il va, la construction est parfaite, les passages d'une époque à l'autre sont très fluides et rendent la lecture très addictive.
L'intrigue est très bien développée, très bien menée. L'équilibre des genres, entre romance, science-fiction et enquête, est parfait. L'auteur gère parfaitement chacun de ces registres. le côté enquête est passionnant et donne un côté page-turning au roman. L'histoire d'amour est belle et touchante. le côté science-fiction n'est pas anecdotique, le mystère temporel (je préfère parler de mystère ou de hasards temporels que de voyages temporels) est au coeur du récit.
En peu de pages et avec beaucoup de subtilité, McDonald donne vie à des personnages vivants et très attachants.

Outre toutes ces qualités, il y a bien d'autres choses que j'ai aimé dans « le temps fut » et que je vais évoquer de façon un peu désordonnée.
Je reviens sur l'aspect romance du roman que j'ai trouvé subtil et touchant. J'ai beaucoup aimé la façon dont est traitée l'histoire d'amour de Ben et Tom, de façon naturelle. McDonald ne propose pas un récit militant, et c'est tant mieux. Non pas que je sois contre, mais il y en a suffisamment. Et en en ne faisant pas du fait que ce sont deux hommes qui s'aiment une thématique de son récit, il évite de se disperser et se contente de raconter une histoire. En n'évoquant pas vraiment le caractère clandestin d'une telle relation ni le problème du regard des autres, il centre son récit sur la force des sentiments qui unissent Ben et Tom, sur la force de leur amour qui défie le temps.
Il y aussi quelque chose de très émouvant dans le fait que les retrouvailles des deux amants, incarnation de l'amour vrai, se fassent toujours dans des contextes de guerre. L'histoire d'amour de Ben et Tom prend ainsi une dimension tragique qui m'a plus d'une fois mis les larmes aux yeux. La pureté apaisante de l'amour des deux hommes tranche avec l'horreur éternelle de la guerre, barbarie dont l'intensité trouve son paroxysme dans l'évocation du sac de Nankin. Ce passage atroce pourra heurter les lecteurs qui découvriront ici les abominables exactions de l'armée japonaise à Nankin, et pourtant la réalité fut encore pire que la description, déjà effroyable, qu'en fait McDonald. Que l'amour de Ben et Tom ne puissent exister que dans ce genre de circonstances semble tellement injuste…

J'ai aussi été charmée par l'atmosphère que l'auteur parvient à imprimer à son récit. Il y a un côté chaleureux dans « le temps fut », notamment lors de jolies escapades dans de vieilles librairies. Une chaleur teintée de tristesse cependant car le spectre de la disparition des librairies plane sur le roman. Ce ton à la fois mélancolique et romantique m'a vraiment séduite. En plus, l'auteur a une écriture vraiment agréable, fluide et douce.

Le roman m'a également permis de découvrir des événements historiques mystérieux mais réels qui ont éveillé ma curiosité et au sujet desquels j'ai bien envie d'en savoir plus.

« le temps fut » n'est certainement pas un chef d'oeuvre, il ne marquera sans doute pas les annales de la SF mais ce roman procure un tel plaisir de lecture et tant d'émotion que je ne peux parler que d'une franche réussite. Ce délicieux moment de lecture fut aussi pour moi l'occasion de lire pour la première fois Ian McDonald, auteur dont j'ai bien envie de poursuivre la découverte.
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