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Luna tome 2 sur 3
EAN : 9782207135006
464 pages
Denoël (15/02/2018)
4.04/5   95 notes
Résumé :
Sur la Lune, deux ans après les événements qui ont précipité la chute de la famille Corta, les Mackenzie se sont approprié les restes de leur entreprise. Il n'y a donc plus que quatre "Dragons", ces consortiums familiaux qui se partagent l'exploitation des ressources lunaires et, par conséquent, le pouvoir. Pourtant, les Mackenzie se déchirent sur les cadavres encore frais de leurs ennemis de toujours. Les Sun continuent, discrètement, à élaborer des plans visant à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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- Alors Nath, toujours dans la Lune ?
- Haha ! Très drôle ! Ceci dit, je confirme, grâce à ce livre, je suis bien en train de me balader sur la Lune !
- Nan ! Tu te ballade avec qui là-bas?
- Oh ! Il y a beaucoup de personnes avec qui je me ballade…Mes préférés sont les jeunes Luna et Lucasinho Corta.
- Luna et Lucasinho ? Attend un peu ! Ils vont bien ? Car avec tout ce qui est arrivé à la famille Corta à l'épisode précédent, il y a de quoi s'inquiéter pour eux je trouve !
- Oui, c'est vrai qu'avec les Mckenzie, ils n'ont pas été à la fête, les Corta. Là, les jeunes sont sous la protection d'une autre famille, les Asamoah.
- Tant mieux !
- Mais il faut dire que les familles qui tiennent la Lune entre leurs mains avides de pouvoir ne sont pas piquées des hannetons…Car on n'a pas encore parlé des Sun, et ceux ne sont pas les derniers de la classe je trouve !!
- C'est vrai ! Et je pense qu'ils n'ont pas encore dit leur dernier mot ! Ils ont l'air bien sournois ceux-là !
- Oui, tu as raison ! Je suis bien d'accord !
- Au fait, et Luca Corta ? Il est mort ou il a survécu finalement ?
- Ah, je ne te l'ai pas dit ? C'est un coriace lui ! Figure-toi qu'il a réussi à aller sur Terre malgré les conséquences pour son organisme…Et plus incroyable encore, il a rencontré une lointaine cousine…
- Cool…On verra ce que nous réserve le troisième épisode alors….
- Ouaip, te raconterais, promis !

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Challenge Mauvais Genres 2021
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Dire que j'attendais ce roman est un doux euphémisme, tant la fin du premier, digne d'un épisode 9 de Game of thrones, allait à 100 à l'heure avec son lot de surprises. le premier tome était très haletant et nous présentait les 5 dragons, les 5 familles principales, vivant sur la lune, colonisée depuis plusieurs années par les humains: Les Corta, Les Mackenzie, Les Asamoah, Les Sun et les Vorontsov. Cette trilogie se passe dans un futur où les humains ont colonisé la lune et y vivent différemment que sur terre. À la fin du premier, pas mal de choses ont changé et le frêle équilibre entre les dragons a complétement basculé.

J'avais un peu peur en entamant ma lecture de ne plus me rappeler certains détails du premier, notamment au niveau des personnages assez nombreux. Heureusement, à la fin du roman, figure un dramatis personae qui est plus que bienvenu pour se remémorer les liens exacts entre chacun. le glossaire est bien utile également pour comprendre certains termes spécifiques à l'univers développé par Ian McDonald. Les choses reviennent très vite en mémoire dès les premières pages lues, surtout avec une première scène très prenante qui nous remet tout de suite dans le bain. L'immersion dans le roman est ainsi très rapide.

Ce second tome est l'occasion pour Ian McDonald de développer son histoire en n'épargnant toujours pas ses personnages et en les poussant à se surpasser. Rien n'est simple pour les dragons, les alliances se font et se défont au rythme des unions et des coups bas faisant régner une véritable guerre entre familles. Les dragons ont fondé leur puissance sur le contrôle de ressources particulières et Les Corta contrôlait la production d'Hélium, position très enviée car l'hélium est une ressource essentielle. Ils se sont attirés beaucoup de convoitises et les Mackenzie ont profité de la chute de la famille Corta pour s'approprier les restes de leur entreprise. La famille Corta a beaucoup souffert à la fin du premier tome, il y a eu des morts, de lourdes pertes matérielles. Parmi les enfants d'Adriana Corta, la fondatrice de l'entreprise, Lucas est présumé mort, Ariel est paraplégique et Wagner n'a jamais vraiment fait partie de la famille. Ils restent heureusement les petits enfants mais pour certains la situation est loin d'être facile, Robson, étant à moitié Mackenzie se voit contraint de vivre avec eux. Lucasinho et Luna eux sont protégés par les Asamoah.

Voici à peu près la situation de départ de ce second tome où les Corta sont loin d'avoir dit leur dernier mot. L'auteur va avoir recours à des flashbacks pour expliquer ce qui est advenu de certains personnages et en introduire de nouveaux dont Alexia Corta, une cousine de la famille vivant sur Terre. Ces retours en arrière sont nécessaires pour comprendre la situation et l'escalade des évènements qui surviennent sur la lune. On comprend également mieux le rôle des Vorontsov qui dirigent tout ce qui a trait aux vols spatiaux. C'est également l'occasion pour l'auteur de montrer les différences existantes entre les Terriens, les habitants de la Lune, et les spatiaux. le travail sur les dissemblances entre la vie sur la lune et la terre fait par l'auteur est d'ailleurs à souligner. J'ai beaucoup aimé la partie se déroulant sur la Terre qui offre une vision de l'univers très différente de celle de la société bâtie sur la lune que l'on avait au premier tome.

On retrouve dans ce tome beaucoup de ce qui avait fait que j'appréciais le premier: un univers futuriste original et très détaillé, des personnages forts et charismatiques, un rythme haletant et la plume très caractéristique de Ian McDonald. L'auteur a un style cinématographique et assez nerveux avec souvent des phrases courtes, parfois sans verbe qui ressort très bien dans la traduction française. le ton du roman est parfois très cru que ce soit dans les scènes de sexe ou dans le reste, comme c'était le cas dans le premier tome. Ian McDonald apporte un soin des détails assez impressionnant que ce soit au niveau de la mode, des vêtements ou de la musique. Cela rend l'univers vivant et lui apporte une richesse considérable.

Le point de vue varie toujours beaucoup et les chapitres ne sont pas centrés sur un seul personnage. le récit suit surtout le destin des Corta et certaines familles de dragons sont très peu présentes. Les personnages présentés sont très travaillés, humains avec leurs limites, leurs défauts et qualités. Ils ne sont pas épargnés par l'auteur qui les obligent à se dépasser, à pousser leurs limites au-delà du supportable. Pour ses personnages, Ian McDonald fait preuve du même sens du détail que pour son univers, leur donnant ainsi une grande profondeur. L'évolution de Lucasinho est très bien amenée par l'auteur. Lucasinho apparait au début comme quelqu'un de superficiel et peu fiable mais il est loin de se résumer à cela. Beaucoup de détails sur le personnage sont apportés par Ian McDonald comme son goût des gâteaux ou du sexe mais tous ces détails apportent beaucoup au caractère du personnage et permettent de relativiser son comportement.

La tension dramatique est très présente tout au long du roman, et on se prend très vite au jeu d'une intrigue riche remplie d'actions et de complots. le récit est très rythmé, il est question de manipulations, de vengeances, de familles. Certains personnages se révèlent différents face à l'adversité notamment Lucasinho qui est très émouvant dans sa relation avec sa petite cousine Luna. Ian McDonald nous offre d'ailleurs des scènes mémorables dans ce tome comme celle entre les 2 cousins ou encore la scène d'ouverture du roman.

Ce second tome de Luna est d'un excellent niveau, et offre son lot d'actions, de surprises et d'intrigues. Ian McDonald met son style très soigné et enlevé au service d'un histoire très bien construite avec un sens du détail qui enrichit les personnages, l'univers et le récit. le final toujours aussi prenant donne très envie de lire la suite.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Attention, on a 3 tomes et c'est une seule et même histoire, donc je mets ici ma critique générale des 3, même s'il y a un paragraphe par tome.
A vous de voir ce que vous piochez dedans, sachant que c'est garanti sans spoiler ma bonne dame... :-)

Pour moi le premier tome est brillant.
Il est bon du début à la fin. Cette société lunaire où tout est contrat, où vous devez payer pour accéder aux 4 fondamentaux que sont l'air, l'eau, le carbone et les données est magnifiquement décrite, extrêmement réaliste.
Les intrigues entre les 5 familles qui dirigent ce monde (Hélium, Electricité, Agriculture, Vol spatial et Minerai) sont de haut niveau et les 100 dernières pages sont telles que vous ne pourrez pas lâcher votre bouquin.
Limite, même si vous ne liriez pas les 2 autres tomes, celui là mérite une lecture, même si l'intrigue ne se termine pas.

Le tome 2 est aussi très bon, un peu moins selon moi, mais nous revenons sur cette Lune pour suivre la continuité des intrigues, et aussi nous descendons sur Terre, pour une description bien faite d'une société visiblement en déliquescence.
L'auteur s'attache à de très nombreux personnages, qui tous nous permettent d'avoir une vision d'ensemble de la situation et de la vie sur la Lune.
J'ai trouvé quelques longueurs à ce tome, on a l'impression que l'auteur a voulu un peu tirer à la ligne.
Par la violence de ce monde et le nombre important de personnages, dont certains meurent, on ne peut pas s'empêcher de faire un parallèle (même s'il est facile) avec le Trône de Fer.

J'étais un peu réservé sur le 3ème tome. Allait il être à la hauteur du premier où la baisse allait elle continuer ?
Finalement c'est hélas la baisse qui a gagnée. Ce tome est pour moi le moins bon des 3.
L'auteur tire franchement à la ligne, là ça se voit vraiment. Certains personnages sont développés alors qu'ils servent peu ou pas du tout à l'histoire.
Les descriptions faites par l'auteur de la musique, des vêtements, des cocktails deviennent pesantes après 3 tomes, comme s'il n'avait pas su s'adapter à son lectorat qui commence, après plus de 1000 pages, à bien connaitre "sa" Lune.
Il m'est arrivé de passer des paragraphes entiers en diagonale et c'est dommage.
Mais Ian McDonald est quand même très fort et les 150 dernières pages sont très bonnes, au niveau du premier tome.

Bien sûr, on peut reprocher certaines facilités scénaristiques et certains comportements à la limite de la logique, on peut trouver que l'auteur fait un peu trop référence à Dune, mais au final la lecture des 3 tomes est très positive et je ne regrette pas de l'avoir commencé sans savoir où j'allais.
Je pense quand même que la trilogie doit être plus simple à lire à la suite, sans attendre comme moi plusieurs mois entre les sorties de chaque tome. le ressenti peu vraiment être différent et le bilan encore plus positif.

Ian McDonald est au auteur complexe pour moi. Il est capable d'écrire un chef d'oeuvre comme le Fleuve des Dieux (si vous n'en lisez qu'un de lui, lisez celui là, et sinon lisez le quand même, c'est selon moi un incontournable, ne pas le lire c'est vraiment louper qqchose) et un Brasyl que je n'ai pas réussi à finir tellement je l'ai trouvé mauvais. Ou un Roi du matin, reine du jour dont je me dis qu'il peut être bien, qui est dans ma PAL depuis de nombreuses années, et que je n'ai jamais réussi à commencer...
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La colonisation capitaliste sauvage de la Lune, sous le regard guère innocent de la Terre. Intrigues libertariennes, hommages science-fictifs débridés, justices contractuelles et cocktails glacés. Une passionnante saga.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/04/12/note-de-lecture-la-trilogie-luna-ian-mcdonald/

En quelques grosses dizaines d'années, la Lune est devenue à la fois un eldorado et un enfer. Là-haut, où les dangers guettent à chaque pas, par l'absence d'air et l'absence de pression, où tout se paie comptant, air, eau, carbone et données, cinq empires industriels familiaux se sont créés, en extrayant de la plus-value à partir du travail de toute nature, comme dans les plus belles années des barons voleurs d'Amérique du Nord ou des oligarques russes issus du dépeçage de l'Union soviétique. Les Corta, d'origine brésilienne, contrôlent l'hélium qui sert de combustible aux centrales à fusion de la Terre ; les Mackenzie, leurs ennemis jurés, d'origine australienne, dominent le secteur minier ; les Sun, d'origine chinoise, manipulent l'information et l'informatique ; les Asamoah, qui furent jadis ghanéens, sont les maîtres du vivant ; les Vorontsov, enfin, règnent sur le transport spatial sous toutes ses formes, qui permet à la colonie lunaire de jouer son rôle vital vis-à-vis de la Terre, et d'enrichir comme jamais les dirigeants de cette société – et économie, avant tout – pionnière s'il en est. Ici, les pauvres sont très pauvres, et les riches, très riches – d'une façon subtilement distincte de ce qui prévaut sur la planète-mère -, mais les intrigues y sont d'une beaucoup plus grande sauvagerie encore. Les rivalités exacerbées entre des familles où l'avidité est souvent (très) à fleur de peau provoqueront-t-elles le déclin et la chute de cet empire-là ? Ce sont bien les enjeux centraux (mais pas les seuls) qu'explore avec une maestria étourdissante cette trilogie « Luna ».

Vivant depuis 1965 en Irlande du Nord, le prolifique Britannique Ian McDonald est un fin connaisseur du genre science-fictif, de ses tours comme de ses détours, et nulle part davantage que dans cette trilogie « Luna » (publiée en 2015, 2017 et 2019, et traduite chez nous en 2017, 2018 et 2019 par Gilles Goullet pour Denoël Lunes d'Encre – et désormais Folio SF) il n'a autant rendu hommage à ses prédécesseurs ni multiplié les clins d'oeil, voire les oeufs de Pâques – comme on nomme de plus en plus certains d'entre eux, bien particuliers, sous l'influence des jeux vidéo.

Si le gros de l'hommage, souvent fort joueur, va logiquement au Robert Heinlein de « Révolte sur la Lune » (« La Terre est une maîtresse cruelle » lira-t-on même dans le tome 2, retournant ainsi le titre original anglais du prix Hugo 1967) et au Frank Herbert de « Dune » (quoique peut-être plus encore à celui de David Lynch – à l'image hautement perverse d'un certain personnage-clé dangereusement proche ici de la peinture du baron Vladimir Harkonnen par Kenneth McMillan), d'autres, plus discrets mais éventuellement foisonnants, concernent aussi bien Orson Scott Card (« La stratégie Ender »), C.J. Cherryh (« Cyteen »), Ursula K. le Guin (« Les dépossédés ») avec ce magnifique « La Lune donne souvent naissance à des idées politiques peu orthodoxes », Andy WeirSeul sur Mars ») ou Kim Stanley Robinson (« La trilogie martienne », naturellement, et « New York 2140 », de façon plus insidieuse), mais aussi, de manière parfois plus surprenante encore, William GibsonIdentification des schémas »), Charles StrossAccelerando ») ou le duo James S.A. Corey (« The Expanse »).

Au-delà de cette parfaite inscription dans le continuum collectif de la science-fiction (dont témoigne aussi la floraison de néologismes créatifs pour témoigner de réalités matérielles mises en place ici), la trilogie « Luna » constitue un remarquable (et passionnant) témoignage renforcé de l'intérêt porté par Ian McDonald, depuis fort longtemps, aux économies émergentes de la Terre contemporaine – et aux sociétés qu'elles façonnent ou refaçonnent -, que ce soit l'Inde (« le fleuve des dieux » et « La petite déesse »), le Brésil (« Brasyl ») ou l'Afrique de l'Est (« Chaga », « Kirinya » et « Tendéléo »). À ce titre, la trilogie « Luna » confronte avec une puissance indéniable les racines avides du capitalisme des barons voleurs (on songera certainement ainsi au Valerio Evangelisti de « Anthracite » ou de « Briseurs de grève ») et l'ordo-libéralisme contemporain, débridé uniquement du côté des affaires, tel que l'affectionnent les ultra-riches libertariens de l'économie numérique et du capitalisme de surveillance, analysé par Shoshana Zuboff. Les méandres de l'économie lunaire que nous décrit, dans tous leurs interstices, Ian McDonald, prennent alors l'allure précieuse d'un véritable traité western de développement industriel et financier foncièrement inégalitaire, à la pointe de l'énergie déployée, de l'absence de scrupules et du six-coups plus ou moins métaphorique.

La trilogie « Luna » baigne dans un superbe réalisme du vide et de l'absence, celui de ce caillou désolé créateur de fortunes inimaginables. Elle est aussi irriguée par les caractéristiques bien contemporaines du séparatisme des ultra-riches, de leurs mode de vie et de leurs habitus (dans lesquels cocktails pointus et fashion vintage facilitée par les imprimantes 3D tiennent la part de choix de cette futilité revendiquée, ici et maintenant comme là-haut et demain), comme de leurs fantasmes libertariens pleinement déployés (actualisant ainsi en beauté les heurs et malheurs de la geste heinleinienne).

Entre vendettas et guerres privées, entre invention permanente d'un cadre juridique différent et prégnance d'univers corporate soigneusement décalés (la magnifique phrase : « On a été envahis par des cadres moyens »), entre parkour, urbex et saudade, entre création de vocabulaire et création de coutumes en un beau travail d'anthropologie imaginaire, Ian McDonald propose avec un immense brio sa propre version d'une lutte des classes qui ne veut pas disparaître, bien au contraire, ou plutôt d'une friction sauvage entre formes collectives et formes individuelles. Comme chez Kim Stanley Robinson (même si la « Trilogie Martienne » développe une présence beaucoup plus puissante, comme souvent chez l'auteur californien, de la communauté scientifique en tant que telle – que l'on ne retrouve ici que tardivement, dans le troisième volume, et à nouveau sous une forme largement entrepreneuriale), comme chez James S.A. Corey (même si « The Expanse » propose une géopolitique spatiale au fond plus « classique » et une importance des militaires « professionnels » plus significative qu'ici), il s'agit bien de tordre une forme science-fictive ou littéraire plus ancienne (le récit de colonisation, la saga familiale aux composantes mafieuses ou la geste de révoltés) pour l'hybrider et lui donner un rôle d'exploration plus décisif de certains possibles à venir et de certains présents mal masqués. Et c'est ainsi que la science-fiction est grande.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Presque aussi bon que son prédécesseur

Si, dans l'ensemble, ce tome 2 est largement à la hauteur du premier, il souffre tout de même d'un bon quart un peu poussif (sans que cela nuise à la qualité d'ensemble) et de digressions parfois pénibles (trois bonnes pages sur les gâteaux…). le changement de paradigme impulsé par la fin du roman précédent déploie ici toutes ses répercussions, et va être suivi par deux autres, l'un spectaculaire, à la moitié du livre, et l'autre plus discret mais sans doute aussi lourd de conséquences, à la toute fin. Si Lucas est sans doute le personnage le plus important, certaines scènes impliquant Wagner et, peut-être surtout, Lucasinho et la petite Luna lui volent presque la vedette, ainsi qu'une Corta du Brésil, Alexia. Les scènes spectaculaires ou à très forte tension dramatique abondent, les aspects sociétaux aussi bien que technologiques sont rondement menés, et dans l'ensemble, on sort (presque) aussi satisfait de ce second Luna que de son prédécesseur, et avec l'envie de lire la conclusion de cette trilogie sans attendre.

Vous trouverez la version complète de cette critique (ce qui précède n'est qu'un misérable résumé) sur mon blog.
Lien : https://lecultedapophis.com/..
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critiques presse (1)
Syfantasy
27 février 2023
Ce second tome reste dans la continuité du premier, l'auteur nous plonge plus encore, dans une société lunaire, ou les mœurs ont évolué aux antipodes des enjeux économiques et politiques. Dans Lune du Loup, on retrouve de nombreuses intrigues et complots politiques, des retournements de situation, et un florilège de personnage.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Les gâteaux ont un langage. Un saupoudrage de citron signifie Cette relation a un goût amer pour moi. Pareil pour l’orange, mais avec une touche d’espoir. Le quatre-quarts dit que tout va bien, tout roule de manière équilibrée, avec les Quatre Fondamentaux en harmonie. La vanille indique prudence et ennui, la lavande espoir ou regret. Parfois les deux à la fois. Les pétales de rose confits : Je pense que tu me trompes, mais un glaçage rose : Passons un contrat tout de suite. Les fruits bleus pour les jours de blues, quand on sent vraiment le vide au-dessus de soi et qu’on a besoin de copains, ou juste d’un corps amical. Les fruits rouges et roses : sexe. Tout le monde le sait. La crème ne peut jamais être mangée seule. C’est la règle. La cannelle est l’attente, le gingembre le souvenir, le clou de girofle s’utilise pour la blessure, physique ou sentimentale. Le romarin exprime le regret ; le basilic, qu’on a raison. Tu vois, je te l’avais bien dit : c’est le basilic. La menthe est une horreur. Un mauvais gâteau. Le café est le plus dur, il dit : Je déplacerais la Terre dans le ciel pour faire ton bonheur.
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Au début de l’année d’orbites, la docteure Volikova fut transférée sur Terre pour un congé à Saint-Pétersbourg. Elle fut remplacée par Yevgeny Chesnokov, un trentenaire suffisant incapable de comprendre pourquoi Lucas le méprisait. Il se montrait trop familier, avec des manières qui lui auraient valu un coup de couteau dans n’importe quel café de João de Deus, et faisait preuve de goûts musicaux exécrables. Des beats ne faisaient pas de la musique. C’était facile, les beats. Même Toquinho, dans son état limité, pourrait en inventer un nouveau. Lucas s’était habitué à la nouvelle personnalité terne de son familier. Un vaisseau, une voix, une interface. Si Toquinho parlait désormais de lui-même comme du Saint Pierre et Paul personnifié, ses hésitations et temps d’arrêt lui donnaient l’air moins qu’omniscient. Le décalage des communications compliquait l’accès en temps réel aux bibliothèques terrestres, mais le système du cycleur contenait assez d’informations pour que Lucas arrive à structurer ses recherches. Il laissa ce qu’il savait de la géophysique et de la climatologie de la planète le conduire à la géopolitique. La Terre connaissait un dérèglement climatique : cela sous-tendait le moindre aspect de la politique planétaire, depuis les décennies de sécheresse au Sahel et dans l’ouest des États-Unis d’Amérique jusqu’aux tempêtes incessantes qui frappaient le nord-ouest de l’Europe, inondation après inondation après inondation. Lucas ne comprenait pas comment les humains pouvaient être assez fous pour vivre dans un monde qu’ils ne contrôlaient pas.
Il apprit le pouvoir de l’hélium qui avait fait la fortune de sa famille. De l’électricité propre, sans radiations ni émissions de carbone. Étroitement contrôlée. Les réacteurs à fusion étaient rares et coûteux. Chaque nation protégeait farouchement ses centrales – contre les autres États-nations, contre les forces non conventionnelles des para-États, des armées de libération et des seigneurs de guerre chassés par les sécheresses, les mauvaises récoltes, les famines ou les guerres civiles. Au cours des cinquante dernières années, lut-il, la Terre n’avait pas connu une seule journée avec moins de deux cents micro-guerres en train de faire rage. Il consacra beaucoup de temps à assimiler les États-Nations et les nombreux, si nombreux groupes d’allégeance qui les défiaient. La Lune survivait en refusant tout pouvoir aux groupes et aux factions. Il y avait les individus et il y avait les familles. Les Cinq Dragons – les Quatre, se corrigea-t-il, en considérant ce pincement de douleur comme un moyen de serrer la vis à la sentimentalité – étaient des entreprises familiales. La Lunar Development Corporation était l’inefficace conseil d’administration d’une holding internationale, conçu pour se quereller en permanence.
Les États, avec des identités, des jeux de privilèges et d’obligations, ainsi que des frontières géographiques où ceux-ci s’arrêtaient, semblaient arbitraires et inefficaces à Lucas Corta. Être loyal à la rive d’un fleuve et ennemi acharné de l’autre était absurde. Les fleuves et autres cours d’eau, avait-il appris, coulaient donc entre des rives. Et sans qu’il y ait eu d’accord sur tout cela. Lucas ne comprenait pas comment les gens toléraient leur propre impuissance. La loi affirmait qu’elle défendait et opprimait chacun de la même manière, mais un bref examen des informations en continu – Lucas était devenu un grand consommateur des actualités terrestres, sur tout le spectre qui allait des guerres de religion aux potins sur les people – montrait qu’il n’en était rien. La richesse et le pouvoir vous donnaient accès à une meilleure catégorie de droit. Il n’y avait pas de grosses différences avec la Lune, sur ce point. Lucas n’était pas juriste, mais il comprenait que la loi lunaire reposait sur trois piliers : davantage de loi est mauvais ; tout, y compris la loi, est négociable ; et dans la cour de Clavius, tout, y compris la cour de Clavius, est en jugement. La loi terrestre protégeait les gens, mais qu’est-ce qui protégeait les gens de la loi ? Tout était imposé. Rien n’était négociable. Les gouvernements imposaient des politiques globales sur la base d’idéologies et non de faits. Comment proposaient-ils d’indemniser ces citoyens qui souffraient de leurs politiques ? Mystère complet.
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– Je suis juriste. Je vois la société comme un ensemble de contrats individuels, mais en interaction. Comme des réseaux d’engagements et d’obligations. La société est ça… » Elle lève son petit verre de genièvre au-dessus des lumières de la ville. « … en robe Nicole Farhi. Ce qui me gêne avec la démocratie, c’est que nous avons déjà un système plus efficace, selon moi. Votre développement basé sur les petits États terrestres était passionnant, mais la Lune n’est pas comme ça. Nous ne sommes pas un Etat : nous sommes une colonie économique. Si je devais faire une analogie avec la Terre, je choisirais plutôt quelque chose de clos et de contraint par son environnement. Un bateau de pêche en haute mer, peut-être, ou bien une base de recherches dans l’Antarctique. On est des clients, pas des citoyens. On est une culture de rentiers. On ne possède rien, on n’a pas de droits patrimoniaux, on est une société à petits enjeux. Qu’est-ce qui me motiverait à participer ?
« Le problème avec la démocratie, même directe et aussi élégamment construite que la vôtre, ce sont les parasites. Il y a toujours des gens pour refuser de s’impliquer, mais qui ne refusent pas les avantages générés par ceux qui se retroussent les manches. Si je pouvais me comporter en parasite sans m’attirer d’ennuis, je ne me gênerais pas. J’ai uniquement accepté d’intégrer le pavillon du Lièvre variable parce que je croyais que ça m’aiderait à progresser à la cour de Clavius. Juge Ariel Corta, ça sonne bien. On ne peut pas obliger les gens à s’engager politiquement… ce serait de la tyrannie. Dans une société où s’impliquer ne rapporte pas grand-chose, on se retrouve avec une majorité de profiteurs et une petite caste politique engagée. Laissez la démocratie à ceux qui souhaitent s’y exercer et vous n’échapperez pas à l’apparition d’une classe politique. Ou pire, d’une démocratie représentative. Pour l’instant, on a un système de responsabilité auquel tout le monde est soumis sur la Lune. Notre système juridique rend chaque humain responsable de sa vie, de sa sécurité et de sa prospérité. Il est individualiste, individualisant et sévère, mais il est compris. Et les limites sont claires. Personne ne prend de décisions ou n’assume de responsabilités pour autrui. Il ne reconnaît ni les groupes, ni les religions, ni les factions, ni les partis politiques. Il y a des individus, des familles et des entreprises. Les universitaires terriens qui viennent à Farside roulent des yeux désapprobateurs en nous traitant d’individualistes sans merci qui n’ont pas la moindre notion de solidarité. Mais on a bel et bien ce qu’ils appelleraient une société civile. Sauf qu’on trouve préférable de recourir à la négociation plutôt qu’à la législation. On est des barbares frustes et rancuniers. Ça me plaît assez.
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Un objet, c’est facile. Si t’en veux un et que t’as assez d’allocation carbone, tu l’imprimes. Les choses ne sont absolument pas spéciales. Pourquoi offrir à quelqu’un un truc qu’il pourrait imprimer lui-même ? Les cadeaux n’ont de spécial que ce que tu as mis comme pensée dedans. Le véritable cadeau, c’est l’idée derrière ce que tu offres. Pour être spécial, il faut que ce soit rare, cher ou que tu te sois beaucoup investi dedans. Une fois, pai a offert du café à vó Adriana, parce qu’elle n’en avait pas bu depuis cinquante ans. C’était rare et cher, ce qui fait deux critères sur trois, mais ce n’est pas aussi bien qu’un gâteau.
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Amal, chef de la meute de Méridien, se jette sur Wagner, le bouscule, ébouriffe ses cheveux et mord sa lèvre inférieure, geste rituel pour affirmer son autorité.
"Te voilà."
Né le soulève, avec son casque et tout son équipement, le fait tourner; le reste de la meute les rejoint avec des baisers, des accolades, de petits coups de dent affectueux. Des mains décoiffent Wagner, font semblant de lui boxer le ventre.
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Vidéo de Ian McDonald
Ian McDonald - La Petite Déesse et autres nouvelles .A l?occasion des Utopiales 2013 à Nantes, Ian McDonald nous présente son nouveau recueil, « La Petite Déesse et autres nouvelles » publié aux éditions Denoël lunes d?encres. Pour en savoir plus : http://www.mollat.com/livres/mcdonald-ian-petite-deesse-9782207111260.html http://www.mollat.com/livres/mcdonald-ian-fleuve-des-dieux-9782070453610.html http://www.mollat.com/livres/ian-mcdonald-maison-des-derviches-9782207111307.html Notes de musique : treasureseason, Return to Dope Mountain, Fjords ®
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