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3,87

sur 7031 notes
Comme beaucoup, j'ai succombé à la déferlante Blackwater parfaitement orchestrée par la maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture. Je ne me suis pas beaucoup forcée car j'adore ce concept de saga épique familiale feuilletonnée en 6 tomes publiés d'avril à juin par quinzaine, occasion de découvrir Michael McDowell qui a inspiré Stephen King pour son roman-feuilleton La Ligne verte. Et puis, l'objet-livre est si magnifique avec ses illustrations ( de l'artiste espagnol Pedro Oyarbide ) à l'esthétique oscillant entre art nouveau et jeu de tarot : la couverture gaufrée et dorée attisent le désir de se ruer sur le roman !

Un feuilleton en six romans, donc, l'histoire de la fortunée famille Caskey de 1919 à 1970. Forcément, l'auteur doit d'emblée ferrer son lecteur. Dès la première page, je le fus avec enthousiasme.

« A l'aube du dimanche de Pâques 1919, le ciel au-dessus de Perdido avait beau être dégagé et rose pâle, il ne se reflétait pas dans les eaux bourbeuses qui noyaient la ville depuis une semaine. Immense et rouge orange, le soleil rasait la forêt de pins accolée à ce qui avait été Baptist Bottom, le quartier où les Noirs affranchis s'étaient installés en 1895, et où leurs enfants et petits-enfants vivaient encore. Désormais, s'étendait à perte de vue un magma fangeux de planches, de branches d'arbres et de carcasses d'animaux. (…) La ville se décomposait sous une vaste étendue d'eau noire et puante qui commençait seulement à refluer. »

C'est dans ce chaos, lié aux ravages d'une crue exceptionnelle, que fait irruption un personnage fascinant, Ellinor, une jeune femme aux cheveux roux couleur de la boue de la rivière Perdido. La puissante et richissime matriarche Mary-Love voit rouge et lui voue une haine quasi irrationnelle lorsqu'Ellinor s'incruste méticuleusement dans la société de Perdido à commencer par la famille de Mary-Love. On devine la tumultueuse guerre à venir, à fleurets mouchetés, imprévisible étant donné l'intelligence des deux duellistes qui semblent beaucoup se ressembler au final, et on s'en frotte les mains.

L'auteur happe le lecteur par sa mise en place impeccable du décor, des personnages et des enjeux autour de thématiques comme la condition féminine, les inégalités de classe ou les conflits familiaux. La narration à la troisième personne omnisciente permet de balayer large tout en gardant une certaine distance. Aucun personnage n'est en soi attachant mais tous accrochent, surtout la sibylline Ellinor et son lien étrange avec la rivière Perdido.

La construction de l'intrigue avance dans le mystère, l'inquiétude et l'étrangeté. Il y a même trois scènes absolument géniales car harmonieusement intégrées aux autres, savamment distillées pour appuyer les émotions. Jubilatoires avec leur touche de surnaturel additionnée d'un soupçon d'horrifique.

Bref, le plaisir retrouvé du roman-feuilletonnée ainsi que le sens du cliffhanger de fin de livre m'ont rendu accro. Je viens de finir le tome 2 et attend impatiemment le 5 mai pour foncer sur le tome 3. Une lecture accessible 100% divertissante vraiment très chouette.
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En général dans le cadre d'une masse critique j'ai l'habitude de faire mes remerciements en fin de billet, mais cette fois je vais commencer par remercier chaleureusement babelio et les éditions Monsieur Toussaint Louverture pour cette magnifique découverte.
Il faut avouer que je suis a deux doigts du coup de coeur. Comme c'est un premier tome je reste sur ma réserve pour la suite , mais vraiment je suis déjà sous le charme.

J'ai été agréablement surprise de voir que ce tome 1 était accompagné du tome 2 à la réception. (encore merci).
Mais j'ai surtout découvert des couvertures magnifiquement travaillées, toutes dans le détail et la finesse. Après la lecture on reconnait toute la pertinence de celle-ci.
De plus j'ai particulièrement apprécié le "merci" inscrit à coté du prix. J'ai adoré cette attention.

Le roman est terriblement bien construit, il est à la fois palpitant et intriguant. Je crois que le fait que tout soit inscrit dans le cadre de l'ambiguité fait la richesse de ce roman.
Les personnages sont très travaillés. Il sont à la fois sympathiques, mystérieux, et eux aussi dans l'ambiguité . On ne sait jamais dans quel camp ils se situent...
Idem avec l'histoire on n e sait pas ou elle va nous emmener.
J'apprécie également le parti pris de l'auteur d'insister sur la couleur de peau des personnages, car je suis convaincue que cela va avoir son importance a un moment ou un autre, même si le contexte historique prédispose fortement à cela.

j'aime aussi particulièrement le coté mystérieux et fantastique , qui reste lui aussi très ambigu.

J'ai quasi dévoré ce petit roman, qui va sortir les 7 avril et les tomes suivants tous les 15 jours, jusqu'au 6ème tome.
J'ai d'ailleurs attaqué avec avidité le suivant et commandé les 4 tomes restant. Mais le temps va me sembler long jusqu'à la réception.

Je vais également suivre avec intéret cette maison d'édition, car le travail fait sur cette saga est remarquable, et si touts leurs collections sont de cette qualité c'est assurément une maison d'édition a soutenir.
Idem avec l'auteur que je ne connaissais pas , mais qui m'a fait voyager avec son écriture et son histoire.

Assurément une saga de qualité a mettre dans toutes les mains qui aiment les beaux objets... chose rare pour un format poche.
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Manque de bol, j'ai été contaminé par le virus « Blackwater ». Autant prévenir ceux qui sont encore épargnés par cette calamité : le seul antidote connu pour se soigner est de lire les six tomes de la saga. Pas d'échappatoire possible ! Je vais devoir le faire. Ma santé avant tout !
Début du XXème siècle, à Perdido, ville paumée dans l'Alabama du sud. La rivière nommée Blackwater qui traverse la ville sort de son lit et l'inonde de ses eaux boueuses. Une crue exceptionnelle qui ravage tout sur son passage.
On récupère en haut d'un hôtel englouti par les eaux une étrange femme aux cheveux d'un roux flamboyant. Des cheveux de la même couleur que la Blackwater. Les âmes simples et les superstitieux s'inquiètent de cette apparition surnaturelle, franchement suspecte, voire funeste. On pourrait difficilement leur donner tort. D'ailleurs, les anciens ne murmurent-ils pas qu'une créature maléfique vit toujours dans les profondeurs de cette rivière avec son eau couleur brique ?
Les autres, aveuglés par le charme et la baroquerie de cette femme surgie de nulle part, sans passé, sans attaches, sans racines, l'accueillent à bras ouverts. À peine s'ils se montrent surpris de ce lien charnel qui l'unit à la Blackwater. Pauvres inconscients ! Pauvres fous !
Elinor, c'est ainsi que se fait nommer notre sulfureuse héroïne, devient très vite un personnage incontournable dans la ville de Perdido en train de soigner ses plaies.
Une ville où les femmes tiennent le haut du pavé, même si les hommes ont l'apparence du pouvoir. Ils se caractérisent d'ailleurs par leur extrême faiblesse.
Que cherche exactement Elinor quand elle s'acoquine avec la puissante famille Caskey, quand elle manipule les hommes de cette fratrie ?
Est-elle vraiment sortie des sombres eaux de la Blackwater ? Et si oui, pour quelles raisons ?
Un premier tome d'une simplicité déroutante. Un souffle romanesque qui nous emporte. Un livre qui se lit d'une traite, dans un souffle. du grand art.


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« Blackwater » est une saga culte aux États-Unis, encensée par Stephen King himself, mais qui a visiblement mis du temps à traverser l'Atlantique afin d'être éditée en français car celle-ci date tout de même de 1983. L'auteur, Michael McDowell, est d'ailleurs décédé des suites du sida en 1999, à seulement 49 ans. Afin de respecter la parution épisodique initiale de ce roman-feuilleton découpé en six volumes, l'éditeur a même prévu de sortir un (superbe!) tome tous les quinze jours, du 7 avril au 22 juin 2022.

Le récit débute en 1919 par une crue monumentale qui submerge la petite ville de Perdido, dans le sud de l'Alabama. Fief du clan Caskey, ayant bâti leur fortune familiale sur des scieries et dirigé de main de maître par la matriarche Mary-Love, la ville se retrouve totalement sous eau. Parmi les rescapés, Elinor Dammert, une mystérieuse jeune femme aux cheveux rouges flamboyants, retrouvée indemne dans l'une des chambres de l'hôtel Osceola, va également perturber l'équilibre au sein du clan familial. Créature séduisante au passé nébuleux, cette dernière semble également entretenir une relation assez particulière avec la nature en général et avec la rivière Perdido en particulier…

« Blackwater » est avant tout une grande saga familiale qui dévoile progressivement les tensions et les secrets du clan Caskey. Pourvue d'une touche de fantastique, finalement assez discrète, mais suffisamment présente afin d'insuffler une atmosphère étrange tout au long de ce premier volet, l'ambiance m'a un peu fait penser à celle que j'adore dans les récit de Charles Burns. Ajoutez un brin de romance et quelques rebondissements bien placés, le tout au coeur d'un état du sud marqué par la ségrégation et l'exploitation des domestiques noirs, et vous obtenez une série qui se laisse volontiers dévorer.

Mais, malgré un personnage central intriguant et une ambiance mystérieuse attrayante, je ne pense pas poursuivre l'aventure car l'intrigue en elle-même a eu plus de mal à me convaincre et j'ai trouvé cette mise en place un brin trop lente à mon goût.
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Ce sont deux très beaux objets que m'ont gentiment proposé de lire Babelio et les éditions Monsieur Toussaint Louverture : Blackwater tome 1 La crue, puis tome 2 La digue. Pour me décider, après la quatrième de couverture alléchante mais énigmatique, je lis les 2O premières pages offertes en extrait avant d'accepter. Et là, je succombe totalement au prologue qui nous plonge dans une ambiance d'inondation nimbée de mystère : En 1919, deux hommes parcourent en barque les rues du village inondé de Perdido. Nous naviguons ensemble sur de jolies descriptions à hauteur de fenêtres d'habitations désertées, et débusquons une survivante oubliée au dernier étage d'un hôtel, que nous nous empressons de secourir. Nous, c'est Oscar, un notable du village, et son employé Bray. D'emblée, celui-ci se méfie de cette drôle de femme dont il trouve l'apparition étrange. Très vite, nous nous apercevrons que les phénomènes qui l'accompagnent ne le sont pas moins. Alors je me jette à l'eau et accepte de lire en avant première les deux premiers tomes de cette série de 6, inédits en France, car j'ai hâte de poursuivre cette histoire.


A peine reçus les deux tomes, je m'émerveille tout d'abord du soin apporté à l'univers sublime de la couverture, qui nous signifie bien que l'on rentre dans un monde à part, fantastique, presque ésotérique… Puis je me dépêche de rejoindre à la nage les personnages là où je les avais laissés : sur le canal du retour qui les mène à la maison d'Oscar et de quelques autres, relativement épargnés par la crue et qui hébergent le reste du village. L'arrivée d'Elinor, la mystérieuse inconnue, continue d'intriguer autant le lecteur que la communauté. Contrairement aux autres, elle ne semble pas avoir peur de l'eau. Elle paraît même la contrôler, parfois. Et puis cette apparence étrange qu'elle prend pendant ses bains dans la rivière Perdido, dont l'eau est de la même couleur que ses cheveux si rouges… Sa peau est comme transformée, et ses yeux… Mais c'est sûrement un effet d'optique dû à la déformation et au miroitement de l'eau. Bientôt pourtant, Ellinor divisera la communauté : ceux qui sont sous son charme sembleront protégés, les autres seront comme maudits. Mais c'est lorsqu'elle séduira Oscar que la guerre commencera réellement. Elle affrontera alors directement la femme la plus importante de la vie d'Oscar : Sa mère. Or à Perdido, si la plupart des métiers sont exercés par les hommes, ce sont les femmes qui tirent les ficelles, contrôlent les hommes, affirment leurs volontés par tous les moyens mis à leur disposition, et ce déjà bien avant ce droit de vote qu'elles viennent d'obtenir : colères, manipulation, chantage affectif, des méthodes bien rodées qui ont fait leur preuve pour régir autant les vies privées que la vie publique. Jusqu'ici. Parce qu'avec Elinor, dont les hommes sont sous le charme, les femmes ont trouvé une rivale à leur taille. Et même peut-être bien plus machiavélique et puissante… Comme le prouve la fin étonnante de ce premier tome !


Si l'enjeu de ce tome 1 était d'asseoir l'autorité familiale d'Elinor, l'enjeu du deuxième paraît axé sur le projet communal de construction d'une digue, dont Elinor ne veut pas puisqu'elle perturbera sa chère rivière… Et quand Elinor veut ou ne veut pas quelque chose, elle se bat ! Je vous en dirai plus bientôt puisque j'ai dévoré ce premier tome d'un seul coup, sans pause, en une soirée. Je n'ai donc plus qu'à poursuivre avec le 2. Moi qui m'attendais à une écriture un peu gothique, comme dans Gormenghast, je l'ai trouvée en réalité extrêmement fluide, ce qui rend l'histoire facile d'accès à tout le monde. Par ailleurs, le fait que les phénomènes se rapprochant du surnaturel soient très légers permet aux gens terre à terre comme moi d'apprécier l'histoire et de se prêter au jeu des personnages sans se sentir perdus ni dépassés. C'est peut-être ce qui m'a le plus surprise finalement : Je m'attendais à un univers bien plus complexe et je l'ai trouvé très simple et facile d'accès. du coup sans m'avoir subjugué pour la richesse de son style ou la profondeur de ses personnages, il pourra divertir le plus large public comme il l'a fait avec moi. J'ai d'ailleurs lu que c'était précisément ce que recherchait l'auteur : « J'écris pour que les gens prennent du plaisir à lire mes livres, qu'ils aient envie d'ouvrir un de mes romans pour passer un bon moment sans avoir à lutter ». Eh bien mission réussie Monsieur Michael McDowell, car c'est exactement ce que j'ai ressenti ! J'attends de voir si le deuxième continue sur cette lancée ou s'il se complexifie… En tout, il y aura six tomes qui paraîtront d'avril à juin à raison d'un volume tous les 15 jours, en format poche : To be continued !
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Avant de vous livrer mon ressenti sur ce premier tome, je crois que je vais m'attarder sur la couverture. Moi qui lis essentiellement sur liseuse, je n'ai pu m'empêcher de commander le livre papier parce que la couverture est très attirante. Et je ne fus pas déçue à la réception de l'ouvrage car il est vraiment magnifique et j'avoue avoir passé beaucoup de temps à caresser cette merveille et à la regarder avant de l'ouvrir. Voilà, c'était mon coup de coeur « couverture de livre ».

Par ailleurs, ce volume me fait penser à une mise en bouche pour le lecteur : on prend le temps de situer les personnages (tableau généalogique à l'appui) et les lieux (plan de Perdido, petite ville de l'Alabama), ce qui est une fort bonne chose parce que cela permet de prendre dès le début, des repères parmi les protagonistes, et d'imaginer l'action dans les lieux annoncés.

L'histoire commence par un événement clé : la crue tant redoutée par les habitants de Perdido qui devront se réfugier dans l'église. On comprendra par la suite que la vie des gens est dominée par la présence de cette rivière qui façonne la vie de chacun.

Puis survient le mystère, un mystère que l'on ne peut que percevoir à travers des lignes sibyllines : Elinor ! qui est cette jeune femme rousse venue de nulle-part, sauvée des eaux, peu loquace, qui s'installe dans la ville et crée des liens avec chacun ? c'est ce qui, malgré une action lente, fera voguer le lecteur qui ne cessera de se poser moultes questions sur ce personnage énigmatique.

L'action s'intensifie à la fin du livre, et après cette mise en bouche on se sent prêt pour lire la suite.

Ecriture délicate, véritable tasse de thé que l'on consomme à petites gorgées savoureuses. Ce livre peut être lu par les jeunes et les moins jeunes.
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Depuis le temps que j'attendais cette sortie, je savais qu'elle était faite pour moi !

Déjà, il y a quelque chose d'inclassable dans ce début de saga et ce n'est pas pour me déplaire ! Fresque familiale, chronique d'une petite ville américaine, roman fantastique ou même d'horreur ? Peu importe, les cases, les genres, seul compte le plaisir de lecture ! Et ici, quel bonheur !

Dévoré presque d'une traite, je suis parti patauger allégrement dans cette communauté américaine qui vient de subir la pire inondation de son histoire. Nous sommes en 1919, dans l'Alabama, et les habitants de Perdido doivent reconstruire leur ville. Débarque alors (c'est le cas de le dire) la mystérieuse Elinor, qui semble cacher de biens terribles secrets …

Les femmes, ici, mènent la barque, et notamment Mary Love, la matriarche de la famille la plus aisée de cette petite communauté, au caractère bien trempé, mais qui semble trouver en la nouvelle venue une adversaire à sa taille.

Il y a tout ce que j'aime lire dans ce roman vénéneux où semblent ondoyer sous la surface des rivières de biens sombres présages et ce départ plus que réussi de saga promet de belles heures de lecture … On sait que le pari est gagné lorsque une fois arrivé la fin, on a juste envie de se jeter sur le tome suivant.

L'éditeur prévoit de sortir un tome tous les quinze jours, à compter du 7 avril et jusqu'au 22 juin, respectant ainsi la parution épisodique initiale voulue par l'auteur et je trouve l'idée vraiment géniale, surtout lorsqu'on voir la qualité du produit final. Un livre au format poche que l'on peut qualifier, sans crainte , de bijou pour nos bibliothèques, à petit prix !

Ce premier volume pose les bases, nous dévoiler les intrigues à venir, et offre une fin qui appelle le lecteur et je suis déjà follement impatient de lire la suite, La Digue. Si les tomes suivants continuent sur cette belle lancée, je tiens, assurément, un de mes coups de coeur de cette année 2022 !

Je reviendrai vous dire …

Lien : https://labibliothequedejuju..
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Je suis avec beaucoup d'intérêt la maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture (ME bordelaise, donc un peu chauvine…) depuis quelques temps. Je trouve le travail qu'ils font sur l'objet livre vraiment très qualitatif ce qui, je pense, fait ressortir aussi leurs publications plus que les autres, et permet de faire connaître des oeuvres à un public plus large. Par exemple, je ne me serais jamais intéressée à Blackwater de moi-même. Alors vu ma note, vous vous dites sûrement que dans le fond, cela n'a pas été une bonne chose, mais je pense être un cas un peu à part. Et surtout, malgré ma « déception » avec ce premier tome, je le vois plus comme une introduction et donc pas forcément assez représentatif pour que j'abandonne la saga.

Bien sûr, les différents avis très positifs que j'ai lus m'ont aussi donné envie de lire Blackwater. le résumé était intrigant et j'étais curieuse de voir ce qu'une touche de fantastique pouvait donner avec cette saga familiale. Malheureusement, comme je le disais La crue reste trop introductif pour moi. Je n'ai pas trouvé le récit très palpitant et l'intrigue même si on la voit se profiler au loin n'offre pas tellement de quoi tourner les pages avec plaisir…

Perdido a pourtant tout de suite, ce petit quelque chose de différent. Je ne saurai trop comment l'expliquer mais la ville semble être comme un îlot perdu où rien ne peut vraiment tout chambouler (sauf Elinor). Il y a ce charme architectural et naturel de l'Alabama. On y voit une société de grands propriétaires dépeinte de façon un peu naïve. Les différences de classe et de race ne semblent ébranler personne (sauf Elinor). Je ne sais pas si cela peut être une excuse, mais l'auteur est un homme blanc, et le roman a été écrit en 1983… Personnellement, j'ai trouvé cela trop lisse, même si on sent que Michael McDowell se moque de ses riches propriétaires. Et à contrario, il y a une fibre féministe que j'ai trouvé rafraichissante, même si elle a ses défauts. Les femmes semblent mener leur monde, mais on les décrit trop comme des pestes avides de ragots. Et les hommes en deviennent des marionnettes dont on peut faire ce que l'on veut… Un monde étrange que l'auteur nous dépeint là.

La troisième personne fait aussi que l'on a du mal à s'attacher à quiconque. Aucune sympathie pour personne, car les défauts reprennent trop le pas, et il en va de même pour l'empathie. Les soucis que les uns et les autres rencontrent me sont passés au-dessus, sauf en ce qui concerne Grace, mais jouer sur l'enfant pour rendre empathique… je trouve cela facile. Les sentiments sont aussi… non palpables si je puis dire. La romance entre Elinor et Oscar n'a aucune saveur. L'aversion de Mary-Love pour Elinor a quelque chose d'instinctif en soi, mais elle devient vite pénible tout comme sa façon d'étouffer enfants et petite-fille. Sa possessivité a quelque chose de dérangeant.

Alors oui, voir cette famille dans son quotidien si peu bouleversé, très caricaturale, n'a pas su me donner ce petit frisson que je recherchais. Trop de distance vis-à-vis de tout malheureusement. le manque d'intelligence des personnages, la méchanceté gratuite et le fait que tout le monde se laisse manipuler n'a pas aidé non plus. Elinor m'a tout de même permise de rester ancrée dans l'histoire. J'aimerai savoir pourquoi elle est là et ce qu'elle compte faire réellement. Elle est vraiment un personnage qui sort du lot, une héroïne étrange dont on n'arrive pas vraiment à savoir si elle est bonne ou mauvaise (je ne pense d'ailleurs pas que sa nature puisse être définie avec ces mots), et qui creuse doucement son trou autant dans cette communauté que dans notre esprit. le point fort du roman sans aucun doute.

La crue n'a donc pas su vraiment me convaincre… Cependant, je suis assez curieuse de voir ce que le deuxième tome peut offrir. J'ai l'impression que beaucoup de pions sont maintenant placés et que les choses peuvent bouger un peu plus par la suite. J'espère ne pas me tromper car j'aimerai moi aussi trouver cette étincelle qui fait tant aimer la saga.
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J'ai reçu ce fort beau cadeau lors d'une Masse Critique privilégiée, et j'en remercie beaucoup Babelio ainsi que les éditions Monsieur Toussaint Louverture. Quand je dis "fort beau", je parle non seulement du fait d'avoir reçu les deux premiers tomes de cette saga d'un coup (il y en aura six), mais surtout de l'esthétique des livres, très travaillée et très réussie. Un fond bleu évoquant l'eau, "personnage" principal de l'histoire, et des dessins dorés incrustés avec une foule de détails évoquant des personnages et des détails que nous retrouverons dans les pages. Et jusqu'au mot "merci", à côté du prix du volume !
On va voir beaucoup d'eau couler au fil de ce récit, qui débute justement par une crue dévastatrice. La ville de Perdido, que l'auteur situe au sud de l'Alabama, est ravagée par la montée de la rivière du même nom, et les dégâts sont immenses. Les habitants se sont réfugiés sur les hauteurs, et notamment dans l'église Zion Grace où l'on va retrouver les membres des trois familles les plus riches de la ville dont les vastes demeures ont été les premières touchées. Oscar Caskey, Premier Gentleman de la ville, est justement parti faire une reconnaissance en bateau avec son domestique noir Bray. Et surprise ! Une femme à l'opulente chevelure rousse a survécu dans une chambre à moitié immergée de l'hôtel Osceola et leur fait signe depuis sa fenêtre. Les deux hommes vont secourir l'inconnue et la ramener à l'abri chez l'oncle d'Oscar, James. La jeune femme, Elinor Dammert, prétendra être venue pour remplacer une enseignante partie pour une autre ville. Comme elle a perdu la presque totalité de ses affaires (dont ses papiers) dans la crue, impossible de vérifier ses dires. On est en 1919, les moyens de communication ne sont pas ceux d'aujourd'hui !
Qu'importe, Elinor se fera vite une place dans la ville, puis dans le coeur d'Oscar, au grand dam de sa mère, Mary-Love Caskey, grande figure de la bourgeoisie de Perdido. Mary-Love porte bien mal son prénom, elle n'aime pas grand monde en dehors de sa famille proche et cet amour est plutôt étouffant ! Sa fille Sister (bien réducteur comme prénom) demeure encore chez elle, faute de trouver un mari, et son fils Oscar également. Bien qu'il dirige la scierie familiale (avec James) et ait largement contribué à la prospérité de la famille, il est entièrement sous la coupe de sa mère. Celle-ci qui n'éprouvait déjà pas beaucoup de sympathie pour Elinor (rien que la couleur des cheveux de celle-ci la rend "suspecte") va carrément la haïr lorsque qu'Oscar lui annoncera son intention de l'épouser. Elle n'aura de cesse de contrecarrer les projets du couple.
Mais Elinor n'est pas du genre à se laisser dicter ses actes...
Le cadre est en place, les principaux protagonistes campés, l'histoire peut commencer.

J'ai d'abord pensé lire une simple saga familiale un peu du genre "Dallas" dont les anciens comme moi se souviendront sûrement : de riches familles, des conflits et des rivalités, des histoires d'amour contrariées. Il y a certes de cela dans "Blackwater", mais bien d'autres ingrédients aussi. Déjà le contexte est très différent, on est bien dans un état du sud des Etats-Unis mais en 1919, époque où la ségrégation est très marquée, les Noirs ne sont certes plus esclaves, mais parqués dans leur propre quartier et pour la plupart employés comme domestiques, ou "compagnons de jeu" pour les enfants de riches blancs. Cet aspect est fort bien expliqué par l'auteur. Perdido est une petite ville, où trois grandes familles possèdent des scieries qui font vivre toute l'économie locale. Elle est encerclée par deux rivières, la Perdido aux eaux rougeâtres, et la Blackwater. A leur confluence se forme un tourbillon très dangereux, où plus d'un a déjà perdu la vie. Ces rivières sont au centre du récit, et Elinor est fortement "reliée" à elle, d'une façon assez surnaturelle. Certains passages frôlent le fantastique, je pense que cet aspect va s'amplifier dans les prochains tomes, du moins j'aimerais bien ! Ce sont justement ces passages qui m'ont le plus séduite, le mystère est frôlé, mais pas encore vraiment dévoilé. J'ai apprécié le caractère fort, mais sans agressivité apparente, de cette femme, qui possède un sens de la justice parfois poussé à l'extrême. Elle est la seule à s'opposer à Mary-Love, et à obtenir ce qu'elle désire, parfois au prix de concessions qui m'ont paru un peu exagérées. Sister et Oscar par contre m'ont souvent énervée, leur faiblesse face à cette mère abusive m'a donné envie de leur mettre quelques coups de pied au derrière ! Les domestiques noirs jouent également un rôle dans le récit, ils font le lien entre les différentes maisons de la famille et sans eux rien ne tourne rond. J'aurais souhaité que d'autres personnages soient un peu plus développés, mais cela viendra sans doute dans la suite. L'écriture est fluide, ça se lit vite et ça coule...comme de l'eau ! J'ai d'ailleurs lu les deux volumes à la suite en deux jours.
Je ne connaissais pas l'auteur, mais une petite notice jointe à l'envoi comporte une rapide biographie. J'ai été surprise de découvrir qu'il s'agit d'un auteur contemporain, et que cette saga a été écrite de janvier à juin 1983, mais que la présente édition en est la première traduction française. A la lecture, j'aurais plutôt pensé qu'elle datait des années soixante, le style étant légèrement désuet. J'ai également découvert qu'il avait écrit des scénarii pour Tim Burton, le célèbre Beetlejuice.
Les prochains tomes vont paraître à raison d'un tous les quinze jours entre avril et juin, j'espère avoir la chance de poursuivre cette aventure.
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En ce jour de Pâques de 1919, la barque verte file sur les eaux boueuses. Alentour, tout n'est que désolation, maisons éventrées, carcasses d'animaux à la dérive, boue, rats, pestilence, …
Sur la barque, Oscar Caskey, bientôt la trentaine, fils d'une des trois grandes familles blanches de la petite ville de Perdido, au sud de l'Alabama, et Bray, son domestique noir. Au milieu du désastre, Oscar croit voir du mouvement dans une des chambres de l'unique hôtel, l'Osceola, alors que l'eau est montée jusque sous les fenêtres du premier étage. Comment est-ce possible ? Tous les habitants sont censés avoir été évacués…
Oscar ordonne à Bray de rapprocher la barque, au grand dam de celui-ci, perclus de terreur. Comme une apparition, une belle jeune femme rousse se tient dans la chambre partiellement inondée. Oscar tombe immédiatement sous le charme d'Elinor Dammert.
Du suspense, de l'étrange, une pincée de surnaturel, secouez-bien, et vous obtiendrez une eau rouge et boueuse aux couleurs de la Perdido. Afin d'étancher votre soif de connaître la suite, vous allez vous en délecter à grandes goulées.
L'écriture est simple, efficace, et je suis tombée sous le charme de cette saga familiale avec en figure de proue, l'affrontement de deux femmes fortes, Mary-Love la propriétaire terrienne dont la famille habite Perdido depuis plusieurs générations, et la sirène Elinor qui va se hâter de prendre Oscar dans ses filets. le seul problème étant qu'Oscar est le fils de Mary-Love, qui voit d'un très mauvais oeil la tentative de rapprochement de son fils et Elinor.
J'ai dévoré avec grand plaisir ce premier tome, j'attendais peut-être un peu plus de complexité, mais il reste encore cinq tomes à lire, donc l'histoire a le temps de se déployer. J'ai tout particulièrement apprécié les doses de surnaturel en petites touches bien dosées, qui permettent au récit de conserver sa crédibilité et de gagner en originalité.
Je pensais attendre un peu, mais, finalement, je ne vais pas résister, je vais me jeter sur le tome 2 !
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