Jeremy, orphelin très tôt de ses deux parents, a pris l'habitude d'adopter les parents de ses camarades.
Quand il rencontre Jenny, la femme de sa vie, il va spontanément s'intéresser à ses beaux-parents – malgré leur divorce et le peu de relations qu'ils entretiennent avec leur fille.
June – la mère de Jenny – exerce une fascination sur lui et il va entreprendre l'écriture d'un récit sur sa vie. En recoupant son témoignage avec celui de son ex-mari, Bernard, il prend conscience de la difficulté de sa tâche.
Jenny et Bernard se sont rencontrés à la fin de la 2nde guerre mondiale et ont adhéré au parti communiste. Lors de leur voyage de noces dans le sud de la France, la région du Larzac, Jenny va être confrontée à une expérience qui va modifier le cours de son existence : la rencontre de deux chiens noirs. Issus du folklore britannique, personnification du diable, annonciateurs de la mort, ils ne sont pas sans évoquer également la fameuse bête du Gévaudan qui hanta la Lorèze au 18ème siècle. Cette apparition diabolique – on est juste après la guerre, les traces des nazis sont encore profondément présentes – a une résonnance politique certaine. Jenny abandonnera le parti communiste juste après – autre forme de terreur politique.
La conséquence directe de cette apparition sera l'acquisition d'une ferme dans le Larzac, où elle passera la majeure partie de sa vie, d'abord avec son mari et ses enfants, puis seule. Elle suivra une voie de plus en plus mystique, considérant avoir eu une véritable révélation divine.
C'est un roman assez étrange, qui mêle plusieurs épisodes de l'histoire récente – occupation de la France par les Allemands, évocation du camp de concentration qui sera le lieu de rencontre de Jenny et Jeremy, chute du mur de Berlin où se rendra en direct ce dernier en compagnie de son beau-père Bernard, resté fidèle au parti communiste…Il se déroule dans une France qui demeure exotique et mystérieuse pour le narrateur, renforçant son aspect énigmatique. Au final, un récit déroutant qui mérite certainement une relecture…
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J'ai vraiment bien aimé ce roman. La première partie, où on découvre un jeune homme en quête de parents de substitution. La 2ème partie où l'on découvre Bernard et June. Et la 3ème partie où les choses se dénouent.
Je ne connaissais pas du tout cet auteur et je lui ai une certaine fluidité d'écriture. Cette fluidité n'atténue en rien le détail des nombreuses descriptions, à s'y plonger les yeux fermés, même si certaines descriptions sont peut être exagérées, mais après tout c'est un roman, tous les écarts son permis!
Les personnages sont attachants même agaçants parfois, je trouve que c'est une réussite, cela veut dire qu'on se projète complètement du côté des différents protagonistes.
Par contre, il y a quand même plusieurs passages qui m'ont, non pas choqué, mais que j'ai quand même trouvé très ambigu...et suis d'ailleurs étonné que personne ne les ais soulevés ici avant moi, est-ce mon esprit détraqué qui me joue des tours....???
" Quand elle demanda si elle pouvait visiter l'intérieur de la bergerie, elle n'avait pas terminé sa question qu'il était déjà debout et se dirigeait vers la porte d'entrée, au nord. Bernard dit qu'il se sentait trop bien pour bouger. June pénétra à la suite du berger dans une obscurité totale. Il alluma une lampe qu'il souleva à son usage à elle. Elle s'avança d'un ou deux pas et s'immobilisa. Il planait une douce odeur de paille et de poussière. C'était un long volume de grange au toit élevé, partagé en deux étages par un plafond voûté en pierre qui s'était en partie effondré, dans un coin. le sol était en terre battue. June garda le silence durant une minute. L'homme attendait patiemment. quand enfin elle se retourna pour demander: "Combien?", il tenait son prix tout prêt." Et se n'est qu'un exemple.
Bref j'ai bien aimé ce roman et le relirait à l'occasion.
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Ciselé, troublant, ancré dans l'histoire, l'auteur nous balade et laisse un arrière goût amer sur les combats d'hier et ceux de demain.
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Un des premiers romans de Mc Ewan, dont l'intérêt philosophique n'apparaît que progressivement. Il s'agit d'un couple à la fois exemplaire et unique, formé par Bernard et June, deux êtres plutôt remarquables qui sitôt unis par un amour indéracinable dans les années d'immédiate après-guerre se séparent, s'apercevant qu'ils empruntent des voies intellectuelles incompatibles. Cette rupture qui est plus qu'idéologique, (ce sont deux façons irréconciliables de comprendre le monde), se produit en quelques jours lors de leur voyage de noces en 1946 dans les Causses près de Lodève. June (notamment à la suite d'une rencontre traumatisante avec deux chiens noirs, dont les anciens propriétaires étaient probablement des soldats de la Gestapo) ressent le besoin de vivre différemment auprès de la nature, en méditation, de manière un peu religieuse, tandis que Bernard va s'engager dans l'action pragmatique et devenir député travailliste. Toute la fin du roman, qui présente cela clairement est des plus intéressantes, et le style de Mc Ewan s'y reconnaît. En revanche, tout le début, centré sur le narrateur de l'histoire du couple, à savoir leur gendre, manque franchement d'intérêt. Était-il nécessaire de s'attarder longuement sur sa personnalité (un homme privé de parents qui reporte sur June et Bernard son manque) pour nous faire découvrir l'aventure intellectuelle qui forme le coeur du livre ?
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