Les chiens noirs, c'est le nom que
Churchill donnait aux accès dépressifs qui l'assaillaient; pour June, qui en fait la rencontre bien réelle et brutale au sortir de la guerre alors qu'elle était une jeune communiste convaincue, ce sera le symbole de la découverte du mal, et cette certitude emportera ses convictions.
Cette femme fascine son gendre, le narrateur, qui va à travers elle, son parcours, son ex-mari, sa propre histoire familiale, remonter rien moins que toute l'histoire idéologique du 20ème siècle en passant par le camp de concentration de Majdanek où s'est déchaînée l'horreur nazie, et Berlin au moment où la chute du mur entraîne celle du communisme, pour finir dans une bergerie en France dans un lieu de paix transcendant ces idéologies.
Climat intimiste, rythme lent, introspection lucide, on est bien dans un roman de McEwan chez qui comme toujours l'intelligence du propos l'emporte sur la dynamique de l'action. Ce n'est pas le plus accessible de ses romans, mais pour sa profondeur de réflexion il mérite d'autant plus que l'on s'y laisse porter, aidé en cela par la fluidité limpide de sa plume.
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