Alors là, je reste abasourdie devant l'intelligence multiple de
Ian Mc Ewan.
En mettant en scène une magistrate londonienne de 59 ans – juge aux affaires familiales – , pianiste de surcroît, en pleine crise conjugale pour couronner le tout, jugeant avec sagesse, implication et logique des cas difficiles, l'auteur de ce roman accompli a dépassé les limites de la compréhension humaine.
Non, je n'exagère pas ! Il se met à tel point dans la peau de cette femme forte et fragile à la fois que je ne peux que le saluer et l'admirer. Il s'immisce dans les plus petits recoins de sa vie et comme celle-ci fait preuve d'une telle sagacité couplée à un sens aigu de la nature humaine, tous les personnages gravitant autour d'elle nous deviennent transparents.
J'en suis arrivée à épouser ses pensées les plus intimes et à vibrer moi aussi, que ce soit lors de ses réflexions sur le monde qui l'entoure et sur le sens de sa vie, ou pendant l'exercice – ô combien délicat – de ses fonctions juridiques, ou encore lorsqu'elle est confrontée à son mari et à la remise en question de son couple.
De plus, l'empathie de l'auteur – par l'intermédiaire de l'héroïne - envers chacun des autres personnages, leur compréhension, l'analyse fine et sensible de leur comportement et de leurs pensées, leurs intentions, leurs négations, leurs moteurs, tout ceci fait de ce roman un chef-d'oeuvre.
Il faut dire que l'héroïne est une femme hors du commun. Chaque jour, elle doit trancher dans le vif, décider de ce qui fera le bonheur ou la désillusion des personnes les plus diverses, que ce soit les parents de bébés siamois, ou ceux qui se disputent la garde d'enfants, ou encore des parents témoins de Jéhovah, refusant la transfusion pouvant mettre à leur enfant de presque dix-huit ans d'être sauvé. Ce cas va l'occuper plus qu'elle ne pensait, car pour le résoudre, elle sortira des sentiers battus et ce chemin inhabituel conduira sa conscience et son coeur en une contrée terriblement déstabilisante. En effet, le bon sens et l'aptitude à questionner peuvent changer le cours d'une vie, particulièrement lorsqu'il s'agit d'un adolescent fragile et intelligent...
L'intérêt de l'enfant doit toujours être le but de ceux qui s'occupent des affaires familiales : sa protection, bien sûr, mais aussi son épanouissement, et lui donner toutes les conditions pour que ses capacités, encore à l'état brut, puissent un jour se déployer.
Je peux vous assurer que
Ian Mc Ewan, à travers son héroïne, y a contribué de façon...magistrale!