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Nous sommes à Londres, en 1982. Un homme, Charlie, jeune trentenaire, profite de l'héritage laissé par sa mère pour acquérir un androïde, le premier être artificiel convaincant mis sur le marché, prénommé Adam. Cet homme qui est le narrateur demande à sa voisine du dessus de bien vouloir l'aider pour le transporter car celui-ci ne pèse pas moins de 67 kilos. Miranda, elle, a 22 ans, et va devenir la compagne de Charlie. Adam, dont la personnalité a été définie et programmée à quatre mains par le couple, aide dans les tâches ménagères, fait la conversation, lit Shakespeare, écrit des haïkus, ne supporte pas le mensonge et va tomber fou amoureux de Miranda. Ce robot, une merveille de technologie mise au point grâce à Alan Turing, toujours en vie en 1982, qui, dans cette uchronie, réécriture de l'histoire à partir d'un passé modifié, ne s'est pas suicidé en 1954 et dont l'homosexualité ne dérange plus personne, devient un vrai personnage. le passé est modifié pour le Royaume-Uni qui a perdu la guerre des Malouines, où les Beatles sont à nouveau réunis et sortent un nouvel album, modifié pour la France aussi, dont le président n'est autre que Georges Marchais. La majorité des voitures sont autonomes et les robots comme Adam sont dotés de sensibilité et sont même capables de se suicider. Mettre de la science-fiction dans le passé, écrire une uchronie d'anticipation en quelque sorte, il fallait Ian McEwan pour oser ! C'est un roman un peu déstabilisant, il faut le reconnaître et qui amène à se poser de nombreuses questions. Ce personnage d'Adam au départ une prouesse technique, se rapproche de plus en plus de l'humain. N'y a-t-il pas le risque en voulant créer de l'intelligence artificielle à être débordé et ne plus maîtriser la situation, à créer une machine qui nous remplacerait, nous dominerait, qui nous comprendrait plus que nous nous comprenons nous-même ? Une machine comme moi est un roman riche et audacieux, troublant qui est souvent très amusant mais aussi relativement noir. Il m'a permis de faire la connaissance de ce mathématicien britannique, auteur de travaux qui fondent scientifiquement l'informatique, Alan Turing dont j'ignorais l'existence. Bref, je me suis régalée à sa lecture tout en le trouvant parfois un peu lassant. + Lire la suite |
Ian Mc Ewan commence à publier des nouvelles à la fin des années 1970, avant de s'aventurer avec le Jardin de ciment (1978) dans le territoire du roman. Il s'attache depuis à arpenter le genre romanesque dans ses moindres recoins, change d'univers et de registre à chaque nouvelle publication, et passe avec virtuosité de la fresque historique (Expiation, 2001) au roman d'espionnage (Opération Sweet Tooth, 2012), du drame familial (L'Enfant volé, 1987) à la comédie satirique (Solaire, 2010). Au fil des métamorphoses de son oeuvre, l'inscription de la fiction dans le réel demeure un point d'ancrage : la guerre en Irak, le réchauffement climatique, le Brexit ou encore l'évolution des nouvelles technologies – thème de son dernier livre, Une machine comme moi – font irruption dans la trajectoire de ses personnages pour bousculer ou faire basculer leurs vies.
Héritier du grand roman du XIXe siècle, De Balzac à Jane Austen, McEwan a pour ambition de réconcilier cet héritage avec les leçons du modernisme et du post-modernisme. Pour cela, il s'appuie à la fois sur la force et le charisme de ses personnages, sur des structures narratives complexes et sur une écriture visuelle qui explique sans doute le grand nombre d'adaptations cinématographiques que ses romans ont connu.
Animés par des producteurs et productrices de France Culture, les entretiens du cycle « En lisant, en écrivant » sont réalisés en public à la BnF, puis diffusés dans la grille d'été de France Culture et disponibles en podcast. Genèse des oeuvres, sources d'inspiration, aléas de la vie quotidienne d'un auteur ou d'une auteure, édition et réception des textes – autant de sujets que ces rencontres permettent d'aborder, au plus près de la création littéraire.
En savoir plus : https://www.bnf.fr/fr/masterclasses-litteraires