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EAN : 9781607061533
300 pages
Image Comics (30/03/2010)
5/5   1 notes
Résumé :
With Spawn, legendary writer and artist Todd McFarlane unleashed his iconic antihero on the world, and launched the most successful comic book in history. Spawn: Origins Book 1 includes classic Spawn stories written by Alan Moore and Frank Miller, as well as the introduction of memorable characters into the Spawn universe.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cette édition parue en mars 2010 regroupe les épisodes 1 à 12 de la série Spawn (initialement parus de mai 1992 à juillet 1993), y compris les épisodes 9 (scénario de Neil Gaiman) et 10 (scénario de Dave Sim), réédités pour la première fois.

Quelque part à New York, un individu reprend conscience. Il est habillé d'une tunique moulante, avec une grande cape démesurée qui semble bouger par sa propre volonté, ainsi que des dizaines de mètres de chaîne, elle aussi mue de façon autonome. Dans son esprit, une seule question : pour quelle raison est-il revenu à la vie ? À la télévision, 3 présentateurs évoquent sur autant de chaînes différentes et chacun à leur façon (chaîne d'information continue, éditorialiste réactionnaire, chaîne spécialisé dans la vie mondaine des célébrités) le défunt lieutenant colonel al Simmons et les actions de Wanda Blake, sa veuve. Les souvenirs reviennent par bribes, il a été al Simmons, il était marié, il est mort assassiné par un tueur dont il ne se souvient pas. Spawn s'installe dans une ruelle de New York, habitée par une douzaine de clochards. Il affronte un autre rejeton de l'enfer (Violator), un cyborg pas commode (Overt-Kill) travaillant pour la mafia, il se trouve face à face avec le démon (Malebolgia) qui lui a rendu cette forme de vie, il visite les cercles des Enfers, il se bat contre un ange (Angela, de sexe femelle de toute évidence), il croise Cerebus, encore quelques cyborgs et il finit par se souvenir de l'identité de son meurtrier.

En 1992, 7 des dessinateurs les plus vendeurs travaillant pour Marvel Comics prennent leur indépendance, fondent leur propre maison d'édition baptisée Image Comics, et lancent chacun leur série. Il s'agit de Jim Lee (WildC.A.T.s : Covert-Action-Team), Todd McFarlane (Spawn), Erik Larsen (Savage Dragon), Jim Valentino (Shadowhawk), Marc Silvestri (Cyberforce), Rob Liefeld (Youngblood) et Whilce Portacio (Wetworks). Image Comics fonctionne comme une maison d'édition chargée de la partie administrative à laquelle se rattachent les 7 studios correspondant formant autant de branches. Parmi eux, seuls Erik Larsen et Todd McFarlane ont continué à produire ou à faire produire leur série presque mensuellement.

Avant toute chose, ce tome est une preuve irréfutable du talent d'illustrateur de McFarlane. Il ne se réfugie pas derrière un style réaliste pour donner plus de sérieux et de crédibilité à sa création, il continue à marier un sens obsessionnel du détail avec un penchant pour l'exagération qui se manifeste aussi bien dans les maillons innombrables des chaînes du costume que dans les tronches saisissantes des seconds rôles. Chaque épisode comporte son lot de pleines pages et de grandes cases, magnifiées dans cette édition juste un peu plus grande que le format comics traditionnel. McFarlane ne renie en aucun cas les codes graphiques des superhéros, il s'inscrit au contraire dans cette tradition très américaine pour donner sa vision, son interprétation en y mettant toute son énergie. Il ne triche pas avec le lecteur : il prend tout le temps nécessaire pour mettre tous les détails qu'il souhaite. Chaque case dégage une énergie et un sens de la composition percutants, avec souvent une légère touche d'humour, voire de dérision.

La conception graphique des personnages n'appartient qu'à McFarlane et ne fonctionne que parce que c'est lui qui les dessine. Je pense en particulier au Violator dans ses 2 formes : le clown et le monstre démoniaque. À la fois, l'une et l'autre forme font monter un sourire aux lèvres car elles jouent sur le second degré du gros porc et de l'horreur impossible avec plein de dents pointues ; à la fois elles provoquent un sentiment de répulsion car l'une et l'autre sont empreintes de sadisme et de méchanceté. Overt-Kill impressionne par sa stature et fait sourire par les tics graphiques des années 1990. Les seconds rôles sont tous formidables qu'il s'agisse des parrains de la mafia dans leurs costumes noirs, ou du tandem irrésistible de Sam et Twitch (le grand gros et le petit maigre, on n'est pas loin de Laurel et Hardy). Il faut également évoquer le cas particulier des femmes, ici essentiellement représentées par Wanda Blake (veuve d'al Simmons) et Angela (ange, tueuse de Hellspawn). McFarlane les dessine comme des top-modèles internationaux avec des tenus de hautes coutures. Il n'y a que pour Angela où il se laisse aller le temps d'une case ou deux à mettre un peu trop en avant son postérieur.

Les expressions des visages sont absolument irrésistibles de bout en bout. McFarlane a l'art et la manière de composer les traits d'un visage pour aboutir à une expressivité maximale. Je pense au sourire satisfait et hypocrite du patron proposant à sa secrétaire de lui faire une petite gâterie, aux moues vulgaires du clown, aux mines désabusées de Sam, au regard impénétrable de Billy Kincaid, etc.

Et McFarlane n'y va pas avec le dos de la cuillère : il utilise un medium visuel, il est là pour en mettre plein la vue à ses lecteurs, toutes les exagérations sont permises. Spawn est un démon d'un des Enfers dotés de pouvoirs surnaturels ; ça brille de partout quand il s'en sert dans de grandes gerbes d'énergie. Spawn préfère utiliser les bonnes vieilles méthodes combats ; il rentre par effraction dans une armurerie de la CIA et s'équipe de très gros flingues, avec la cartouchière en bandoulière bien sûr. Angela a un costume riquiqui, mais une lance dotée d'une lame démesurée, ouvragée, et parée de rubans qui semblent eux aussi animés d'une vie propre. Il donne même des indications à Tom Orzechowski (le lettreur) pour les phylactères soient le plus expressifs possibles (s'inspirant beaucoup du travail de Dave Sim dans Cerebus). La mise en couleurs a été réalisée par Steve Oliff (dont le nom est bizarrement absent de la page de garde) pour un résultat abouti malgré les moyens informatiques limités de l'époque.

Et l'histoire ? C'est vrai que quand tous ces dessinateurs ont déclaré leur indépendance, la profession et les lecteurs se sont dit que le niveau des histoires allait être pathétique d'amateurisme. La première fois que j'ai lu ces épisodes, j'avais été déçu par leur simplisme. Avec le recul de la relecture, ce qui est le plus étonnant c'est de redécouvrir que McFarlane sait où il va. Son histoire est plutôt bien ficelée, les personnages sont tous distincts et la trame général mêle des démons, avec une conspiration, une histoire d'amour impossible, une guerre entre les Enfers et le Paradis, la recherche d'informations sur la nature des Hellspawns, etc. D'ailleurs, à plusieurs reprises, McFarlane a recours à des écrans de télé pour pouvoir faire passer toutes les informations nécessaires pour poser le cadre de son histoire (comme les utilisait Frank Miller dans The Dark Knight Returns). Ces épisodes écrits par McFarlane se laissent lire et forment une trame satisfaisante pour les illustrations toniques, drôles et pleins de superbe. Mais au bout d'un moment, McFarlane en a eu marre d'entendre que le scénario ne tenait pas la route et il a invité 4 scénaristes reconnus pour leurs talents le temps d'un épisode chacun.

Alan Moore écrit l'histoire de l'épisode 8 qui correspond à une visite de 8 niveaux des Enfers pour Billy Kincaid (tueur d'enfants en série). C'est agréable, assez léger pour du Alan Moore, assez structuré pour que McFarlane puisse développer une mythologie sur cette base. Moore se servira de la morale finale dans la minisérie consacrée au Violator ("Caca happens.").

Frank Miller écrit l'histoire de l'épisode 11. Il s'agit d'une guerre entre 2 gangs rivaux de cyborgs qui se disputent l'allée dans laquelle squattent Spawn et ses copains clodos. Euh, il n'y a pas de manière polie de le dire : Miller ne s'est vraiment pas foulé. Il se rattrapera un peu pour le crossover Spawn/Batman.

Neil Gaiman a écrit l'épisode 9 pour lequel il a inventé Angela et le comte Nicholas Cogliostro. L'épisode se laisse lire tranquillement avec le personnage d'Angela qui fait tout de suite mouche grâce à son caractère hautain et ses atouts physiques. Pendant des années, McFarlane ne l'a pas réédité car il était en différent avec Gaiman. Ce dernier prétendait qu'il avait droit à une partie des droits d'auteur sur ces personnages, en tant que co-créateur, alors que McFarlane soutenait qu'ils avaient été créés dans le cadre d'un contrat d'employé, sans aucuns droits d'auteur de prévus. Cette situation est d'autant plus cocasse si l'on se rappelle que McFarlane était parti de chez Marvel pour devenir propriétaire de ses personnages et défendre par là même les droits des auteurs. Ce qui nous amène à l'épisode 10.

Dave Sim a écrit l'épisode 10 (sur la couverture Cerebus s'exclame "Gah ! Color !") dans lequel Spawn se fait balader devant une assemblée de superhéros emprisonnés par une grosse entreprise, et de créateurs spoliés de leurs droits par cette même grosse entreprise. Cet épisode bénéficie d'une introduction de 2 pages de Dave Sim dans laquelle il explique les raisons de l'absence de réédition de cette histoire jusqu'alors. Quand McFarlane s'est rendu compte du fond de l'histoire de Sim, il a dans un premier temps tenté de faire le forcing en la refusant tout net et en exigeant une autre histoire. D'un autre coté, il faut bien comprendre que lorsque McFarlane avait passé commande à Dave Sim, ce n'était pas sur la base de sa célébrité (surtout comparé à Alan Moore, Neil Gaiman et Frank Miller). C'était parce que Dave Sim était le champion des comics indépendants. Donc il était assez naturel que Sim profite de l'incroyable tribune qui lui était ainsi offerte.

J'ai pris beaucoup plus de plaisir que je ne pensais à retrouver al Simmons, Terry Fitzgerald, Wanda Blake, Cyan, Jason Wynn, Sam & Twitch, Angela et les autres dans cette superbe édition qui comprend pour la première fois les épisodes 9 et 10, avec ces illustrations magnifiques dans leur démesure.
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The story of rebel icon Todd McFarlane who fought against the status quo to upend the comics and toy industries.
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