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EAN : 9782848054452
340 pages
Sabine Wespieser (07/04/2022)
4.09/5   40 notes
Résumé :
"Entre toutes les femmes" raconte le destin de trois soeurs - Maggie, Sheila et Mona - dans l'Irlande rurale du XXème siècle. Le point commun entre toutes ces femmes est leur père Moran, ancien vétéran de la guerre d'indépendance, qui régit toute la maisonnée et pèse sur la vie des siens. Alors que les trois femmes resteront malgré leur départ de la maison familiale résolument attachées à la famille, ce ne sera pas le cas de Luke et Michael, les deux frères qui s'op... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
C'est l'histoire d'un veuf vieillissant , Moran, père de trois filles : Maggie, Mona, Sheila , et deux garçons Luke et Michael, qui exploite une ferme au coeur de l'Irlande rurale, au XX ° siècle, marqué à jamais par son combat dans les rangs de l'IRA pendant la guerre d'indépendance.

Il fait régner une autorité dictatoriale au sein de son foyer.
Véritable patriarche , autant exaspérant qu'attachant ,obstiné , autoritaire, sauvage , souvent cruel, maintenant ses filles surtout dans la crainte et la suspicion ——il ne saluait jamais personne à l'extérieur de la maison——-seule sa famille compte « : À l'intérieur de la maison, le monde extérieur était banni. Il n'y avait que Moran, leur père bien aimé , encloses dans son ombre , elles avaient l'impression qu'elles ne mourraient jamais » …

Moran tente de gouverner les jeunes existences de ses filles selon ses exigences à lui ,elles ne quitteront jamais vraiment la propriété familiale malgré leurs enfants et leur travail à Londres ou à Dublin,.

Les deux fils , eux , surtout Luke——- qui ne reviendra jamais à Grande Prairie ——,têtu et indépendant, fuiront très tôt le foyer , révoltés par la perversité doucereuse de ce père intransigeant qui pouvait se montrer parfois l'homme le plus délicieux et charmant du monde .

Rose , sa seconde épouse : chaleureuse , rayonnante , lumineuse, affectueuse, aussi sociable et ouverte aux autres qu'il était ténébreux et taiseux , complexe, susceptible, souvent insatisfait, apportera chaleur et équilibre au sein du foyer.

Moran restera toujours le pilier central , craint autant qu'aimé et vénéré.
Un roman de toute beauté de facture classique où la religion et les prières jouent un grand rôle .

Il y a longtemps que je n'avais lu un aussi beau roman écrit en 1990,—— profond , fin, dense, émouvant , d'une sensibilité psychologique exquise ———: l'auteur explore avec une finesse sans pareille les sentiments complexes ,ambivalents, contradictoires au sein d'une fratrie liée à sa figure tutélaire.

Ses portraits intimes sondent magnifiquement, l'humanité , la relation trouble entre haine et amour, passion , respect et rébellion, notamment chez les deux frères , soumission apparente et défi.

Une saga splendide ,unique à propos aussi de l'émancipation douce autant que nécessaire et subversive !

Je le conseille, vous passerez un doux moment !

«  Non mais , regardez - les un peu ,les hommes ! .

On dirait plutôt une bande de femmes ! dit Sheila, pour attirer l'attention sur la nonchalance et la légèreté de leur attitude .
Et ce pitre de Michael , vous avez vu comme il fait rire Sean et Mark ?
Pour un peu ,on croirait qu'ils reviennent d'un bal » .

C'est une réédition , la première parution remonte à 1990 .


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Un auteur irlandais découvert il y a un très long moment... et dans lequel je me replonge avec une attention toujours enthousiaste..

Un très beau roman qui met en scène le destin de trois soeurs, Maggie, Sheila et Mona - dans l'Irlande rurale du XXème siècle, et leur père, Moran, véritable patriarche aussi attachant qu'exaspérant tant il est sauvage, et ressemble à un "ours mal léché"... Seule sa famille compte, ses filles et ses deux fils, Luke et Mickaël, avec lesquels les rapports sont plus houleux et orageux...
Moran, est un ancien vétéran de la guerre d'indépendance. Ses enfants partiront tous de la maison, mais resteront très attachés à leur père,
et à Rose, deuxième épouse... aussi sociable et diplomate que Moran, est affectueux, mais taiseux, intransigeant...
Moran reste envers et contre tout , le pilier central, aimé, aussi admiré, vénéré que craint par ses trois filles !

"A l'intérieur de la maison, le monde extérieur était banni. Il n'y avait que Moran, leur père bien-aimé; encloses dans son ombre et dans les murs de la maison, elles avaient l'impression qu'elles ne mourraient jamais. (Presses de la Renaissance, 1990, p. 119)

Un roman où la religion et la prière rythment les journées de cette famille qui travaillent très dur la terre ! [***le titre est déjà , en lui-même, annonciateur de l'atmosphère du récit , où le travail, et la Famille sont
au centre de cette campagne irlandaise , avec en arrière-fond, un hommage de l'auteur , discret et fort, envers ses personnages féminins...]

Une lecture dense, âpre et émouvante avec ce Pater Familias, haut en couleurs et en contrastes... sans oublier les personnages de cette famille, avec chacun, une personnalité affirmée... dont la très chaleureuse seconde épouse, Rose...toujours rayonnante et lumineuse, faisant comme un équilibre savant avec son ténébreux de mari !!

[*** première lecture , octobre 1990- Librairie Magnard, St Germain des Prés- librairie aujourd'hui disparue...Relecture mai 2020 -@Soazic Boucard ]
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Paru en 1990, puis disparu des tablettes, Entre toutes les femmes est réédité en cette année 2022.

Je ne sais pas ce qu'est un livre écrit à l'ancienne, mais je dirai volontiers que c'est le cas pour ce roman. Un parallèle me vient avec ces artisans du temps jadis, ébénistes en particulier, sens du détail, harmonie d'ensemble, qualité du choix des essences, savoir faire, esthétisme inventivité et application.

Irlande. Michael Moran est un ancien combattant de la guerre d'indépendance. le temps a passé, nous sommes donc probablement dans les années quarante et cinquante. Fermier, veuf, père de trois filles et deux garçons ; il règne en patriarche sur son clan qu'il tient en partie à l'écart du monde extérieur.
Un brin caractériel et dictateur à l'occasion, il est souvent à l'origine de tension.
Les filles longent alors les murs et les fils  à défaut de tuer le père pour exister, s'en vont exister ailleurs. Luke part et ne reviendra pas, Michaël moins borné, s'en ira puis reviendra comme si de rien n'était.
Le bon côté des choses, Moran, aime ses enfants, il sera toujours là lorsqu'il le faudra, la famille lui est une valeur essentielle  tout autant que la prière. Il sait aussi reconnaître ses torts et s'excuser lorsqu'il est allé trop loin, bien que cela coûte.

Faut il lui pardonner ses excès et ses valeurs d'un autre temps, il n'y a pas photo et ses enfants, excepté l'aîné aussi borné que le père le feront sans peine et seront là jusqu'à la fin.

Moran se remarie. Beau portrait de Rose.
Rose, image en reflet de Moran, sait pardonner lorsque Moran s'excuse, en se donnant le temps car il s'agit de le faire payer un peu.
Moran vieillit, par petites touches et nous vieillissons avec lui.
Moran meurt. Il ne s'est pas accroché à son pouvoir de patriarche, inutile donc de le détrôner. Les filles sont là, Rose aussi, elles l'entourent avec douleur et tendresse. Michaël comme d'habitude a raté une marche ce qui n'est pas grave, Luke on ne sait pourquoi, n'a pas pris l'escalier.

Entre toutes les femmes, beau livre, personnages attachants, belle écriture, finesse psychologique et sans excès.
Mcgahern, loin du wokisme actuel est dans le respect du passé. Autre temps, autres moeurs. Il ne s'agit pas de juger ce qui paraît aberrant aujourd'hui mais ne l'était pas à l'époque.
Les filles respectueuses du père n'en ont pas moins avancé dans la vie et ont su s'émanciper. Bémol, Sheila, infirmière qui aurait pu et voulu être médecin n'a pas osé s'affirmer face au père, dommage. Et une pensée pour Rose qui a su tout en douceur intégrer cette famille pas si fermée que cela.
Regrets, la mère, oubliée du sérail, et tous ces hommes manquant de consistances alors que les filles ont su hériter de la force du père.

Les phrases de la fin comme j'aime bien les citer.
A propos de Michaël Mark et Sean, un fils et les deux gendres :
Sheila : Non mais, regardez les un peu les hommes ! On dirait plutôt une bande de femmes. Et ce pitre de Michaël, vous avez vu comme il fait rire Sean et Mark ? Pour un peu, on croirait qu'ils reviennent d'un bal.

Commentaire : face à la lourdeur des choses et de leurs responsabilités, les hommes ont parfois tendance à donner dans la légèreté ce qui est salutaire. Entre toutes les femmes, un peu de solidarité masculine, ce n'est pas un luxe par les temps qui courent. Jugement d'aujourd'hui sur aujourd'hui.
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Très beau roman. Un veuf vieillissant, père de trois filles et deux garçons, fait régner une autorité dictatoriale au sein de son foyer dans une ferme d' Irlande. Son fils aîné a fui pour s'établir à Londres après une correction mémorable assénée par le père « pour le bien du jeune garçon » qui coupera complètement les ponts avec son père, celui-ci ne se remettra jamais en question même après que le plus jeune de la fratrie aie suivi le même chemin que l'aîné quoique de manière moins radicale.
Michael Moran a combattu vaillamment lors de la guerre d'indépendance et considère que son courage et la mort de tant de jeunes gens de sa génération n'ont profités qu'au clergé et aux médecins. En tout cas pas au peuple, et ce n'est pas une pension qu'il refuse de toucher, qui pansera sa rancoeur. C'est un homme profondément autocentré, aigri, très croyant, traditionaliste. Il laisse souvent éclater ses frustrations sur son entourage. Il porte les valeurs de la famille au pinacle comme il semble commun dans cette île âpre. Il est néanmoins très respecté dans son village et craint aussi pour son caractère ombrageux et ses prises de positions tranchées à hautes et intelligibles voix quand il en a l'occasion à la poste du bourg où il se rend tous les jours pour envoyer et chercher son courrier.
C'est ainsi qu'il remarque une jeune femme célibataire sur le tard, qui semble bien aimable et pourrait lui convenir pour la tenue de sa maisonnée. Rose, qui s'est exilée pour trouver du travail auprès d'une famille bourgeoise, n'est pas insensible à l'intérêt que lui manifeste cet homme dont elle connaît pourtant la réputation, c'est un bel homme et elle pense pouvoir, grâce à son caractère enjoué et bienveillant, lui apporter de la douceur et l'amener à changer de comportement avec ses congénères. Cela ne sera pas si facile et ce sera elle qui devra encaisser l'ambiance lourde que fait régner ce père sans concession au sein de sa famille. Pourtant les trois filles totalement dévouées au chef de famille, reçoivent un grand soutien de la part de Rose et elles constatent également que leur père a des moments plus apaisés sur le tard de sa vie. Un roman remarquable par l'analyse fouillée de chaque personnage et de la société en toile de fond au début du XXe siècle. Il y a la nature environnante et le rythme des saisons et les travaux qu'il entraine qui tiennent une grande place dans ce magnifique roman.
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Ce roman a un charme fou.
Famille irlandaise, patriarcat, emprise du père et du mari, religion catholique, je pouvais m'attendre au pire, une attaque en règle sans nuance vu les thèmes traités.
Et pourtant !
Je me suis attachée à Moran, ce père à la limite du caractériel, pouvant être charmant un instant et détestable la minute suivante.
Pour lui, le passé c'est sa guerre contre l'IRA, dont il est vétéran et dont il refuse de parler.
Sa seconde femme, Rose, à la personnalité chaleureuse et lumineuse, servira de tampon entre le père et les enfants
Ses trois filles, sa richesse, qui l'aiment, le craignent, lui seront toujours attachées, qu'elles soient à Dublin ou à Londres.
Ses deux fils le "fuiront" à Londres, l'ainé, Luke, coupera définitivement les ponts et le plus jeune, Michaël arrivera à trouver un motus vivendi.
Un exemple du caractère contradictoire de Moran. Il souhaite renouer avec Luke, mais la seule fois où celui-ci revient à la ferme, il donne l'impression de tout faire pour que son fils fuie à nouveau. Ce qui va arriver, évidemment.
Tous ont leur logique, leurs limites et stratagèmes et bien sûr leurs paradoxes.
Si je me suis attachée à Moran, c'est que Moran est un personnage de fiction, pas mon propre père ! Etre sans cesse sur ses gardes ne devait pas être une sinécure .
J'ai aimé l'écriture "à l'ancienne", sans fioriture inutile et la façon qu'a John McGahern de nous faire entrer dans cette famille complexe et attachante.
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critiques presse (2)
LeFigaro
22 juin 2022
Un livre d'une beauté unique, en forme d'adieu à un monde qui n'existe plus.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
SudOuestPresse
07 juin 2022
Réédition de ce roman de 1990, une réflexion sur l’ambivalence des sentiments entre une fratrie et un père autoritaire.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
«  Au bout de tant d’années , il venait de perdre son meilleur ami, mais en un sens il avait toujours méprisé l’amitié ; la famille , voilà ce qui importait , et plus particulièrement cette version agrandie de lui- même qu’était « sa » famille ; et pendant qu’il restait là assis dans cette même fureur calculatrice , il vit un par un chaque membre de cette famille s’échapper graduellement hors de son atteinte . Oui , ils finiraient tous par s’en aller » …
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«  Elle semblait prête à endurer pour ainsi dire n’importe quoi pour l’apaiser , pour endormir son irritation , pour endiguer toute son exaspération en l’accueillant au fond d’elle - même.
Généralement cela ne faisait que redoubler sa fureur.
Il paraissait maintenant bien décidé à accentuer sa pression pour voir jusqu’où il pourrait aller, et de son côté elle était disposée à céder dans tous les domaines pour le calmer . »
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Pour sa part, il n'avait jamais réussi à avoir des rapports normaux avec le monde extérieur. En fait il n'avait eu de rapports qu'avec lui-même, et avec cette extension de lui-même qu'était sa famille: un amalgame de personnes réunies par le mariage ou par le hasard. Il n'avait jamais été capable de sortir de la coquille de son moi. (P. de La Renaissance, 1990, p.20-21)
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Puis dans un de ces brusques éclairs dont il était parfois capable, il exprima sa reconnaissance pour la bienveillance et l'affection indéfectible de ses filles, affection qu'en général il semblait naturellement bien peu doué pour leur rendre. (P. de La Renaissance, 1990, p. 14)
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Dans cette région, une voiture avait bien plus de valeur que des fleurs, qu'un verger ou qu'un jardin de plantes aromatiques: c'était le symbole du luxe à l'état pur. (P. de La Renaissance, 1990, p. 42)
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Video de John McGahern (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de John McGahern
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