Personne ne se souvenait jamais des petites soeurs des monarques, elles n'étaient qu'une note de bas de page dans la biographie de leur aîné.
Il existe différentes formes d’intelligence, Sam. Avoir de la culture générale et une bonne mémoire ne fait pas tout. La sagesse, la patience et l’empathie sont aussi indispensables...
- À partir de cet instant, tu es deux personnes à la fois : Béatrice, l'enfant, et Béatrice, l'héritière du trône, avait poursuivi son grand-père avec gravité. Quand ces deux êtres auront des aspirations différentes, c'est la couronne qui devra l'emporter. Toujours. Promets-le-moi.
Élire une reine ou un roi ? Quelle drôle d'idée ! Il était évident que les élections ne concernaient que les juges et les membres du Congrès. Quel désastre ce serait, si la branche exécutive devait se plier aux exigences de tous les citoyens et les supplier de voter pour elle ! Un tel système n'attirerait que des loups aux dent longues et aux intentions inavouables.
- Tu n'as jamais rêvé d'être quelqu'un d'autre ? finit par demander Béatrice.
- J'ai longtemps voulu être toi. Tu es au centre de toutes les décisions, alors que moi, je ne sers à rien. Mais toi... pourquoi donc voudrais-tu changer de vie ? demanda sa cadette, perplexe.
Jamais l'héritière n'aurait imaginé que Sam puisse être jalouse et lui envier sa place.
- Parce que je n'ai jamais voulu tout ça. Crois-moi, j'ai bien conscience d'avoir de la chance. Après tout, je suis née avec une petite cuillère en argent dans la bouche. Et pourtant, j'envie tous les habitants de ce pays. Eux, au moins, décident de la direction que prendra leur vie. N'importe quel enfant peut rêver de devenir astronaute, pompier, danseur étoile ou médecin... Moi, personne ne m'a jamais demandé ce dont j'avais envie. Mon avenir était déjà tout tracé.
- Béatrice, souffla Sam, les yeux écarquillés. Tu n'as pas envie de devenir reine ?
- Le problème n'est pas d'en avoir envie ou non. Comme toi, je suis une Washington. Mon destin, c'est d'hériter de la couronne. Je n'ai pas le choix. Toi, si. Tu jouis d'une liberté à laquelle je n'aurai jamais droit.
Personne ne se souvenait jamais des petites soeurs des monarques, elles n'étaient qu'une note de bas de page dans la biographie de leur aîné.
- Qui te parle d'oublier ? Pardonner à quelqu'un, c'est reconnaître qu'il t'a blessé, mais continuer à l'aimer malgré tout.
Les critiques sont une bonne chose, Samantha. Elles prouvent que tu te bars pour tes idées. Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne commettent pas d’erreurs.
C’est ça, être l’héritière du trône. Être seule, lui répondit machinalement sa sœur. Marcher seule, dormir seule, siéger toute seule sur un trône solitaire ...
Les jumeaux la trouvaient froide et distante, ce qui l’a peinait. On lui avait certes appris à cacher ses émotions, mais elle n’était pas insensible pour autant.