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Trois voix : la première, longtemps anonyme ; la deuxième, celle de Jasmine ; la troisième, celle d'Ali. Deux époques : 1982 ; 2012. Trois lieux : Dublin ; Londres ; États-Unis. Quatre histoires racontées en parallèle qui finissent par se rejoindre pour décrire avec force une part sombre de l'histoire de l'Irlande, celle de l'interdiction de l'avortement, et les conséquences tragiques qui en incombent au fil des années – interdiction désormais de l'histoire ancienne, depuis 2018 plus précisément -.

Moi qui fulmine contre la multiplication des romans polyphoniques qui n'existent que par effet de mode, et qui n'ont de fait aucun véritable intérêt narratif, je retrouve ici toute l'essence de cette construction, puisque la conclusion du roman amène à la réunion, plutôt subtile, des divers fils narratifs de l'histoire, même si finalement assez convenue. Les histoires de ces femmes, toutes en perdition, toutes pour diverses raisons, même si elles mèneront à la même conclusion, sont révoltantes, et pointent du doigt avec franchise, parfois avec brutalité, les violences, physiques, psychologiques, faites aux femmes du simple fait de leur genre. Ces histoires expliquent, avec une grande réussite, comment ces violences, parce qu'elles sont ancestrales, se transmettent inconsciemment de femme à femme, et sont de fait considérées comme des passages obligés pour chacune d'entre elles. Ainsi, le fond de ce roman met intelligemment les pieds dans le plat pour mieux dénoncer ces violences faites aux femmes, ce qui est malheureusement, à mon sens, parfois desservi par la forme : j'ai trouvé les dialogues assez artificiels, de même que l'enchaînement des actions de certaines passages, principalement concernant l'histoire de Jasmine. Qui dit artificialité stylistique dit perte de conviction du propos ; or ici, certes, le propos est fort, mais il aurait pu l'être encore davantage via un souffle romanesque plus naturel et vraisemblable.

La fuite en héritage est en somme une découverte appréciable, faite le 17 mars à l'occasion de la Saint-Patrick – à défaut d'aller dans un pub pour m'offrir une bière irlandaise, j'ai lu une autrice -, malgré quelques effets de style que je n'ai pas toujours trouvé bienvenus.
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Une auteur irlandaise que je ne connaissais pas mais j'ai très envie de lire son premier roman "Génération".
C'est un roman choral qui a pour toile de fond l'Irlande avec Dublin, un peu Londres également.
Trois femmes qui fuient leur famille et leur mère en particulier.
On suit plus particulièrement Jasmine dont la mère est alcoolique et ne s'occupe pas d'elle. Elle va se trouver une passion pour la boxe et essayer de percer dans ce milieu alors interdit aux femmes. Elle sera aidée par sa rencontre avec 2 hommes généreux, Deano et George.
Une autre histoire est consacrée à Alison, élevée par sa mère, celle-ci vient de mourir et Ali étant mineure, elle devrait être élevée par ses grands-parents, qu'elle ne connait pas, mais étant assez indépendante, elle part avec des bikers. Son aventure se terminera mal.
Une autre femme, dont on ne connait pas le prénom vit à Dublin où elle est gynécologue et se pose des questions sur son avenir professionnel et amoureux.
Ces histoires semblent parallèles mais vont converger de façon très habile.
J'ai aimé ces personnages de femmes fortes, j'ai trouvé ce roman beau et émouvant et je le recommande.
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La fuite en héritage est le second roman de l'irlandaise Paula McGrath (le premier, Génération, a été un gros coup de coeur).

Trois destins de femmes, trois êtres en devenir. 2012, 1982. le Tennessee, l'Irlande, Londres. Alison, Jasmine, et une autre dont on ne découvrira que plus tard le prénom. Habile manière de mettre en scène le jeu de piste des vies dans cette histoire.

Ce qui frappe au départ dans ce roman, c'est un monde où la relation mère-fille prend toute la place, et qui soudain explose. Une mère meurt noyée, une autre est engloutie par Alzheimer, une troisième a sombré dans l'alcool. Des relations symbiotiques, dysfonctionnelles, essentielles chacune à leur manière. La mère disparue, sa figure diluée dans l'absence, et c'est la débandade, le monde ne sera plus jamais le même. Une mise en mouvement qui ne cessera de tout le roman, même quand la fuite sera celle des souvenirs dévoilés, la route à rebours vers l'enfant disparu.

Paula McGrath raconte des femmes fortes, qui savent ce qu'elles veulent. Des femmes que la vie va abîmer, la société, leur famille. Parce qu'à toutes les époques, même si les choses progressent et varient selon les milieux et les pays, dans le monde, tout est toujours plus difficile quand on est né fille. Difficile d'être libre, de s'émanciper, de se réaliser. de vivre, tout simplement.

La fuite en héritage est un roman polyphonique dont une des voix flirte presque avec le roman-feuilleton, j'ai aimé. L'histoire est très dure par moments, violente même, et à d'autres c'est un pur bien-être. Un petit côté Million Dollar Baby à l'irlandaise, que j'ai adoré. Un autre passage glaçant (je ne dirai pas de quel ordre pour ne rien dévoiler), sur une thématique déjà lue ailleurs, mais que j'ai trouvée ici abordée d'une manière admirable. « C'était l'époque, se justifient les gens, mais moi je dis que l'époque est faite par ceux qui la vivent. Parce que je ne suis pas prête à pardonner, pas même après tout ce temps. » Je suis tellement d'accord.

Pour être absolument honnête, à un tiers du livre, j'étais un peu mitigée. Un style pas assez affûté à mon goût, certains personnages aux visages devenus flous dans certains virages… Et puis soudain, ce fut là : le souffle, l'émotion, et les pages se sont mises à tourner toutes seules.

J'ai refermé le roman, emballée. Paula McGrath défend un féminisme intelligent – à chacune ses propres ambitions – et interroge la transmission et l'impact des non-dits dans une vie, qui peuvent fissurer les générations à venir. A découvrir ! (et merci aux éditions La Table Ronde)

« Je ne savais pas vraiment qui je pleurais, ils étaient si nombreux »
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Une mini chronique ici, parce que j'ai lu trois bouquins à la suite, tous les trois aussi foisonnants les uns que les autres. Voici le premier, choisi bien évidemment parce que c'est Irlandais, écrit par une Dublinoise (Hello Roddy Doyle, au passage ♥️♥️♥️)

Voici le résumé éditeur, situé dans le rabat intérieur de la couverture souple cartonnée :

2012. Une gynécologue hésite à accepter un emploi à Londres qui lui permettrait d'échapper à l'atmosphère de plus en plus tendue qui règne à l'hôpital dublinois où elle exerce. Mais qu'adviendra-t-il de sa mère, coincée dans une maison de retraite ?
1982. Jasmine veut faire de la boxe, mais dans l'Irlande des années 1980, c'est un sport interdit aux filles.
2012. Dans le Maryland, Ali dont la mère vient de mourir, traîne avec un gang de bikers pour échapper à des grands-parents dont elle ignorait jusque-là l'existence.

Les trois femmes qui habitent ce roman sont liées par leur désir ou leur besoin de fuir, au-delà des frontières et des générations, des années 1980 à aujourd'hui, et de Dublin à Baltimore en passant par Londres.

Avant que la loi sur l'avortement, votée par référendum en 2018, ne fasse sauter la dernière digue qui retenait l'Irlande dans le conservatisme, d'innombrables femmes ont été contraintes d'abandonner leur enfant à la naissance, ou bien de s'exiler pour avorter. le deuxième roman de Paula McGrath, porté par une écriture polyphonique, fait émerger des enjeux très contemporains et s'inscrit dans une longue histoire de fuite et d'exil, qui pourrait s'appliquer à tant d'autres existences irlandaises.

Voilà l'histoire. Seulement, mon problême, c'est que je me suis souvent perdue entre les personnages et les époques, et on suit surtout le parcours de Jasmine, c'est donc à elle qu'on s'attache le plus. La misère, puis les agressions, sa force pour trouver un minuscule logement, pour s'investir dans la boxe, à même pas 17 ans, dans une Irlande où les femmes n'ont pas le droit de boxer, ni de dire quoi que ce soit : église, mariage, soumission, c'est tout ce qu'elles ont le droit d'avoir. le devoir. L'émancipation des femmes est l'un des sujets qui sous-tendent ce roman, la violence sexuelle et la mort de nombreuses femmes car l'avortement était interdit jusqu'à l'an dernier.

Un sujet a été évoqué à la fin, d'une façon brouillonne : les institutions des Magdalene Sisters, où les "filles délurées" étaient envoyées, les filles enceintes, enfermées, mises en esclavage pendant que leur bébé était vendu sans leur consentement. Ce scandale Irlandais est malheureusement encore un peu tabou, on dirait..

En résumé : passionnant mais embrouillé, pour moi.

La fuite en héritage - Paula McGrath, ed Quai Voltaire, août 2019, 330 pages, 21€
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Traduit par Cécile Arnaud

Dublin 2012 : une femme, dont on ignore le nom, s'interroge : doit-elle quitter son poste, qu'on devine être situé dans un hôpital dublinois, pour accepter un travail à Londres ? La pression et la fatigue se font sentir suite au scandale de cette jeune femme décédée parce que les médecins ont refusé de l'avorter. "La loi est la loi, et tant qu'elle ne changera pas, ils feront ce qu'ils ont toujours fait, c'est-à-dire de leur mieux", mais "ce dernier scandale médical est un sujet de préoccupation réel, qui la stresse autant que ses collègues". La femme entretient une relation à distance avec un certain Jeffrey qui vit à Londres et l'exhorte de le rejoindre, d'accepter le poste. Seulement, rien n'est si simple : il y a sa mère atteinte de la maladie d'Alzheimer, en maison de retraite. Elle ne se sent pas de l'abandonner. Ses relations avec celle-ci furent compliquées. Après l'alcoolisme, la voici démente. le sentiment de culpabilité la ronge quand elle songe à quitter le pays. Pourtant sa mère ne la reconnaît plus depuis longtemps. Ne prononce rien de cohérent, depuis longtemps. Pourtant, lors d'une visite, elle lâche cette phrase : "Ca y est, tu repars courir dès qu'on a besoin de toi." "Partir courir, est-ce la même chose que partir en courant ?" se demande la femme. On apprend que cette femme est quarantenaire, qu'elle est le docteur McCarthey. Que sa relation à distance a 72 ans, divorcé plusieurs fois, père de plusieurs enfants.

Maryland 2012 : Ali vient de perdre sa mère. C'est ce qu'on apprend dans ce récit à la première personne. Elle a encore l'urne de ses cendres à la main quand deux personnes âgées surgissent dans sa vie, se présentant comme ses grands-parents paternels. Elles lui annoncent qu'elle est maintenant sous leur tutelle. Ali refuse cette décision et s'enfuit avec un ami biker, pour tomber dans un traquenard, qui sera l'objet d'une nouvelle fuite. (Un petit côté Thelma & Louise version solo et à moto mais attention aux virages quand on n'a pas l'habitude de faire de la moto...).

Rathlowney, Londres, Dublin 1982 : Jasmine laisse un mot à sa mère dépressive, qui ne se lève plus et s'occupe encore moins d'elle, qu'elle part à Londres chez une amie. L'adolescente prend le ferry, rejoint la capitale britannique pour connaître la "glauquitude" dans tous ses états, d'auberge de jeunesse louche, en squat. Son parcours va être semé d'embûches et de mauvaises rencontres, pavés de lieux libidineux, hantés par de gros dégueulasses. Elle s'arrachera elle-même des griffes des parrains du proxénétisme d'une manière forte pour retourner en Irlande. A Dublin, elle travaille chez un bookmaker et sympathise avec un Noir, prénommé George, étudiant en médecine. A ses heures perdues, George pratique la boxe. Apprendre la boxe est le rêve de Jasmine. Seulement ce sport est interdit aux femmes dans l'Irlande des années 80 ! (n'est-ce pas dingue ?) "Si elle apprenait à boxer comme eux, elle pourrait développer la même assurance, et puis elle saurait se protéger." George accepte de l'entraîner à condition qu'elle retourne à l'école, qu'elle étudie. Si Jasmine voudrait faire table rase de son expérience londonienne, c'est sans compter sur son cousin Adrian collé à ses basques dans les rues de Dublin, lui rappelant qu'elle a un jour disparue et que même sa mère ne sait même pas qu'elle est revenue. Ce cousin Adrian est un vrai boulet : pas de fric, pas de toit, des plans foireux et des gens à qui il doit de l'argent. A force de le voir la suivre comme son ombre, Jasmine accepte de l'héberger temporairement et lui trouve un job. Malgré cela, il est toujours dans des embrouilles pas possible. Jasmine entame une relation avec son voisin, Deano, une histoire d'amour-amitié. Comme George, c'est un type bien. Un gars qui a perdu ses parents jeunes, qui est seul au monde. Ils s'épaulent mutuellement.

Dans ce roman à trois voix, c'est Jasmine qui occupe le texte pendant la majeure partie du livre. Son histoire est une épopée à elle seule. Une lutte, un roman d'apprentissage version hard. Les deux autres voix narratives reviennent sporadiquement dans le récit. Cette polyphonie entretient une forme de suspense puisqu'on se doute que ces trois femmes sont liées. J'ai commencé à comprendre un lien au bout de la page 105 - mais je ne peux pas dire pourquoi sous peine de vous donner trop d'indices!
Cependant, c'est plus compliqué que ça... et je dirai même qu'une quatrième voix émerge du récit vers la fin. :)

Bien entendu ce roman parle de la fuite, (le titre original est An History of run away), celle des femmes obligées de prendre la tangente afin de pouvoir vivre libres, échapper à un destin sordide, se faire respecter, décider elle-même ce qui leur convient, quitte à se tromper de route pour mieux rebondir, évoluer et grandir. Des parcours semés d'embûches. Des fuites qui sont comme des échos diffractés.

Paula McGrath brosse des portraits de femmes fortes, mais aussi fragilisées, proies d'autant plus faciles pour des hommes à l'esprit dérangé (soyons franche !).
La majorité d'entre eux, dans le livre, sont des prédateurs : des traitres, des proxénètes ou assimilés, des incestueux, bref, des porcs libidineux considérant les femmes comme des jouets sexuels et non des êtres humains. Pour les décrire, l'auteure n'y va pas par quatre chemins. Il y a quelques scènes vraiment fortes et crues !

Malgré tout, Paula McGrath a la finesse d'esprit de ne pas mettre pas toute la gente masculine dans le même panier. Il y a deux personnages masculins lumineux, des anges gardiens qui savent insuffler bonheur et espoir, seront des moteurs pour avancer dans la bonne voie : George et Deano.

Une petite allusion au racisme aussi dans l'Irlande des années 80, avec un drame. C'est pas bien facile d'être une femme, mais c'est pas bien vu d'être un homme noir et encore moins un homme noir en compagnie d'une femme blanche dans les rues de Dublin. :(

Paula McGrath montre du doigt l'Irlande et la société britannique des années 80, celle d'une société sclérosée en ce qui concerne les femmes. Elles sont dépossédées de leur corps, elles sont violentées. Mais paradoxalement, la boxe est un sport qui leur est interdit !
(J'ai aimé les clins d'oeil sur les bleus de Jasmine suite à son entrainement clandestin à la boxe : George s'inquiète de ses hématomes, pendant que tout les autres hommes pensent qu'elle était ivre ou que sais-je quoi.... Gêné, il lui dit qu'il ne veut pas faire de mal à une fille. Jasmine lui répond que ça la regarde, elle, parce que c'est son corps... :) )

L'auteure n'hésite pas à faire référence, en filigrane, au scandale qui a éclaboussé l'Irlande en 2012, avec le décès d'une jeune femme que les médecins ont refusé d'avorter alors que sa vie était en danger.
Depuis, on connaît le chemin parcouru par le pays en la matière avec la victoire du Oui l'an dernier, enfin ! Des millions de femmes n'auront plus à fuir pour cela.

Le récit partagé entre les années 80 et 2012 permet de voir certains progrès accomplis, - en tout cas pour la boxe féminine qui est devenu un sport olympique à l'instar de sa version masculine - et le chemin qui reste à parcourir.

Paula McGrath aborde aussi des thèmes comme la solitude, l'isolement, la culpabilité, la trahison.

La fuite en héritage nécessite toute l'attention du lecteur. Il est dense, intense, on ne s'ennuie pas, mais on croise une foule de personnages, surtout dans l'histoire de Jasmine. le seul reproche que je peux faire est que le récit est presque trop dense et complexe : on se perd par instants. On comprend très tardivement le rapport entre ces femmes (même si j'ai deviné page 105 une partie du "mystère" entre ces trois histoires) et vraiment à la toute fin le rapport du personnage d'Ali avec le reste du récit.

Un roman fouillé, très fin, et féministe, bien sûr !
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Trois fuites, trois femmes pour une image, pleine de contrastes et de violence, du rapport à la mère. La fuite en héritage mélange, avec un joli sens du rythme et de la brisure, trois récits et trois lieux pour réfléchir à la criminalisation de l'avortement. Par sa prose enlevée, Paula McGrath parvient à incarner chacune de ses trois femmes dont souffrances et fuites sont rendues, intactes, sans pathos mais avec une vraie émotion.
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Il y a tant à apprendre et tant à raconter

L'Irlande. Un pays qui fut colonisé par la puissante Grande-Bretagne. Une société ravagée, une émigration de masse et des centaines de milliers de mort·es de famine.

Paula McGrath n'aborde pas le sujet. du temps a passé. Elle nous parle de femmes, de Maryland, de Londres, de Tennessee, de Rathlowney et beaucoup de Dublin…

Des histoires de fuite et d'exil, de refus et de corps, d'apprentissage et de boxe. Des femmes prises dans des liens avec d'autres femmes ou parentèles.

Des histoires entre 1982 et 2012, des répétitions, des formes multiples de contrainte, des croisements improbables, des combats pour la liberté de faire.

Paula McGrath insuffle un rythme propre à la littérature en alternant les récits. Elle peint aussi de multiples petits moments de vie, entre frustrations et espérances, « partir courir, est-ce la même chose que partir en courant », entre sentiment de déception et de culpabilité, entre négation et incapacité, « il y a des trucs qu'ils ne savent pas, ou bien ne veulent pas savoir, ou ne veulent pas qu'on sache »…

Des corps se fractionnent, des leurres sont inventés ; des disputes remportées dans la tête, des mots à ne pas entendre ; l'usage du corps des femmes par les hommes, le droit à l'avortement refusé (au nom d'un droit à la vie du foetus) et des « femmes continuent de mourir pour rien » ; une réappropriation de son corps par la course et la boxe…

Le choix des chapitres, les courtes insertions, les plus longs développements, le temps des apprentissages, la densité des coups, la peur transformée en colère…

Une autre histoire surgit d'un autre passé, Rathlowney et d'autres personnages aux noms si semblables, les souvenirs repoussés « pour les empêcher de se mettre en travers de ma route », l'improbable ou le peut-être dans un subtile éclairage du présent…

Partir, fuir… de beaux portraits de femmes. L'exigence de pouvoir vivre sa vie…
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Trois femmes, trois parcours, trois vies différentes deux époques. 1982, Jasmine est une jeune femme qui quitte son village en Irlande pour Londres et va se passionner pour la boxe. Une gynécologue ne se sent plus à sa place dans le Dublin de 2012 où l'avortement est prohibé rappelons que les irlandaise auront du attendre 2018 pour en avoir le droit. Ali à seize ans, elle vie dans le Maryland après le décès de sa mère, elle prend la fuite pour ne pas vivre auprès de grands parents paternels qu'elle ne connait pas et qui tentent de la récupérer. Tout d'abord la structure du roman m'a perturbé puis j'ai aimé découvrir les différentes voix de ce roman chorale, des parcours de femmes au travers une société d'hommes, il y a indubitablement un côté féministe dans ce roman. Les chapitres alternent entre leurs différents parcours en s'attardant plus particulièrement sur l'une d'entre elle. C'est puissant, émouvant et parfois révoltant, la violence des situations et des propos m'ont sidéré. le racisme et la misogynie apparaissent comme bien réel et cela fait mal. Cette fuite en avant est actée, fuir ses démons, ses dettes ou encore sa famille au sens propre comme au sens figuré le titre est parfait. A leurs côtés nous allons être les témoins de leur joie et de leur peine un peu comme si nous recevions leurs confidences. C'est une écriture engagée qui m'a charmé, les structures familiales sont explosées et l'on ne reconnaît plus la place du père et celle de la mère est en bien mauvaise état. Loin d'être définitive, cette vision progresse avec les personnages et leur parcours de vie. Des femmes étouffées par les conventions sociales qui font des choix pas toujours judicieux mais qui seront bien obligées d'en subir les conséquences bonnes ou mauvaises. Bonne lecture.
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Nous voilà embarqués en 1982 et 2012 à travers le destin de trois femmes courageuses qui fuient des contextes familiaux difficiles pour se construire. Jasmine, en 1982, quitte sa famille pour partir de Dublin à Londres dans l'espoir de devenir danseuse. le docteur Mac Carthy, en 2012, gynécologue, envisage de prendre la direction d'une clinique à Londres et rejoindre son fiancé Jeffrey, mais doit pour cela abandonner sa mère en maison de retraite et atteinte de la maladie d'Alzheimer. Enfin, aux Etats-Unis en 2012, Ali dont la mère vient de mourir, tente d'échapper à des grands-parents très conservateurs. Voilà pour le décor.
Les principaux thèmes sont la fuite, l'exil, et les portraits de ces femmes si courageuses. Mais tout l'intérêt du livre ne se résume pas à cela. Ces thèmes ont déjà été largement traités en littérature.
Le rôle central de la mère, à mon sens le personnage principal du livre, la construction en ellipses, et la chute, sont les principaux attraits de ce récit. Ces femmes prennent conscience qu'un rapport difficile à la mère et la fuite comme solution de survie sont leur héritage commun, héritage qu'elles se passent de génération en génération. le caractère des personnages évolue également au fil du récit : les femmes très révoltées au début tentent de trouver progressivement une forme de sérénité, tandis que les portraits des hommes particulièrement peu flatteurs en tout début sont nettement moins tranchés au fil du livre. Quand à la chute, ne la révélons pas mais disons seulement que ces trois portraits ne sont pas de simples histoires parallèles.
Le récit est rythmé mais la construction quand même alambiquée peut déstabiliser … voire faire fuir ! Pour ma part, je me suis accrochée et c'est précisément cette construction, et le final, qui me font dire que oui j'ai aimé ce livre et conseille cette lecture !
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C'est avec impatience et curiosité que j'attendais le deuxième roman de Paula McGrath car « Génération » sont premier roman m'avait fait forte impression.
Il semblerait que ce qui caractérise l'univers de Paul McGrath ce soit la condition des femmes en Irlande et ailleurs.
Les femmes les interactions humaines au sein de la famille et en particulier le rapport à la mère, plutôt dysfonctionnel ou inversion de la position mère-fille. Elle a une façon bien à elle d'en parler. le père est soit absent (décédé) soit négatif (ex : oncle Adrian).
Nous avons 3 femmes, trois époques, trois lieux, trois âges. Chaque chapitre est identifié par la date et le lieu pour bien se repérer.
Paula McGrath donne la parole à ces femmes soit à la 1ère personne, 3 ième personne. Nous croiserons dans chaque moment de vie (âge différent) d'autres femmes. Il n'y a pas une alternance régulière. On va régulière. On va passer plus de temps avec l'une d'entre elle avant de retrouver une autre qu'on avait laissé à un cliffhanger. Cela donne un certain rythme à la lecture et accroche le lecteur.
Nous allons dont suivre les trajectoires de trois femmes qui vont faire des choix et surtout des rencontres décisives, amitié, amour, danger… vont venir mettre leur grain de sable dans les rouages causant des réactions en chaîne, faisant dévier la trajectoire du destin. L'herbe n'est pas plus verte ailleurs.
Le mouvement joue un rôle dans tout le roman que ce soit l'idée d'aller de l'avant, d'aller simple, d'aller retour, ou dans la gestuelle des activités. Cela imprime aussi un rythme à la narration.
Des femmes attachantes, touchantes avec leur force et leur fragilité qu'on aura plaisir à accompagner dans leurs errances, leurs découvertes et leurs choix.
Et les hommes me direz-vous ? On va avoir un vaste éventail de possibilités, pas tous mauvais heureusement, j'avoue ne pas m'avoir attardé sur leur cas. Paula McGrath ne propose pas une vision du monde manichéenne.
Quelque soit le sexe, la transmission (du savoir, des émotions, de l'histoire...) n'est pas toujours positive comme s'ils ne savaient pas passer le relais.
Le choix des différentes époques permet d'aborder des sujets particuliers, j'ai appris des choses sur 1983 que je ne connaissais pas, pourtant ce n'est pas si vieux, je vous laisse les découvrir.

La famille est un des sujets principaux. La dépendance à l'autre et la culpabilité qui créent des relations déséquilibrées. L'alcool et la violence font partie du décor.
La naissance, la vie, la maladie et la mort tous les sujets sont abordés sans complaisance.
L'autre thématique prépondérante est celle du « corps ». Corps en général mais féminin en particulier. On a une gynécologue. Corps aimé mais plus souvent malmené. Découverte de sa féminité, du plaisir mais aussi viol (ou tentative), agressions, accident, avortement… déchéance de la vieillesse et de la maladie. le sport extrême… La relation corps et esprit est très importante.

Paula McGrath est autrice irlandaise à suivre. Je vous laisse découvrir les subtilités et les nuances de sa narration. le titre en anglais « A difficult history » et le titre en français « La fuite en héritage » proposent deux regards différents, j'ai une nette préférence pour le titre en français car il met en avant ce que je disais plus haut à propos de la transmission et du mouvement.
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