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Critique de Tandarica


Un roman probablement en partie autobiographique, qui joue beaucoup avec les codes du roman d'espionnage (du roman à clefs également : Ciulan pour Emil Cioran, Isoldou pour Tzara, Toninescu pour Ionesco, je vous laisse deviner les autres : Sergiu Trofim pour Silviu…) : services secrets, marché noir, bandits, intrigues politiques, etc. C'est quelque part presque salutaire pour la vision du régime communiste roumain, le plus paranoïaque et le plus fermé de tous, dit la quatrième de couverture. Si vous vous rendez sur une librairie en ligne roumaine (je ne fais pas de publicité, mais certaines livrent fort bien à l'étranger), vous verrez qu'un genre spécifique de littérature y apparaît, à côté de la littérature classique, de la science-fiction ou de la littérature étrangère. Il est intitulé "epoca de aur", "l'âge d'or", par quoi on entend les années de dictature. On y trouve pas mal de témoignages, d'histoires absurdes, parfois aussi du "misérabilisme" pour ainsi dire, je ne m'appesantis pas, comme dans bien d'autres domaines, en un mot, on y trouve du plus ou moins à son goût.
Néanmoins, ce que cette littérature rend rarement, bien que cela arrive, c'est que d'une part, la vie continuait et que, d'autre part, les sentiments de la population roumaine sur ce régime sont sans doute bien plus ambigus qu'il n'y paraît sur le sujet : on trouve couramment des nostalgiques du communisme. Je cite également à titre d'exemple Ștefan Agopian qui indique, dans une interview sur Babelio, que la télévision ne fonctionnait que quelques heures par semaine et que cela lui a permis de vendre des quantités considérables de livres, plus ou moins sous le manteau. Inscrire la période dans une intrigue d'espionnage et d'amour dans l'ensemble assez divertissante, permet, sans passer sous silence ses côtés les plus atroces, loin de là, de la relativiser, au passé comme au présent. J'ajoute que le style anglais plutôt "laid back", simple, truffé d'aphorismes, loin d'être exempt de clichés et d'inexactitudes sur les lieux, les événements et les personnes, ajoute à cette efficacité. "New brothel, same old whores" (Nouveau bordel, même vieilles putes) conclut le livre.
le roman de Patrick Mc Guinness (sans oublier la couverture d'Andrei Pandele, donc roumaine) livre un éclairage complémentaire sur la Roumanie, qui est loin d'être le plus mauvais : pas le plus historique, le plus précis, le plus informé mais l'un des plus intimes, des plus britanniques, des plus accessibles, au fond, j'irai jusqu'à ajouter parce qu'il est loin d'être centré sur l'âge d'or, ou même sur la Roumanie, et qu'il y est question d'universel : de couple, d'argent et de vivre quelque part, potentiellement, bien entendu, à Bucarest.
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