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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Vous ai-je déjà dit que j'aime les auteurs irlandais lorsque ceux-ci parlent des Irlandais ? J'aime leur dérision, leur humour, cinglant parfois, leur ironie et leur fatalisme. J'aime leur côté sombre tout autant que leur humanisme.
Et voilà que je découvre Adrian McKinty avec le premier titre de sa trilogie Sean Duffy. Pour moi, c'est donc du bonbon. On a placé l'intrique d'Une terre si froide en pleine guerre civile irlandaise et on a fait du héros, sergent enquêteur Duffy, un catholique dans un milieu exclusivement protestant: Carrickfergus, Ulster, années 1980.
Notre héros, Duffy, doit enquêter sur le meurtre de 2 homosexuels (oui vraiment). Au même moment, 2 membres de l'IRA décèdent de leur grève de la faim et Margareth Thatcher ne fait pas démentir sa réputation de dame de fer. C'est complexe l'Ulster en cette époque. Les milices paramilitaires, l'IRA, le Sein Fenn, l'UDA et on en passe. Les trafics, les rackets, l'intimidation, l'église catholique ou protestante, les Anglais, l'armée britannique...ouf. Pays de paradoxes, dangereux. On s'y promène en regardant toujours derrière son épaule, on ne sait jamais quand le café dans lequel on est assis sautera...Pour nous parler de tout ça, McKinty le fait de belle façon avec une langue claire et précise. Cela semble facile de nous parler de l'Irlande du nord de cette époque. Voyez ce qu'il en dit à la fin du récit (P.389) "Un monde effondré. Belfast. Une ville perdue. Avec ses usines en ruine, ses pubs incendiés, ses clubs à l'abandon. Ses boutiques barrées de grilles antibombes. Ses postes de contrôle, ses postes de fouille. Ses commissariats de police aux murs blindés. Voitures cabossées. Voitures déssossées montées sur briques. Chiens errants. Graffitis sectaires. Fresques de paras cagoulés. Maisons murées, détruites par les bombes incendiaires. Maison sans yeux. Des enfants qui jouent sur des tas d'ordures et dans les cratères des bombes, qui rêvent d'être n'importe où, mais ailleurs."
Une réalité noire, complexe, lourde racontée dans une langue claire et limpide.
Alors, vivement que je me lance dans le 2e opus de cette trilogie, "Dans la rue, j'entends les sirènes". C'est un rendez-vous avec Duffy à Belfast.
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Underworld Ulster tome 1... Adrian McKinty, le James Ellroy irlandais !


On pourrait nommer cette nouvelle trilogie d'Adrian McKinty "Underworld Ulster", tant, comme l'a déjà fait James Ellroy avec les Etats-Unis, McKinty nous plonge ici avec son personnage de Sean Duffy dans les arcanes d'une Irlande du Nord en plein chaos et en pleine guerre civile, au tout début des années 1980, reconstituant toute la violence aveugle, l'intolérance et l'atmosphère de terreur qui régnaient, mais dévoilant aussi les secrets et autres dessous inattendus et peu reluisants du conflit.
Pourtant, loin d'assommer son lecteur de données politiques ou historiques, McKinty nous livre avant tout un vrai polar noir, où il déroule les bases d'une enquête à priori "classique", à la poursuite d'un tueur en série qui s'en prendrait aux homosexuels. Rapidement, le lecteur s'identifie au magnifique personnage de Sean Duffy qui va devoir affronter un mur du silence total mais qui, à force de volonté, va réussir à ouvrir des brèches qui vont le conduire de révélations explosives en retournements de situation haletants.
Avec son écriture puissante, son humour à froid et son style racé, Adrian McKinty dresse une galerie de personnages fascinants, et signe un impressionnant roman noir, palpitant et sans concession, au contexte historique passionnant, qui prend le lecteur aux tripes.
Inutile de préciser qu'après ce premier opus, je viens de me précipiter sur le second volet de la trilogie : "Dans la rue j'entends les sirènes", paru chez le même éditeur, et qui est au moins aussi bon que celui-ci !
Du très grand roman noir à ne pas manquer, et un auteur virtuose à découvrir absolument !
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Un billet trop court - parce que j'ai perdu mes notes dans le bazar intégral de mon bureau - mais dont la longueur est inversement proportionnelle à la qualité du roman, puisqu'il s'agit tout simplement de l'un des meilleurs (sinon, du meilleur) bouquin que j'ai lu l'année dernière, confirmant en cela l'excellence des choix éditoriaux de la toute nouvelle collection "Noire" chez la Cosmopolite de Stock (lire ici mon billet sur So much pretty, de la très talentueuse Cara Hoffmann).

1981. Carrickfergus, banlieue de Belfast ("une ville martyrisée par sa propre guerre-éclair"), les troubles en Irlande atteignent leur apogée au moment de la grève de la faim des leaders indépendantistes emprisonnés sous la férule du charismatique Bobby Sands. Dans un climat de ville assiégée, un cadavre, puis deux, sont retrouvés : main droite manquante, de la menue monnaie : tout semble indiquer le traitement classique que l'IRA applique aux balances et aux indicateurs de la police.

"Je reste un moment assis, moteur arrêté, dans ma petite prison existentielle, avant de sortir et de réintégrer la grande prison existentielle de l'Irlande du Nord"

Sean Duffy est aux commandes ; c'est un enquêteur attachant, en pleine crise morale, qui comme ses collègues vit chaque jour dans la crainte de voir son unité caillassée, son commissariat attaqué au mortier, sa voiture piégée. Un pied dans chaque monde (policier mais catholique), ce qui en fait un traître aux yeux des deux camps, il erre dans l'ambiance fantomatique d'autodestruction de la guerre civile, et navigue entre les deux enquêtes, pressentant une affaire d'une toute autre nature, progressant à ses risques et périls dans les méandres d'une affaire bien sombre, rattachée également au suicide d'une jeune femme. Belfast, ville à vif, bruisse et gronde à l'arrière-plan.

"C'était le 2 mai 1974. J'étais en deuxième année de doctorat. Une belle journée de printemps. Je passais devant le Rose and Crown, dans Ormeau Road, à vingt mètres de la fac. C'était la pire période des Troubles, mais je n'avais jamais été touché personnellement. Jusque là. Encore neutre, j'essayais de me tenir à distance, de vivre ma vie."

Eblouissant premier volet d'une trilogie (on en redemande !), où McKinty excelle : intense, explosif, le roman se lit d'une traite, dévoilant un beau talent d'écrivain qui dépasse de très loin le polar de base. Bravo !
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Une terre si froide est le premier roman de l'écrivain Nord-Irlandais Adrian McKinty que je lis et il ne sera pas le dernier. C'est le premier tome d'une série de romans policiers historiques se passant pendant les Troubles en Irlande du Nord. le personnage principal, le sergent Sean Duffy, est catholique – chose rarissime en Ulster pour un flic. Trois pages lues et Sean Duffy m'était déjà extrêmement sympathique. le roman commence par une émeute à Belfast. Nous sommes en 1981 et une semaine plus tôt, Bobby Sands est mort dans la prison de Maze, au soixante-sixième jour de sa grève de la faim. Les quartiers catholiques se sont soulevés, poussés par la rage et la frustration.

Lorsque deux hommes sont retrouvés assassinés, la main gauche coupée, le sergent Duffy se retrouve chargé de l'enquête. « – A quel genre de cinglé avons-nous affaire ici, fiston ? – Un genre que personne n'a jamais rencontré en Ulster. Un tueur en série, soigneux, intelligent, non sectaire. ». Une enquête qui se révèle complexe à mener, sans compter le contexte anxiogène et sanglant de la guerre civile, quand chaque déplacement risque de tourner à l'échauffourée ou qu'il faut vérifier chaque matin que sa voiture n'a pas été piégée…

Adrian McKinty manie l'humour un peu sombre et mordant avec habileté. Une terre si froide est bien écrit, efficace, très immersif et parfaitement dosé entre le côté historique et l'intrigue policière. Je me suis laissée porter par ce roman et ses différents rebondissements avec un grand intérêt. Un plan dans un plan dans un plan, j'aime ça et le tome suivant, La nuit j'entends les sirènes a déjà rejoint mes étagères. A découvrir !

« Pas de problème, mon gars. J'aimerais bien voir les choses de ton point de vue, mais j'arrive pas à me mettre la tête dans le cul. »
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Carrickfergus, 1981. Un homme est retrouvé mort dans sa voiture, une main coupée. Quelques jours après, un second meurtre survient, laissant penser à un tueur en série prenant pour cible des homosexuels. le sergent Sean Duffy, policier catholique en milieu protestant, est chargé de l'enquête, qui se révèle bien plus délicate que prévu… Il faut dire que dans une Irlande du Nord ravagée par la guerre civile, la tension est à son comble.
Adrian McKinty nous propose un roman policier haletant, avec en toile de fond les évènements historiques ayant marqué l'Irlande du Nord. Des politiques de la Dame de fer aux grèves de la faim des opposants au gouvernement, on se représente facilement l'environnement dans lequel se déroule l'enquête, ajoutant de la tension et du danger à l'intrigue. Il est en effet plutôt inhabituel de rencontrer un héros ayant à se demander la plupart du temps s'il a affaire à des personnes catholiques ou protestantes, et forcé de vérifier à chaque sortie s'il n'y a pas une bombe sous sa voiture.
Sean Duffy est un personnage très attachant, dont la psychologie est très développée. Il n'a rien du policier stéréotypé et sa jeunesse ainsi que son manque d'expérience le rendent très intéressant. C'est grâce à lui que nous suivons le fil de l'enquête, rencontrant avec lui des personnages importants, tant du point de vue de l'enquête que du point de vue historique.
L'intrigue en elle-même est bien ficelée, et bien malin serait celui qui arrive à trouver le fin mot de l'histoire avant la dernière page. D'un possible tueur en série aux intrigues du gouvernement, en passant par une disparition inexpliquée, les pistes sont nombreuses et il n'est pas facile de savoir lesquelles valent la peine d'être suivies. Les personnes assassinées étaient-elles des indicateurs exécutés par l'IRA ? ou des homosexuels, illégaux dans ce pays aux fortes traditions anciennes ? ou l'affaire est-elle bien plus compliquée encore ?
À mon sens, le point fort de ce livre est la période et l'environnement particuliers dans lesquels il se déroule. Dans un milieu si imprévisible et difficile à comprendre, les règles habituelles ne s'appliquent pas. Je pense toutefois que quelques connaissances de base de la guerre civile d'Irlande du Nord sont nécessaires pour pouvoir apprécier pleinement la lecture – en raison, notamment, du grand nombre de groupes et de milices, tantôt catholiques, tantôt unionistes, qui peuvent prêter à confusion si on n'en a jamais entendu parler.
Comme il s'agit du premier tome d'une trilogie, le lecteur assiste à la mise en place du contexte historique et des personnages, qui seront sans aucun doute développés par la suite. L'enquête passe, par moments, au second plan, ce qui nous permet d'en apprendre plus sur la vie privée de Sean Duffy et sur les émeutes, les attentats, le racket, les alliances entre les différents groupes et autres évènements prenant place dans le pays..
En conclusion, Adrian McKinty nous live ici un premier tome prometteur à l'ambiance noire et au goût de danger. Dans un pays détruit par la guerre civile, on ne mène pas une enquête de manière habituelle ; il y a bien plus de facteurs à prendre en compte, ce qui fait que le contexte et l'intrigue sont indissociables. À lire pour tous les amateurs de fiction historique et de romans policiers à suspense !
Je remercie le Livre de poche pour l'organisation du Prix des lecteurs 2014, dans le cadre duquel j'ai reçu ce roman.
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Ça fait bien longtemps que je ne me suis pas pris une aussi grosse claque en lisant un roman. Impossible de lâcher le livre d'Adrian McKinty jusqu'à la dernière page.
Roman noir d'une puissance magistrale, il nous entraîne en 1981, en Irlande du Nord en plein conflit (ou devrais-je dire guerre civile ?) entre les républicains nationalistes majoritairement catholiques qui rêvent de mettre fin à l'autorité britannique et les loyalistes unionistes principalement protestants et surtout pro-Britanniques. L'histoire débute précisément lors des grèves de la faim des prisonniers appartenant à l'IRA et je laisse les curieux se renseigner sur le Net sur le pourquoi du comment de ces grèves et ce, afin de ne pas alourdir ma critique. Il faut juste savoir qu'à chaque décès d'un gréviste (il y en eut une dizaine au total), de violentes émeutes se produisaient à Belfast contre l'autorité britannique.
C'est dans ce climat explosif que le sergent Sean Duffy va devoir enquêter sur deux meurtres sordides d'homosexuels. Première chose à signaler, nous sommes en 1981 dans un État très conservateur, donc si être homosexuel n'est pas illégal, il n'en est pas de même pour les actes homosexuels. Et c'est donc dans une société extrêmement puritaine et où les insultes et les menaces fusent à l'encontre des homosexuels que notre policier doit trouver le ou les assassins. Comme d'habitude, je ne m'attarde pas plus sur le déroulé de l'enquête et vous laisse la joie de la découverte, mais laissez-moi vous dire que c'est du lourd et en plus vous apprendrez plein de trucs passionnants sur cette période irlandaise bien trouble.

Si « Une terre si froide » est l'archétype parfait du roman noir, l'humour noir y est aussi présent et Sean Duffy n'en est pas dénué. Il représente aussi le type même de personnage dont je raffole dans mes lectures : si le mot « paria » est ici trop fort, le fait d'être catholique et surtout flic rend son existence pleine de dangers. Honnête, Sean Duffy n'est pas pour autant sans défauts. de plus, son côté borné et méticuleux va vite l'amener à se confronter à sa hiérarchie, mais aussi aux différentes factions en présence et qui mettent le pays à feu et à sang. Même s'il semble plus respectueux que ses collègues envers les gays, il n'échappe pas forcément à l'intolérance ambiante de l'époque, mais gare à l'effet boomerang.
Et en parlant de boomerang, Sean Duffy va s'en prendre un en pleine figure dans le chapitre 13 intitulé « Il m'embrasse et ça me fait l'effet d'un choc ». Tout un programme me direz-vous et vous avez bien raison ! D'ailleurs, je suis très curieuse de voir si l'auteur va revenir par la suite sur ce bref instant vécu par notre très cher sergent Duffy et qui va laisser des séquelles, même si elles sont bien cachées.

Pour résumer : pourquoi ce roman fut un grand moment de lecture ?
Pour la noirceur de son scénario et son intrigue parfaitement ciselée.
Pour son immersion dans une période bien sombre et sanglante de l'Irlande du Nord.
Pour ses moeurs sociétales qui peuvent nous paraître atrocement moyenâgeuses, mais qui pourtant ne datent que de 1981.
Pour le traitement de l'homosexualité, sujet omniprésent dans le roman, mais qui doit impérativement être vu comme un témoignage de son époque à l'instar du roman de Donald Westlake « Inscrit dans les astres » (voir l'album « Romans LGBT+ : polars et sous-genres littéraires » pour lire ma critique).
Et surtout pour son personnage principal réaliste, intelligent, pugnace, mais surtout terriblement humain et dont au moins une certitude va voler en éclat pour notre plus grand plaisir.

Bref ! Je ne peux que vous souhaiter une bien belle et passionnante rencontre avec un flic comme il y en a peu dans l'univers du polar (du moins à mes yeux) : le sergent Sean Duffy. Bonne lecture.

Seul point négatif à souligner, mais non des moindres : cet horrible logo « Prix SNCF du polar » imprimé sur la couverture. Damned ! Quelle horreur !

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J'avais beaucoup apprécié la trilogie sur Michael Forsythe, ce jeune Irlandais obligé de s'expatrier aux USA d'abord, puis emprisonné au Mexique, même si le "héros" était loin d'être un ange !
C'est avec impatience que je me suis donc attelé à découvrir ce nouveau personnage d'Adrian Mc Kinty, Sean Duffy, flic catholique dans une police à très forte coloration protestante, et je n'ai pas été déçu de ma lecture, car les personnages sont très intéressants, l'humour, parfois très noir, est très présent, l'auto-dérision également, l'immersion dans l'Irlande des années sombres très réaliste, l'histoire beaucoup plus complexe qu'on ne pouvait le penser au départ, bref c'est un véritable coup de coeur ce polar que j'ai dévoré sur 2 jours !
Je vais me programmer le deuxième tome rapidement !
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Dire qu'à cause de sa couverture sûrement, je pensais que la lecture de ce livre serait difficile! Pas du tout. Quelle belle surprise!
J'ai apprécié la description de ce monde en feu qu'était l'Irlande du Nord en 1981, l'humour particulier des Irlandais ( on démarre tôt dans la journée au whiskie), le déroulement de l'enquête et la conclusion que je ne révèlerai pas.
Le tout assez tonique et paradoxalement joyeux malgré la pluie omniprésente.
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Ulster, 1981, la situation est particulièrement tendue à la suite du décès en prison, quelques jours après Bobby Sands, d'un deuxième membre de l'IRA gréviste de la faim.
Le sergent Sean Duffy, flic catholique dans la banlieue de Belfast, et ses collègues, participent aux brigades anti-émeutes en plus de leurs fonctions d'enquêteurs. Pour eux la routine c'est de toujours vérifier qu'aucune bombe n'est accrochée sous leur véhicule, certains ayant payé cher cet oubli, et de ne pas mettre la ceinture, les statistiques plaidant en faveur de ce manquement aux règles de sécurité routière.
En présence d'un cadavre retrouvé dans une voiture le sergent pense à l'exécution d'un informateur par un groupe paramilitaire. Mais l'enquête s'oriente assez vite vers un tueur en série qui s'en prend aux homosexuels comme tendent à le prouver le meurtre d'un professeur connu pour ses penchants et des indices assez évocateurs laissés par le tueur.
Sean Duffy va devoir faire appel à toute ses notions de psychologie, mais également s'aider des heures passées devant un piano et même de réminiscences de lycée en latin et grec pour résoudre cette affaire.
Ne s'arrêtant pas aux apparences un peu trop flagrantes, il a rapidement l'impression de déranger différents groupes, aussi bien catholiques que protestants, et se trouve exposé sans vraiment savoir de quel côté vont venir les coups, l'aide providentielle venant parfois d'où il ne l'attend pas.
Le moins que l'on puisse dire de l'intrigue est qu'elle est complexe et très mouvementée, le contexte du conflit nord-irlandais jouant pour beaucoup dans l'intérêt de l'histoire, avec au passage quelques surprises concernant les relations entre les divers camps.
Le style percutant de l'auteur est teinté d'un humour caustique un brin désabusé comme une manière pour Duffy et ses collègues d‘évacuer le stress afin d'exercer au mieux leur métier au quotidien dans une atmosphère des plus électriques.
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Délaissons les verts pâturages, les charmants murets de vielles pierres délimitant les parcelles d'herbe grasse, les feux de tourbe brûlant dans l'âtre, les flammes jouant de ses reflets sur la mousse de notre pinte...
Bref... Voyons un peu la lutte. Pardon. LA LUTTE. Renvoyer les Anglais colonisateurs chez eux, en plusieurs fois s'il le faut.
Les troubles comme l'on disait.
Le versant noir de la riante contrée.
Quelle époque. Belfast en 1980 ! Une ville où les catholiques du cru et les protestants venus de l'Angleterre honnie se ramassent pour prendre de l'élan et se sauter à la gorge !
Sean Duffy, le héros de ce roman génial qu'est UNE TERRE SI FROIDE, est catholique et travaille pour la police de Belfast. Il est donc tout à la fois un collaborateur pour les catholiques tendance lutte armée et un traître potentiel pour les forces de l'ordre qui prennent leurs directives de Londres.
Personnage ô combien attachant que ce Sean Duffy qui trouve une saine distance pour envisager le bourbier qu'est devenu son pays où les hommes (les femmes sont à la maison à torcher les gosses, repasser et autre saines taches ménagères) de chaque camps s'affrontent à grands coups de visions binaires, d'un manichéisme d'école, à grandes volées de slogans accompagnées de bombes remplies de clous et de vis, d'arrestations arbitraires et une injustice, une ségrégation institutionnalisée.
Sean Duffy qui serpente entre l'IRA, guérilla insurrectionnelle qui n'oublie pas de vaquer à ses petites affaires et fait cracher une protection coûteuse aux commerçants du quartier et les autorités britanniques brutales, partiales, d'une incompétence grotesque, premières recruteuses de l'IRA.
UNE TERRE SI FROIDE est un instantané saisissant d'une ville en état de siège, coupée en deux et irréconciliable.
Et d'un conservatisme. Ouch... Enquêter sur la mort d'homosexuels n'est pas une priorité. Des invertis ! Ils ont bien mérité cette fin abrupte, un châtiment divin voilà. Dans une pays où l'identité catholique est exacerbée pour faire pièce au protestantisme Britton, l'ouverture d'esprit n'est pas la qualité première de certains de ses habitants. Les homos promis à tous les cercles de l'enfer, plusieurs fois ; l'avortement s'apparente à un meurtre de masse, un pays d'aimables arriérés comme le dit l'écrivain irlandais Robert McLiam Wilson.
Adrian McKinty Peint admirablement cette île de douleurs et de contradictions mais n'oublie pas de mener un suspense policier haletant, mêlant de manière magistrale, la grande histoire et la petite investigation.
Se gardant de toutes opinions tranchées, n'épargnant pas les manoeuvres crapoteuse de l'IRA qui sous couvert d'une cause appelant à l'insurrection, à la Révolution, ni l'intransigeance invraisemblable, criminelle et pas si impitoyable finalement de Margaret Tatcher et du gouvernement britannique. Pov' Bobby Sands et ses compadre de la prison de Maze, pions de négociations secrètes...
Excellent livre, qui dépote, addictif. L'on s'attache aux pas de Sean Duffy, boule de discordances, homme juste mais ambitieux qui se réjouit secrètement d'avoir enfin une affaire qui le sorte de son ordinaire. Dans un style direct mais travaillé, avec un humour corrosif, d'un noir très Irlandais pour le coup, Adrian McKinty réussit un coup de maître et nous donne un roman foutrement réussi. Loin, très loin, des images d'Épinal mais d'une sincérité sans faille :

"– L'Irlande du Nord n'a jamais connu de tueur en série, m'oppose-t-il.
– C'est vrai. Quiconque ayant ce genre de dispositions aurait pu rejoindre un camp ou l'autre. Torturer et tuer à loisir tout en défendant la “cause”."

Ah... La Cause !
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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