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En 1936 Martha Gellhorn, jeune américaine de 27 ans nous est présentée comme une jeune romancière, désireuse de faire du journalisme.
Sa famille, représentée par un père obstétricien, une mère très active mais toujours présente pour son mari sont des parents très affectueux, désirant en même temps voir leur fille rentrer dans un format plus rassurant plus pour lui éviter des tracas que pour préserver leur réputation.
Martha ne veut rien entendre. Elle est très concernée par les conflits mondiaux en Espagne, en Allemagne, les régimes dictatoriaux.
Elle est en même temps très libre et avoir des relations avec des hommes mariés ne la gêne pas.
C'est ainsi qu'elle fait la connaissance d'Ernest Hemingway, marié, père de famille. Elle deviendra sa nouvelle épouse et divorcera de sa propre initiative.
L'harmonie ne régnait pas entre eux, trop en concurrence sur les sujets qu'ils traitaient.
Chemin faisant, Martha Gellhorn deviendra une grande reporter de guerre et s'éteindra à plus de 80 ans.
Le livre est très intéressant, ressemblant plus à une chronique qu'à un roman avec un fond historique très important.
On retrouve Paula McLain dans le choix de ses héroïnes : des femmes libres comme dans "L'aviatrice" et "Madame Hemingway".
Dans ce livre -ci l'auteure jette un regard d'américaine sur les conflits en Europe et j'ai trouvé ce regard peu courant et plein d'enseignements.

Challenge plumes féminines


Un grand merci à l'opération masse critique privilégiée et aux éditions Presses de la Cité qui m'ont permis de découvrir ce destin d'une femme vraiment hors du commun.
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Ernest Hemingway a eu quatre épouses. Dans Madame Hemingway, Paula McLain nous dressait le portrait de la première d'entre elles, Hadley Richardson. Avec cet ouvrage, La troisième Hemingway, c'est sur Martha Gellhorn qu'elle pose son regard. Autant la première a été celle qui avait cru en lui, avait soutenu, stimulé ce parfait inconnu qui tirait alors le diable par la queue. Autant Martha Gellhorn fut celle qui a dû se battre pour exister face au monstre de célébrité qu'il était devenu entre temps. Deux femmes, deux courages. Et malheureusement pour elles, deux déceptions amoureuses.

Lorsque je me suis vu proposé de confier ma perception de ce nouvel ouvrage de Paula McLain, je n'ai pas hésité une seconde. Persuadé que j'étais de retrouver dans La troisième Hemingway, ce talent avec lequel l'auteure avait su me faire entrer dans l'intimité de ses personnages, sans sombrer dans le parti pris ou le voyeurisme. Paula McLain sait convaincre de la sincérité sentimentale, de la force de caractère qu'il a fallu à ces femmes pour exister en des époques où la notoriété ne pouvait être que masculine.

Avec un style agréable et limpide, l'auteure fait revivre ses personnages avec une incroyable authenticité. Personnages féminins qu'elle évoque avec une complicité subtile, sans se laisser déborder par la solidarité féminine qui ne peut pas ne pas l'animer. Surtout lorsque ces femmes sont confrontées à des monstres de célébrité comme cela a pu être le cas avec Hemingway.

Martha Gellhorn s'est battue pour exister, ne pas rester à l'ombre de ce mari célèbre et envahissant, être reconnue pour elle-même puisqu'elle écrivait elle-aussi. C'est sans doute une des raisons qui l'a poussée à prendre tous les risques dans ce métier de reporter de guerre qui répondait à ses aspirations aventurières. C'est ce combat-là, d'être soi-même et non le faire valoir d'un autre, ou la femme de …, que Paula McLain nous fait appréhender dans cet ouvrage consacré à la troisième épouse du futur prix Nobel de littérature.

En contre poids de ses sentiments à l'égard de l'écrivain repu de son succès, consciente de la faiblesse de sa position, Martha Gellhorn a tenu à préserver son indépendance. Elle a eu l'intelligence de dominer ses sentiments, en forme de mise à l'épreuve de ceux de son illustre époux. Prudente, elle n'a pas voulu avoir d'enfant de son héros tout en se prenant d'affectation pour les trois garçons qu'il avait eus avec ses deux premières épouses. Une mise à l'épreuve qui dévoilera malheureusement la volatilité de cet époux et sa soif d'exclusivité. le talent est exigent, le succès est égoïste. Martha Gellhorn s'est brûlé les ailes au contact de cet homme des cavernes avide de la reconnaissance des autres, avare de la sienne.

C'est à chaque fois un univers féminin dans lequel Paula McLain nous incorpore. C'est tellement bien écrit qu'on voudrait qu'il soit objectif. Elle choisit des personnages forts qui n'inspirent pas la compassion. Je repense à cet autre ouvrage de son cru qui m'avait séduit, L'aviatrice. Il y a chez cette auteure cette grande faculté à lier les références historiques avec une atmosphère du quotidien des plus crédibles. Y aurait-t-il de sa plume un ouvrage sur les autres madame Hemingway que je m'empresserais de me le procurer.

Je remercie vivement Babelio et les Presses de la cité pour m'avoir adressé cet ouvrage que j'ai lu avec un plaisir non dissimulé.
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Love and Ruin : le titre anglais de l'ouvrage me paraît mieux convenir que "la Troisième Hemingway", pour résumer la biographie romancée de Paula McLain.
L'amour, c'est celui qui va unir pendant près de sept ans Martha Gellhorn et Ernest Hemingway. Ils se rencontrent en 1936, elle a vingt-sept ans, il a trente six ans, ils vont partir ensemble en Espagne comme correspondants de guerre. Martha Gellhorn, journaliste, écrivain sera la Troisième "Madame Hemingway". Elle deviendra une des plus célèbres correspondantes de guerre du vingtième siècle, couvrant les plus grands conflits, et rapportant aux lecteurs de Collier's tout ce qu'elle avait pu vivre, au plus près des combats.
Les ruines, ce sont celles d'un monde stable qui va disparaître à jamais, mais c'est aussi, celles de l'amour de Martha Gellhorn et d'Ernest Hemingway. Un écrivain renommé n'admet pas qu'une journaliste portant son nom lui fasse de l'ombre … Les sentiments, la complicité, volent en éclat alors que le talent de Martha Gellhorn est reconnu.

Paula McLain a choisi de mettre l'accent sur ces deux caractères forts, cette rivalité, cette incompréhension croissante - alors que le monde se déchire.
C'est cet angle d'approche qui m'a particulièrement intéressé.
L'ouvrage reposé, je garde à l'esprit les images particulièrement vives de la guerre d'Espagne, des combats violents et des souffrances des civils mais aussi la vie calme et douce de l'intermède à Cuba.
J'ai aimé découvrir le travail d'une correspondante de guerre, tout le caractère, le talent qu'il a fallu à Martha Gellhorn, pour rapporter à ses lecteurs, pendant soixante ans, les conflits mondiaux. Il s'agit d'une biographie romancée qui m'a donné envie d'en savoir plus…

Je remercie les Editions Presse de la Cité, ainsi que Masse Critique de Babelio, de m'avoir permis de recevoir La troisième Hemingway, de Paula McLain, et d'en faire la critique.
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Rien ne prédisposait Martha Gellhorn à devenir la grande reporter de guerre qu'elle va devenir...Née en 1908 dans une famille de la haute société de Saint Louis - sa mère est camarade d'enfance d'Eleanore Roosevelt - c'est déjà une enfant déterminée, elle sait qu'elle veut voyager. Engagée en 1931 pour relater les effets de la grande dépression, l'ensemble de ses récits sera publié dans un ouvrage "j'ai vu la misère : Récit d'une Amérique en crise". Son physique de mannequin grande et blonde la dessert mais sa rencontre avec Hemingway, déjà écrivain établi qui l'encourage, va changer ses plans...Il est sur le point de partir en Espagne pour tourner un film de reportage afin de lever des fonds et plaider la cause des républicains. Sa décision est prise elle sera reporter pour témoigner et c'est à Madrid que leur relation va débuter; la proximité de la mort, les bombardements, les snipers, la promiscuité du danger vont resserrer les liens des deux américains qui deviennent amants malgré qu'Hemingway soit déjà marié. Et c'est cette guerre qui révèlera le caractère fort et indépendant de la jeune femme. De retour aux États-Unis leur relation reprend mais son besoin d'exister face un amant aussi flamboyant la fait repartir en Tchécoslovaquie, en Finlande où, en Carélie, elle subit les bombardements de l'armée russe. Puis la Chine en guerre contre le Japon. Entre ses missions elle retrouve Hemingway avec lequel, une fois divorcé, elle emménage à la Finca Vigià à la Havane. Enfin mariés, leur relation va rapidement se déliter, Hemingway prend ombrage de ses absences, s'alcoolise, et, en panne d'inspiration après son roman majeur Pour qui sonne le glas, s'aigrit...Martha, elle, ne supporte plus de n'être considérée que comme la femme d'Hemingway, la vie dans l'ombre du grand écrivain l'étouffe...
La troisième Hemingway est la biographie romancée et néanmoins très documentée dans laquelle Paula McLain fait revivre une femme d'exception, grande reporter de guerre, unique femme à avoir vécu le débarquement de 1944, épouse d'un véritable ogre, qui consumera chacune de ses quatre femmes à l'instar de Picasso. Deux personnalités fortes qui s'attirent s'enflamment, se jalousent, s'envient et finiront par se détruire...Un Hemingway que l'on découvre vulnérable et fragilisé par cette femme intelligente qui revendique son indépendance qui l'abandonne, déclenchant sa jalousie et sa vindicte. Paula McLain réussit brillamment, par un style fluide, sans temps morts ni digressions à faire revivre une femme d'exception et à mettre en lumière le rôle déterminant des correspondants de guerre, en particulier les femmes.
Un portrait magnifique et réussi que j'ai eu plaisir à découvrir.
Je remercie les Presses de la cité et Babelio pour cette belle découverte lors cette masse critique privilégiée.
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La troisième Hemingway Paula McLain Presses de la Cité janvier 2019 #Ernesthemingway #NetGalleyFrance

Bien sur je connaissais Hadley, Pauline,Martha et Mary les épouses successives d'Hemingway. Je les avais rencontrées avec plaisir dans l'essai de Naomi Wood Mrs Hemingway, mais sincèrement sans Paula Mclain je n'aurais pas fait la connaissance d'une femme hors du commun, je veux parler de Martha Gellhorn. Journaliste, écrivain, correspondante de guerre cette femme a croisé en 1936 la route d'Ernest Hemingway , son idole .. Deux tempéraments de feu, hyperactifs, passionnés par l'écriture, le monde. Ce qui devait arriver arriva. Tous les deux ont couvert la guerre d'Espagne croyant dur comme fer que les loyalistes arriverait à faire barrage à Franco et à ses partisans. Guerre, peur, mort, amour .. Il leur faudra 4 ans pour pouvoir officialiser leur union et 3 ans pour la détruire. entre temps Pour qui sonne le glas est paru ..Martha Gellhorn a aimé Hemingway à la folie mais il n'était pas question pour elle d'aliéner sa personnalité , de ne plus courir le monde , bref de ne plus vivre. Hemingway ne l'a pas supporté .
Paula McLain mêle admirablement la fiction et l'histoire suffisamment pour que cette biographie se lise vite et bien et nous remette en mémoire ces périodes noires. A découvrir sans hésiter.
Un grand merci aux Presses de la Cité et à Babelio pour cette masse critique
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Comment l'union de deux tempéraments explosifs pouvait-elle perdurer ? N'était-elle pas promise à l'échec comme le père de Martha l'avait pressenti ?

Paula Mc Lain se glisse dans la peau de Martha Gellhorn, cette journaliste-écrivaine, dont la plus grande passion fut d'être correspondante de guerre, de témoigner, de rendre compte des douleurs, des massacres, de la vie des hommes et femmes qui vivaient au coeur de ces conflits.

Ernest Hemingway la rencontre à Key West, un de ses fiefs, et pour lui ce fut un coup de foudre, ce grand colosse avait un coeur qui pouvait s'enflammer au premier regard. Elle, jolie jeune femme de 27 ans,  il lui a fallu un peu plus de temps et c'est sur le terrain de la Guerre d'Espagne, que ses sentiments changèrent, passant de l'admiration pour le grand écrivain renommé, du correspondant de guerre qu'il était déjà à celui de l'amour.

Leur couple était explosif car fait de deux identités similaires : le même goût pour l'aventure, le même goût de liberté, le même désir d'écrire alors comment arriver à faire durer les sentiments quand s'installe peu à peu une sorte de rivalité, quand Martha n'est identifiée que comme Madame Hemingway, quand son travail d'écriture est toujours mis en comparaison avec celui de Monsieur, déjà reconnu et qui finit l'écriture de ce qui deviendra son chef-d'oeuvre : Pour qui sonne le glas.

Martha Gellhorn a souffert de l'ombre de ce mari hors du commun, buveur, pêcheur, déjà deux fois mariés, deux fois divorcés, père de 3 enfants, imprévisible mais aussi tendre, aimant, ne pouvant vivre seul, envahit de démons qui pouvaient le laisser de longs mois sans écrire. Il eut la maladresse de lui proposer d'écrire sous son nom d'épouse, peut-être généreusement mais elle refusa, elle voulait que son travail ne soit reconnu que pour sa valeur d"écrivain, de journaliste.

Il tendit les bras et me serra tout contre lui, et je sentis mon coeur affolé, petit oiseau aimé, attrapé et réconforté. J'étais sa chérie. On ne pouvait rien faire contre cela. J'aurais beau me débattre, je n'arriverais pas à sortir de son ombre. (p379)

Martha Gellhorn était une sorte d'Hemingway au féminin, seule femme journaliste présente lors du débarquement sur les plages françaises, baroudeuse, n'ayant qu'une idée en tête : voir et témoigner de ce que ses yeux voyaient. Un tempérament fort qui ne put que s'affronter à celui de l'écrivain. Leur couple courrait à sa perte dès le début, même si chacun tenta de trouver des moyens pour le sauver.

Nous sommes tellement indépendants, lui dis-je aussi doucement que possible. Nous avons tellement besoin de vivre notre vie. Je ne sais pas comment nous allons pouvoir concilier tout cela. (p335)

Mais comment, comment, comment veux-tu que ça marche ? aurais-je dû m'écrier. Tu es le soleil et je suis la lune. Tu es le fer et je suis d'acier. Nous ne pouvons ni plier, ni changer. Au lieu de cela, je me suis approchée de lui. J'ai posé la tête sur sa bonne épaule massive de nigaud, et je l'ai embrassé, ravalent mes doutes et mes craintes. faisant taire ma raison.

- Je t'aime tellement (p336)

J'ai retrouvé certains sentiments éprouvés à la lecture de Mrs Hemingway : la force et le caractère trempé de cette jeune femme, sa volonté d'être présente à l'égal de ses compatriotes journalistes masculins sur les terrains de guerre, ne souhaitant pas devenir mère mais ayant une profonde tendresse pour les fils d'Ernest. J'ai retrouvé également la fragilité d'Ernest Hemingway, s'enflammant et épousant la source de ses émois, devenant un homme ne supportant pas l'éloignement de son épouse, mais disparaissant parfois pour rejoindre ses amis pour des parties de pêche, des beuveries.

Par contre il ne supportait pas quand "Lapin" prenait l'initiative de partir pour des reportages, n'oubliant pas son mari mais ayant besoin de cet espace de liberté pour exister.

A travers le mariage de Martha et Ernest on parcourt avec les journalistes les villes bombardées, les risques pris, les luttes fratricides, les horreurs de la guerre mais on découvre également le travail de ces deux écrivains, dévorant, égoïste qui ne laisse que peu de place à autre chose.

Comme dans son précédent roman, Paula McLain s'attache à des femmes libres, fortes et déterminées. le récit se lit d'une traite, on est embarqué dans cette vie de baroudeur, vivant à leurs côtés cette vie de nomades, côtoyant la mort mais aussi une magnifique histoire d'amour faite de douceur et d'affrontements, de tendresse et de rivalités, où leurs personnalités ont trouvé dans leur mariage un terrain de combat dont aucun n'est ressorti indemne.

Il est surprenant de constater que leur union n'a vécu que le temps de deux guerres comme si l'amnistie et la paix ne pouvaient régner entre eux.

Une sensation délicieuse. Je m'allongeai pour lire, m'imprégnant de la paix et du silence, et ne me sentant qu'un tout petit peu coupable d'être aussi heureuse de cette solitude. (p372)

Merci à la Masse Critique Privilégie Babelio et aux Editions Presses de la Cité pour cette lecture
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Lecture vraiment très plaisante, qui nous fait découvrir la troisième femme d'Ernest Hemingway, Martha Gellhorn.
Paula McLain a écrit ce livre en se permettant de le romancer et d'y ajouter des traits de caractère à son héroïne.
Martha Gellhorn était vraiment une femme exceptionnelle, qui bravait tout et tout le monde pour assouvir son besoin d'aventures et de découvertes, elle sera correspondante de guerre, et couvrira toutes les guerres et ce au péril de sa vie, mais au péril de sa vie amoureuse.
Quand elle rencontre Ernest Hemingway, celui-ci est encore marié à Pauline, avec laquelle il a deux fils, Patrick et Grégory, ils vivront une aventure extra-conjugale, qui leur permettra de vivre ensemble lors de leurs différentes rencontres sur les fronts de guerre, chacun retournant à son quotidien entre deux.
Leur relation va se dégrader, quand ils vont se marier, en effet, ces deux caractères forts ne vont pas réussir à se supporter, une rivalité professionnelle se mettant même en place.
Ernest Hemingway et Martha Gellhorn donnent l'aspect de deux personnes invivables ayant vécus tous les deux des vies palpitantes.
Je recommande vivement ce livre, qui m'a passionné du début à la fin.
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Martha Gellhorn a 27 ans quand elle rencontre Ernest Hemingway, de 9 ans son aîné. Nous sommes en 1936 et les deux futurs amoureux écrivent, voyagent, protestent contre le régime de Franco, vont se battre en Espagne. de temps en temps, une pause les reconduit aux Etats-Unis pour se reposer près de la rivière préférée d'Ernest. Après quelques années de liaison, Martha devient la « troisième Hemingway », suite au divorce de l'écrivain avec sa femme Pauline, avec qui il eut 3 enfants. Martha saura t-elle trouver sa place auprès de ce géant ?

Après avoir retracé la vie de la première femme d'Hemingway, Hadler, dans Madame Hemingway, Paula McLain reprend la plume pour dresser ce portrait de femme libre, qui lutta pour ne pas être une simple « épouse de », écrivaine brillante, la seule qui osa quitter Ernest Hemingway, puis devint une des plus exceptionnelles journalistes de guerre du XXe siècle. Elle complète ainsi sa biographie romancée en creux du grand écrivain, à la fois génie et homme torturé, qui tombe relativement vite amoureux mais se laisse dépasser par ses relations au bout de quelques années. Dans cette histoire, c'est finalement Martha qui se lasse, étouffée dans ses aspirations de voyageuse et d'écrivaine, refusant d'être reléguée au statut d'épouse et encore moins de mère. Comme pour son premier texte, Paula McLain alterne le récit de Martha et quelques monologues intérieurs d'Ernest, intelligemment placés, qui nous permettent de mettre en perspective leur relation.

Je savais seulement une chose : Ernest était un soleil qui brillait si fort qu'il m'éclipserait même sans le vouloir. Il était trop célèbre, trop avancé dans sa propre carrière, trop sûr de ce qu'il voulait. Il était aussi trop marié, trop enraciné dans la vie qu'il s'était forgé à Key West. Trop habité, trop impressionnant.
Trop Hemingway.

Dès le début, elle se fait peu d'illusions sur la durée de leur mariage et pourtant, amoureuse, elle essaie de croire qu'il peut changer, qu'il peut être moins « lui ». Elle part quand elle se rend compte que ce n'est pas le cas et qu'elle risque d'y laisser trop d'elle-même, de ce qui la constitue : les voyages, l'aventure, l'écriture.

Mais comment, comment, comment veux-tu que ça marche ? aurais-je dû m'écrier. Tu es le soleil et je suis la lune. Tu es le fer et je suis d'acier. Nous ne pouvons ni plier, ni changer. Au lieu de cela, je me suis approchée de lui. J'ai posé la tête sur sa bonne épaule massive de nigaud, et je l'ai embrassé, ravalent mes doutes et mes craintes. faisant taire ma raison.
– Je t'aime tellement.

Et puis, à travers les yeux de Martha, nous découvrons Ernest d'abord au fait de sa gloire, venant de publier Pour qui sonne le glas, puis devant une page blanche, situation qui contribue à mettre fin à leur relation.
Avec eux deux, nous traversons la guerre d'Espagne et la Seconde guerre mondiale, leurs engagements et leurs peurs.
– Lance-toi. le tout, c'est de commencer, peu importe comment.
– Mais si c'est mauvais ?
– Et alors ? Ca ne serait pas le pire.
– Non, c'est vrai.
En effet. le pire – je le savais déjà – serait d'avoir trop peur pour essayer.

Elle suivra finalement ce conseil, en écrivant des nouvelles puis des romans. Et elle continuera seule sur cette route, vivant sa vie comme elle l'entend, couvrant tous les grands conflits du siècle, de la guerre d'Espagne à l'invasion de Panama par les Etats-Unis (à 81 ans !).

J'ai aimé faire un bout de chemin avec ces deux écrivains amoureux, furieux mais magnifiques, qui nous font vivre au coeur de l'Histoire en train de se faire tout en vivant leur passion, courte mais belle. J'ai aimé suivre la plume de Paula McLain que l'on sent elle-même amoureuse de ces deux « personnages », heureuse de nous faire découvrir cette figure méconnue qu'est Martha Gellhorn et qu'elle contribue à faire sortir de l'ombre d'Hemingway. Un beau roman, très réussi.
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Hemingway fascine toujours. L'écrivain, bien sûr, mais aussi son existence aventureuse et remplie de femmes. Et pas des moindres comme sa troisième épouse, Martha Gellhorn, correspondante de guerre à la personnalité bien trempée qui a fini sa carrière de journaliste en couvrant l'invasion américaine de Panama, à l'âge vénérable de 81 ans. Cependant, aussi incroyable qu'ait été cette femme, c'est presque toujours à travers la célébrité de son mari que l'on se réfère à elle, en France en tous cas, puisque La troisième Hemingway s'intitule Love and Ruin, en Amérique. Martha n'est pourtant pas une inconnue : on l'a croisée dans Mrs Hemingway de Naomi Wood et dans le téléfilm de luxe Hemingway & Gellhorn où elle était incarnée par Nicole Kidman. Mêlant vérité et fiction, Paula McLain s'immisce dans la tête et les pensées de son héroïne dans La troisième Hemingawy, avant, pendant et après (trop peu hélas) son mariage avec l'auteur de Pour qui sonne le glas. Les meilleurs passages du livre sont assurément ceux consacrés à la guerre d'Espagne au moment où les deux reporters ne sont encore que des amis. Plus avant dans le roman, Paula McLain montre bien en quoi les deux caractères entiers et indépendants de ces deux êtres ne pouvaient que se heurter et se blesser avec en plus une rivalité de plus en plus grande du point de vue journalistique et littéraire. L'auteure n'insiste pas outre-mesure sur les scènes de ménage parait-il "homériques" qui les opposèrent au moment où leur union déclinait. La troisième Hemingway n'est pas dénué de style même si demeurant plutôt sage, s'intéressant avant tout à la psychologie de son sujet, ne cherchant pas à dévoiler plus qu'il ne faut de l'intimité des Hemingway. Au-delà de son ménage avec le grand homme, l'on retient en priorité le portrait d'une femme au tempérament affirmé, bien décidée à mener sa vie sans compromissions, passionnée et toute entière dédiée à sa mission de raconter les turbulences du monde.

Merci à la Masse Critique de Babelio et aux Presses de la Cité.
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Ce livre est l'histoire d'une femme. J'ai bien dit "ce livre" et non pas "ce roman" parce que le ton utilisé, quasiment journalistique, ne s'envole jamais vers des envolées lyriques. Et pourtant, ce livre est l'histoire d'une femme, d'une romancière, qui rencontre un jour son idole, un auteur de renommée mondiale, Ernest Hemingway. Il est marié, il a trois fils. Pourtant, Martha deviendra la troisième madame Hemingway.
Que dire ? Qu'avec une personnalité aussi forte que la sienne, ce mariage ne pouvait pas réussir ? Il est facile de juger après coup. Paula McLain avait montré, dans Madame Hemingway (oeuvre que j'avais beaucoup apprécié), le destin d'Hadley, la première madame Hemigway, qui a assisté au début littéraire de son mari, qui a partagé les années difficiles avec lui. Martha doit vivre avec une célébrité, un homme qui veut rester au sommet qu'il a atteint, qui veut être digne de la réputation qu'il s'est crée, qui voit, aussi, comment Francis Scott Fitzgerald a été broyé. Martha veut vivre aussi, par elle-même, et fait des choix, qui, forcément, ne plaisent à Hemingway, peu habitué qu'il est à vivre avec une femme qui ne veut pas n'être que madame Hemingway.
J'ai aimé le fait que ce récit nous soit raconté par Martha elle-même, heureuse de redevenir Gellhorn après coup. Je me suis dit aussi que leur mariage était le jouet de circonstance historique. Combien de couples mariés avant la guerre ont divorcé juste après ?
Un livre fortement recommandable pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur Hemingway et sur l'Amérique des années 30 et 40.
Merci à Babelio et aux éditions Presse de la cité pour ce partenariat.
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