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Journal imaginaire d'Hadley Richardson, la première Madame Hemingway, celle des débuts et des découvertes, ce livre empreint tour à tour de sérénité et d'intensité m'a séduite à plus d'un titre.

Bien sûr, il y a d'abord le plaisir de lire sur le Paris insouciant des Années 20, ses artistes célèbres, ses cafés qui le sont presque autant, ses fêtes, l'effervescence, les histoires de couple, de frime et d'alcool... Plaisir également de partir skier dans un petit paradis autrichien, d'assister aux corridas de Pampelune ou de bronzer sur la Côté d'Azur des millionnaires... Vraiment, avec eux, on ne s'embête pas !

Mais ce n'est pas là le plus intéressant à mes yeux. Non, le plus intéressant, c'est l'histoire d'amour vécue et racontée par Hadley, touchante de vérité du début à la fin. Spontanément, je dirais que c'est un amour de femme à l'ancienne, profond, sincère, oublieux de soi-même, très centré sur l'homme et la cellule familiale. Mais c'est bien l'homme qu'Hadley aime, pas l'écrivain, pas la belle image, et elle est prête à s'oublier pour l'aimer et le soutenir plus et mieux. C'est beau et tragique, surtout quand on voit comment elle est payée en retour... Je dois d'ailleurs avouer que j'ai eu un petit plaisir revanchard en lisant la postface et en voyant que Pauline n'a pas été mieux traitée qu'Hadley...

Ce que j'ai aimé aussi dans ce livre, c'est les visions de la vie qu'il présente : intensité, passion, création et ambition pour Hemingway contre sérénité, équilibre, douceur et simplicité pour Hadley. Ou l'union d'un feu-follet génial et d'une chatte domestique qui n'aspire qu'à ronronner... Pas étonnant qu'ils aient parfois eu du mal à s'accorder, alors même qu'ils ont à mon sens tous les deux raison, en partie. Très intéressant à lire, en tout cas.

Bref, Madame Hemingway a été pour moi une jolie rencontre et m'a convaincue de me mettre (enfin) à la lecture des oeuvres de son géant de mari...
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Pour mieux comprendre l'homme, cherchez la femme…
Madame Hemingway est une biographie romancée de la première épouse d'Ernest Hemingway, Hadley Richardson.
Tout semble éloigner Hadley et Ernest lorsqu'ils se rencontrent en 1920 à Chicago, pourtant ils vont follement s'aimer, partir vivre en Europe, voyager, rencontrer d'autres écrivains expatriés (Gertrude Stein, Ezra Pound, James Joyce, Francis Scott et Zelda Fitzgerald), découvrir le jazz, la corrida et boire beaucoup trop. Hadley continue de jouer du Rachmaninov sur des pianos loués mais elle s'efface complètement face au torrent créatif de son mari, souffrant sans jamais se plaindre de leur pauvreté. Ernest Hemingway gagne sa vie comme journaliste mais il rêve de devenir un écrivain majeur, cherche son style et rédige son premier roman, Le soleil se lève.
Un amour profond, une entente charnelle et l'admiration réciproque qu'ils se portent, peuvent-ils survivre à la gloire puis à la beauté d'une autre femme, Pauline, une amie du couple ?
Le récit connaît quelques longueurs, le style sans fioritures manque parfois de souffle, mais au final, dresse un joli portrait tout en nuances, dans la période de l'entre-deux guerre en Europe. Hadely a beaucoup contribué à l'éclosion du talent de son époux, un homme tour à tour égoïste et flamboyant qui pouvait s'appuyer sur son amour inconditionnel et sa force morale.
Cette période charnière inspira plus tard à Ernest Hemingway, Paris est une fête que je vais m'empresser de relire avec un vif intérêt en espérant retrouver la saveur d'un paradis perdu...
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Il est des écrivains si célèbres qu'on pense tout connaître d'eux. Mais que sait-on de celles qui les ont accompagnés une partie de leur vie, leur moitié, celles avec qui ils formaient un nous ? Partons à la rencontre de Madame Hemingway

Vivant toujours chez sa soeur dans le Missouri, Hadley Richardson a 28 ans lorsqu'elle rencontre Ernest Hemingway à Chicago. C'est lors d'une soirée où les jeunes gens écoutent du jazz et où l'alcool coule à flots que leurs regards se croisent pour la première fois. Ernest a 21 ans, il rentre juste de la guerre et fascine ses amis par ses récits vivants, réalistes, animés. Elle, si droite et juste, alliant la naïveté et une force à toute épreuve, et lui, jeune "chien fou" sentant croître ce besoin viscéral de coucher sur papier les récits qui le dévorent pour devenir un grand écrivain à l'image de son ami Sherwood Anderson, se complètent à merveille. Fraîchement mariés, ils emménagent à Paris, au son de l'accordéon d'un bal musette du 14 juillet 1922, dans une mansarde ouverte à tous les vents avec toilettes "à la turque" sur le palier. Ils n'ont pas un sou mais des rêves plein la tête et l'envie de vivre cette vie de bohème, de fréquenter les artistes au café autour d'un verre. Ils y rencontrent Ezra Pound, ses idées révolutionnaires et ses maîtresses, les Fitzgerald et leur conception jusqu'au-boutiste de l'amour libre, ainsi que Gertrude Stein et sa compagne – et avec elles le saphisme. Hadley et Ernest forment un couple uni, simple et solide aux yeux de ces amis dont la conception de l'amour est plutôt floue et dangereusement instable. Observant avec attention ces différents couples qui les entourent, Hadley s'interroge sur la place qui doit être la sienne au sein de son propre couple. Elle sait qu'Ernest a besoin d'elle et de son soutien pour continuer à avancer dans ses écrits. Mais lorsque celui-ci commence à acquérir une petite notoriété, attirant les regards, notamment ceux de jeunes femmes sveltes et bien habillées, Hadley se sent de plus en plus menacée.

Le roman de Paula McLain est un habile prolongement féminin au fameux roman d'Hemingway Paris est une fête. Tout y est : l'amour, les affres de la création, le tourbillon de fêtes, l'effervescence d'une époque où les écrivains anglo-saxons expatriés animaient les rues de la capitale. L'histoire se déroule donc essentiellement à Paris mais on suit aussi les Hemingway jusqu'en Espagne où Ernest se fascine pour les corridas, en Autriche où skier les émerveille, à Toronto pour la naissance de leur fils avant un retour en France et un séjour sur la côte méditerranéenne. L'auteur décrit avec finesse et passion ces années folles et rend sa place à Hadley Richardson, celle de la première épouse de l'écrivain, sa muse, sa complice, qui un jour choisit de s'effacer pour que Hemingway enfin paraisse. Un beau roman, touchant.
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D'aucuns disent qu'il y a toujours une femme derrière un grand homme. Pour Ernest Hemingway, la première d'entre elles, c'est Hadley. La première, oui, car il y en eut d'autres, même si Hadley Richardson fut la première épouse. Nous sommes en 1920, c'est l'époque des Roaring Twenties où le jazz et la prohibition contournée marquent une sortie de guerre sous les couleurs de l'euphorie et de l'insouciance. « Prenons une bonne cuite. / D'accord. Ça, on a toujours su faire. » (p. 413)

Dans ce roman, c'est Hadley qui prend la parole et qui raconte sa rencontre avec celui qui n'était tout d'abord qu'un journaliste enragé d'écriture et prêt à tout pour apprendre à devenir un écrivain. « Qu'avez-vous l'intention de faire ? / Entrer dans l'histoire de la littérature, je pense. » (p. 25) Outre cette rage de percer dans le monde des lettres, le jeune Ernest porte en lui le traumatisant souvenir de la guerre et des blessures qu'il a reçues. Tous ses démons sont déjà là, tapis derrière l'appétit d'écrire. le mariage d'Hadley et d'Ernest est rapide et c'est tout aussi vite que le couple part à Paris. Aux dires de certains, il n'y a que là que l'on peut écrire, vraiment écrire.

Hadley comprend vite qu'elle ne peut et ne doit pas rivaliser avec l'écriture si elle veut garder son mari. Elle se fait son soutien le plus fidèle et le plus solide, alors même qu'elle dépérit dans cette ville étrangère, solitaire parmi la foule. Elle doit sans cesse composer avec les humeurs de son époux qui désespère de voir ses nouvelles publiées. Mais Ernest est un être sensible et attentif : entre deux humeurs, il fait tout pour combler son épouse et se sortir de son marasme intime. « Ce que j'ai compris, moi, c'est que si je m'occupais de ma femme – c'est-à-dire de toi – je me soucierais moins de moi-même. Mais peut-être que ça marche dans les deux sens. » (p. 112) Hadley et Ernest s'affrontent souvent, mais tiennent bon. Jusqu'à ce que la vérité éclate : il est notoire qu'Ernest avait un grand appétit pour les femmes, même si le remords accompagnait souvent ses incartades. « Les gens ne s'appartiennent qu'aussi longtemps qu'ils y croient l'un et l'autre. Il a cessé d'y croire. » (p. 468)

Dans ce Paris des années 1920, Hadley nous donne à voir Ezra Pound, James Joyce ou Gertrude Stein dans les cafés de Montparnasse et de la Rive Gauche. C'est tout un Paris mythique qui surgit sous la plume de Paula Mclain et c'est bien ce qui m'a le plus intéressée. Suivre l'éclosion de l'Hemingway écrivain est fascinant : on voit l'obscur journaliste qui court après les sujets et l'auteur en devenir qui gratte des pages pendant des nuits entières. Et quand vient enfin la reconnaissance, on peut se demander si elle valait tout ça. « Ce fut la fin du combat d'Ernest avec l'apprentissage et la fin d'autres choses également. Il ne serait plus jamais inconnu. Mais nous ne serions plus jamais aussi heureux. » (p. 309) À voir la fascination d'Hemingway pour la tauromachie, on ne peut s'empêcher de penser que l'écriture est une corrida et que l'auteur n'est peut-être pas le torrero.

Par certains aspects, ce roman m'a rappelé Alabama song de Gilles Leroy, ce récit où l'on suit les déboires conjugaux et artistiques du couple Fitzgerald. On croise d'ailleurs Francis et Zelda dans les pages de ce récit. le roman de Paula McLain est fondé sur un artifice, à savoir faire parler la femme cachée derrière l'homme. Mais créer un personnage à partir d'une personne réelle tout en soutenant l'illusion de la réalité, ça prend difficilement avec moi. Nul doute que l'auteure connaît son sujet et qu'elle s'est documentée avant de donner la parole à Hadley, mais il me manque de véritables interventions de cette épouse trimballée dans toute l'Europe. Des lettres ou des extraits de journaux auraient très largement contribué à renforcer la longue confidence de cette femme qui, finalement, reste bien impalpable malgré la volonté de Paula McLain de la sortir de l'ombre.

Le titre original est The Paris Wife et je trouve qu'il correspond beaucoup mieux au roman. Peut-être que cette expression ne fait pas suffisamment sens pour les lecteurs francophones, mais le destin d'épouse d'Hadley est liée à Paris et il est dommage que le titre français occulte cette facette du personnage. Madame Hemingway est un beau roman sur l'amour et l'abnégation conjugale. Il m'a donné envie, plus que jamais, de découvrir les oeuvres d'Hemingway qui me manquent.
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La première épouse ou l'amour sacrifié au génie.

Hemingway a été un homme à femmes. Quatre épouses se sont succédées auprès de l'homme, passionné, survolté, excessif et torturé.
Hadley Richardson fut la première, celle des jeunes années de galère mais de liberté, où le futur écrivain se cherche et vit de petits cachets de journaliste, aux Etats Unis puis en Europe.
Des moments de bonheur dans le Paris des Années folles, au sein d'une société artistique joyeuse et stimulante.

Mais le tableau romantique se craquelle au fil des absences d'Ernest, de ses engagements politiques et de ses aventures amoureuses.
Epouse aimante, conciliante et attentive, son image semble abandonnée sur le bord du chemin. Lâchée par le rythme frénétique de son "grand homme", elle subit la solitude physique et intellectuelle dans le tourbillon d'une époque où tout semblait possible. le mariage se délite, aussi irréversiblement que l'écrivain apparait.

On s'y attache à cette jolie Hadley! Bien qu'elle apparaisse assez effacée et sans projets propres aux cotés de l'excessif Ernest, elle apporte une note de douceur et de sérénité dans le décryptage d'un couple au fonctionnement atypique.

Et qu'en dit Hemingway, dans son "Paris est une fête"?
Je vais aller y jeter un coup d'oeil....
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"J'ai appris à ne jamais tarir le puits de mon inspiration, à toujours m'arrêter quand il restait un peu d'eau au fond et à laisser sa source le remplir pendant la nuit." H. Hemingway

Après avoir lu le livre de Paula McLaine, cette citation d'Ernest Hemingway ne m'inspire plus la même émotion. Écrivain de génie, il est ici également présenté comme un personnage égoïste, prétentieux, colérique et imbu de lui-même. Son égo démesuré trouve sa résonance auprès de Hadley Richardson, jeune femme intelligente et droite qui souffre des excès de son mari.
Leur histoire est certes une histoire d'amour passionnée, mais l'abnégation de l'épouse fidèle inspire plus souvent la pitié que l'admiration.
Même si ce roman est une fiction où les personnages sont imaginaires, l'auteur a cependant eu à coeur de rester au plus près de la vérité en s'inspirant de sources historiques et de faits réels.
Pour le style, j'ai nettement préféré le roman "l'aviatrice" sorti en 2015 qui m'a semblé plus abouti.
Madame Hemingway est un bon livre pour plonger dans l'ambiance Parisienne d'après guerre et découvrir l'univers des écrivains de cette époque toujours à la recherche d'inspiration. Dans ce roman Ernest Hemingway a trouvé la sienne, mais d'où vient sa source ?
Lien : http://uneautrelecture.blogs..
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Avec Madame Hemingway, Paula Mclain entraine ses lecteurs dans le Paris des années 20 et l'on y rencontre un nombre impressionnant d'artistes de l'époque.
Ici la narratrice est Hadley, la première épouse du grand Ernest Hemingway. Sous les yeux de sa femme, on découvre les débuts difficiles de l'auteur, ses échecs et sa motivation. On entre dans l'intimité de ce couple fusionnel dont tout le monde s'étonne qu'ils soient si amoureux et si proche. On découvre leur vie, leurs déplacements de pays en pays et surtout Paris en toile de fond.
Le style de l'auteur est fluide et se lit très bien mais malgré ça j'y ai trouvé quelques longueurs. D'autant qu'on sait tous que ce mariage va se finir par un divorce. le fait de connaitre la fin avant même de commencer m'a un peu gâché la lecture et j'avais hâte d'arriver aux dernières lignes.

Hemingway m'apparait un peu plus sympathique après avoir lu ce roman même si aucun de ses défauts n'est caché.
Une lecture agréable mais pas pour autant un coup de coeur.
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Proposé en partenariat avec le Livre de Poche, j'ai accepté ce roman sur la seule foi de son titre ! Dès qu'on me parle de littérature, je ne peux que sauter sur l'occasion … Et cette fois-ci, j'ai eu bien raison !

Ernest Hemingway est pour moi à la fois connu et méconnu : connu car j'ai dévoré plusieurs de ses romans (Le Vieil Homme et la Mer, L'Adieu aux armes, Pour qui sonne le glas) qui furent de belles découvertes à l'époque; mais méconnu car je ne me suis jamais intéressée à sa vie. Je savais seulement qu'il avait passé du temps à Paris, côtoyant Joyce et d'autres Américains autour de la librairie de Sylvia Beach, Shakespeare and Co.

Dans cet épais roman, Paula Mc Lain nous propose une partie de son histoire, à travers sa relation avec sa première femme, Hadley Richardson, tout droit débarquée du Missouri. C'est à Chicago que les futurs amoureux se rencontrent, et c'est à Chicago qu'ils tombent sous leur charme mutuel. Hadley, intelligente, solide; et Ernest, jeune homme de 20 ans blessé et traumatisé de la Grande Guerre.

« Qu'avez-vous l'intention de faire ? - Entrer dans l'histoire de la littérature je présume ».

« Je n'avais jamais rencontré quelqu'un d'aussi vibrant et plein de vie. C'était de la lumière en mouvement. Il n'arrêtait pas de bouger – ou de penser, ou de rêver, semblait-il. »

Le mariage sera très vite décidé et rapidement ils embarquent pour la France. Direction : Paris, capitale de la littérature et QG de la « génération perdue » où ils retrouveront Ezra Pound, Gertrude Stein, James Joyce, Fitzgerald.

« Il goûtait à tout ce que cette ville lui offrait, aimait la parcourir, surtout la nuit, passant la tête dans les cafés pour voir qui s'y trouvait ou pas. Il était reconnaissable partout avec ses longs cheveux indisciplinés, ses chaussures de tennis et sa veste rapiécée, la quintessence de l'écrivain rive gauche. »

Nous les suivons donc sur la piste de leur aventure littéraire, au gré des déconvenues d'Hemingway qui subit échec sur échec; mais aussi de leur aventure intime, au sein de ce couple exceptionnel, constamment désargenté mais qui résiste à l'adversité malgré tout. Jusqu'à ce que la réputation de coureur de jupons d'Ernest se confirme et qu'il contribue à la destruction du ménage, après 5 ans de vie commune, bon gré mal gré.

« Personne, en réalité, ne semblait pouvoir retenir quiconque. C'était l'époque qui voulait ça. Nous étions en train de nous libérer pour vivre à fond une jeunesse pleine de promesses et d'airs de jazz. »

Côtoyer un écrivain torturé tel qu'Hemingway n'est pas de tout repos. Tout le long du roman, j'ai admiré Hadley qui tente d'avoir une vie familiale normale, mais sacrifie un certain nombre de ses rêves à ceux de son mari, attachant mais envahissant. Je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle avec ma propre situation personnelle, ce qui m'a rendu ce texte encore plus fort (non pas en ce qui concerne les rêves mais vivre avec un artiste n'est effectivement pas toujours une sinécure …).

Entre Paris, la Côte d'Azur, la Suisse, le Canada, le couple Hemingway est animé par une plume solide et une narration intéressante par Hadley elle-même, entrecoupée de monologues intérieurs attribués à Ernest. Au fur et à mesure, c'est une analyse de l'écriture d'Hemingway qui se dessine. Ainsi lorsqu'on lui conseille : « Éliminez tout ce qui est superflu [...] Méfiez-vous des abstractions. Ne dites pas au lecteur ce qu'il doit penser. Il faut que l'action parle d'elle-même. » Pour moi, c'est l'essence même de l'écriture américaine de l'après-guerre, celle de Fitzgerald et compagnie.

Mais dans ces premières années littéraires d'Hemingway, nous n'assistons finalement qu'à la naissance de le Soleil se lève aussi, son premier succès, inspiré de leurs fréquents voyages en Espagne pour assister aux corridas.

En bref, un roman très bien documenté, vivant, qui fait écho au texte rédigé par Hemingway lui-même, Paris est une fête, et qui raconte toutes ces années (publié de manière posthume en 1964). Ce roman est donc à lire, tout comme le Soleil se lève aussi pour compléter cette biographie romancée.
Une lecture très enrichissante !
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Solitaire qui n'aimait pas la solitude, Ernest Hemingway eut quatre épouses. Paula McLain s'est prise de sympathie pour la première d'entre elles, Hadley Richardson. Elle en a fait la narratrice de ce bel ouvrage, Madame Hemingway. C'est l'histoire romancée d'un épisode de la vie de cette femme avec celui qui accédera à la consécration suprême de son art en recevant le prix Nobel de littérature en 1954.

Journaliste, correspondant de guerre, écrivain, Ernest Hemingway n'a pas été aventurier que dans sa vie professionnelle. Celles qui ont partagé sa vie affective en ont fait les frais. Paula McLain a mis son talent d'écrivain au service de Hadley et lui fait revivre cette idylle de six années qui restera à jamais dans la mémoire de celle-ci comme l'épisode dramatique de sa vie.

Paris au lendemain de la première guerre mondiale, des expatriés américains se retrouvent au sein ce que l'une d'entre eux, Gertrude Stein, immortalisera sous l'expression de génération perdue. Une génération d'artistes et intellectuels qui tentent inconsciemment d'exorciser dans l'alcool et les fêtes le cauchemar de la grande guerre. Elle avait avalé leur jeunesse et fait tomber trop tôt sur leurs frêles épaules une maturité précoce nourrie d'angoisses. Ernest Hemingway qui a connu les affres de la guerre en Italie, dont il tirera L'adieu aux armes, se retrouve volontiers sous ce label. Il ne craint pas d'explorer l'absurdité de la condition humaine lorsqu'elle se livre aux horreurs qu'elle fomente.

Grand témoin des conflits du vingtième siècle, amateur de corridas, de courses de chevaux, de chasse, sa soif de sensationnel, de liberté s'est assouvie au détriment du bonheur de celles qui ont choisi de partager sa vie. Paula McLain nous dresse un portrait admirable de Hadley, femme simple et courageuse, d'une grande sincérité, peut-être un peu naïve, que rien ne prédestinait à quitter son Amérique natale pour s'enfoncer dans le drame avec cet homme, de six ans plus jeune qu'elle, qui trouve logique de vivre à trois quand on ne peut choisir entre deux amours. Paula McLain nous fait prendre fait et cause pour ce personnage désintéressé qu'elle sait rendre attachant lorsqu'elle partage la vie de galère du futur prix Nobel encore loin de la célébrité, dans un sordide deux pièces parisien.

Une histoire dramatique formidablement conduite par Paula McLain. Elle nous donne un autre éclairage sur la personnalité du célèbre écrivain. Il ne peut que baisser dans notre estime au sortir de ce roman, grisés que nous sommes de la notoriété qui auréole désormais sa carrière d'écrivain. La gloire de l'un n'irait donc t'elle pas sans l'avilissement d'autres restés dans l'anonymat ?

Avec son écriture souple et épurée, Paula McLain se garde bien de tomber dans l'emphase. Elle préserve ainsi l'authenticité des sentiments de cette femme restée fidèle en amour à l'égard d'un Hemingway avec qui elle correspondra jusqu'à l'ultime moment de sa vie.

On s'interroge toujours sur les raisons du choix d'un auteur pour le personnage de son roman. Beaucoup vous répondront que c'est en fait le personnage qui s'impose à l'auteur. Ce qui me fera dire que Madame Hemingway ne pouvait trouver plus belle plume pour sortir de l'anonymat. Car en donnant ce titre à son roman, elle confère une certaine exclusivité à cette union, et reconnaît sans doute en Hadley la plus légitime des épouses d'Ernest Hemingway. Celle qui n'a jamais douté du talent de son mari alors que le succès se faisait encore désirer.

Cette histoire romancée est un superbe moment de lecture.

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Pour qui a lu Paris est une fête, d'Ernest Hemingway, la lecture de ce roman de Paula Mc Lain constitue un complément très intéressant.
C'est à peu de choses près la même période qui est décrite ici, mais avec les yeux d'Hadley, la première épouse d'Hemingway.
Elle nous décrit tout d'abord sa jeunesse et les conditions dans lesquelles elle croisa le chemin de celui qui allait devenir un auteur majeur de sa génération.
Puis, on traverse l'Atlantique et on retrouve le Paris des années vingt, des années folles où l'on croise d'autres illustres personnages : Scott et Zelda Fitzgerald, Ezra Pound et bien d'autres.
Même si le destin de ce couple et celui d'Hemingway furent tragiques, ce livre rend compte d'une époque révolue avec une grande acuité et un style qui fait revivre ces années désormais presque centenaires.
De quoi éclairer également les sources d'inspiration de Woody Allen dans Minuit à Paris.
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