AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BillDOE


Des irlandais, la trentaine chargée, collectionnent les mauvais coups et surtout les coups du sort dans un Belfast où s'affrontent les catholiques et les protestants sous la surveillances d'anglais qui ont la notoriété mondiale de foutre la merde partout où ils passent (le jour où ils arrêteront de se torcher avec la géopolitique, le monde ira un poil mieux).
Jake Jackson vient de se faire plaquer par Sarah, retournée à Londres où elle y a avorté, ce qu'il apprendra plus tard. Il décide de quitter son job de déménageur-encaisseur lorsqu'avec ses deux acolytes, ils récupèrent le lit médical d'une vieille dame atteinte d'un AVC qui n'avait pas fini de payer ses traites, en la virant par terre. Depuis il traine ses regrets, attendant de rencontrer la femme qui lui fera oublier ses déboires amoureux.
Son ami, Chuckie, rêve de toucher le jackpot mais sans avoir à passer sous un bus afin de percevoir la prime d'assurance. Il a l'idée d'une géniale arnaque. Il fait passer une annonce proposant un godemichet géant moyennant la modique somme de 9,99 £. Il ne compte bien évidemment jamais expédier l'objet du délit à l'acquéreur(se)(heureuse) mais à la place un chèque de remboursement portant la mention : « REMBOURSEMENT GODEMICHET GEANT ». Il se doute que personne n'osera déposer le chèque à sa banque. Il fait rapidement fortune…
Chuckie Lurgan est à « Eureka Street » ce qu'Ignatius J. Reilly est à « La conjuration des imbéciles ». le premier est autant obsédé par gagner du fric au travers de procédés douteux et sauter la ravissante californienne Max que le second l'est à son anneau gastrique et à ses excentricités délirantes.
Robert McLiam Wilson signe un roman d'une rare cocasserie. Il donne l'impression de régler ses comptes avec l'absurdité d'un pays divisé par une guerre de religion tout aussi absurde, sur le ton de la plaisanterie. Il aurait pu finir chacun de ses chapitres par : « Mais la vie continue… ».
Il réunit une brochette de personnages aux caractères haut en couleurs, que les travers de leur existence n'atteignent plus. Ils jonglent avec un humour corrosif et échappent ainsi à la sinistrose qui tapisse les rues de Belfast. Sur fond d'attentats terroristes meurtriers, ils sont capables de tels échanges :
« - Ta queue atteint-elle ton cul ? Demanda-t-il.
J'ai écarquillé les yeux.
- Quoi ? fit Billy.
- Ta queue atteint-elle ton cul ?
Billy ne trouvait pas ça drôle du tout.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Eh ben, si elle l'atteint, tu peux aller te faire enculer plus facilement. » D'une logique implacable…
Le roman de Robert McLiam Wilson est un véritable chef d'oeuvre de second degrés et un hymne à une humanité que rien ne saurait altérer. C'est une histoire sur l'amitié. C'est le témoignage que même au milieu d'une société dure, cultiver la dérision aide à se sortir de bien des situations sans être atteint au plus profond de soi-même.
Moralité de cette histoire : plus la connerie est grosse, et plus on y croit et plus elle marche, parce qu'on en a besoin !
Une lecture savoureuse et un auteur génial à découvrir impérativement…
Traduction de Brice Mathieussent.
Editions Christian Bourgois, 10 :18 « domaine étranger », 545 pages.
Commenter  J’apprécie          660



Ont apprécié cette critique (65)voir plus




{* *}