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4,22

sur 931 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Eureka Street est l'histoire d'une bande de potes irlandais. Les uns catholiques, les autres protestants. Mais quelle importance au final. Ils se ressemblent. On saisit le ridicule de cette haine pataude :

« Telles sont les habitudes de deux populations dotées de différences nationales et religieuses remontant à quatre ou huit siècles. le drame, c'est que toute différence jadis notable a aujourd'hui fondu et que chacune de ces deux populations ne ressemble à aucune autre, sinon à l'autre. »

Portraits d'hommes accablés et désabusés, dans ce pays tourmenté qui s'englue dans la pauvreté et le désoeuvrement. Belfast est décrite comme un personnage à part entière. Elle est comme ces hommes et ces femmes qui y habitent. Meurtrie, elle n'en reste pas moins belle et authentique. Nulle autre ne lui ressemble. Sous sa cuirasse, se cache un coeur sensible.

Les actes terroristes sont relatés de façon ironique. Ces hommes sont lucides. Ils savent qu'ils ne sont que les instruments d'une politique absurde. Certains, comme Chuckie, en profitent pour faire fortune, d'autres, comme Jake, crient parfois leur colère.

Ce roman, qui peut apparaitre dans ses premiers chapitres qu'une succession de portraits d'hommes machos et trop portés sur la beuverie, monte en puissance lors de la description d'un attentat terroriste. À ce moment, on est dans le coeur de l'histoire. On saisit le message de l'auteur. La vie d'hommes et de femmes est fauchée dans son élan. On tranche dans le vif au mépris de la vie humaine.

C'est aussi un roman sur la solitude, la détresse. Histoire où terrorisme et histoires d'amours se télescopent . Histoire d'une ville en conflits, où l'espoir et les rêves de chacun ne sont pas éteints. À Belfast où ailleurs, c'est toujours la même histoire.



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Belfast années 90.

Ville lasse, plate, grise et taguée de sigles vindicatifs d'appartenance catholique ou protestante. Une paix molle s'est installée mais le conflit reste dans les gènes, telle une gangrène impossible à enrayer: les frondes républicaine et unioniste restent larvées et la ségrégation religieuse est une position politique. L'extrémisme est présent dans les deux camps, le quotidien des habitants est une lutte insidieuse, et L'IRA fait encore sauter des bombes...

"Les irlandais tuent des irlandais pour libérer des irlandais ": ubuesque!

Le catholique Jake, mélancolique et pacifiste, rongé de solitude et de peines de coeur côtoie le bon gros Chuckie, protestant débonnaire, pas très futé mais surdoué pour les combines financières. Autour d'eux, le chaudron nord irlandais où bouillonnent des extrémistes, des pacifistes, des idéalistes, des flics belliqueux, des femmes éreintées par la détresse et la pauvreté, des gamins des rues vindicatifs et sans enfance...

Dans les quartiers populaires, les hommes tuent leur vie médiocre en buvant des litres de bière dans des pubs nauséabonds, enfumés et crasseux. Les soirées sont des gigantesques beuveries à insultes et coups de poings car l'irlandais est par nature dissipé, bagarreur, querelleur, qu'il soit catholique ou protestant.
Toute attitude pacifique est rejetée, déconsidérée, toute tentative de conciliation au coin d'un pub s'apparente à de la traitrise.

Une vision de l'intérieur, impressionnante de réaliste, de fatalisme et de violence (il faut parfois s'accrocher). Tout cela en mode narratif ironique, humoristique, sarcastique et désabusé. Un grand écart permanent entre bouffonnerie et terrorisme. Et un très beau message de foi en un avenir possible.

Et Belfast, la ville, est le fil conducteur: on croit voir les rues grises et pavées de misère, les quartiers de briques rouges, le plafond bas du ciel, les hurlements de poivrots, les injures en gaélique.

Je conseille, je conseille...meilleur livre sur l'imbroglio politico-terroriste de l'Irlande du Nord que j'ai pu lire...
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Visiteur intrépide du Belfast de la dernière décennie du XXème siècle, pénètre dans Eureka Street, l'archétype de la rue prolétaire du Belfast protestant, avec précaution, tu risques d'y laisser des plumes et des larmes, surtout si tu es catholique.

Peut-être croiseras-tu le chemin de Chuckie Lurgan, le "Gros Cinglé", le type pas propre sur lui qui sait arnaquer comme personne et qui est devenu milliardaire malgré lui ? Ou si tu préfères diriger tes pas vers Poetry Street, tu rencontreras Jake Jackson, le gros dur catholique, et son chat. Jake te parleras peut-être de son spleen et t'inviteras à boire une pinte au pub, histoire de tomber amoureux d'une énième serveuse à la petite morale.

Dans les deux cas, cher visiteur, ta plongée dans Belfast sera rude, amère, tumultueuse voire mortelle si tu te trouves au mauvais endroit au mauvais moment, plus précisément au moment où explosera une des innombrables bombes qui explosent dans cette ville terrorisée par le terrorisme.

Lire "Eureka Street" aujourd'hui, c'est-à-dire dans le contexte de menace permanente que connaît l'ensemble des capitales européennes, donne à la lecture une acuité toute particulière. La violence des groupuscules - ici Catholiques et Protestants - heurte puis devient rapidement banale. A travers une année passée auprès de Jake, Chuckie et leurs potes, dans les bars, les rues, les émeutes, on prend le pouls de ce que fut Belfast pendant des décennies, un creuset bouillonnant où les illusions et les quêtes entraient brutalement en collision.

L'écriture est assez particulière mais rend bien compte du climat délétère et des aspirations profondes des nombreux personnages. Au final, la paix triomphera-t-elle de la guerre ? Et l'amour de la haine ?

Avant de lire ce roman, je n'avais qu'une vision très imprécise de la lutte civile acharnée qui a divisé l'Irlande et l'Irlande du Nord ; désormais j'en sais un peu plus, et j'ai la désagréable impression que cette violence reste hélas d'actualité sur d'autres fronts. Depuis 2015, je me sens un peu Irlandaise du Nord, quelque part...


Challenge PAVES 2017
Challenge Petit Bac 2016 / 2017
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Dans Eurêka street, rue de Belfast, nous suivons les trentenaires Chuckie, protestant pauvre qui, à force de chercher des combines arrivera à faire fortune et Jack ,catholique, enchainant les déboires amoureux . Il ne faut pas oublier leurs potes ,les femmes qu'ils vont côtoyer ainsi que le chat de jack, ils ont tous des personnalités bien trempées...
Dans ce roman, s'entremêlent donc l'histoire de cette bande de copains, les beuveries, les délires sexuels, l'amour, la pauvreté et le terrorisme. L'humour est présent à chaque page mais vient se heurter, se briser de façon brutale, le temps d'un chapitre à l'horreur suite à un attentat à la bombe. le chapitre concernant cet attentat est particulièrement fort et contraste avec le côté « léger » et les dialogues truculents des chapitres précédents.
Ce livre nous fait passer du sourire aux larmes, je suis contente de l'avoir lu et ne pense pas l'oublier !

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J'ai ouvert ce livre et je suis devenue irlandaise pendant les "Troubles".
J'ai bu des bières (beaucoup trop) dans les pubs.
J'ai haï (beaucoup trop) les catholiques, en bonne protestante.
J'ai haï (beaucoup trop) les protestants, en bonne catholique.
J'ai appris les sigles des organisations terrorisantes.
J'ai cherché du boulot, vaguement
J'ai tenté de gagner de l'argent (beaucoup), sans (trop) me fatiguer
J'ai survécu à l'explosion d'une bombe
Je suis tombée amoureuse.
J'ai conduit une vieille guinbarde avec fierté, une grosse berline avec difficulté.
J'ai traîné mon spleen dans les rues de Belfast, la nuit, sous la pluie.
J'ai écouté des poètes bidons, mais convaincus.
J'ai décidé que catholique ou protestant finalement la frontière n'était qu'un mirage.
J'ai grandi avec ces trentenaires un peu paumés qui tentent de trouver leur identité dans cette Irlande divisée.
J'ai vraiment pensé, mangé, aimé, marché, bu, détesté, voulu, à l'irlandaise le temps d'un roman.

C'est un peu le cousin irlandais des Chroniques de San Francisco d'Armistead Maupin.

Alors faut-il le lire ? Oui. Je n'aime toujours pas la bière, mais j'ai bien aimé ce roman, véritable reportage sur l'Irlande à fin du siècle dernier.
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Eureka Street, c'est la rue de Belfast où vit Chuckie Lurgan, protestant, 30 ans au compteur, avec sa mère. Son problème ? Trouver le bon truc pour s'enrichir sans se fatiguer. Son ami Jake, catholique, préfère exercer des boulots pourris pour gagner sa vie. le roman nous propose de suivre leurs parcours sur fond de lutte pour l'indépendance, alors qu'un mystérieux graffiti « OTG » apparaît sur les murs de la ville.

Mais ce roman très riche ne se résume pas aux histoires surprenantes qu'il raconte, ni à ses personnages étonnamment fascinants. C'est aussi un texte extrêmement bien écrit, souvent cru mais qui sonne juste. le tout est en plus bourré d'humour noir, décrivant de manière impitoyablement drôle un univers complètement pourri. L'histoire de Chuckie est à cet égard particulièrement édifiante. Mais tous les chapitres sont dans la même veine, et l'on se surprend à dévorer les cinq cents pages du livre.

Un roman irlandais détonnant, qui se joue des clichés. À découvrir.
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Une belle découverte avec Eureka Street, d'un auteur à la plume enchanteresse. Hilarant, acidulé, un peu je tape du poing là il faut et quand il faut, et par mégarde paf, une phrase à vous couper le souffle emplie de tendresse, de poésie, à vous tirer la larme.

une histoire de potes de quartier, des amours tardives, des hommes qui se révèlent, Belfast sous son mauvais jour, la guerre des protestants et catholique, un petit Roche qui ressemble à s'y méprendre à Gave.

C'est un bouquet d'humour, de vérités bien frappées, des personnages qu'on n'a pas franchement envie de quitter non qu'ils soient des super héros et super mignons loin de là, bien au contraire, ils ne sont pas franchement attirants, mais c'est justement ici que le talent de l'auteur frappe. Il sait nous saisir dans un Belfast révolutionnaire avec des personnages qui deviennent intéressants, attachants.

Un style bien particulier dont j'ai du mal à définir, mais c'est certain, j'en redemande, et je me suis notée tous les livres de cet auteur, conquise et admirative.
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A travers le portrait de Belfastiens trentenaires, catholiques ou protestants, Mc Liam Wilson, lui -même Irlandais, nous raconte avec humour et émotion la vie au quotidien dans la capitale secouée par les attentats et les meurtres.Entre Jake le protestant qui vient de perdre sa compagne et qui se lit d'amitié avec le jeune Roche, le gros Chukhie le catholique qui devient millionnaire, amoureux d'une jeune américaine et qui découvre l'homosexualité de sa mère ou encore la révoltée Saoirse c'est une Belfast dévastée mais au combien vivante que nous décrit Mc Liam Wilson. Malgré la terreur des attentats la vie reprend le dessus et c'est avec beaucoup de drôlerie et d'amour que l'auteur mène son récit Avec malice et amour surtout pour cette ville. Un roman dont on quitte les personnages avec tristesse. Une réussite.
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"Peut être serons nous tous mort dans six mois. le monde est vaste et il y a place pour toutes sortes de fins et un nombre infini de commencements." p 543. Je pense que l'auteur est un bavard et qu'il aurait pu ne jamais arrêter son roman!

Un beau roman d'amitiés masculines, un décor à Belfast immergeant réussi. Amitiés masculines peut être pas vraiment mais disons un groupe de gars qui se suit de près ou de loin pendant une bonne trentaine d'années. Choper une fille est quand même leur leitmotiv principal! Tout comme se faire de l'argent.
On retrouve la violence et la guerre politique incessantes à Belfast tout du long, Irlande du Nord, protestants, catholiques, les engagés, les pauvres, les riches, chacun fait ce qu'il peut dans son époque et tous sont attachés à leur rue et y reviennent. Tout dans cette lecture vient à point nommé, si bien qu'à la fin on a passé un bon moment en leur compagnie.

Eureka Street c'est un peu comme lire le Club des incorrigibles optimistes. Avec moins d'engagement politique peut être mais toujours cette forte valeur fraternelle dans les rapports masculins.
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Je me suis aperçue que ces derniers temps, j'ai très peu lu de livres en dehors de la Fantasy et du polar/thriller. N'ayant plus l'habitude de ce qu'on pourrait appeler la littérature générale, il m'a fallu un peu de temps pour m'installer dans l'histoire, pour faire connaissance avec les personnages.
J'en ai profité pour apprendre un peu de l'Histoire de l'Irlande, le quotidien des années 90 au milieu des explosions de bombes terroristes devenues des évènements presque banals. le lecteur se retrouve au coeur de l'Histoire. Il y a beaucoup d'émotions dans ce livre, qui plus est sous une plume qui manie aussi bien le tragique que le comique. L'absurdité de la nature humaine y est pointée du doigt, on y voit aussi le ridicule qui tue.
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