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Critique de Stockard


A la fin de "Texasville", on avait laissé la ville de Thalia et ses habitants déjantés pour apprendre que dans le tome suivant, Duane Moore, l'un desdits habitants – et de loin le plus rationnel de tous – était, selon les dires de sa femme Karla, gravement dépressif.
Attaquant sur le même ton délirant que le tome précédent, Larry McMurtry nous décrit le jour où sans prévenir, Duane est rentré chez lui, à garé son pick-up dans le garage, planqué les clefs et décidé de ne plus jamais reposer son joufflu dans une voiture quelle qu'elle soit. Dorénavant, il serait un piéton et rien d'autre.
Bon, le côté azimuté ne nait pas tant de cette décision qui, si elle paraît un peu extrême n'en est pas moins plutôt saine, que de la réaction des habitants du coin qui en concluent sans tarder que Duane est en train de faire une attaque ou quelque chose comme ça. Marcher ?! Faut avoir perdu le sens commun pour trouver ça normal. Karla, de son côté, pense que c'est la seule façon qu'a trouvé son mari pour lui annoncer qu'il souhaitait divorcer.
Bref, un marcheur au pays du pick-up roi, il n'en faut pas plus à cette bande de fondus pour faire un ramdam de tous les diables devant ces peut-être prémices de fin du monde.

Enfin, une fois cette situation un tout petit peu farfelue posée, Larry McMurtry quitte le registre de la comédie pour nous plonger calmement dans le drame d'un homme qui, à l'âge de la retraite, prend conscience qu'il n'a rien fait d'autre de sa vie que passer son temps entre ses puits de pétrole, son pick-up et sa famille qu'il a fini par juger trop nombreuse et surtout beaucoup, beaucoup trop bruyante.
Mais par contre déprimé, il n'a pas l'impression de l'être plus que ça, juste le sentiment d'avoir bêtement laissé filer les années et l'envie de découvrir de nouveaux horizons, mais à force de se faire répéter que bien sûr que si, il est dépressif, il se met à douter et décide d'aller consulter une psychiatre dont il va évidemment tomber amoureux et qui lui conseillera de lire "A la Recherche du Temps perdu". Pour quelqu'un n'ayant jamais ouvert un livre de sa vie, commencer directement par Proust va s'avérer un exercice périlleux. Malheureusement dans la vie de Duane tout va soudain le devenir, périlleux, après un drame personnel qui, disons-le, m'a presque affectée autant que lui...

Avec cet opus, Larry McMurtry prend un virage à 180 degrés et si quelques situations continuent de faire grassement se tordre les flanelles (mais elles sont rares), la plupart du temps, on se retrouve pas loin d'avoir envie de chialer.
Après une "Dernière Séance" très sympathique et un "Texasville" totalement déjanté, "Duane est dépressif" nous plongerait presque dans l'angoisse avec en pourboire, le sale coup que nous joue l'auteur en nous retirant trois (dont mon préféré) des personnages principaux, comme ça d'un coup hop, profitant de notre naïveté à croire les personnages fictifs éternels.
Larry McMurtry n'a depuis longtemps plus rien à prouver mais au cas où, il confirme tout de même qu'avec ce troisième tome des aventures de Duane Moore, il est tout aussi apte à jouer la partition de l'humour grinçant que celle du répertoire dramatique.
Alors, que Duane soit dépressif on n'en est pas sûr sûr mais par contre que je me sois retrouvée un poil démoralisée à la lecture de ce tome 3, là y'a pas de doute.
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