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Duane Moore tome 1 sur 5
EAN : 9782351785133
322 pages
Gallmeister (06/10/2011)
3.77/5   116 notes
Résumé :
En 1951, la petite ville texane de Thalia, aux confins du désert, hésite entre un puritanisme de bon ton et la quête de plaisirs encore tabous Livrés à eux-mêmes, Duane et Sonny gagnent après le lycée de quoi animer leurs samedis soir grâce à de petits jobs sur la plateforme pétrolière. Du cinéma à la salle de billard, ils s'ennuient sec et attendent l'aventure en rêvant de filles belles comme le jour. Ils découvriront peu à peu que la vie n'a finalement rien d'un s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 116 notes
A Thalia, petit bourg paumé au nord du Texas, la seule chose qui compte quand on est un lycéen en dernière année, c'est bien sûr de décrocher son diplôme... Nan je déconne. En tout cas pour Sonny et Duane, la seule chose qui a de l'importance c'est la séance du samedi soir à l'unique petit cinéma du coin, pas tant pour le film que pour l'endroit en lui-même où dans l'obscurité bénite du lieu on peut espérer embrasser, tripoter, gagner du terrain dans le jean et sous le chemisier de petites amies en titre sans se faire mettre les tripes au soleil par les pères des donzelles qui elles de leur côté ne rêvent que de stars hollywoodiennes.
Pour Duane, tout se passe bien ou presque, il ne doute pas une seconde de son futur mariage avec Jacy, ne lui reste qu'à convaincre la richissime famille de sa belle que travailler comme ouvrier dans un champ de pétrole ne fait pas de lui un tocard absolu et c'est gagné alors que Sonny, lui, rencontre quelques difficultés en se sortant une fille même pas jolie et qui ne l'aime pas tellement mais dans ce genre de patelin, on prend ce qu'on trouve, c'est pas comme s'il y avait le choix. Alors quand Charlene va finalement se lasser de lui et que la serveuse de leur café attitré restera de marbre devant ses timides avances, la femme de l'entraîneur de football et de basket du lycée fera finalement très bien l'affaire. D'accord, elle a la quarantaine attristée et la mine grise mais ce qui compte c'est de tremper son goupillon dans un bénitier quel qu'il soit alors pourquoi pas la bourgeoise du coach si elle est consentante ?
Le reste du temps, avec d'autres blancs-becs désoeuvrés du coin, ils tuent le temps en jouant au billard ou (voilà comment perdre une étoile sur la note finale) en se déniaisant avec les génisses du troupeau familial (putains d'abrutis de bouseux mutilés du bulbe !) pour oublier un peu la joie et l'allégresse que l'on ne peut que ressentir à vivre encerclé par des champs de pétrole et des élevages bovins.

Mêlant chronique sociale, satire et humour noir, Larry McMurtry nous convie à visiter son Texas natal du côté rural, celui de la désolation et des gamins perdus qu'il nous sert à la sauce tex-mex avec des personnages souvent attachants comme Billy, le môme attardé et donc d'une gentillesse sans bornes et Sonny qui, s'il semble souvent neurasthénique, est peut-être le seul à éprouver ce qui pourrait s'apparenter à de la compassion. Deux exceptions parmi ceux à qui, écrasés par un puritanisme moite et étouffant, tout semble bon pour s'extraire de ce carcan blindé où chaque pied de nez aux valeurs chrétiennes est recherché, admiré et glorifié. Pour les jeunes paumés de Thalia, la vie se résume à "faisons quelque chose, n'importe quoi mais faisons le !" Bref, tout plutôt que de mourir d'ennui en devenant l'haïssable copie conforme de géniteurs moqués et mal-aimés.
Le passage à l'âge adulte dans un trou paumé du Sud des années 50, voilà ce que Larry McMurtry se targue de nous raconter et dammit qu'il le fait bien !
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La vie à Thalia, bled paumé du Texas, au tout début des années cinquante. L'auteur nous fait parfaitement ressentir la chaleur, la poussière, et surtout, l'ennui. Car les jeunes s'ennuient ferme à Thalia. Et les adultes aussi d'ailleurs. Nous suivons Sonny et Duane, deux ados en dernière année de lycée. Toute la semaine, entre leurs cours, leurs entraînements sportifs et leurs petits boulots, ils ne rêvent qu'à la soirée du samedi soir et à la séance de cinéma où ils pourront peloter l'un Charlène, moche, prude et pas très futée, l'autre Jacy, la plus belle fille du coin, bonne élève et la plus riche de surcroît. Les personnages sont bien campées et avec les personnages secondaires cela donne une fresque d'une partie de la société américaine de l'époque : puritanisme de façade bien ancré qui cohabite avec une sexualité exacerbée. En conséquence les situations sont attendues (cinéma du samedi soir, billard, virées en bagnole, …), c'est plus qu'à la limite du cliché. Sans surprise il y a peu d'actions, à part les scènes de sexe. C'est un roman qui retranscrit une ambiance, avec juste ce qu'il faut d'action pour maintenir un intérêt. A ce titre, c'est plutôt très réussi. Quelques événements font qu'à la fin du roman, quand le cinéma ferme, Sonny et Duane ne sont plus des gamins, mais ce n'est pas pour autant un roman d'initiation. Tout est plutôt dans l'atmosphère, dans la peinture d'une tranche de vie. Si on aime ce genre, c'est intéressant, mais vu l'ennui qui règne à Thalia c'est aussi plutôt déprimant même si ce n'est pas toujours dénué d'humour.
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Avoir dix-sept ans, c'est l'enfer ! Tous les jeunes gens le savent, et surtout Sonny et Duane, élèves en quatrième année au lycée de Thalia, une petit ville paumée du Texas. Trop fauchés pour entrer dans une université, tous deux s'apprêtent à quitter la scolarité pour trouver un travail, mais, en attendant ce changement radical d'existence, il leur reste encore un été à passer à Thalia. Un long été à tuer dans la poussière et la chaleur écrasante, à partager leurs journées entre leurs petits jobs estivaux, le billard et l'unique salle de cinéma de la ville tenue par le vieux Sam le Lion. Un long été à trainer leur ennui morose en rêvant de la seule chose qui obsède tous les gamins de leur âge : le sexe. Mais le sexe, au début des années cinquante, reste une expérience bien mystérieuse pour des adolescents de dix-sept ans, surtout dans une ville aussi pudibonde que Thalia. Alors on flirte discrètement à l'arrière d'une salle de cinéma, on s'embrasse sur le siège d'une voiture et on se caresse sur la dernière banquette d'un bus scolaire en prenant garde de ne pas éveiller le professeur endormi. Tout cela en fantasmant sur le jour où leur délicieuse partenaire leur permettra enfin d'atteindre le plaisir espéré. Ce qu'ils ignorent, tous ces bouillonnants jeunes gens, c'est à quel point la vie peut se montrer dure et les désillusions cruelles pour les garçons à l'âme trop sensible et aux poches vides. Oh oui, c'est parfois bien laid de devenir adulte…

Ma première rencontre avec Larry McMurtry a été un coup de foudre. Littéralement soufflée par « Lonesome Dove », roman historique qui avait permis à son auteur de rafler le prix Pulitzer en 1986, il m'a fallu des mois pour oser m'attaquer à une autre de ses oeuvres, tant je craignais que celle-ci ne soit pas à la hauteur de mes espérances – craintes tout à fait vaines puisque c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai renoué avec le style simple, sensible et pourtant si riche de sens de McMurtry. Comme pour « Lonesome Dove », le principal atout du romancier réside dans son incroyable talent de portraitiste, ce sens du détail émouvant, tragique ou cocasse qui permet de toucher le lecteur au coeur sans jamais trop en dire. Les mésaventures de Sonny et Duane, qui pourraient paraître banales à la première vue, sont sublimées par cette habilité narrative et par l'attachement que l'on ne tarde pas à ressentir pour ces deux gamins, complétement paumés mais pas méchants pour un sou. Les très nombreux protagonistes secondaires du roman sont traités avec autant de délicatesse et tous s'avèrent mémorables, particulièrement les personnages féminins comme le belle Loïc, splendide bourgeoise de quarante ans rongée par l'ennui et les déceptions, ou Ruth, épouse vieillissante et négligée par son abruti de mari qui découvrira dans les bras d'un jeune lycéen le plaisir ardent mais trop fugace d'être une femme.

Très tendre, triste et gai à la fois, « le dernière séance » est avant toutes choses un roman sur la jeunesse, celle qui nous fait souffrir, mais celle aussi que l'on regrettera amèrement, une fois les années écoulées et les dernières chimères parties à vau-l'eau. Une bien belle lecture, mais un peu déprimante tout de même.

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Sonny et Duane sont lycéens. Entre les cours, les entraînements de football ou de basket et les petits boulots pour gagner quelques sous, ils pensent toute la semaine au samedi soir, moment béni où, dans le cinéma de la ville ou sur la banquette de leur camionnette, ils pourront peloter leurs petites amies respectives. À Thalia, dans le Texas, il n'y a de toute façon pas d'autre chose à faire en 1951. Alors que Sonny s'ennuie avec Charlene et pense à rompre, Duane est fou d'amour pour la jolie Jacy. Hélas, l'adolescente a un peu trop conscience de sa beauté et elle nourrit des rêves romantiques qui alimentent ses ambitions naïves et sa perversion naissante. « Elle avait couché avec deux des hommes les plus intéressants de toute la ville, et ni l'un ni l'autre n'était tombé amoureux d'elle, ni même manifesté le moindre intérêt pour recoucher avec elle. » (p. 198) Sonny aimerait bien peloter la jeune fille, mais c'est la copine de son meilleur copain. Et il y a Ruth, la femme de l'entraîneur, la seule personne véritablement disposée à aimer quelqu'un dans la petite ville de Thalia.

En dressant le portrait d'une jeunesse disposant de peu de perspectives, à savoir le service militaire, un mariage prématuré et un boulot sur la plateforme pétrolière, Larry McMurtry déploie une nostalgie cocasse portée par une désillusion désabusée. Les garçons ne pensent qu'aux filles, lesquelles savent très bien se faire désirer et se dérober. « Il avait le cafard parce qu'il la désirait et savait bien qu'il ne l'aurait jamais. » (p. 35) Ces jeunes gens ont peu de distractions : les matches où l'équipe de Thalia est systématiquement battue, le billard, le maigre cinéma ou les blagues plus ou moins méchantes envers Billy, le simplet qui balaie toute la ville. « Il voulait travailler dur et se fatiguer pour ne plus passer les nuits éveillé à se sentir seul. Il ne se passait pas grand-chose et il semblait que ça ne changerait plus jamais tellement. » (p. 239) Ces gamins sont à l'image de Thalia, ville qui vivote à côté d'un champ de pétrole qui a fait la fortune de quelques familles et qui épuisent toutes les autres. Ce n'est pas une Amérique glorieuse que présente Larry McMurtry : effacé le grand rêve américain, disparu l'espoir d'une vie libre. À Thalia, tout n'est que routine, morosité et solitude.

Larry McMurtry a écrit d'autres romans dont Duane est le protagoniste. J'ai bien envie de voir ce qu'il advient de ce jeune homme dont le coeur a été piétiné. Peter Bogdanovitch a adapté ce roman au cinéma : ne me reste qu'à mettre la main dessus ! Et McMurtry, je vous recommande vivement Lonesome Dove, magnifique épopée dans le Far West, chant du cygne de toute une époque.
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Je continue ma découverte de l'oeuvre de Larry McMurtry, en la remontant à l'envers de sa chronologie et La dernière séance m'a emballé.

Roman contemplatif peut-on lire ci et là ; je préfère chronique du temps qui passe, dans cette petite ville du sud des États-Unis, à quelques heures de voiture du Mexique. Thalia n'est pas à proprement parler un trou paumé, avec son collège, son cinéma, ses restaurants et son billard. Mais quand on est jeune, comme Duane et Sonny, c'est un territoire qui reste limité aux études, au sport et aux petits boulots. Alors heureusement, le soir et le week-end, il reste l'alcool et les virées, et surtout les filles.

Car finalement, dans cette petite ville empreinte de puritanisme, le sexe transpire de partout. Chez les jeunes hommes, qui ne pensent qu'à ça : c'est de leur âge. Chez les jeunes filles, qui appliquent les consignes de prudence, jusqu'au jour où elles découvrent le pouvoir mais aussi l'intérêt social qu'elles peuvent en tirer. Chez leurs parents enfin, où il apparaît parfois comme une échappatoire qui finit par laisser un goût amer, ou parfois comme une renaissance salvatrice. Tour à tour, Duane, Sonny, Jacy, Loïs ou Ruth y seront confrontés, livrant une facette différente des usages et bénéfices de la chair, finalement souvent triste.

Comme toujours, le grand art de McMurtry réside dans cette incroyable atmosphère qu'il parvient créer par la richesse et la diversité de ses personnages et les situations souvent cocasses dans lesquelles il les met. Sur un faux rythme lent comme les journées chaudes qui n'en finissent pas, on croise à Thalia foule de personnages aussi atypiques qu'attachants, tels Sam le Lion, le jeune Billy - sauvagement déniaisé dans une scène drôle et pitoyable à la fois - et même l'entraîneur Popper qui aborde en fin de livre sa propre phase de remise en question que j'aurais aimé voir davantage poussée.

En quelques 300 pages, Larry McMurtry n'aura laissé aucun de ses personnages indemnes. Tous auront traversé un cap de leur vie qui les fera évoluer, perdre leurs illusions et se projeter dans un avenir plus volontariste.

La dernière séance a eu lieu, le rideau est tombé, c'est la fin d'une époque, mais la vie must go on. C'est ce qu'auront appris Duane, Sonny et les autres.

Une très belle réussite.
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critiques presse (1)
Telerama
19 octobre 2011
Avec mélancolie, un grand sens de la description et quelques belles envolées, le romancier décrit les rêves de ces adolescents qui finiront par rentrer dans le rang, tout en regrettant l'époque où ils se donnaient rendez-vous devant le cinéma hors d'âge du vieux Sam le Lion.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Sam se mit à grogner, ce qui était toujours le signe que quelque chose l'affectait puissamment, puis il éclata de son rire chaud, solide et riche - chose qu'il faisait si rarement que les deux garçons en restèrent stupéfaits. Il s'assit au bord de l'eau, riant toujours, et se passant la main dans les cheveux. Les larmes se mirent à couler si abondamment sur son visage que Sonny ne savait plus trop ce qui se passait, si Sam riait, ou s'il pleurait. Il sortit son mouchoir de sa poche pour s'essuyer la figure, mais il n'eut pas plutôt fini qu'il se mit à lancer des salves de jurons puis, se levant, il marcha de long en large en tapant furieusement du pied dans l'herbe.
- Nom de Dieu de nom de Dieu ! criait-il. Je ne veux pas être vieux ! Ça me va pas !
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— Sam, c'est quoi la meilleure façon pour devenir riche ? demanda Duane.
— C'est de naître riche, dit Sam. C'est le meilleur moyen, y a pas de doute.
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C'était une de ces journées où, selon les chrétiens, la ville devait avoir fait perdre patience au Seigneur. C'était un miracle qu'il ne l'ai pas tout simplement détruite par le feu, comme il l'avait fait pour Sodome, et vu qu'il régnait déjà une chaleur de quarante-trois degrés, il aurait pu s'en tirer simplement en faisant monter un peu la température.
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Au bout d'un moment, elle frisa la panique car elle était convaincue que tout Thalia entendait grincer les ressorts. Si toutes les voitures s'arrêtaient, si les ménagères venaient sur le seuil de leur porte et prêtaient l'oreille, tout le monde pourrait entendre les grincements du lit et devinerait ce qu'elle était en train de faire. C'était un lit épouvantable ; elle se disait qu'il l'avait trahie. Personne ne pouvait ressentir la chose merveilleuse avec, en dessous de soi, un lit qui grincait autant.
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Il commença seulement à réaliser combien c'était dur de continuer à vivre si on n'a pas d'espoir.
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Videos de Larry McMurtry (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Larry McMurtry
Coup de Coeur de Thomas (Librairie L'Amandier à Puteaux) pour Les Rues de Laredo de Larry McMurtry.
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