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EAN : 9782846267748
208 pages
Au Diable Vauvert (08/11/2013)
2.85/5   27 notes
Résumé :
Je n'étais pas préparée à cela. Quelques années auparavant, j'avais lu Histoire d'O, d'abord intriguée, puis très vite horrifiée et dégoûtée. Dans la vie réelle, les sadomasochistes étaient des individus sinistres, à la fois ridicules et minables avec leurs bizarres accoutrements. Si une amie m'avait dit qu'elle était attachée à une table par son amant, je ne l'aurais pas crue.
Et pourtant c'est moi qui suis là, attachée, nue, zébrée de coups, réduite à une s... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"Le masochiste est celui qui vit l'attente à l'état pur"
Gilles Deleuze

Quand j'ai vu ce roman, bien en vue, sur une étagère de la FNAC, je me suis dit que c'était un signe pour me l'offrir. J'ai vite compris que le roman allait au delà des images fleur-bleue de Mickey Rourke et Kim Basinger. Plus dans le sadisme. Plus dans le masochisme. Plus dans l'acte, la domination, le laisser-aller et le lâcher-prise.

Il ne s'agit pas d'une romance mais bien d'un fragment de vie de l'auteure aussi irréel qu'un rêve. 9 semaines ½ de relation intense, passionnelle et cruelle. Une parenthèse isolée, mais suffisante pour la mener au bout de ses limites, au bout de l'inconcevable...

Ingeborg Day alias Elisabeth McNeill change de nom pour l'écriture de ce livre, afin de protéger sa fille alors adolescente. Elle met sur papier une liaison sado/maso, une rencontre qui la marquera dans sa chair à jamais.
Alors qu'elle se soumet par amour et fascination, lui est dans le sadisme pur et dur. Elle ne représente qu'un objet sexuel, de brimade et de torture. Il ne lui fait pas l'amour, il la baise ne prenant du plaisir que dans la domination, la souffrance et le contrôle. Les scènes de cruauté vont crescendo et entraîne sa victime à dépasser les frontières de l'inacceptable. Elle est sous son emprise et devient accro à cet homme, à sa perversité et à la jouissance de son propre corps comme un drogué peut l'être à l'héroïne.

« Mon cerveau est complètement bloqué par les spasmes convulsifs qui agitent mes muscles. Il masse mes seins ; j'ai du mal à respirer par le nez, car les larmes l'emplissent. […] La terreur soudain m'envahit : Je suis persuadée que je vais étouffer. Oui je vais étouffer, je vais mourir… Il écarte mes jambes ; cela me tend encore plus. Je hurle. Un son faible s'échappe de mes lèvres bouchées, semblable à une corne de brume dans le lointain. Pour la première fois de la soirée, il paraît intéressé, et même fasciné. Ses yeux sont tout près des miens ; quelque chose passe et repasse très légèrement sur mon clitoris. Ses doigts sont pleins d'huile ; je continue à crier, mais mes cris de douleur se transforment et peu à peu se confondent avec ceux - assez semblables - que je pousse quand je jouis. Et finalement je jouis. »

Cette histoire m'a fasciné par la justesse du ton de l'auteure. A travers ces pages, elle délivre, sans gêne et sans tabou, son histoire, comme pour exorciser cette liaison. Jusqu'où pouvons-nous aller par amour ? Que peut-on accepter ? Quelles sont nos limites ? Ingeborg Day va se révéler à elle-même en se noyant dans la souffrance, l'humiliation et la dévotion qu'elle porte à son amant. Ce n'est pas elle qui met fin à cette idylle mais bien son corps qui abdique, ne la porte plus et tire la sonnette d'alarme.

« Oui les nuits étaient réelles, et dures, tranchantes comme des rasoirs, lumineuses et clairement dessinées. Paysages différents, contrées différentes ; chaleur, crainte, froid, plaisir, faim, souffrance, désir, volupté, débordante, envahissante. »

Si apparemment les nuances de gris ne remportent pas tous les suffrages critiques, il a eu le mérite au moins de faire rééditer ce roman un peu oublié des années 80, tant le film à pris le dessus sur son double littéraire.

« La douleur était toujours un prélude au plaisir, conduisait toujours, par un chemin plus au moins long à l'orgasme ; elle devenait pour moi aussi sensuelle, aussi désirable, aussi essentielle à l'acte d'amour que les caresses. »

9 semaines ½ ou comment rendre 50 nuances de Grey bien fade !


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Discutant de films divers, pourquoi en être arrivés à parler de Neuf semaine et demi avec les inoubliables Mickey Rourke et Kim Bassinger, qui, pour moi, restait un film très sensuel, mais guère plus. L'ami avec qui j'en parlais, n'était pas d'accord, affirmant que c'était un film sur la soumission, le livre étant très explicite.

Je n'aime pas qu'on me dise la mémoire oublieuse et me voilà, à lire le livre dont a été tiré le film et là, oui certes, on se trouve bien dans une histoire même plus que de soumission, de purs ado-masochisme, cette femme trouvant son plaisir dans le fait d'être attachée à des chaises, tables ou autres et être rouée de coups, cet homme allant jusqu'à la démaquiller. Mais je n'ai retrouvé dans ces souvenirs romancés qu'une ou deux scènes du film, guère plus.

Ceci dit, j'ai bien aimé l'écriture de cet auteur, dans ce livre fort bref, à ne pas mettre, certes, entre toutes les mains.

Et quel débilité éditoriale de faire croire que l'auteur s'est suicidée après cette histoire, alors qu'une rapide recherche sur Internet permet de trouver qu'elle s'est suicidée…. mais à l'âge de septante ans !
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Le texte est paru en 1978 mais reste intemporel, il faudra toutefois attendre 1983 pour apprendre que sous le pseudo d'Elizabeth McNeill se cache Ingeborg Day. Mais jamais l'auteure n'évoquera son pseudonyme ou ce texte, ni même l'adaptation cinématographique d'Adrian Lyne sorti en 1986. Elle n'aura d'ailleurs jamais l'occasion de lever le voile du mystère qui entoure ces fameuse 9 semaines ½ puisqu'elle s'est suicidée en 2011, à l'âge de 70 ans.

Peut être avez vous eu l'occasion de voir la version cinéma avec Mickey Rourke et Kim Basinger dans les rôles principaux (avant que le Botox ne les transforme en mutants bogdanoviens). Un film à l'esthétique visuelle irréprochable mais très kitch dans l'ensemble, et surtout très soft. Si oui, alors oubliez tout ce que vous savez, le récit d'Elizabeth McNeill est en effet beaucoup plus cru dans la description de la relation qu'elle a entretenu avec ce mystérieux amant (il n'est jamais nommé, encore un secret qu'elle a emporté dans la tombe).

Au fil de son récit Elizabeth McNeill alterne les chapitres racontant par le détail sa courte mais intense relation avec son amant, et ceux, plus court, où elle essaye de comprendre et d'analyser ce qu'elle est devenue pendant cette liaison. Une relation qui monte crescendo dans le sado-maso, avec lui dans le rôle du dominant et elle dans celui de la soumise. Malgré les humiliations qu'il lui fait subir elle développera une véritable dépendance physique et psychologique vis à vis de son amant ; elle même d'ailleurs ne peut s'expliquer le pourquoi du comment d'un tel niveau d'abandon.

Un récit court, brut de décoffrage mais aussi avec une certaine retenue dans les descriptions, l'auteure ne joue pas la carte de la surenchère, nous n'avons aucun mal à imaginer ce qui n'est pas écrit. Je ne dirai pas que j'ai été choqué mais je suis sorti de cette lecture avec un sentiment de malaise diffus… Sans doute parce que je ne conçois pas la notion de soumission dans un couple, le temps d'un jeu éventuellement mais pas en permanence et surtout avec modération.

Si l'envie vous prenait de lire ce témoignage, privilégiez l'édition parue Au Diable Vauvert, elle est en effet enrichie d'une préface qui nous en dit plus sur l'auteure et son récit.
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La littérature érotique est toujours très intéressante car elle nous rappelle que nous ne sommes tous que des bêtes et que nous pouvons tous succomber à nos pulsions les plus folles. Cela nous pousse à nous questionner sur nos propres limites, mais aussi sur nos réactions si la personne que l'on aime et en qui on a confiance nous demandait de balayer ces limites.
La littérature érotique a différents stades : la soumission totale, le sadisme, l'esclavagisme, le transgenre et ne connait aucunes des frontières auxquelles on peut pourrait penser ( nécrophilie, etc…). Elle a pour vocation de montrer comment on dépasse ses propres limites, et celles que la société, au fil des années, à su imposer dans la sexualité.
Mais la littérature erotico-sentimentaliste-mielleuse créée par les « 50 nuances de » a pour vocation de déformer la réalité. Elle va s'appuyer sur le « sadisme » pour faire croire dans l'esprit de jeunes et naïves pucelles que finalement le SM c'est super cool et qu'une bonne fessée n'a jamais fait de mal à personne (surtout que finalement on peut modifier l'homme afin de faire du sexe vanille, oui, j'ai lu l'horreur). Un peu comme si Musso avait eu un bébé avec le marquis de Sade qui aurait été élev0é par Marc Levi !
Ici, par contre, on a une femme qui rencontre un homme, on ne sait pas si la femme est vierge, si elle est timide, si elle a de l'expérience. C'est une femme qui rencontre un homme qui lui plait. Celui-ci va tester ses limites et va chercher à lui demander toujours plus, comme dans une relation dépendante où l'homme à tous les pouvoirs.
Ce roman est un des premiers où je parviens à m'identifier, car la relation amoureuse comme sadique monte crescendo. Cette relation de soumission est liée à l'amour qui se développe pour lui et permet de nous demander jusqu'où somme nous capable d'aller par amour.
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J'ai été intéressée par la lecture de ce livre, lorsque je l'ai aperçu dans les rayons de la médiathèque, car je me rappelais du film sorti dans les années 80.

À ceux qui ont apprécié ce dernier, passez votre chemin, ce ne sera certainement pas le cas avec le livre… le film est dans le cliché mais le livre l'est encore plus ! Et pour cause, il a été écrit dans les années 70. D'autant que le film est assez sage comparé au récit.

Nous sommes vraiment dans le format journal intime avec cet ouvrage. Malgré la dureté des actes, et sûrement à cause de la plume de l'autrice, j'ai trouvé le récit assez plat. On pourrait presque deviner l'issue de cette aventure ainsi.
Nous manquons de psychologie des personnages, ce qui manque au récit, au vu du sujet, à mon sens.

Je ne sais toujours pas si j'ai apprécié ou non le livre, ayant presque ressenti du malaise à certains moments.
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critiques presse (2)
Liberation
17 janvier 2014
« La première fois que nous avons couché ensemble, il m’a tenu les mains derrière la tête. Ça m’a plu ». La première phrase contient, en puissance, les 9 semaines et ½ de l’éphémère relation sadomasochiste racontée dans ce court roman, publié en 1978 par Ingeborg Day sous le pseudonyme d’Elizabeth McNeill.
Lire la critique sur le site : Liberation
LesEchos
31 décembre 2013
Le livre refuse l’esthétique soignée que lui imprimera plus tard le cinéma. Il est au contraire râpeux, sanglant et douloureux.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Il rompt le silence. Je vais te chercher quelque chose. Il sort de la chambre et revient avec son miroir de poche, me frappe au visage et s'assied au bord du lit. Ma tête est retombée sur un côtés de l'oreiller. Il prend une touffe de mes cheveux et tire jusqu'à ce que je le regarde. Il tient le miroir devant moi : tous deux, nous regardons la marque symétrique qui apparaît sur mes joues. Je contemple, fascinée. Je ne reconnais pas ce visage. Il est blême, il n'est qu'un simple fond où apparaissent les deux taches, semblables à quelque peinture de guerre sauvage. Il passe doucement sa main sur mes joues. Le lendemain, alors que je suis en train de déjeuner avec un client, je perds soudain le fil de mes idées en plein milieu d'une phrase, quand la vision de la nuit précédente reparaît à la surface de mon cerveau. le désir monte en moi avec une rapidité quasi nauséeuse. Je repousse mon assiette, cache mes mains sous la serviette. Quand je me rends compte que je ne le verrai que quatre heures plus tard, j'en ai presque les larmes au yeux. Ainsi progressèrent les choses : pas à pas. je le voyais tous les soirs ; chaque nouveauté, en elle-même, était peu spectaculaire; il faisait très, très bien l'amour; je devenais folle de lui, pas seulement physiquement, mais surtout physiquement.
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Le livre fait un peu moins de cent vingt pages, mais sa présentation brute du sadomasochisme est si vivante, les images sont si torrides, qu'exposer ses tensions plus avant serait davantage que la plupart des lecteurs pourraient en supporter.

[Dans "Introduction" de Sarah Weinman, rédactrice en chef de "Brooklyn"]
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Le pouvoir que cet homme avait sur moi était évident. Pareille à un jouet d'enfant que l'on remonte avec une clef, je jouissais chaque fois qu'il le décidait. Le fait de vouloir ou de ne pas vouloir faire l'amour n'existait plus pour moi, me semblait quelque chose de purement littéraire. Il ne s'agissait pas d'une espèce d'insatiabilité sexuelle, mais du caractère inévitable de mes réactions. il faisait ce qu'il voulait et moi, inévitablement, toujours, je jouissais. Seuls les préludes variaient.
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Il m’achetait des Tampax, les introduisait et les enlevait.
La première fois, je fus complètement abasourdie et il me dit : Je te lèche bien quand tu as tes règles, et nous aimons ça tous les deux.
Quelle est la différence ?
Je laisserai tous mes demains pour un seul hier.
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Video de Elizabeth McNeill (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Elizabeth McNeill
9 semaines 1/2 Bande-annonce VO
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Biographie générale et généalogique (557)
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