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Warhammer 40.000 - L'Hérésie d'Horus tome 5 sur 55

Julien Drouet (Traducteur)
EAN : 9782915989779
467 pages
Bibliothèque interdite (09/06/2008)
4.19/5   66 notes
Résumé :
Nous sommes au trente et unième millénaire, et l'Humanité est à l'apogée de sa puissance. Tandis que la Grande Croisade menée par le Maître de Guerre continue de conquérir la galaxie, Eulgrim, primarque des Emperor's Children, lance ses guerriers au combat contre un infâme adversaire extraterrestre. Dans le sang de cette campagne pousseront les graines qui mèneront cette fière légion à la trahison, et lui feront emprunter les voies de la corruption la plus sombre. E... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Décadence et folie pour ce cinquième épisode de l'hérésie d'Horus. Il revient sur la quadrilogie de départ, du point de vue des Emperor's Children.

Fulgrim est le primarque de cette légion. A travers de multiples combats contre des races extraterrestres (Laers, eldars, peaux-vertes), ses interactions avec la légion des Irons Hands (et de son primarque Ferrus Manus), on suit sa lente déchéance et son basculement vers la folie qui lui fera suivre le maître de guerre dans sa trahison jusqu'à la bataille de Isstvan V qui scelle le sort de la trahison si Isstvan III n'avait pas suffit.
Dans sa suite, les commémorateurs associés à sa flotte basculent également progressivement dans le chaos.

Un épais bouquin qui fait la part belle aux exactions et conséquences du chaos. McNeil excelle dans sa présentation, noire, dégradante, la débauche et les plus vils instincts de la chair corrompue. Pour les adeptes des ultramarines, on retrouve un peu l'ambiance de Ciel mort, soleil noir qu'il a écrit trois ans plus tôt.
L'atmosphère du livre est lourde, extrêmement sombre, glauque, sanglante (c'est une constante des livres W40k pour cette dernière), mais puissante, envoûtante.
On pourra regretter quelques longueurs mais le sujet est parfaitement maîtrisé.
Il est vrai que le tome 4 ( La fuite de l'Eisenstein) fait pâle figure à côté de cet opus, plus complexe et violent, plus abouti.

La suite : le retour des anges - Loyauté et Honneur.
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Cinquième tome du cycle de l'Hérésie d'Horus, Fulgrim se distingue radicalement des autres volets qu'on a vu jusque-à. D'abord, il doit son titre au plus flamboyant des primarques el famoso Fulgrim dont lui et sa légion fantasque seront les stars du récit. Et ensuite, il se pique de nous plonger dans un voyage particulier, pas seulement des étoiles et des planètes comme on en a l'habitude à présent, non : un voyage dans la folie et l'aliénation total sous fond d'art, dans la décadence totale avec des accents baudelairiennes qui explore les remous les plus noirs de l'âme humaine.
Les Emperor Children's sont une légion bien à part des autres : portant de chatoyantes armures violettes à l'épaulière décoré d'un aigle d'or, ils se dédient à la perfection ultime, aussi bien en combat que dans la culture. Aussi ils favorisent les arts, notamment dans leur vaisseau Pride of the Emperor à la coque plus proche d'une pièce artistique qu'un navire spatial de guerre et qui regroupe plus d'artiste en son équipage que de commémorateurs lambda, qui se dévouent à préparer un concert éclatant à la gloire du régiment dans le Fenice, théâtre présent dans le navire amiral : parmi cette troupe artistique se trouve deux nouvelles étoiles montantes ayant reçu le privilège de côtoyer au plus près les fils de l'Empereur, se trouvent la peintre Serena d'Angelus à l'âme tendre et le sculpteur introverti Ostian Delafour. Les Emperor Children's sont tous d'esthètes d'une beauté sublime, entre Solomon Demeter le pragmatique, l'apothicaire Fabius Bile, le belliqueux Lucius... mais rien ne peut égaler à leur chef, Fulgrim. Fulgrim le beau albinos aux yeux pourprins, Fulgrim l'érudit phénicien, Fulgrim le plus élégant de tous les primarques. Cette quête de perfection en tout genre irrite toutefois leurs pairs, notamment et paradoxalement leurs plus proches alliés, les Iron Warrior menés par le bourrin primarque Ferrus Mannus meilleur ami de Fulgrim aux mains de fer, littéralement. Mais Ferrus Manus est preux tandis que Fulgrim est sage, ils sont tous deux de merveilleux courages. D'ailleurs les Emperor Children's se démarquent une fois de plus lorsqu'ils conquièrent une nouvelle planète, Laeran,, composée d'atoll surnageant dans un océan bleu et d'une population serpentine bien bizarre... et d'un temple bien obscur d'où siège une épée mystique à à la facture impressionnante, que Fulgrim en conquérant s'y attribue. Sans que lui et ses soldats se doutent un instant qu'ils viennent de signer la lente mais implacable corruption morale et physique qui va les déchoir de leur gloire et orchestrant leur propre chute... une chute qui va briser les vies autour d'eux et embraser les astres...
Nous avions vus précédemment ces Space Marines bien curieux dans les Faux Dieux mais ils étaient jusque-là personnage secondaire. Ici, le talentueux Graham McNeil nous immerge dans leur organisation et leur intimité qui est beaucoup plus animé, plus vivace et plus ardente que les sinistres et austères membres de la Death Guard vus précédemment, une ambiance très bigarrée ou l'art prédomine partout, où on cultive l'achèvement absolu et la beauté : on est loin de l'atmosphère militaire rigide attendu ! Un cadre bien riche et vibrant de vie mais qui surtout est le prélude de bien des drames... car avant même que la tragédie commence, on pressent les infortunes avec l'arrogance et l'orgueil qui y suinte en conséquence venant aussi bien des artistes que des Astarté , la fatigue dû à la pression et surtout un détachement des conventions dû aux plaisirs de la perfection... cela prépare l'horreur qui va suivre, celle de la perversion des sens lancé par le Chaos qui est le marionnettiste évidemment : car à vouloir être trop parfait et chercher l'excellence partout, on s'ennuie et on veut alors toujours plus, y compris quand ça mène au pire... ce qui va hélas se produire.
Les combats à Laeran sont endiablés, très palpitants le tout dans un décor digne des Caraïbes, où on suit l'élégance presque féline de ses soldats notamment du primarque. Mais après le passage angoissant du temple, c'est la décrépitude qui s'enclenche, inexorable avec son lot de démences. Mais pas une pourriture venant du Seigneur des Mouches comme dans La Fuite de l'Eisenstein, non non ! Une déliquescence plus insidieuse et vicieuse, plus subtile certes mais tout aussi monstrueuse qui porte la marque du plus sordide et sensuel des dieux, le Prince du Plaisir et de la Souffrance, Seigneur de l'Excès, le sadique Slaanesh qui préside toutes les dépravations possibles et inimaginable.
Ce n'est peut-être pas un hasard que ce soit le même tome ou figure les machinations de la divinité du désir, qu'apparait pour la première fois dans le cycle le peuple des Eldars, les Elfes de l'espace en quelque sorte. Une race jadis supérieur à l'humanité dont la civilisation dominait toute galaxie avant d'être balayée par leur propre chute qui a vu naître le Prince du Chaos, qui tente de réparer ses erreurs en conservant le peu qu'il reste de leur espèce mais qui se méfie rudement des humains dont ils voient en eux le reflet de leurs propres défauts. La première rencontre entre les Eldars et les humains dans ce cycle, avec la venue du prophète et mystique Eldrad Ulthan qui voit l'avenir au delà des étoiles, va d'ailleurs mal tourner comme on s'en doute...
Autant aussi prévenir dessus, les méfaits de Slaanesh ne sont certes pas aussi immondes et dégoutants que son collègue verdâtre et bouffi mais sont tout aussi ignobles et pouvant heurter la sensibilité de beaucoup. On procède des manipulations médicales abominables, on crée des tableaux à partir des fluides corporels, on se mutile volontiers... mais arrive le paroxysme, l'insoutenable , toutes les turpitudes de l'hédonisme humain s'y offrent dans leur monstruosité.
On assiste à une dégradation totale de l'âme et du corps qui peut en donner la nausée, liée avant tout à la recherche de la perfection et de l'art, car ce sont les perfectionnistes et artistes qui sont touchés par la déraison, abordant avec brio le thème philosophique de la folie artistique, de l'art qui rend fou et de la quête effrénée de l'amélioration de soi-même au prix d'une inhumanité croissante que montrent trop bien le docteur Fabius Bile qui y pratique ses premières médecines horribles, ou Lucius qui s'engouffre dans un masochisme écoeurant. Mais Fulgrim comme toujours détient la palme, perdant la décence et la sanité dans des manifestations d'aberration et d'égarement effrayants et on peine à imaginer que le monstre de la fin était le sage et prévenant du début. .
En face s'oppose la légion rigide des Iron Warrior, plus dévouée à l'art militaire qu'à l'art des sens, guerrier sans atteindre le coté sanguinaire des World Eater l'armée du brutal Agron et Ferrus Manus parait plus intransigeant et dur que son ami Fulgrim mais plus sémillant et pragmatique que ce dernier, lié par un lien fraternel fort et des talents d'artisan qui les nouent. Un lien qui sera hélas brisé par la trahison et qui tourneront par la catastrophe finale Les passionnés du manga de Kentaro Miura ne manqueront pas de remarquer que le duo formé par un brun gaillard renfrogné et un délicat albinos gracieux en rappelle un autre duo iconique de ce genre... Ferrus Manus sera malheureusement victime de la débâcle de la légion des Emperor Children's mais n'est pas le seul, car d'autres vont en pâtir douloureusement du destin . Et viendra cependant un événement bien plus désastreux, la bataille d'Istvaan V qui scelle une fois de plus l'hérésie d'Horus en allant encore plus que la bataille d'istvaan III en terme de fourberie. L'horreur consumé achevant ce qui restait des nobles Emperor's Children, o à la fin les âmes pures ont été vaincues par les âmes corrompues qui triomphent. Quelle différence flagrant avec le volet de James Swallow ou les sains d'esprits étaient vainqueurs ! Beaucoup d'amertume qu'on ressent à la fin ou on a l'impression d'être dans un véritable asile d'aliénés.
Le tout porté par une écriture toujours géniale de Graham McNeil qui correspond bien au ton du récit. Lyrique par moment en se dédiant aux beautés de l'art et des Emperor Children's dans leur noblesse, elle est dure et brutale quand les actes obscènes se déroulent, montrant bien le coté aigre-doux des affres de Slaanesh. Après les Faux Dieux qui réinterprétait le mythe luciférien, ici c'est la légende de Faust qu'il réecrit avec en plus une belle part de l'oeuvre de l'anglais hédoniste Oscar Wilde, le Portrait de Dorian Gray ou l'art qui va jusqu'à l'indicible et la perfection obtenu au prix de l'âme humaine s'y retrouvent merveilleusement. le pacte silencieux mais couteux avec le Mal revisité dans sa splendeur.
Je pourrais juste me plaindre de quelques longueurs interminables et le fait que la fameuse bataille finale va bien trop vite alors qu'on s'attendrait plus vu sa portée dans l'histoire de la franchise cosmique mais je n'ai rien à rajouter. Fulgrim est un chef d'oeuvre qui nous emmène sans sourciller dans la folie et le délire que peut provoquer l'art et la recherche de perfection, dans les détraquements de l'âme humaine et son pourrissement moral, et la dégringolade d'héros valeureux qui se terminent en véritable démons. Une fascinant mais dérangeant parcours vers la noirceur et une descente aux enfers à découvrir si vous l'osez, en résistant si vous pouvez à la séduction de Slaanesh par l'Empereur !
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Critique basée sur la version originale anglaise.

Chose promise, chose due : je reviens (bourrinement) aux romans Warhammer 40,000, et, après l'expérience assez peu concluante (mais qui sera tout de même poursuivie) de First and Only de Dan Abnett, dans la série des « Fantômes de Gaunt », c'est bien cette fois à « L'Hérésie d'Horus » que je reviens, avec son cinquième tome, Fulgrim, signé Graham McNeill – qui avait en son temps commis le tome 2, Les Faux Dieux, jusqu'alors celui que j'avais préféré. Fulgrim, dans sa lignée, m'a fait l'effet d'une bonne voire très bonne pioche – surtout après un quatrième tome, La Fuite de l'Eisenstein, de James Swallow, tout de même passablement faiblard.



Ceci étant, Fulgrim n'est pas pour autant sans défauts – car il est trop long ; à l'époque de sa sortie, c'était d'ailleurs clairement le plus long roman de la série, mais je suppose que cela a pu changer depuis. Cependant, ayant lu quelques autres retours sur ce roman avant de me lancer dans cette chronique, j'ai l'impression que les autres lecteurs et moi-même, qui identifions tous ce défaut, ne plaçons pas du tout le curseur au même endroit…



Fulgrim n'est pas à proprement parler la « suite » des quatre premiers volumes ; comme le quatrième, il opère un retour en arrière, mais il a une dimension plus ample en même temps que plus resserrée, plus épique aussi, en traitant de l'évolution de la légion des Emperor's Children et de son primarque, Fulgrim donc, sur toute la période couverte par la « trilogie Loken », mais aussi sauf erreur un peu avant et un peu après.



Les Emperor's Children sont une des légions les plus « brillantes » engagées dans la Grande Croisade, et Fulgrim est un des primarques les plus estimés. Sous sa gouverne, les Emperor's Children sont en quête de la perfection – une véritable obsession, à ce stade… et qui ne sera pas pour rien dans leur perte ; car il s'agit bien, sur plusieurs années, et sur plusieurs théâtres d'opération très divers, de rapporter comment ces soldats d'élite et leur charismatique maître ont succombé aux séductions des Puissances de la Ruine – et, autant le dire d'emblée, ça n'est guère longtemps un mystère, de Slaanesh plus précisément. le choix de cette divinité hédoniste et cruelle permet, de manière aussi troublante qu'intéressante, d'user de l'art et de la philosophie comme véhicules de la corruption – art et philosophie issus de la vieille Terra comme des xénos… C'est pertinent dans l'optique faf de Warhammer 40,000 – et destiné sans doute à manifester, chez le lecteur moins bourrin que ces personnages nazillonnants (espérons-le), la séduction intellectuelle aussi bien qu'esthétique du Chaos : ce sont tout d'abord les space marines qui lisent et prisent la beauté que nous sommes portés à apprécier – ils nous changent agréablement des brutes lambda, archétypes un peu navrants de la machine de guerre des Astartes. Pourtant, dans l'optique de cet univers, ce sont ces brutes qui ont « raison », en se préservant de toute corruption chaotique (une menace alors pas bien définie, puisque nous en sommes encore au prélude de l'Hérésie d'Horus) ou xénos – on ne doit pas permettre au xénos de vivre ! Ce sont les Solomon Demeter, les Saul Tarvitz… Les militaires droits qui se moquent de l'art et ne sont là que pour massacrer. de fait, les autres légionnaires, artistes et hédonistes, toujours un peu plus, même avec les meilleures intentions du monde, succombent progressivement – ainsi que les « commémorateurs », ces artistes qui accompagnent la légion pour témoigner de sa gloire… On les a régulièrement croisés dans les précédents volumes de la série, mais ils n'ont sans doute jamais été autant à leur place que dans Fulgrim.



C'est toutefois un long processus – qui va être déroulé par Graham McNeill au fil de plusieurs théâtres d'opérations. Et c'est au regard de ce processus que mon opinion diffère assez largement de celle d'autres chroniqueurs lus çà et là : pour dire les choses, j'ai apprécié que l'auteur prenne son temps pour illustrer la corruption des Emperor's Children, sans négliger pour autant les hauts faits aussi braves que répugnants, dans des opérations militaires très bien rendues, très palpitantes ; mais, en dernier ressort, le roman m'a paru s'essouffler quand il a fallu rattacher tout cela aux événements primordiaux de l'Hérésie d'Horus, impliquant la démesure épique – sauf que j'ai alors eu le sentiment d'un auteur épuisé et qui, du coup, épuisait également le lecteur (le Nébal en tout cas) ; finalement, ces grandes batailles finales m'ont donc bien moins parlé et transporté que celles qui précédaient, d'une ampleur assurément moindre, d'une portée dramatique sans doute bien moindre également, et pourtant narrées avec beaucoup d'astuce et de brio.



Il s'agit en l'espèce de trois théâtres d'opérations, très divers dans leurs implications. le premier voit les Emperor's Children s'en prendre aux Laers, une espèce xénos très étrange, et qui oppose aux space marines une résistance inattendue. C'est bel et bien le point de départ de la corruption de la légion et de Fulgrim, car un « temple » farouchement défendu y abrite des merveilles artistiques, musicales notamment (un bon point !), qui fascinent et contaminent invariablement tous ceux qui y sont confrontés, en même temps que l'apothicaire Fabius Bile, intrigué par l'ingénierie génétique des Laers, décide de se livrer à quelques expériences sur cette base, avec des Emperor's Children pour cobayes… Il les corrompt littéralement avec du matériau génétique xénos ! Qui a besoin d'une métaphore, à ce stade...



Le caractère de guerre d'extermination, dans le cas des Laers, est très appuyé – mais il connait des variantes saisissantes dans le deuxième théâtre d'opérations, qui oppose les Emperor's Children et la légion amie des Iron Hands, avec à sa tête le primarque Ferrus Manus, au Diasporex, une civilisation issue de la vieille Terra, avant même semble-t-il le Moyen Âge Technologique, car vivant toujours dans un ensemble d'arches stellaires – ces humains-là ont entre-temps frayé avec des xénos, ce qui justifie sans l'ombre d'un doute, pour les space marines, la nécessité absolue de les exterminer tous autant qu'ils sont ; autant pour la bienveillante libération des humains égarés qui est supposée constituer la raison d'être de la Grande Croisade. Quoi qu'il en soit, cela permet à Graham McNeill de mettre en scène une chouette bataille spatiale (abordage inclus), mais aussi d'introduire un thème fondamental du roman – l'amitié, bah, disons la bromance, entre Fulgrim et Ferrus Manus ; qui n'est pas sans comporter des agacements réciproques, sous le vernis camarade pue-la-sueur-et-la-testostérone… Cela sera bien sûr crucial pour la suite des événements : à ce stade, on sait déjà que le point d'orgue (théorique...) du roman consistera en une lutte à mort entre les deux primarques ; or Ferrus Manus est une brute, là où Fulgrim, à ce moment du roman, se découvre esthète…



En témoignera le troisième théâtre d'opérations, nouvelle étape cruciale dans la corruption de Fulgrim et des Emperor's Children : des mondes (presque) vierges, d'une beauté sidérante – telle que le primarque, ému aux larmes, décide de ne pas les ouvrir à la colonisation/exploitation, ce qui est pourtant sa tâche (il suscite dès lors l'incompréhension outrée de ses soldats les moins corrompus, Solomon Demeter et Saul Tarvitz). Mais ces mondes ne sont pas totalement vierge, ils sont en fait sous la surveillance des eldars du vaisseau-monde Ulthwé… Ce n'est pas la première rencontre entre humains et eldars, mais les deux espèces se connaissent encore très mal. le Grand Prophète Eldrad Ulthran a prédit l'Hérésie d'Horus – et le comportement étonnamment ouvert de Fulgrim (en fait un stigmate de sa corruption, ce dont pouvaient se douter ces eldars « responsables » de l'apparition de Slaanesh) l'incite à tenter le tout pour le tout, en organisant une rencontre au cours de laquelle il lui révèle le pot aux roses. Bien sûr, le primarque réagit très mal : Horus ne ferait jamais une chose pareille ! La rencontre dégénère en escarmouche, pas dépourvue cela dit de moments épiques – à vrai dire, l'affrontement avec le Seigneur Fantôme Khiraen Heaume d'Or m'a probablement davantage impressionné que celui, alors encore à venir, entre les primarques des Emperor's Children et des Iron Hands.



Jusqu'ici, à mes yeux, c'était un quasi sans fautes – un space op' militaire mais pas boeuf, bien conçu, avec un fond, une âme, outre des scènes de batailles très bien gérées, très palpitantes ; une cerise sur le gâteau : en face des bolters de la légion, des civilisations xénos (ou pas tout à fait dans le cas du Diasporex) bien typées et tout à fait intéressantes. C'est long, oui, mais c'est bon.



Ensuite… Eh bien, ça m'a beaucoup moins parlé. La corruption de Fulgrim devient bien plus franche, très vite – et sans doute trop. La séquence orgiaque qui constitue l'aboutissement des travaux dégénérés des commémorateurs, en face d'un public militaire étonnamment esthète, ou plutôt avec lui, produit un tableau halluciné pas vraiment attendu dans un roman Warhammer 40,000, mais intéressant ; Fulgrim lui-même, toutefois, est trop facilement embrigadé dans les rangs de l'Hérésie d'Horus, comme tous ceux de ses pairs qui succombent, et, à ce stade, Graham McNeill me paraît achopper un peu sur cette difficulté typique de cet univers faf, qui transmute invariablement la déviance louable (selon nos critères) en maléfice infâme (selon les critères propres à l'univers de Warhammer 40,000).



Le reste… C'est la grande histoire – les pièges sur Isstvan III et Isstvan V, le tournant révélateur de l'Hérésie d'Horus. Cela devrait être démesuré, épique, tétanisant, révoltant… Mais, non, ça ne m'a pas emballé plus que ça. Peut-être parce que l'auteur était alors beaucoup plus contraint par sa « bible » ? J'ai eu l'impression qu'il était un peu épuisé, oui… Il y a de bons moments – des trahisons impardonnables, des mutations terrifiantes, des actes de bravoure à la mesure des méfaits odieux. Et, oui, le combat entre Fulgrim et Ferrus Manus, certes… Mais sa résolution tragique ne m'a pas touché autant qu'elle l'aurait dû. Et, encore une fois, les scènes de batailles antérieures, pourtant bien moins épiques, m'ont fait l'effet d'être bien plus palpitantes. Incomparablement, à vrai dire. Cela doit sans doute, au moins pour partie, à la démesure des affrontements du secteur Isstvan, certes : on ne peut pas tout dire, il faut laisser le champ libre à d'autres auteurs, dans d'autres livres...



Ceci dit, même dans cette dernière centaine de pages un peu poussive à mon goût, le résultat reste plus qu'honorable – meilleur que First and Only en ce qui me concerne. Et, dans ce qui précède, il y a vraiment des trucs très bien ; pas seulement pour les amateurs de Warhammer 40,000, j'entends – dans la catégorie space op' baston-mais-pas-con, ça me fait l'effet d'être dans le très haut du panier.



Et ça m'incite à noter sur mes tablettes le nom de Graham McNeill – parce que, du coup, sur la base des seuls six romans Warhammer 40,000 que j'ai lus, c'est certes peu, je me dois de relever qu'il a commis les deux qui m'ont le plus emballé pour l'heure (celui-ci et, antérieur, Les Faux Dieux, donc). Il y a peu, un camarade me disait que Dan Abnett était l'auteur qui avait le mieux compris et intégré cet univers ; c'est possible sur le long terme, mais, pour l'heure, me concernant, c'est bien Graham McNeill qui a su le mieux mettre en scène les ambiguïtés morales de cet univers cauchemardesque,  un point qui m'intéresse tout particulièrement, sans négliger le moins du monde les batailles et l'action pour autant, et sans non plus succomber aux facilités d'une écriture « professionnelle » (contrairement à First and Only, donc, par exemple) et distanciée.



Suite des opérations ? D'abord Ghostmaker, de Dan Abnett, dans la série des « Fantômes de Gaunt » ; et, concernant « L'Hérésie d'Horus », ce sera Descent of Angels, de Mitchel Scanlon… dont je n'ai entendu dire que du mal. Absolument partout. Pas sûr d'aller jusqu'au bout, dans ces conditions – mais ça ne me dissuadera pas de lire la suite a priori, car je sais qu'on y trouvera çà et là des romans tels que ce Fulgrim, certainement pas parfait mais tout de même bougrement enthousiasmant.
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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Fulgrim, Primarque des Emperor's Children, a le privilège d'avoir son nom pour le titre du tome 5 de l'Hérésie d'Horus, et il le mérite !
On commence avant l'hérésie et la trahison d'Istvaan III pour découvrir cette légion si particulère des enfants de l'empereur et leur primarque, qui, ont le sait, vont rejoindre les rangs des renégats. Mais comment cela s'est-il passé ? Comment une légion aussi fidèle à l'Empereur a pu rejoindre la folie d'Horus ? Et bien ce livre nous fournit la réponse de A à Z et avec talent !
Tout d'abord on découvre une légion qui dénote totalement des autre par son aspect soignée, son amour des arts etc... On ne peut que s'amuser de l'écart qu'il y a entre l'ambiance de W40k et le caractère des Emperor's Children qui passent plus de temps à lustrer leurs armures et à accrocher des oeuvres d'arts dans leurs vaisseaux !

Mais c'est justement ce décalage qui fait l'originalité de cette légion et qui fait qu'on prend plaisir à découvrir tout les personnages, que ce soit les commémorateurs humains, les Astartes ou encore Fulgrim lui-même. Malgré leur aspect soigné, les Astartes de Fulgrim n'en restent pas moins des guerriers redoutables et la première bataille du livre contre les Laers nous le démontre bien.

Ça commence fort et les descriptions de l'auteur parfois très lyriques illustrent parfaitement l'esprit de Fulgrim qui voue un culte à la beauté. . Cette ambiance parfois très glauque se poursuit et s'intensifie jusqu'à la fin du livre et on a le droit à certaines scènes où les désirs se mélangent à l'horreur pour notre plus grand plaisir...
Le récit se déroule progressivement et la trahison se révèle petit à petit , quelques longueurs alourdissent parfois un peu la lecture mais le style de l'auteur change vraiment des précèdents tomes et apporte une touche d'originalité dans cette série.

On découvre aussi au fil de l'histoire une autre légion, les Iron Hands menés par Ferrus Manus et leurs liens d'amitié avec Fulgrim. D'aspect et de caractères totalement opposés aux Emperor's Children, cette légion est intéressante à découvrir et sera un élément essentiel dans la suite des événements. D'autres races xenos comme les eldars font aussi leur apparition et permettent au récit d'avoir des moments de batailles assez épiques.

Au terme du livre on arrive à la bataille d'Istvaan V qui scelle la trahison d'Horus et bien que certains événements soient prévisibles, le dilemme qui reste encore dans l'âme de Fulgrim est plutôt bien géré et le dénouement bien trouvé.
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C'est amusant de trouver dans un roman de science-fiction militaire une inspiration tout droit issue d'une oeuvre fantastique du 19ème siècle. Je veux parler ici du Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, quoiqu'on pourrait aussi penser à Faust. L'analogie est peut-être impertinente mais les trois récits mettent indubitablement en avant une dualité entre bien et mal, personnifiés par une personne unique à la Janus, dotée de deux visages. Dans l'Hérésie, l'auteur a d'ailleurs conservé et le démon, et le portrait.

Après Nurgle, brièvement évoqué dans La Fuite de l'Eisenstein, c'est Slaanesh qui entre en scène. Si vous trouviez le Seigneur de la Pestilence immonde et écoeurant, attendez d'avoir vu son acolyte divin. A vouloir pousser la recherche de sensation et l'expérimentation jusqu'en leurs ultimes limites (mais en ont-elles ?), on aboutit aux pires excès. Et c'est dans cette fange malsaine et sordide que va plonger en toute innocence Fulgrim, le primarque des Emperor's Children, dont l'antienne est le culte de la perfection. Pauvre surhomme, personne ne lui a donc dit que celle-ci n'était pas de ce monde ? Quand les guerriers plus sages et plus avisés recherchent l'excellence, Fulgrim épuise ses nerfs et corrompt son âme dans une quête impossible.

C'est presque trop facile. La pente était certes glissante mais on a l'impression d'une chute trop rapide, sans guère d'obstacle. Où sont passées la volonté et l'intelligence de ce primarque qui n'avait pourtant pas l'air d'en manquer ? du début à la fin, il se laisse embobiner et mener comme un veau à l'abattoir tandis qu'autour de lui tout se délite. Il faut comparer les Emperor's Children du début du roman avec ceux de la fin... Il y a de quoi s'arracher les cheveux de frustration.

Il est vrai que le monde de Warhammer 40K a été ainsi voulu. Un homme souillé et corrompu par le Warp ne pourra jamais s'amender et revenir vers la lumière, quels que soient ses efforts à cette fin. Pour les adeptes du libre arbitre et de la force de la volonté, la pilule est amère. Ce parti-pris scénaristique cependant est parfaitement légitime et il est traité avec une cohérence jamais prise en défaut dans tous les récits qu'on connaît de ce monde.

Ce roman qui tourne aussi sur l'art et l'inspiration recèle quelques réflexions intéressantes. le contraste saisissant entre Serena d'Angelus et Ostian Delafour ne condamne heureusement pas celui-ci comme une source inévitable de luxure et de déchéance.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
L'hérésie n'a pas de signification purement objective. Cette catégorisation n'existe que du point de vue d'une position au sein de la société s'étant précédemment définie comme représentant l'orthodoxie. Quiconque épouse des idées ou des actions qui ne se conforment pas à ce point de vue peut être alors perçu comme hérétique par d'autres membres de cette société convaincus que leur propre façon de penser est la bonne.
L'hérésie est un jugement de valeur, l'expression d'un autre point de vue dans un système de croyances établies.
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Nous nous sommes démenés pendant des mois pour accomplir cette tâche quand nous aurions dû comprendre que nous n'y arriverions pas. Nous cherchons à éradiquer toutes nos faiblesses, mais appeler à l'aide n'en est pas une, mes frères. La faiblesse revient à croire qu'aucune aide ne nous est nécessaire. Continuer de lutter sans espoir quand d'autres nous aideraient volontiers est une idiotie, et je me suis montré aussi aveugle que vous, mais cela est terminé.
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Ce qui nous met à l'épreuve nous apportera le triomphe, ce qui fait souffrir nos coeurs nous emplira de joie. Car la seule vraie satisfaction est d'apprendre, d'aller de l'avant et de s'améliorer. Et rien de tout cela ne peut arriver sans rejeter l'erreur, l'ignorance et l'imperfection. Nous devons passer outre les ténèbres pour atteindre la lumière.
Le Primarque Fulgrim, Conquête de la perfection.
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On ne sait jamais où sont les limites avant de les avoir franchies. Je te connais, Fulgrim, et je sais quels désirs interdits tu retiens enchaînés dans les replis les plus enfouis de ton âme. Mieux vaux l'assassiner au berceau que de conserver en soi un désir inasouvi.
Expose-toi à ta plus grande peur, Fulgrim. Après cela, la peur n'aura plus d'emprise sur toi, et ta peur d'être libre se flétrira aussi. Tu seras libre.
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Le phénix est un ange, dont le claquement d'ailes est un roulement de tonnerre.
Ce tonnerre est la note effrayante annonçant la cataclysme,
Et le grondement des vagues qui détruiront le paradis.
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