Les Haut-Conteurs, Tome 5 : La mort noire

Les conteurs aimaient partager leurs joies avec les autres, non leur infliger leurs peines.

Désormais, elle avancerait le cœur verrouillé. L'amour ne viendrait plus magnifier sa vision du monde, et elle l'acceptait.

Là-bas, ici, ailleurs, finalement, le monde n'offrait que folie et chaos à des aventuriers tels que les Haut-Conteurs...

Un meurtre de plus sur une liste qui s'allongeait d'année en année. Ou parfois même en une seule journée. Comme aujourd'hui. Car la besogne macabre n'était pas terminée. Mais la conquête du Livre des Peurs réclamait ce prix terrible.

Les Conteurs quittèrent ce lieu de mort et de maléfices avec l'assurance que nul ne tenterait de les en empêcher. De mémoire d'Ordre Pourpre, jamais évasion ne s'était achevés aussi facilement. Et surtout, pas dans une Rome livrée à la folie d'Hardanger.

Et, pour la première fois de sa si longue histoire, la couleur fétiche des Haut-Conteurs se fit l'étendard d'un sinistre symbole. Celui du sang répandu.

Bien sûr, il aurait préféré sentir le sol sous ses pieds, boire, manger, toucher. Et après ? Il avait connu d'autres épreuves. De celle-là aussi, il sortirait vainqueur.

Vos jouets de lumière ne sauverons ni vous, ni le monde ! Nous sommes les ténèbres, et les ténèbres prévalent ! La lumière, nous l'étouffons !

Les Chevaliers teutoniques venaient de lancer un assaut général motivé par une consigne simple : ni merci, ni quartier.

Et, de toute manière, à cette heure de la nuit, les occupants du manoir devaient voyager au pays des rêves. Ou des cauchemars, c'était selon.